Texte grec :
[395] (395a) Σχολῇ ἄρα ἐπιτηδεύσει γέ τι ἅμα τῶν ἀξίων λόγου
ἐπιτηδευμάτων καὶ πολλὰ μιμήσεται καὶ ἔσται μιμητικός, ἐπεί που οὐδὲ
τὰ δοκοῦντα ἐγγὺς ἀλλήλων εἶναι δύο μιμήματα δύνανται οἱ αὐτοὶ ἅμα εὖ
μιμεῖσθαι, οἷον κωμῳδίαν καὶ τραγῳδίαν ποιοῦντες. ἢ οὐ μιμήματε ἄρτι
τούτω ἐκάλεις;
῎Εγωγε· καὶ ἀληθῆ γε λέγεις, ὅτι οὐ δύνανται οἱ αὐτοί.
Οὐδὲ μὴν ῥαψῳδοί γε καὶ ὑποκριταὶ ἅμα.
Ἀληθῆ.
Ἀλλ’ οὐδέ τοι ὑποκριταὶ κωμῳδοῖς τε καὶ τραγῳδοῖς οἱ (b) αὐτοί·
πάντα δὲ ταῦτα μιμήματα. ἢ οὔ;
Μιμήματα.
Καὶ ἔτι γε τούτων, ὦ Ἀδείμαντε, φαίνεταί μοι εἰς σμικρότερα
κατακεκερματίσθαι ἡ τοῦ ἀνθρώπου φύσις, ὥστε ἀδύνατος εἶναι πολλὰ
καλῶς μιμεῖσθαι ἢ αὐτὰ ἐκεῖνα πράττειν ὧν δὴ καὶ τὰ μιμήματά ἐστιν
ἀφομοιώματα.
Ἀληθέστατα, ἦ δ’ ὅς.
Εἰ ἄρα τὸν πρῶτον λόγον διασώσομεν, τοὺς φύλακας ἡμῖν τῶν
ἄλλων πασῶν δημιουργιῶν ἀφειμένους δεῖν εἶναι (c) δημιουργοὺς
ἐλευθερίας τῆς πόλεως πάνυ ἀκριβεῖς καὶ μηδὲν ἄλλο ἐπιτηδεύειν ὅτι μὴ
εἰς τοῦτο φέρει, οὐδὲν δὴ δέοι ἂν αὐτοὺς ἄλλο πράττειν οὐδὲ μιμεῖσθαι·
ἐὰν δὲ μιμῶνται, μιμεῖσθαι τὰ τούτοις προσήκοντα εὐθὺς ἐκ παίδων,
ἀνδρείους, σώφρονας, ὁσίους, ἐλευθέρους, καὶ τὰ τοιαῦτα πάντα, τὰ δὲ
ἀνελεύθερα μήτε ποιεῖν μήτε δεινοὺς εἶναι μιμήσασθαι, μηδὲ ἄλλο μηδὲν
τῶν αἰσχρῶν, ἵνα μὴ ἐκ τῆς μιμήσεως τοῦ εἶναι (d) ἀπολαύσωσιν. ἢ οὐκ
ᾔσθησαι ὅτι αἱ μιμήσεις, ἐὰν ἐκ νέων πόρρω διατελέσωσιν, εἰς ἔθη τε καὶ
φύσιν καθίστανται καὶ κατὰ σῶμα καὶ φωνὰς καὶ κατὰ τὴν διάνοιαν;
Καὶ μάλα, ἦ δ’ ὅς.
Οὐ δὴ ἐπιτρέψομεν, ἦν δ’ ἐγώ, ὧν φαμὲν κήδεσθαι καὶ δεῖν αὐτοὺς
ἄνδρας ἀγαθοὺς γενέσθαι, γυναῖκα μιμεῖσθαι ἄνδρας ὄντας, ἢ νέαν ἢ
πρεσβυτέραν, ἢ ἀνδρὶ λοιδορουμένην ἢ πρὸς θεοὺς ἐρίζουσάν τε καὶ
μεγαλαυχουμένην, οἰομένην (e) εὐδαίμονα εἶναι, ἢ ἐν συμφοραῖς τε καὶ
πένθεσιν καὶ θρήνοις ἐχομένην· κάμνουσαν δὲ ἢ ἐρῶσαν ἢ ὠδίνουσαν,
πολλοῦ καὶ δεήσομεν.
Παντάπασι μὲν οὖν, ἦ δ’ ὅς.
Οὐδέ γε δούλας τε καὶ δούλους πράττοντας ὅσα δούλων.
Οὐδὲ τοῦτο.
Οὐδέ γε ἄνδρας κακούς, ὡς ἔοικεν, δειλούς τε καὶ τὰ ἐναντία
πράττοντας ὧν νυνδὴ εἴπομεν, κακηγοροῦντάς τε καὶ κωμῳδοῦντας
ἀλλήλους καὶ αἰσχρολογοῦντας,
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Traduction française :
[395] Encore moins pourra-t-il exercer à la fois une profession
(395a) importante et imiter plusieurs choses, être imitateur,
puisque les mêmes personnes ne peuvent réussir en
deux formes d'imitation qui paraissent voisines l'une de
l'autre, comme la tragédie et la comédie; ne les appelais-tu
pas tout à l'heure des imitations ?
Si, et tu as raison de dire que les mêmes personnes ne
peuvent y réussir.
On ne peut même pas être à la fois rhapsode et acteur.
C'est vrai.
Et les acteurs qui jouent dans les comédies et les tragédies ne sont pas
les mêmes; or tout cela est imitation, (395b) n'est-ce pas ?
Imitation.
Il me semble, Adimante, que la nature humaine est
réduite en parties encore plus petites, de sorte que
l'homme ne peut bien imiter plusieurs choses, ou faire
les choses mêmes que reproduit l'imitation.
Rien de plus vrai, dit-il.
Si donc nous maintenons notre premier principe, à
savoir que nos gardiens, dispensés de tous les autres
métiers, doivent être les artisans tout dévoués de
l'indépendance (395c) de la cité, et négliger ce qui n'y
porte point, il faut qu'ils ne fassent et n'imitent rien
d'autre ; s'ils imitent, que ce soient les qualités qu'il leur
convient d'acquérir dès l'enfance : le courage, la
tempérance, la sainteté, la libéralité et les autres vertus
du même genre ; mais la bassesse, ils ne doivent ni la
pratiquer ni savoir habilement l'imiter, non plus
qu'aucun des autres vices, de peur que de l'imitation ils
ne recueillent le fruit de la réalité. Ou bien n'as-tu pas
remarqué que l'imitation, (395d) si depuis l'enfance on
persévère à la cultiver, se fixe dans les habitudes et
devient une seconde nature pour le corps, la voix et l'esprit ?
Certainement, répondit-il.
Nous ne souffrirons donc pas, repris-je, que ceux dont
nous prétendons prendre soin et qui doivent devenir des
hommes vertueux, imitent, eux qui sont des hommes,
une femme jeune ou vieille, injuriant son mari, rivalisant
avec les dieux et se glorifiant de son bonheur, ou se
(395e) trouvant dans le malheur, dans le deuil et dans les
larmes ; à plus forte raison n'admettrons-nous pas qu'ils
l'imitent malade, amoureuse ou en mal d'enfant.
Non, certes, dit-il.
Ni qu'ils imitent les esclaves, mâles ou femelles, dans
leurs actions serviles.
Cela non plus.
Ni, ce semble, les hommes méchants et lâches qui font le
contraire de ce que nous disions tout à l'heure, qui se rabaissent
et se raillent les uns les autres, et tiennent des propos honteux,
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