HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, La République, livre II

εἰδέναι



Texte grec :

[381] οὐ τὸ ὑγιέστατον καὶ ἰσχυρότατον (381a) ἥκιστα ἀλλοιοῦται; Πῶς δ’ οὔ; Ψυχὴν δὲ οὐ τὴν ἀνδρειοτάτην καὶ φρονιμωτάτην ἥκιστ’ ἄν τι ἔξωθεν πάθος ταράξειέν τε καὶ ἀλλοιώσειεν; Ναί. Καὶ μήν που καὶ τά γε σύνθετα πάντα σκεύη τε καὶ οἰκοδομήματα καὶ ἀμφιέσματα κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον τὰ εὖ εἰργασμένα καὶ εὖ ἔχοντα ὑπὸ χρόνου τε καὶ τῶν ἄλλων παθημάτων ἥκιστα ἀλλοιοῦται. ῎Εστι δὴ ταῦτα. (b) Πᾶν δὴ τὸ καλῶς ἔχον ἢ φύσει ἢ τέχνῃ ἢ ἀμφοτέροις ἐλαχίστην μεταβολὴν ὑπ’ ἄλλου ἐνδέχεται. ῎Εοικεν. ᾿Αλλὰ μὴν ὁ θεός γε καὶ τὰ τοῦ θεοῦ πάντῃ ἄριστα ἔχει. Πῶς δ’ οὔ; Ταύτῃ μὲν δὴ ἥκιστα ἂν πολλὰς μορφὰς ἴσχοι ὁ θεός. ῞Ηκιστα δῆτα. ᾿Αλλ’ ἆρα αὐτὸς αὑτὸν μεταβάλλοι ἂν καὶ ἀλλοιοῖ; Δῆλον, ἔφη, ὅτι, εἴπερ ἀλλοιοῦται. Πότερον οὖν ἐπὶ τὸ βέλτιόν τε καὶ κάλλιον μεταβάλλει ἑαυτὸν ἢ ἐπὶ τὸ χεῖρον καὶ τὸ αἴσχιον ἑαυτοῦ; (c) ᾿Ανάγκη, ἔφη, ἐπὶ τὸ χεῖρον, εἴπερ ἀλλοιοῦται· οὐ γάρ που ἐνδεᾶ γε φήσομεν τὸν θεὸν κάλλους ἢ ἀρετῆς εἶναι. ᾿Ορθότατα, ἦν δ’ ἐγώ, λέγεις. καὶ οὕτως ἔχοντος δοκεῖ ἄν τίς σοι, ὦ ᾿Αδείμαντε, ἑκὼν αὑτὸν χείρω ποιεῖν ὁπῃοῦν ἢ θεῶν ἢ ἀνθρώπων; ᾿Αδύνατον, ἔφη. ᾿Αδύνατον ἄρα, ἔφην, καὶ θεῷ ἐθέλειν αὑτὸν ἀλλοιοῦν, ἀλλ’ ὡς ἔοικε, κάλλιστος καὶ ἄριστος ὢν εἰς τὸ δυνατὸν ἕκαστος αὐτῶν μένει ἀεὶ ἁπλῶς ἐν τῇ αὑτοῦ μορφῇ. ῞Απασα, ἔφη, ἀνάγκη ἔμοιγε δοκεῖ. (d) Μηδεὶς ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ ἄριστε, λεγέτω ἡμῖν τῶν ποιητῶν, ὡς— θεοὶ ξείνοισιν ἐοικότες ἀλλοδαποῖσι, παντοῖοι τελέθοντες, ἐπιστρωφῶσι πόληας· μηδὲ Πρωτέως καὶ Θέτιδος καταψευδέσθω μηδείς, μηδ’ ἐν τραγῳδίαις μηδ’ ἐν τοῖς ἄλλοις ποιήμασιν εἰσαγέτω ῞Ηραν ἠλλοιωμένην, ὡς ἱέρειαν ἀγείρουσαν— ᾿Ινάχου ᾿Αργείου ποταμοῦ παισὶν βιοδώροις· (e) καὶ ἄλλα τοιαῦτα πολλὰ μὴ ἡμῖν ψευδέσθων. μηδ’ αὖ ὑπὸ τούτων ἀναπειθόμεναι αἱ μητέρες τὰ παιδία ἐκδειματούντων, λέγουσαι τοὺς μύθους κακῶς, ὡς ἄρα θεοί τινες περιέρχονται νύκτωρ πολλοῖς ξένοις καὶ παντοδαποῖς ἰνδαλλόμενοι, ἵνα μὴ ἅμα μὲν εἰς θεοὺς βλασφημῶσιν, ἅμα δὲ τοὺς παῖδας ἀπεργάζωνται δειλοτέρους. Μὴ γάρ, ἔφη. ᾿Αλλ’ ἆρα, ἦν δ’ ἐγώ, αὐτοὶ μὲν οἱ θεοί εἰσιν οἷοι μὴ μεταβάλλειν, ἡμῖν δὲ ποιοῦσιν δοκεῖν σφᾶς παντοδαποὺς φαίνεσθαι, ἐξαπατῶντες καὶ γοητεύοντες; ῎Ισως, ἔφη.

