Texte grec :
[312] (312a) "Αὐτὸς δὲ δὴ ὡς τίς γενησόμενος ἔρχῃ παρὰ τὸν
Πρωταγόραν;" — Καὶ ὃς εἶπεν ἐρυθριάσας—ἤδη γὰρ ὑπέφαινέν τι
ἡμέρας, ὥστε καταφανῆ αὐτὸν γενέσθαι— Εἰ μέν τι τοῖς
ἔμπροσθεν ἔοικεν, δῆλον ὅτι σοφιστὴς γενησόμενος. — Σὺ δέ,
ἦν δ´ ἐγώ, πρὸς θεῶν, οὐκ ἂν αἰσχύνοιο εἰς τοὺς Ἕλληνας
σαυτὸν σοφιστὴν παρέχων; — Νὴ τὸν Δία, ὦ Σώκρατες, εἴπερ
γε ἃ διανοοῦμαι χρὴ λέγειν. — Ἀλλ´ ἄρα, ὦ Ἱππόκρατες, μὴ
οὐ τοιαύτην ὑπολαμβάνεις σου τὴν παρὰ Πρωταγόρου μάθησιν
(312b) ἔσεσθαι, ἀλλ´ οἵαπερ ἡ παρὰ τοῦ γραμματιστοῦ ἐγένετο
καὶ κιθαριστοῦ καὶ παιδοτρίβου; τούτων γὰρ σὺ ἑκάστην
οὐκ ἐπὶ τέχνῃ ἔμαθες, ὡς δημιουργὸς ἐσόμενος, ἀλλ´ ἐπὶ
παιδείᾳ, ὡς τὸν ἰδιώτην καὶ τὸν ἐλεύθερον πρέπει. — Πάνυ
μὲν οὖν μοι δοκεῖ, ἔφη, τοιαύτη μᾶλλον εἶναι ἡ παρὰ
Πρωταγόρου μάθησις.
Οἶσθα οὖν ὃ μέλλεις νῦν πράττειν, ἤ σε λανθάνει; ἦν δ´
ἐγώ. — Τοῦ πέρι; — Ὅτι μέλλεις τὴν ψυχὴν τὴν σαυτοῦ παρασχεῖν
(312c) θεραπεῦσαι ἀνδρί, ὡς φῄς, σοφιστῇ· ὅτι δέ ποτε ὁ σοφιστής
ἐστιν, θαυμάζοιμ´ ἂν εἰ οἶσθα. καίτοι εἰ τοῦτ´ ἀγνοεῖς,
οὐδὲ ὅτῳ παραδίδως τὴν ψυχὴν οἶσθα, οὔτ´ εἰ ἀγαθῷ οὔτ´ εἰ
κακῷ πράγματι. — Οἶμαί γ´, ἔφη, εἰδέναι. — Λέγε δή, τί ἡγῇ
εἶναι τὸν σοφιστήν; — Ἐγὼ μέν, ἦ δ´ ὅς, ὥσπερ τοὔνομα λέγει,
τοῦτον εἶναι τὸν τῶν σοφῶν ἐπιστήμονα. — Οὐκοῦν, ἦν δ´
ἐγώ, τοῦτο μὲν ἔξεστι λέγειν καὶ περὶ ζωγράφων καὶ περὶ
τεκτόνων, ὅτι οὗτοί εἰσιν οἱ τῶν σοφῶν ἐπιστήμονες· ἀλλ´
(312d) εἴ τις ἔροιτο ἡμᾶς, "Τῶν τί σοφῶν εἰσιν οἱ ζωγράφοι ἐπιστήμονες,"
εἴποιμεν ἄν που αὐτῷ ὅτι τῶν πρὸς τὴν ἀπεργασίαν
τὴν τῶν εἰκόνων, καὶ τἆλλα οὕτως. εἰ δέ τις ἐκεῖνο
ἔροιτο, "Ὁ δὲ σοφιστὴς τῶν τί σοφῶν ἐστιν;" τί ἂν
ἀποκρινοίμεθα αὐτῷ; ποίας ἐργασίας ἐπιστάτης; — Τί ἂν
εἴποιμεν αὐτὸν εἶναι, ὦ Σώκρατες, ἢ ἐπιστάτην τοῦ ποιῆσαι
δεινὸν λέγειν; — Ἴσως ἄν, ἦν δ´ ἐγώ, ἀληθῆ λέγοιμεν, οὐ
μέντοι ἱκανῶς γε· ἐρωτήσεως γὰρ ἔτι ἡ ἀπόκρισις ἡμῖν δεῖται,
περὶ ὅτου ὁ σοφιστὴς δεινὸν ποιεῖ λέγειν· ὥσπερ ὁ κιθαριστὴς
(312e) δεινὸν δήπου ποιεῖ λέγειν περὶ οὗπερ καὶ ἐπιστήμονα,
περὶ κιθαρίσεως· ἦ γάρ; — Ναί. — Εἶεν· ὁ δὲ δὴ σοφιστὴς
περὶ τίνος δεινὸν ποιεῖ λέγειν; — Δῆλον ὅτι περὶ οὗπερ καὶ
ἐπίστασθαι; — Εἰκός γε. τί δή ἐστιν τοῦτο περὶ οὗ αὐτός τε
ἐπιστήμων ἐστὶν ὁ σοφιστὴς καὶ τὸν μαθητὴν ποιεῖ; — Μὰ
Δί´, ἔφη, οὐκέτι ἔχω σοι λέγειν.
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Traduction française :
[312] Mais toi, que veux-tu devenir, en allant chez Protagoras ?
Il m'a répondu en rougissant, car il faisait alors assez de jour
