Texte grec :
[313] (313a) Καὶ ἐγὼ εἶπον μετὰ τοῦτο· Τί οὖν; οἶσθα εἰς οἷόν τινα
κίνδυνον ἔρχῃ ὑποθήσων τὴν ψυχήν; ἢ εἰ μὲν τὸ σῶμα
ἐπιτρέπειν σε ἔδει τῳ διακινδυνεύοντα ἢ χρηστὸν αὐτὸ
γενέσθαι ἢ πονηρόν, πολλὰ ἂν περιεσκέψω εἴτ´ ἐπιτρεπτέον
εἴτε οὔ, καὶ εἰς συμβουλὴν τούς τε φίλους ἂν παρεκάλεις
καὶ τοὺς οἰκείους σκοπούμενος ἡμέρας συχνάς· ὃ δὲ περὶ
πλείονος τοῦ σώματος ἡγῇ, τὴν ψυχήν, καὶ ἐν ᾧ πάντ´ ἐστὶν
τὰ σὰ ἢ εὖ ἢ κακῶς πράττειν, χρηστοῦ ἢ πονηροῦ αὐτοῦ
γενομένου, περὶ δὲ τούτου οὔτε τῷ πατρὶ οὔτε τῷ ἀδελφῷ
(313b) ἐπεκοινώσω οὔτε ἡμῶν τῶν ἑταίρων οὐδενί, εἴτ´ ἐπιτρεπτέον
εἴτε καὶ οὐ τῷ ἀφικομένῳ τούτῳ ξένῳ τὴν σὴν ψυχήν, ἀλλ´
ἑσπέρας ἀκούσας, ὡς φῄς, ὄρθριος ἥκων περὶ μὲν τούτου
οὐδένα λόγον οὐδὲ συμβουλὴν ποιῇ, εἴτε χρὴ ἐπιτρέπειν
σαυτὸν αὐτῷ εἴτε μή, ἕτοιμος δ´ εἶ ἀναλίσκειν τά τε σαυτοῦ
καὶ τὰ τῶν φίλων χρήματα, ὡς ἤδη διεγνωκὼς ὅτι πάντως
συνεστέον Πρωταγόρᾳ, ὃν οὔτε γιγνώσκεις, ὡς φῄς, οὔτε
(313c) διείλεξαι οὐδεπώποτε, σοφιστὴν δ´ ὀνομάζεις, τὸν δὲ σοφιστὴν
ὅτι ποτ´ ἔστιν φαίνῃ ἀγνοῶν, ᾧ μέλλεις σαυτὸν ἐπιτρέπειν;
— Καὶ ὃς ἀκούσας, Ἔοικεν, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἐξ ὧν
σὺ λέγεις. — Ἆρ´ οὖν, ὦ Ἱππόκρατες, ὁ σοφιστὴς τυγχάνει
ὢν ἔμπορός τις ἢ κάπηλος τῶν ἀγωγίμων, ἀφ´ ὧν ψυχὴ
τρέφεται; φαίνεται γὰρ ἔμοιγε τοιοῦτός τις. — Τρέφεται δέ,
ὦ Σώκρατες, ψυχὴ τίνι; — Μαθήμασιν δήπου, ἦν δ´ ἐγώ. καὶ
ὅπως γε μή, ὦ ἑταῖρε, ὁ σοφιστὴς ἐπαινῶν ἃ πωλεῖ ἐξαπατήσῃ
ἡμᾶς, ὥσπερ οἱ περὶ τὴν τοῦ σώματος τροφήν, ὁ
(313d) ἔμπορός τε καὶ κάπηλος. καὶ γὰρ οὗτοί που ὧν ἄγουσιν
ἀγωγίμων οὔτε αὐτοὶ ἴσασιν ὅτι χρηστὸν ἢ πονηρὸν περὶ τὸ
σῶμα, ἐπαινοῦσιν δὲ πάντα πωλοῦντες, οὔτε οἱ ὠνούμενοι
παρ´ αὐτῶν, ἐὰν μή τις τύχῃ γυμναστικὸς ἢ ἰατρὸς ὤν.
