Texte grec :
[443] τίν’ ἂν οἴει οἰηθῆναι (443a) τοῦτον αὐτὸ δρᾶσαι μᾶλλον ἢ ὅσοι μὴ τοιοῦτοι;
Οὐδέν’ ἄν, ἔφη.
Οὐκοῦν καὶ ἱεροσυλιῶν καὶ κλοπῶν καὶ προδοσιῶν, ἢ ἰδίᾳ ἑταίρων ἢ
δημοσίᾳ πόλεων, ἐκτὸς ἂν οὗτος εἴη;
ἐκτός.
Καὶ μὴν οὐδ’ ὁπωστιοῦν γ’ ἂν ἄπιστος ἢ κατὰ ὅρκους ἢ κατὰ τὰς
ἄλλας ὁμολογίας.
Πῶς γὰρ ἄν;
Μοιχεῖαί γε μὴν καὶ γονέων ἀμέλειαι καὶ θεῶν ἀθεραπευσίαι παντὶ
ἄλλῳ μᾶλλον ἢ τῷ τοιούτῳ προσήκουσι.
Παντὶ μέντοι, ἔφη.
(443b) Οὐκοῦν τούτων πάντων αἴτιον ὅτι αὐτοῦ τῶν ἐν αὐτῷ ἕκαστον τὰ
αὑτοῦ πράττει ἀρχῆς τε πέρι καὶ τοῦ ἄρχεσθαι;
Τοῦτο μὲν οὖν, καὶ οὐδὲν ἄλλο.
῎Ετι τι οὖν ἕτερον ζητεῖς δικαιοσύνην εἶναι ἢ ταύτην τὴν δύναμιν ἣ
τοὺς τοιούτους ἄνδρας τε παρέχεται καὶ πόλεις;
Μὰ Δία, ἦ δ’ ὅς, οὐκ ἔγωγε.
Τέλεον ἄρα ἡμῖν τὸ ἐνύπνιον ἀποτετέλεσται, ὃ ἔφαμεν ὑποπτεῦσαι
ὡς εὐθὺς ἀρχόμενοι τῆς πόλεως οἰκίζειν κατὰ (443c) θεόν τινα εἰς ἀρχήν τε
καὶ τύπον τινὰ τῆς δικαιοσύνης κινδυνεύομεν ἐμβεβηκέναι.
Παντάπασιν μὲν οὖν.
Τὸ δέ γε ἦν ἄρα, ὦ Γλαύκων—δι’ ὃ καὶ ὠφελεῖ—εἴδωλόν τι τῆς
δικαιοσύνης, τὸ τὸν μὲν σκυτοτομικὸν φύσει ὀρθῶς ἔχειν σκυτοτομεῖν καὶ
ἄλλο μηδὲν πράττειν, τὸν δὲ τεκτονικὸν τεκταίνεσθαι, καὶ τἆλλα δὴ οὕτως.
Φαίνεται.
