| Texte grec :
 
 
  
  
   | [411] Καὶ τοῦ μὲν ἡρμοσμένου σώφρων τε καὶ ἀνδρεία ἡ (411a) ψυχή;
 Πάνυ γε. 
 Τοῦ δὲ ἀναρμόστου δειλὴ καὶ ἄγροικος; 
 Καὶ μάλα. 
 Οὐκοῦν ὅταν μέν τις μουσικῇ παρέχῃ καταυλεῖν καὶ καταχεῖν τῆς 
 ψυχῆς διὰ τῶν ὤτων ὥσπερ διὰ χώνης ἃς νυνδὴ ἡμεῖς ἐλέγομεν τὰς 
 γλυκείας τε καὶ μαλακὰς καὶ θρηνώδεις ἁρμονίας, καὶ μινυρίζων τε καὶ 
 γεγανωμένος ὑπὸ τῆς ᾠδῆς διατελῇ τὸν βίον ὅλον, οὗτος τὸ μὲν πρῶτον, 
 εἴ τι θυμοειδὲς εἶχεν, ὥσπερ σίδηρον ἐμάλαξεν καὶ χρήσιμον (b) ἐξ 
 ἀχρήστου καὶ σκληροῦ ἐποίησεν· ὅταν δ’ ἐπέχων μὴ ἀνιῇ ἀλλὰ κηλῇ, τὸ 
 δὴ μετὰ τοῦτο ἤδη τήκει καὶ λείβει, ἕως ἂν ἐκτήξῃ τὸν θυμὸν καὶ ἐκτέμῃ 
 ὥσπερ νεῦρα ἐκ τῆς ψυχῆς καὶ ποιήσῃ “μαλθακὸν αἰχμητήν.” 
 Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη. 
 Καὶ ἐὰν μέν γε, ἦν δ’ ἐγώ, ἐξ ἀρχῆς φύσει ἄθυμον λάβῃ, ταχὺ τοῦτο 
 διεπράξατο· ἐὰν δὲ θυμοειδῆ, ἀσθενῆ ποιήσας τὸν θυμὸν ὀξύρροπον 
 ἀπηργάσατο, ἀπὸ σμικρῶν ταχὺ ἐρεθι(c)ζόμενόν τε καὶ 
 κατασβεννύμενον. ἀκράχολοι οὖν καὶ ὀργίλοι ἀντὶ θυμοειδοῦς 
 γεγένηνται, δυσκολίας ἔμπλεῳ. 
 Κομιδῇ μὲν οὖν. 
 Τί δὲ ἂν αὖ γυμναστικῇ πολλὰ πονῇ καὶ εὐωχῆται εὖ μάλα, μουσικῆς 
 δὲ καὶ φιλοσοφίας μὴ ἅπτηται; οὐ πρῶτον μὲν εὖ ἴσχων τὸ σῶμα 
 φρονήματός τε καὶ θυμοῦ ἐμπίμπλαται καὶ ἀνδρειότερος γίγνεται αὐτὸς αὑτοῦ; 
 Καὶ μάλα γε.
 Τί δὲ ἐπειδὰν ἄλλο μηδὲν πράττῃ μηδὲ κοινωνῇ Μούσης 
 (d) μηδαμῇ; οὐκ εἴ τι καὶ ἐνῆν αὐτοῦ φιλομαθὲς ἐν τῇ ψυχῇ, ἅτε οὔτε 
 μαθήματος γευόμενον οὐδενὸς οὔτε ζητήματος, οὔτε λόγου μετίσχον οὔτε 
 τῆς ἄλλης μουσικῆς, ἀσθενές τε καὶ κωφὸν καὶ τυφλὸν γίγνεται, ἅτε οὐκ 
 ἐγειρόμενον οὐδὲ τρεφόμενον οὐδὲ διακαθαιρομένων τῶν αἰσθήσεων αὐτοῦ;
 Οὕτως, ἔφη. 
