| Texte grec :
 
 
  
  
   | [416] (416a) Πῶς, ἔφη, αὖ τοῦτο λέγεις διαφέρειν ἐκείνου;
 ᾿Εγώ σοι, ἦν δ’ ἐγώ, πειράσομαι εἰπεῖν. δεινότατον γάρ που πάντων 
 καὶ αἴσχιστον ποιμέσι τοιούτους γε καὶ οὕτω τρέφειν κύνας ἐπικούρους 
 ποιμνίων, ὥστε ὑπὸ ἀκολασίας ἢ λιμοῦ ἤ τινος ἄλλου κακοῦ ἔθους αὐτοὺς 
 τοὺς κύνας ἐπιχειρῆσαι τοῖς προβάτοις κακουργεῖν καὶ ἀντὶ κυνῶν λύκοις 
 ὁμοιωθῆναι.
 Δεινόν, ἦ δ’ ὅς· πῶς δ’ οὔ; 
 (b) Οὐκοῦν φυλακτέον παντὶ τρόπῳ μὴ τοιοῦτον ἡμῖν οἱ ἐπίκουροι 
 ποιήσωσι πρὸς τοὺς πολίτας, ἐπειδὴ αὐτῶν κρείττους εἰσίν, ἀντὶ 
 συμμάχων εὐμενῶν δεσπόταις ἀγρίοις ἀφομοιωθῶσιν; 
 Φυλακτέον, ἔφη.
 Οὐκοῦν τὴν μεγίστην τῆς εὐλαβείας παρεσκευασμένοι ἂν εἶεν, εἰ τῷ 
 ὄντι καλῶς πεπαιδευμένοι εἰσίν;
 Ἀλλὰ μὴν εἰσίν γ’, ἔφη.
 Καὶ ἐγὼ εἶπον· Τοῦτο μὲν οὐκ ἄξιον διισχυρίζεσθαι, ὦ φίλε Γλαύκων· 
 ὃ μέντοι ἄρτι ἐλέγομεν, ἄξιον, ὅτι δεῖ (c) αὐτοὺς τῆς ὀρθῆς τυχεῖν 
 παιδείας, ἥτις ποτέ ἐστιν, εἰ μέλλουσι τὸ μέγιστον ἔχειν πρὸς τὸ ἥμεροι 
 εἶναι αὑτοῖς τε καὶ τοῖς φυλαττομένοις ὑπ’ αὐτῶν.
 Καὶ ὀρθῶς γε, ἦ δ’ ὅς. 
 Πρὸς τοίνυν τῇ παιδείᾳ ταύτῃ φαίη ἄν τις νοῦν ἔχων δεῖν καὶ τὰς 
 οἰκήσεις καὶ τὴν ἄλλην οὐσίαν τοιαύτην αὐτοῖς παρεσκευάσθαι, ἥτις μήτε 
 τοῦ φύλακας ὡς ἀρίστους εἶναι παύσει (d) αὐτούς, κακουργεῖν τε μὴ 
 ἐπαρεῖ περὶ τοὺς ἄλλους πολίτας.
 Καὶ ἀληθῶς γε φήσει.