pour qu'on pût bien le voir : S'il faut être conséquent, je
veux évidemment devenir un sophiste. - Au nom des dieux, lui ai-je
dit, ne rougirais-tu pas de te donner pour sophiste à la face des
Grecs ? - Si, par Zeus, Socrate, s'il faut dire ce que je pense. - Mais
peut-être, Hippocrate, penses-tu que tes études chez Protagoras
auront un autre but, comme celles que tu as faites chez le maître
d'école, le maître de cithare, le maître de gymnastique ; tu as reçu
l'enseignement de chacun de ces maîtres, non point en vue d'en faire
métier et profession, mais pour te cultiver, comme il convient à un
profane et à un homme libre. - Je suis tout à fait de ton avis : c'est
plutôt dans cet esprit que je suivrai les leçons de Protagoras.
IV. - Mais sais-tu bien ce que tu vas faire maintenant, ou cela
t'échappe-t-il ? - A quel propos ? - Je veux dire que tu vas confier le
soin de ton âme à un homme qui est, tu le reconnais, un sophiste ;
mais qu'est-ce que peut bien être un sophiste, je serais surpris si tu le
savais ; ou, si tu l'ignores, tu ne sais pas non plus à qui tu remets ton
âme, si c'est pour ton bien ou pour ton mal. - Je crois le savoir. -
Alors dis-le ; qu'est-ce qu'un sophiste, selon toi ? - Selon moi, c'est,
comme le nom l'indique, un maître en savoir. - On peut en dire
autant des peintres et des architectes : ce sont aussi des maîtres en
savoir. Mais si l'on nous demandait en quoi les peintres sont des
maîtres en savoir, nous répondrions sans doute que c'est dans
l'exécution des portraits, et ainsi du reste. Mais si l'on nous posait
cette question : Le sophiste, en quoi est-il un maître en savoir, que
répondrions-nous ? en quel art est-il maître ? - Ce que nous
répondrions, Socrate ? qu'il est maître en l'art de rendre les hommes
habiles à parler. - La réponse serait peut-être juste, mais
insuffisante ; car elle appelle une autre question : sur quoi le sophiste
rend-il habile à parler ? Ainsi le joueur de cithare rend habile à parler
sur la matière qu'il enseigne, l'art de jouer de la cithare ; n'est-ce pas
vrai ? - Si. - Bien ; mais le sophiste, sur quoi rend-il habile à
parler ? évidemment, n'est-ce pas, sur la matière où il est lui-même
savant ? - Sans doute. - Mais quelle est la matière où le sophiste est
lui-même savant et rend savant son élève ? - Par Zeus, je ne sais plus
que te répondre.
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