Texte grec :
[6,489] (489a) τε καὶ ἀδολέσχην καὶ ἄχρηστόν σφισι καλεῖσθαι
ὑπὸ τῶν ἐν ταῖς οὕτω κατεσκευασμέναις ναυσὶ πλωτήρων;
Καὶ μάλα, ἔφη ὁ ᾿Αδείμαντος.
Οὐ δή, ἦν δ’ ἐγώ, οἶμαι δεῖσθαί σε ἐξεταζομένην τὴν εἰκόνα ἰδεῖν, ὅτι
ταῖς πόλεσι πρὸς τοὺς ἀληθινοὺς φιλοσόφους τὴν διάθεσιν ἔοικεν, ἀλλὰ
μανθάνειν ὃ λέγω.
Καὶ μάλ’, ἔφη.
Πρῶτον μὲν τοίνυν ἐκεῖνον τὸν θαυμάζοντα ὅτι οἱ φιλόσοφοι οὐ
τιμῶνται ἐν ταῖς πόλεσι δίδασκέ τε τὴν εἰκόνα καὶ πειρῶ πείθειν ὅτι πολὺ
ἂν θαυμαστότερον ἦν (489b) εἰ ἐτιμῶντο.
᾿Αλλὰ διδάξω, ἔφη.
Καὶ ὅτι τοίνυν τἀληθῆ λέγεις, ὡς ἄχρηστοι τοῖς πολλοῖς οἱ
ἐπιεικέστατοι τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ· τῆς μέντοι ἀχρηστίας τοὺς μὴ χρωμένους
κέλευε αἰτιᾶσθαι, ἀλλὰ μὴ τοὺς ἐπιεικεῖς. οὐ γὰρ ἔχει φύσιν κυβερνήτην
ναυτῶν δεῖσθαι ἄρχεσθαι ὑφ’ αὑτοῦ οὐδὲ τοὺς σοφοὺς ἐπὶ τὰς τῶν
πλουσίων θύρας ἰέναι, ἀλλ’ ὁ τοῦτο κομψευσάμενος ἐψεύσατο, τὸ δὲ
ἀληθὲς πέφυκεν, ἐάντε πλούσιος ἐάντε πένης κάμνῃ, ἀναγκαῖον (489c) εἶναι
ἐπὶ ἰατρῶν θύρας ἰέναι καὶ πάντα τὸν ἄρχεσθαι δεόμενον ἐπὶ τὰς τοῦ
ἄρχειν δυναμένου, οὐ τὸν ἄρχοντα δεῖσθαι τῶν ἀρχομένων ἄρχεσθαι, οὗ
ἂν τῇ ἀληθείᾳ τι ὄφελος ᾖ.ἀλλὰ τοὺς νῦν πολιτικοὺς ἄρχοντας ἀπεικάζων
οἷς ἄρτι ἐλέγομεν ναύταις οὐχ ἁμαρτήσῃ, καὶ τοὺς ὑπὸ τούτων ἀχρήστους
λεγομένους καὶ μετεωρολέσχας τοῖς ὡς ἀληθῶς κυβερνήταις.
᾿Ορθότατα, ἔφη.
῎Εκ τε τοίνυν τούτων καὶ ἐν τούτοις οὐ ῥᾴδιον εὐδοκιμεῖν τὸ
βέλτιστον ἐπιτήδευμα ὑπὸ τῶν τἀναντία ἐπιτηδευόντων· (489d) πολὺ δὲ
μεγίστη καὶ ἰσχυροτάτη διαβολὴ γίγνεται φιλοσοφίᾳ διὰ τοὺς τὰ τοιαῦτα
φάσκοντας ἐπιτηδεύειν, οὓς δὴ σὺ φῂς τὸν ἐγκαλοῦντα τῇ φιλοσοφίᾳ
λέγειν ὡς παμπόνηροι οἱ πλεῖστοι τῶν ἰόντων ἐπ’ αὐτήν, οἱ δὲ
ἐπιεικέστατοι ἄχρηστοι, καὶ ἐγὼ συνεχώρησα ἀληθῆ σε λέγειν. ἦ γάρ;
Ναί.
Οὐκοῦν τῆς μὲν τῶν ἐπιεικῶν ἀχρηστίας τὴν αἰτίαν διεληλύθαμεν;
Καὶ μάλα.
Τῆς δὲ τῶν πολλῶν πονηρίας τὴν ἀνάγκην βούλει τὸ μετὰ τοῦτο
διέλθωμεν, καὶ ὅτι οὐδὲ τούτου φιλοσοφία αἰτία, (489e) ἂν δυνώμεθα,
πειραθῶμεν δεῖξαι;
Πάνυ μὲν οὖν.
᾿Ακούωμεν δὴ καὶ λέγωμεν ἐκεῖθεν ἀναμνησθέντες, ὅθεν διῇμεν τὴν φύσιν
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Traduction française :
[6,489] le vrai (489a) pilote sera traité par les matelots de bayeur aux étoiles, de vain
discoureur et de propre à rien?
Sans doute, répondit Adimante.
Tu n'as pas besoin, je crois, de voir cette comparaison expliquée pour y reconnaître
l'image du traitement qu'éprouvent les vrais philosophes dans les cités : j'espère que
tu comprends ma pensée.
Sans doute.
Présente donc, d'abord, cette comparaison à celui qui s'étonne de voir que les
philosophes ne sont pas honorés dans les cités, et tâche de lui persuader que ce serait
une merveille bien plus grande qu'ils le fussent.
(489b) Je le ferai.
Ajoute que tu ne te trompais pas en déclarant que les plus sages d'entre les
philosophes sont inutiles au plus grand nombre, mais fais observer que de cette
inutilité ceux qui n'emploient pas les sages sont la cause, et non les sages eux-mêmes.
Il n'est pas naturel, en effet, que le pilote prie les matelots de se
laisser gouverner par lui, ni que les sages aillent attendre aux portes des riches.
L'auteur de cette plaisanterie a dit faux. La vérité est que, riche ou pauvre, le
malade doit aller frapper à la porte du médecin, et que quiconque a (489c) besoin d'un
chef doit aller frapper à celle de l'homme qui est capable de commander : ce n'est pas
au chef, si vraiment il peut être utile, à prier les gouvernés de se soumettre à son
autorité. Ainsi, en comparant les politiques qui gouvernent aujourd'hui aux matelots
dont nous parlions tout à l'heure, et ceux qui sont traités par eux d'inutiles et de
bavards perdus dans les nuages aux véritables pilotes, tu ne te tromperas pas.
Très bien.
Il suit de là qu'en pareil cas il est difficile que la meilleure profession soit estimée par
ceux qui poursuivent (489d) des fins contraires aux siennes. Mais la plus grave et la
plus sérieuse accusation qui frappe la philosophie lui vient à l'occasion de ceux qui
prétendent la cultiver et qui, selon toi, font dire au détracteur de cette étude que la
plupart de ceux qui s'y appliquent sont tout à fait pervers, et que les plus sages sont
inutiles : opinion qu'avec toi j'ai reconnue vraie, n'est-ce pas?
Oui.
Mais ne venons-nous pas de trouver la raison de l'inutilité des meilleurs d'entre les philosophes?
Si fait.
De la perversité du plus grand nombre veux-tu qu'après cela nous cherchions la cause
nécessaire, et que nous (489e) tâchions de montrer, si nous le pouvons, que cette
cause n'est point la philosophie?
Certainement.
Eh bien ! écoutons et rappelons à notre mémoire la description faite par nous tantôt
du caractère qu'il faut avoir reçu de la nature
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