Texte grec :
[426] (426a) Καὶ μὴν οὗτοί γε χαριέντως διατελοῦσιν· ἰατρευόμενοι γὰρ
οὐδὲν περαίνουσιν, πλήν γε ποικιλώτερα καὶ μείζω ποιοῦσι τὰ νοσήματα,
καὶ ἀεὶ ἐλπίζοντες, ἐάν τις φάρμακον συμβουλεύσῃ, ὑπὸ τούτου ἔσεσθαι ὑγιεῖς.
Πάνυ γάρ, ἔφη, τῶν οὕτω καμνόντων τὰ τοιαῦτα πάθη.
Τί δέ; ἦν δ’ ἐγώ· τόδε αὐτῶν οὐ χαρίεν, τὸ πάντων ἔχθιστον ἡγεῖσθαι
τὸν τἀληθῆ λέγοντα, ὅτι πρὶν ἂν μεθύων καὶ ἐμπιμπλάμενος καὶ
ἀφροδισιάζων καὶ ἀργῶν παύσηται, (426b) οὔτε φάρμακα οὔτε καύσεις οὔτε
τομαὶ οὐδ’ αὖ ἐπῳδαὶ αὐτὸν οὐδὲ περίαπτα οὐδὲ ἄλλο τῶν τοιούτων οὐδὲν
ὀνήσει;
Οὐ πάνυ χαρίεν, ἔφη· τὸ γὰρ τῷ εὖ λέγοντι χαλεπαίνειν οὐκ ἔχει χάριν.
Οὐκ ἐπαινέτης εἶ, ἔφην ἐγώ, ὡς ἔοικας, τῶν τοιούτων ἀνδρῶν.
Οὐ μέντοι μὰ Δία.
Οὐδ’ ἂν ἡ πόλις ἄρα, ὅπερ ἄρτι ἐλέγομεν, ὅλη τοιοῦτον ποιῇ, οὐκ
ἐπαινέσῃ. ἢ οὐ φαίνονταί σοι ταὐτὸν ἐργάζεσθαι τούτοις τῶν πόλεων ὅσαι
κακῶς πολιτευόμεναι (426c) προαγορεύουσι τοῖς πολίταις τὴν μὲν
κατάστασιν τῆς πόλεως ὅλην μὴ κινεῖν, ὡς ἀποθανουμένους, ὃς ἂν τοῦτο
δρᾷ· ὃς δ’ ἂν σφᾶς οὕτω πολιτευομένους ἥδιστα θεραπεύῃ καὶ χαρίζηται
ὑποτρέχων καὶ προγιγνώσκων τὰς σφετέρας βουλήσεις καὶ ταύτας δεινὸς
ᾖ ἀποπληροῦν, οὗτος ἄρα ἀγαθός τε ἔσται ἀνὴρ καὶ σοφὸς τὰ μεγάλα καὶ
τιμήσεται ὑπὸ σφῶν;
Ταὐτὸν μὲν οὖν, ἔφη, ἔμοιγε δοκοῦσι δρᾶν, καὶ οὐδ’ ὁπωστιοῦν ἐπαινῶ.
(426d) Τί δ’ αὖ τοὺς ἐθέλοντας θεραπεύειν τὰς τοιαύτας πόλεις καὶ
προθυμουμένους; οὐκ ἄγασαι τῆς ἀνδρείας τε καὶ εὐχερείας;
῎Εγωγ’, ἔφη, πλήν γ’ ὅσοι ἐξηπάτηνται ὑπ’ αὐτῶν καὶ οἴονται τῇ
ἀληθείᾳ πολιτικοὶ εἶναι, ὅτι ἐπαινοῦνται ὑπὸ τῶν πολλῶν.
Πῶς λέγεις; οὐ συγγιγνώσκεις, ἦν δ’ ἐγώ, τοῖς ἀνδράσιν; ἢ οἴει οἷόν τ’
εἶναι ἀνδρὶ μὴ ἐπισταμένῳ μετρεῖν, ἑτέρων (426e) τοιούτων πολλῶν
λεγόντων ὅτι τετράπηχύς ἐστιν, αὐτὸν ταῦτα μὴ ἡγεῖσθαι περὶ αὑτοῦ;
Οὐκ αὖ, ἔφη, τοῦτό γε.
Μὴ τοίνυν χαλέπαινε· καὶ γάρ πού εἰσι πάντων χαριέστατοι οἱ
τοιοῦτοι, νομοθετοῦντές τε οἷα ἄρτι διήλθομεν καὶ ἐπανορθοῦντες, ἀεὶ
οἰόμενοί τι πέρας εὑρήσειν περὶ τὰ ἐν τοῖς συμβολαίοις κακουργήματα καὶ
περὶ ἃ νυνδὴ ἐγὼ ἔλεγον, ἀγνοοῦντες ὅτι τῷ ὄντι ὥσπερ ῞Υδραν τέμνουσιν.
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Traduction française :
[426] (426a) Certes, ces gens-là passent leur temps de façon charmante : se soignant, ils
n'aboutissent à rien, sauf à compliquer et aggraver leurs maladies; et ils espèrent,
chaque fois qu'on leur conseille un remède, que grâce à lui ils deviendront bien portants.
En effet, dit-il, ce sont là les dispositions de ces malades.
Mais quoi ! poursuivis-je, n'est-ce pas chez eux un trait charmant qu'ils considèrent
comme leur pire ennemi celui qui leur dit la vérité, à savoir que tant qu'ils ne
renonceront pas à s'enivrer, à s'emplir de nourriture, à se livrer au libertinage et à la
paresse, ni remèdes, (426b) ni cautères, ni coupures, ni incantations, ni amulettes, ni
autres choses du même genre ne leur serviront de rien?
Ce trait n'est pas charmant du tout, observa-t-il, car il n'y a point de grâce à
s'emporter contre celui qui donne de bons conseils.
Tu n'es pas, ce semble, un admirateur de ces hommes-là.
Certes non, par Zeus !
Donc, tu n'approuveras pas non plus la cité tout entière qui agit comme il vient d'être
dit. Car ne te semblent-elles pas faire la même chose que ces malades les cités mal
gouvernées qui défendent aux citoyens, sous peine (426c) de mort, de toucher à
l'ensemble de leur constitution, alors que celui qui sert ces citoyens de la manière la
plus agréable et les flatte, empressé à devancer, à prévoir leurs désirs, et habile à les
satisfaire, est traité d'homme vertueux, de sage profond, et honoré par elles?
C'est la même chose, reconnut-il, qu'elles font, à mon sens; et je ne les approuve nullement.
Mais que dire de ceux qui consentent, qui s'empressent (426d) même à servir de telles
cités? N'admires-tu pas leur courage et leur complaisance?
Si, exception faite de ceux qui se laissent tromper, et se croient de vrais politiques
parce qu'ils sont loués par la multitude.
Que dis-tu? Tu n'excuses pas ces hommes? Crois-tu donc qu'une personne ne sachant
pas mesurer, à qui nombre d'autres personnes dans le même cas diraient (426e) qu'elle
a quatre coudées, pourrait s'empêcher de penser que c'est là sa mesure?
Non, avoua-t-il, je ne le crois pas.
Par conséquent ne t'emporte point contre eux; car ils sont les plus charmants du
monde, ces hommes-là ! Ils font des lois sur les sujets que nous avons énumérés tout
à l'heure, et les réforment, s'imaginant qu'ils par viendront à mettre fin aux fraudes
qui se commettent dans les contrats et dans les affaires dont nous parlions tantôt ils
ne savent pas qu'en réalité ils coupent les têtes d'une hydre.
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