Texte grec :
[6,494] ἢ αὐτό τι ἕκαστον καὶ (494a) μὴ τὰ πολλὰ
ἕκαστα, ἔσθ’ ὅπως πλῆθος ἀνέξεται ἢ ἡγήσεαι εἶναι;
῞Ηκιστά γ’, ἔφη.
Φιλόσοφον μὲν ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, πλῆθος ἀδύνατον εἶναι.
᾿Αδύνατον.
Καὶ τοὺς φιλοσοφοῦντας ἄρα ἀνάγκη ψέγεσθαι ὑπ’ αὐτῶν.
᾿Ανάγκη.
Καὶ ὑπὸ τούτων δὴ τῶν ἰδιωτῶν, ὅσοι προσομιλοῦντες ὄχλῳ ἀρέσκειν
αὐτῷ ἐπιθυμοῦσι.
Δῆλον.
᾿Εκ δὴ τούτων τίνα ὁρᾷς σωτηρίαν φιλοσόφῳ φύσει, ὥστ’ ἐν τῷ
ἐπιτηδεύματι μείνασαν πρὸς τέλος ἐλθεῖν; ἐννόει δ’ (494b) ἐκ τῶν
ἔμπροσθεν. ὡμολόγηται γὰρ δὴ ἡμῖν εὐμάθεια καὶ μνήμη καὶ ἀνδρεία καὶ
μεγαλοπρέπεια ταύτης εἶναι τῆς φύσεως.
Ναί.
Οὐκοῦν εὐθὺς ἐν παισὶν ὁ τοιοῦτος πρῶτος ἔσται ἐν ἅπασιν, ἄλλως
τε καὶ ἐὰν τὸ σῶμα φυῇ προσφερὴς τῇ ψυχῇ;
Τί δ’ οὐ μέλλει; ἔφη.
Βουλήσονται δὴ οἶμαι αὐτῷ χρῆσθαι, ἐπειδὰν πρεσβύτερος γίγνηται,
ἐπὶ τὰ αὑτῶν πράγματα οἵ τε οἰκεῖοι καὶ οἱ πολῖται.
Πῶς δ’ οὔ;
(494c) ῾Υποκείσονται ἄρα δεόμενοι καὶ τιμῶντες, προκαταλαμβάνοντες
καὶ προκολακεύοντες τὴν μέλλουσαν αὐτοῦ δύναμιν.
Φιλεῖ γοῦν, ἔφη, οὕτω γίγνεσθαι.
Τί οὖν οἴει, ἦν δ’ ἐγώ, τὸν τοιοῦτον ἐν τοῖς τοιούτοις ποιήσειν, ἄλλως
τε καὶ ἐὰν τύχῃ μεγάλης πόλεως ὢν καὶ ἐν ταύτῃ πλούσιός τε καὶ
γενναῖος, καὶ ἔτι εὐειδὴς καὶ μέγας; ἆρ’ οὐ πληρωθήσεσθαι ἀμηχάνου
ἐλπίδος, ἡγούμενον καὶ τὰ τῶν ῾Ελλήνων καὶ τὰ τῶν βαρβάρων ἱκανὸν
ἔσεσθαι (494d) πράττειν, καὶ ἐπὶ τούτοις ὑψηλὸν ἐξαρεῖν αὑτόν,
σχηματισμοῦ καὶ φρονήματος κενοῦ ἄνευ νοῦ ἐμπιμπλάμενον;
Καὶ μάλ’, ἔφη.
Τῷ δὴ οὕτω διατιθεμένῳ ἐάν τις ἠρέμα προσελθὼν τἀληθῆ λέγῃ, ὅτι
νοῦς οὐκ ἔνεστιν αὐτῷ, δεῖται δέ, τὸ δὲ οὐ κτητὸν μὴ δουλεύσαντι τῇ
κτήσει αὐτοῦ, ἆρ’ εὐπετὲς οἴει εἶναι εἰσακοῦσαι διὰ τοσούτων κακῶν;
Πολλοῦ γε δεῖ, ἦ δ’ ὅς.