Traduction française :

[381] le sujet le plus sain et le plus vigoureux n'en est-il pas le moins éprouvé? (381a) Sans doute. Et l'âme la plus courageuse et la plus sage n'est-elle pas la moins troublée et la moins altérée par les accidents extérieurs ? Si. Par la même raison, de tous les objets fabriqués, édifices, vêtements, ceux qui sont bien travaillés et en bon état sont ceux que le temps et les autres agents de destruction altèrent le moins. C'est exact. Donc, tout être parfait, qu'il tienne sa perfection de la (381b) nature, de l'art, ou des deux, est le moins exposé à un changement venu du dehors. Il le semble. Mais Dieu, avec ce qui appartient à sa nature, est en tout point parfait ? Comment non ? Et par là il est le moins susceptible de recevoir plusieurs formes ? Le moins susceptible, certes. Mais serait-ce de lui-même qu'il changerait et se transformerait ? Évidemment, répondit-il, c'est de lui-même, s'il est vrai qu'il se transforme. Mais prend-il une forme meilleure et plus belle, ou pire et plus laide ? Il y a nécessité qu'il prenne une forme pire, s'il change ; (381c) car nous ne pouvons pas dire qu'il manque à Dieu aucun degré de beauté ou de vertu. Tu as tout à fait raison, dis-je. Mais s'il en est ainsi, penses-tu, Adimante, qu'un être se rende volontairement pire sous quelque rapport que ce soit - qu'il s'agisse d'un dieu ou d'un homme ? C'est impossible, avoua-t-il. Il est donc impossible aussi, repris-je, qu'un dieu consente à se transformer ; chacun des dieux étant le plus beau et le meilleur possible, reste toujours avec simplicité dans la forme qui lui est propre. C'est de toute nécessité, ce me semble. (381d) Donc, qu'aucun poète, excellent ami, ne nous dise que les dieux sous les traits de lointains étrangers, et prenant toutes formes, parcourent les villes .... ; qu'aucun ne débite des mensonges sur Protée et sur Thétis, et n'introduise dans les tragédies ou les autres poèmes Héra déguisée en prêtresse qui mendie pour les enfants donneurs de vie du fleuve argien Inachos, (381e) et qu'on nous épargne maintes autres fictions de cette nature. Que les mères, persuadées par les poètes, n'effraient pas leurs enfants en leur contant mal à propos que certains dieux errent, la nuit, sous les traits d'étrangers de toutes sortes, afin d'éviter, à la fois, de blasphémer contre les dieux et de rendre les enfants plus peureux. Qu'elles s'en gardent bien, en effet, dit-il. Mais, repris-je, est-ce que les dieux, incapables de changement en eux-mêmes, pourraient nous faire croire qu'ils apparaissent sous des formes diverses, en usant d'imposture et de magie ? Peut-être.





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Dernière mise à jour : 18/01/2006