 Μισόλογος δὴ οἶμαι ὁ τοιοῦτος γίγνεται καὶ ἄμουσος, καὶ πειθοῖ μὲν 
 διὰ λόγων οὐδὲν ἔτι χρῆται, βίᾳ δὲ καὶ (e) ἀγριότητι ὥσπερ θηρίον πρὸς 
 πάντα διαπράττεται, καὶ ἐν ἀμαθίᾳ καὶ σκαιότητι μετὰ ἀρρυθμίας τε καὶ 
 ἀχαριστίας ζῇ.
 Παντάπασιν, ἦ δ’ ὅς, οὕτως ἔχει. 
 ᾿Επὶ δὴ δύ’ ὄντε τούτω, ὡς ἔοικε, δύο τέχνα θεὸν ἔγωγ’ ἄν τινα φαίην 
 δεδωκέναι τοῖς ἀνθρώποις, μουσικήν τε καὶ γυμναστικὴν ἐπὶ τὸ θυμοειδὲς 
 καὶ τὸ φιλόσοφον, οὐκ ἐπὶ ψυχὴν καὶ σῶμα, εἰ μὴ εἰ πάρεργον, ἀλλ’ ἐπ’ ἐκείνω, |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [411] (411a) Et leur harmonie ne rend-elle pas l'âme tempérante 
et courageuse ? 
Tout à fait. 
Tandis que leur désaccord la rend lâche et grossière ? 
Certainement. 
Si donc un homme permet à la musique de le ravir au 
son de la flûte et de verser en son âme, par le canal des 
oreilles, ces harmonies douces, molles et plaintives dont 
nous parlions tout à l'heure, s'il passe sa vie à fredonner, 
brillant de joie à la beauté du chant : tout d'abord il 
adoucit l'élément irascible de son âme, comme le feu 
amollit le fer, et le rend utile, d'inutile et de dur (411b) 
qu'il était auparavant ; mais s'il continue à se livrer au 
charme, son courage ne tarde pas à se dissoudre et à se 
fondre, jusqu'à se réduire à rien, à être excisé, comme un 
nerf, de son âme, le laissant "guerrier sans vigueur"». 
C'est parfaitement vrai, dit-il. 
Et s'il a reçu de la nature une âme sans courage ce 
résultat ne se fait pas attendre : si, au contraire, il est né 
ardent son coeur s'affaiblit, devient impressionnable et 
prompt, pour des vétilles, à s'emporter et à s'apaiser. 
(411c) Au lieu de courageux, le voilà irritable, coléreux et 
plein de mauvaise humeur. 
Très certainement. 
D'autre part, qu'advient-il s'il se livre tout entier à la 
gymnastique et à la bonne chère, sans se soucier de la 
musique et de la philosophie ? Tout d'abord le sentiment 
de ses forces ne l'emplit-il pas de fierté et de courage, et 
ne devient-il pas plus brave qu'il n'était ? 
Assurément. 
Mais s'il ne fait rien d'autre et n'a point commerce avec la 
Muse ? Eût-il dans l'âme quelque désir d'apprendre, 
(411d) comme il ne goûte à aucune science, ne participe à 
aucune recherche, à aucune discussion, ni à aucun autre 
exercice de la musique, ce désir devient faible, sourd et 
aveugle : il n'est ni éveillé, ni cultivé, ni dégagé de la 
gangue des sensations. 
Il en est ainsi, dit-il. 
Dès lors, je pense, un tel homme devient ennemi de la 
raison et des Muses ; il ne se sert plus du discours pour 
persuader ; en tout il arrive à ses fins par la violence (411e) 
et la sauvagerie, comme une bête féroce, et il vit au sein 
de l'ignorance et de la grossièreté, sans harmonie et sans grâce. 
C'est parfaitement exact. 
Pour ces deux éléments de l'âme apparemment, le 
courageux et le philosophique, un dieu, dirai-je, a donné 
aux hommes deux arts, la musique et la gymnastique ; il 
ne les a point donnés pour l'âme et le corps, si ce n'est 
par incidence, mais pour ces deux éléments-là, |  |