Texte grec :
[388] καὶ οὐδὲ ταύταις σπουδαίαις, (388a) καὶ ὅσοι κακοὶ
τῶν ἀνδρῶν, ἵνα ἡμῖν δυσχεραίνωσιν ὅμοια τούτοις ποιεῖν οὓς δή φαμεν
ἐπὶ φυλακῇ τῆς χώρας τρέφειν.
᾿Ορθῶς, ἔφη.
Πάλιν δὴ ῾Ομήρου τε δεησόμεθα καὶ τῶν ἄλλων ποιητῶν μὴ ποιεῖν
Ἀχιλλέα θεᾶς παῖδα :
ἄλλοτ’ ἐπὶ πλευρᾶς κατακείμενον, ἄλλοτε δ’ αὖτε
ὕπτιον, ἄλλοτε δὲ πρηνῆ,
τοτὲ δ’ ὀρθὸν ἀναστάντα πλωΐζοντ’ ἀλύοντ’ ἐπὶ (b) θῖν’ ἁλὸς
ἀτρυγέτοιο, μηδὲ ἀμφοτέραισιν χερσὶν ἑλόντα κόνιν αἰθαλόεσσαν
χευάμενον κὰκ κεφαλῆς, μηδὲ ἄλλα κλαίοντά τε καὶ ὀδυρόμενον ὅσα καὶ
οἷα ἐκεῖνος ἐποίησε, μηδὲ Πρίαμον ἐγγὺς θεῶν γεγονότα λιτανεύοντά τε
καὶ :
κυλινδόμενον κατὰ κόπρον,
ἐξονομακλήδην ὀνομάζοντ’ ἄνδρα ἕκαστον.
πολὺ δ’ ἔτι τούτων μᾶλλον δεησόμεθα μήτοι θεούς γε ποιεῖν ὀδυρομένους
καὶ λέγοντας :
(c) ὤμοι ἐγὼ δειλή, ὤμοι δυσαριστοτόκεια·
εἰ δ’ οὖν θεούς, μήτοι τόν γε μέγιστον τῶν θεῶν τολμῆσαι οὕτως ἀνομοίως
μιμήσασθαι, ὥστε
ὢ πόποι, φάναι, ἦ φίλον ἄνδρα διωκόμενον περὶ ἄστυ
ὀφθαλμοῖσιν ὁρῶμαι, ἐμὸν δ’ ὀλοφύρεται ἦτορ·
καὶ :
αἲ αἲ ἐγών, ὅ τέ μοι Σαρπηδόνα φίλτατον ἀνδρῶν
(d) μοῖρ’ ὑπὸ Πατρόκλοιο Μενοιτιάδαο δαμῆναι.
εἰ γάρ, ὦ φίλε Ἀδείμαντε, τὰ τοιαῦτα ἡμῖν οἱ νέοι σπουδῇ ἀκούοιεν καὶ μὴ
καταγελῷεν ὡς ἀναξίως λεγομένων, σχολῇ ἂν ἑαυτόν γέ τις ἄνθρωπον
ὄντα ἀνάξιον ἡγήσαιτο τούτων καὶ ἐπιπλήξειεν, εἰ καὶ ἐπίοι αὐτῷ τι
τοιοῦτον ἢ λέγειν ἢ ποιεῖν, ἀλλ’ οὐδὲν αἰσχυνόμενος οὐδὲ καρτερῶν
πολλοὺς ἐπὶ σμικροῖσιν παθήμασιν θρήνους ἂν ᾄδοι καὶ ὀδυρμούς.
(e) Ἀληθέστατα, ἔφη, λέγεις.
Δεῖ δέ γε οὔχ, ὡς ἄρτι ἡμῖν ὁ λόγος ἐσήμαινεν· ᾧ πειστέον, ἕως ἄν τις
ἡμᾶς ἄλλῳ καλλίονι πείσῃ.
Οὐ γὰρ οὖν δεῖ.
Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ φιλογέλωτάς γε δεῖ εἶναι. σχεδὸν γὰρ ὅταν τις ἐφιῇ
ἰσχυρῷ γέλωτι, ἰσχυρὰν καὶ μεταβολὴν ζητεῖ τὸ τοιοῦτον.
Δοκεῖ μοι, ἔφη.
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Traduction française :
[388] et encore aux 388 femmes ordinaires, et aux hommes lâches,
afin que de telles faiblesses excitent l'indignation de ceux que
nous prétendons élever pour la garde du pays.
Nous aurons raison, dit-il.
Encore une fois, nous prierons donc Homère et les autres
poètes de ne pas nous représenter Achille, le fils d'une
déesse "... tantôt couché sur le côté, tantôt sur le dos, et
tantôt la face contre terre, puis se levant," et errant, l'âme
agitée, "sur le rivage de la mer inféconde", (388b) "ni prenant
à deux mains la cendre du foyer et se la répandant
sur la tête", ni pleurant et se lamentant tant de fois et
de telles façons qu'Homère l'a représenté ; ni Priam, que
sa naissance approchait des dieux, "suppliant, se roulant dans
la poussière, appelant chaque homme par son nom".
Et nous les prierons plus instamment encore de ne pas
nous représenter les dieux en pleurs et disant :
"Hélas ! infortunée ! Hélas ! malheureuse mère du plus noble
(388c) des hommes".
Et s'ils parlent ainsi des dieux, que, du moins, ils n'aient
pas l'audace de défigurer le plus grand des dieux, au
point de lui faire dire :
"Hélas ! c'est un homme cher, fuyant autour de la ville,
qu'aperçoivent mes yeux, et mon coeur en est désolé";
et ailleurs :
"Hélas pour moi ! le destin de Sarpédon, le plus cher des
hommes, veut qu'il soit dompté par Patrocle, fils de Ménoetios".
(388d) Si en effet, mon cher Adimante, nos jeunes gens
prenaient au sérieux de tels discours, au lieu d'en rire
comme de faiblesses indignes des dieux, il leur serait
difficile, n'étant que des hommes, de les croire indignes
d'eux-mêmes et de se reprocher ce qu'ils pourraient dire
ou faire de semblable ; mais, à la moindre infortune, ils
s'abandonneraient sans honte et sans courage aux
plaintes et aux lamentations.
(388e) Tu dis très vrai, avoua-t-il.
Or cela ne doit pas être ; nous venons d'en voir la raison,
et il faut y croire tant qu'on ne nous persuadera pas par une meilleure.
Cela ne doit pas être en effet.
Il ne faut pas non plus que nos gardiens soient amis du
rire. Car presque toujours, quand on se livre à un rire
violent, cet état entraîne dans l'âme un changement violent également.
Il me le semble, dit-il.
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