οὕτω δὲ καὶ οἱ τὰ μαθήματα περιάγοντες κατὰ τὰς πόλεις
καὶ πωλοῦντες καὶ καπηλεύοντες τῷ ἀεὶ ἐπιθυμοῦντι ἐπαινοῦσιν
μὲν πάντα ἃ πωλοῦσιν, τάχα δ´ ἄν τινες, ὦ ἄριστε,
καὶ τούτων ἀγνοοῖεν ὧν πωλοῦσιν ὅτι χρηστὸν ἢ πονηρὸν
(313e) πρὸς τὴν ψυχήν· ὡς δ´ αὕτως καὶ οἱ ὠνούμενοι παρ´ αὐτῶν,
ἐὰν μή τις τύχῃ περὶ τὴν ψυχὴν αὖ ἰατρικὸς ὤν. εἰ
μὲν οὖν σὺ τυγχάνεις ἐπιστήμων τούτων τί χρηστὸν καὶ
πονηρόν, ἀσφαλές σοι ὠνεῖσθαι μαθήματα καὶ παρὰ Πρωταγόρου
καὶ παρ´ ἄλλου ὁτουοῦν·
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Traduction française :
[313] V. - Quoi donc ! repris-je, sais-tu à quel danger tu vas soumettre
ton âme ? S'il te fallait confier ton corps à quelqu'un et courir le hasard
de fortifier ou de gâter ta santé, tu y regarderais à deux fois pour t'en
remettre ou non à ses soins, tu appellerais en consultation tes amis et
tes parents et tu réfléchirais plus d'un jour ; et pour une chose que tu
mets bien. au-dessus de ton corps, pour ton âme, dont dépend tout
ton sort, puisque tu seras heureux ou malheureux selon que ton âme
sera bonne ou mauvaise, pour ton âme, dis-je, tu n'as consulté ni ton
père, ni ton frère, ni aucun de nous, tes amis, pour décider s'il fallait
la confier ou non à cet étranger qui vient d'arriver ; c'est d'hier soir
que tu sais, dis-tu, son arrivée et tu t'en viens dès la pointe du jour,
sans prendre le temps de réfléchir ni de consulter s'il faut ou non
remettre ton âme entre ses mains, tout prêt à dépenser ta fortune et
celle de tes amis ; car tu as décidé tout de suite qu'il fallait
absolument t'attacher à Protagoras, que tu ne connais pas, dis-tu, à
qui tu n'as jamais parlé ; tu l'appelles sophiste, mais il est visible que
tu ignores ce qu'est ce sophiste, à qui tu veux te confier.
Lui, là-dessus, m'a répondu : Il semble bien, à t'entendre, que tu as
raison. - Est-ce qu'un sophiste, Hippocrate, n'est pas une sorte de
marchand et de trafiquant des denrées dont l'âme se nourrit ? Il me
paraît à moi que c'est quelque chose comme cela - Mais l'âme,
Socrate, de quoi se nourrit-elle ? - De sciences, je suppose ; aussi
faut-il craindre, ami, que le sophiste, en vantant sa marchandise, ne
nous trompe comme ceux qui trafiquent des aliments du corps,
marchands et détaillants ; ceux-ci en effet ignorent ce qui, dans les
denrées qu'ils colportent, est bon ou mauvais pour le corps ; mais ils
n'en vantent pas moins toute leur marchandise, et leurs acheteurs ne
s'y connaissent pas mieux, à moins qu'il ne s'y trouve quelque maître
de gymnastique ou quelque médecin. Il en est de même de ceux qui
colportent les sciences de ville en ville, qui les vendent et les
détaillent ; ils ne manquent jamais de vanter aux amateurs tout ce
qu'ils vendent ; mais il peut se faire, mon bon ami, qu'un certain
nombre d'entre eux ignorent ce qui dans leurs marchandises est bon
ou mauvais pour l'âme, et leurs acheteurs l'ignorent aussi, à moins
qu'il ne s'y trouve quelque médecin de l'âme. Si donc tu sais ce qu'il y
a dans ces marchandises de bon ou de mauvais pour l'âme, tu peux
sans danger acheter les sciences et à Protagoras et à tout autre ;
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