 ῞Ορα δή, εἶπον ἐγώ, εἰ τοιόνδε τινὰ τρόπον δεῖ αὐτοὺς ζῆν τε καὶ 
 οἰκεῖν, εἰ μέλλουσι τοιοῦτοι ἔσεσθαι· πρῶτον μὲν οὐσίαν κεκτημένον 
 μηδεμίαν μηδένα ἰδίαν, ἂν μὴ πᾶσα ἀνάγκη· ἔπειτα οἴκησιν καὶ ταμιεῖον 
 μηδενὶ εἶναι μηδὲν τοιοῦτον, εἰς ὃ οὐ πᾶς ὁ βουλόμενος εἴσεισι· τὰ δ’ 
 ἐπιτήδεια, ὅσων δέονται ἄνδρες ἀθληταὶ πολέμου σώφρονές τε καὶ (e) 
 ἀνδρεῖοι, ταξαμένους παρὰ τῶν ἄλλων πολιτῶν δέχεσθαι μισθὸν τῆς 
 φυλακῆς τοσοῦτον ὅσον μήτε περιεῖναι αὐτοῖς εἰς τὸν ἐνιαυτὸν μήτε 
 ἐνδεῖν· φοιτῶντας δὲ εἰς συσσίτια ὥσπερ ἐστρατοπεδευμένους κοινῇ ζῆν· 
 χρυσίον δὲ καὶ ἀργύριον εἰπεῖν αὐτοῖς ὅτι θεῖον παρὰ θεῶν ἀεὶ ἐν τῇ ψυχῇ 
 ἔχουσι καὶ οὐδὲν προσδέονται τοῦ ἀνθρωπείου, οὐδὲ ὅσια τὴν ἐκείνου 
 κτῆσιν τῇ τοῦ θνητοῦ χρυσοῦ κτήσει συμμειγνύντας μιαίνειν, |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [416] En quoi entends-tu, demanda-t-il, que les unes diffèrent 
(416a) des autres ? 
Je vais tâcher de te l'expliquer. La chose la plus terrible et 
la plus honteuse que puissent faire des bergers c'est 
d'élever, pour les aider à garder leur troupeau, des 
chiens que l'intempérance, la faim, ou quelque vicieuse 
habitude, porterait à nuire aux moutons et à devenir 
semblables à des loups, de chiens qu'ils devraient être. 
C'est une chose terrible, assurément. 
(416b) Ne faut-il pas prendre toutes les précautions 
possibles pour que nos auxiliaires n'agissent pas de la 
sorte à l'égard des citoyens - puisqu'ils sont plus forts 
qu'eux - et qu'ils ne deviennent semblables à des maîtres 
sauvages au lieu de rester de bienveillants alliés ? 
Il faut y prendre garde, dit-il. 
Or, la meilleure des précautions ne consiste-t-elle pas à 
leur donner une éducation réellement belle ? 
Mais ils l'ont reçue, fit-il remarquer. 
Il n'est pas permis de l'affirmer, mon cher Glaucon. 
Mais nous pouvons dire, comme je le faisais tout à 
l'heure, (416c) qu'ils doivent recevoir la bonne éducation, 
quelle qu'elle soit, s'ils veulent posséder ce qui, mieux 
que toute autre chose, les rendra doux entre eux et 
envers ceux dont ils ont la garde. 
Tu as raison, avoua-t-il. 
Outre cette éducation, tout homme sensé reconnaîtra 
qu'il faut leur donner des habitations et des biens qui ne 
les empêchent pas d'être des gardiens aussi parfaits (416d) que possible, 
et qui ne les portent point à nuire aux autres citoyens. 
Et il sera dans le vrai. 
Vois donc, repris-je, si pour être tels ils doivent vivre et 
se loger de la façon que je vais dire : d'abord aucun deux 
ne possédera rien en propre, hors les objets de première 
nécessité : ensuite aucun n'aura d'habitation ni de 
magasin où tout le monde ne puisse entrer. Quant à ta 
nourriture nécessaire à des athlètes guerriers sobres (416e) 
et courageux, ils la recevront des autres citoyens, comme 
salaire de la garde qu'ils assurent, en quantité suffisante 
pour une année, de sorte à n'en avoir point, de reste et à 
n'en point manquer; ils prendront leurs repas ensemble 
et vivront en commun, comme des soldats en campagne. 
Pour l'or et l'argent, on leur dira qu'ils ont toujours dans 
leur âme les métaux qu'ils ont reçus des dieux, qu'ils 
n'ont pas besoin de ceux des hommes, et qu'il est impie 
de souiller la possession de l'or divin en la joignant à 
celle de l'or mortel, |  |