᾿Εὰν δ’ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, διὰ τὸ εὖ πεφυκέναι καὶ τὸ συγγενὲς (494e) τῶν
λόγων εἰσαισθάνηταί τέ πῃ καὶ κάμπτηται καὶ ἕλκηται πρὸς φιλοσοφίαν,
τί οἰόμεθα δράσειν ἐκείνους τοὺς ἡγουμένους ἀπολλύναι αὐτοῦ τὴν
χρείαν τε καὶ ἑταιρίαν; οὐ πᾶν μὲν ἔργον, πᾶν δ’ ἔπος λέγοντάς τε καὶ
πράττοντας καὶ περὶ αὐτόν, ὅπως ἂν μὴ πεισθῇ, καὶ περὶ τὸν πείθοντα,
ὅπως ἂν μὴ οἷός τ’ ᾖ, καὶ ἰδίᾳ ἐπιβουλεύοντας καὶ δημοσίᾳ εἰς ἀγῶνας
καθιστάντας;
|
|
Traduction française :
[6,494] ou (494a) les autres essences distinctes de la multitude des choses particulières?
Pas le moins du monde.
Par suite, il est impossible que le peuple soit philosophe.
Impossible.
Et il est nécessaire que les philosophes soient blâmés par lui.
Oui.
Et aussi par ces particuliers qui se mêlent à la foule et désirent lui plaire.
C'est évident.
D'après cela quelle chance de salut vois-tu pour le naturel philosophe, qui lui permette
de persévérer dans sa profession et d'atteindre son but? Conçois-le d'après (494b) ce
que nous avons dit plus haut : nous sommes convenus, en effet, que la facilité à
apprendre, la mémoire, le courage et la grandeur d'âme appartiennent au naturel philosophe.
Oui.
Donc, dès l'enfance ne sera-t-il pas le premier en tout, particulièrement si, chez lui,
les qualités du corps répondent à celles de l'âme?
Si, certainement.
Or, quand il sera plus avancé en âge, ses parents et ses concitoyens voudront faire
servir ses talents à leurs intérêts.
Comment non?
(494c) Ils déposeront à ses pieds supplications et hommages, captant et flattant par avance
son pouvoir futur. D'ordinaire, en effet, cela se passe ainsi.
Que veux-tu donc qu'il fasse en de telles conjonctures, surtout s'il est né dans
une grande cité, s'il est riche, noble, agréable et de belle prestance? Ne s'emplira-t-il
pas d'un espoir démesuré, s'imaginant, qu'il est capable (494d) de gouverner les Grecs
et les barbares? et, là-dessus, ne va-t-il pas s'exalter, se gonfler de suffisance
et d'orgueil vide et insensé?
Assurément.
Et si, lorsqu'il est disposé de la sorte, quelqu'un s'approchant doucement, lui faisait
entendre le langage de la vérité, lui disait que la raison lui manque, et qu'il en a
besoin, mais qu'il ne peut l'acquérir qu'en se soumettant à elle, crois-tu qu'au milieu
de tant de mauvaises influences il consentirait à écouter?
Il s'en faut de beaucoup, répondit-il.
Si pourtant à cause de ses bonnes dispositions natives et de l'affinité de ces discours
avec sa nature, il les écoutait (494e), se laissait fléchir et entraîner vers la philosophie,
que pensons-nous que fassent alors les autres, persuadés qu'ils vont perdre son appui
et son amitié? Discours, actions, ne mettront-ils pas tout en oeuvre, et auprès de lui
pour qu'il ne se laisse point convaincre, et auprès de celui qui veut le convaincre pour
qu'il ne le puisse, soit en lui tendant secrètement des pièges, soit en le traduisant
publiquement devant les tribunaux?
|
|