Τὸ δέ γε ἀληθές, τοιοῦτόν τι ἦν, ὡς ἔοικεν, ἡ δικαιοσύνη ἀλλ’ οὐ περὶ
τὴν ἔξω πρᾶξιν τῶν αὑτοῦ, ἀλλὰ περὶ τὴν (443d) ἐντός, ὡς ἀληθῶς περὶ
ἑαυτὸν καὶ τὰ ἑαυτοῦ, μὴ ἐάσαντα τἀλλότρια πράττειν ἕκαστον ἐν αὑτῷ
μηδὲ πολυπραγμονεῖν πρὸς ἄλληλα τὰ ἐν τῇ ψυχῇ γένη, ἀλλὰ τῷ ὄντι τὰ
οἰκεῖα εὖ θέμενον καὶ ἄρξαντα αὐτὸν αὑτοῦ καὶ κοσμήσαντα καὶ φίλον
γενόμενον ἑαυτῷ καὶ συναρμόσαντα τρία ὄντα, ὥσπερ ὅρους τρεῖς
ἁρμονίας ἀτεχνῶς, νεάτης τε καὶ ὑπάτης καὶ μέσης, καὶ εἰ ἄλλα ἄττα
μεταξὺ τυγχάνει ὄντα, πάντα ταῦτα (443e) συνδήσαντα καὶ παντάπασιν ἕνα
γενόμενον ἐκ πολλῶν, σώφρονα καὶ ἡρμοσμένον, οὕτω δὴ πράττειν ἤδη,
ἐάν τι πράττῃ ἢ περὶ χρημάτων κτῆσιν ἢ περὶ σώματος θεραπείαν ἢ καὶ
πολιτικόν τι ἢ περὶ τὰ ἴδια συμβόλαια, ἐν πᾶσι τούτοις ἡγούμενον καὶ
ὀνομάζοντα δικαίαν μὲν καὶ καλὴν πρᾶξιν ἣ ἂν ταύτην τὴν ἕξιν σῴζῃ τε
καὶ συναπεργάζηται, σοφίαν δὲ τὴν ἐπιστατοῦσαν ταύτῃ τῇ πράξει ἐπιστήμην,
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Traduction française :
[443] penses-tu (443a) que personne le crût plus capable d'une telle action que ceux
qui ne lui ressemblent pas?
Je ne le pense point.
Mais cet homme-là ne sera-t-il pas également pur de sacrilège, de vol et de trahison,
tant particulière à l'égard de ses amis, que publique à l'égard de sa cité?
Il en sera pur.
Et, assurément, il ne manquera d'aucune manière à sa parole, qu'il s'agisse de
serments ou d'autres promesses. Comment le pourrait-il?
Et l'adultère, le défaut de sollicitude envers les parents et de piété envers les dieux
conviennent à tout autre plutôt qu'à lui.
A tout autre, certes.
(443b) Or, la cause de tout cela n'est-elle pas dans le fait que chaque élément de son
âme remplit sa tâche propre, soit pour commander, soit pour obéir?
Elle est en cela et nulle part ailleurs.
Maintenant, te demandes-tu encore si la justice est autre chose que cette force qui fait
de tels hommes et de telles cités?
Non par Zeus, répondit-il, non, je ne me le demande point.
Voilà donc parfaitement réalisé notre songe, ce dont nous disions nous douter, à
savoir qu'il se pourrait bien que, commençant à peine de fonder la cité, nous fussions
(443e) tombés, par bonne fortune, sur certain principe et modèle de la justice.
Oui vraiment.
Aussi bien, Glaucon, était-elle une image de la justice - et c'est pourquoi elle nous fut
utile - la maxime qui déclarait bon que l'homme né pour être cordonnier s'occupât
exclusivement de cordonnerie, l'homme né pour être charpentier de charpente, et
ainsi des autres.
Apparemment.
Au vrai, la justice est, ce semble, quelque chose de tel, à cela près qu'elle ne régit pas
les affaires extérieures de l'homme, mais ses affaires intérieures, son être réel et ce qui
le concerne réellement, ne permettant à aucune (443d) des parties de l'âme de
remplir une tâche étrangère, ni aux trois parties d'empiéter réciproquement sur leurs
fonctions. Elle veut que l'homme règle bien ses vraies affaires domestiques, qu'il
prenne le commandement de lui-même, mette de l'ordre en lui et gagne sa propre
amitié; qu'il établisse un parfait accord entre les trois éléments de son âme, comme
entre les trois termes d'une harmonie - la nète, l'hypate, la mèse et les intermédiaires
s'il en existe -- et que, les liant ensemble, (443e) il devienne de multiple qu'il était
absolument un, tempérant et harmonieux; qu'alors seulement il s'occupe, si tant est
qu'il s'en occupe, d'acquérir des richesses, de soigner son corps, d'exercer son
activité en politique ou dans les affaires privées, et qu'en tout cela il estime et appelle
belle et juste l'action qui sauvegarde et contribue à parfaire l'ordre qu'il a mis en lui,
et sagesse la science qui préside à cette action;
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