Texte grec :
[335] καὶ αὖ βραχέα (335a) οὕτως ὥστε μηδένα σοῦ ἐν βραχυτέροις εἰπεῖν·
εἰ οὖν μέλλεις ἐμοὶ διαλέξεσθαι, τῷ ἑτέρῳ χρῶ τρόπῳ πρός με,
τῇ βραχυλογίᾳ.
Ὦ Σώκρατες, ἔφη, ἐγὼ πολλοῖς ἤδη εἰς ἀγῶνα λόγων
ἀφικόμην ἀνθρώποις, καὶ εἰ τοῦτο ἐποίουν ὃ σὺ κελεύεις,
ὡς ὁ ἀντιλέγων ἐκέλευέν με διαλέγεσθαι, οὕτω διελεγόμην,
οὐδενὸς ἂν βελτίων ἐφαινόμην οὐδ´ ἂν ἐγένετο Πρωταγόρου
ὄνομα ἐν τοῖς Ἕλλησιν.
Καὶ ἐγώ—ἔγνων γὰρ ὅτι οὐκ ἤρεσεν αὐτὸς αὑτῷ ταῖς
(335b) ἀποκρίσεσιν ταῖς ἔμπροσθεν, καὶ ὅτι οὐκ ἐθελήσοι ἑκὼν εἶναι
ἀποκρινόμενος διαλέγεσθαι—ἡγησάμενος οὐκέτι ἐμὸν ἔργον
εἶναι παρεῖναι ἐν ταῖς συνουσίαις, Ἀλλά τοι, ἔφην, ὦ
Πρωταγόρα, οὐδ´ ἐγὼ λιπαρῶς ἔχω παρὰ τὰ σοὶ δοκοῦντα
τὴν συνουσίαν ἡμῖν γίγνεσθαι, ἀλλ´ ἐπειδὰν σὺ βούλῃ
διαλέγεσθαι ὡς ἐγὼ δύναμαι ἕπεσθαι, τότε σοι διαλέξομαι.
σὺ μὲν γάρ, ὡς λέγεται περὶ σοῦ, φῂς δὲ καὶ αὐτός, καὶ ἐν
μακρολογίᾳ καὶ ἐν βραχυλογίᾳ οἷός τ´ εἶ συνουσίας ποιεῖσθαι
(335c) —σοφὸς γὰρ εἶ—ἐγὼ δὲ τὰ μακρὰ ταῦτα ἀδύνατος, ἐπεὶ
ἐβουλόμην ἂν οἷός τ´ εἶναι. ἀλλὰ σὲ ἐχρῆν ἡμῖν συγχωρεῖν
τὸν ἀμφότερα δυνάμενον, ἵνα ἡ συνουσία ἐγίγνετο· νῦν δὲ
ἐπειδὴ οὐκ ἐθέλεις καὶ ἐμοί τις ἀσχολία ἐστὶν καὶ οὐκ ἂν οἷός
τ´ εἴην σοι παραμεῖναι ἀποτείνοντι μακροὺς λόγους—ἐλθεῖν
γάρ ποί με δεῖ—εἶμι· ἐπεὶ καὶ ταῦτ´ ἂν ἴσως οὐκ ἀηδῶς σου ἤκουον.
Καὶ ἅμα ταῦτ´ εἰπὼν ἀνιστάμην ὡς ἀπιών· καί μου
ἀνισταμένου ἐπιλαμβάνεται ὁ Καλλίας τῆς χειρὸς τῇ δεξιᾷ,
(335d) τῇ δ´ ἀριστερᾷ ἀντελάβετο τοῦ τρίβωνος τουτουΐ, καὶ εἶπεν·
Οὐκ ἀφήσομέν σε, ὦ Σώκρατες· ἐὰν γὰρ σὺ ἐξέλθῃς, οὐχ
ὁμοίως ἡμῖν ἔσονται οἱ διάλογοι. δέομαι οὖν σου παραμεῖναι
ἡμῖν· ὡς ἐγὼ οὐδ´ ἂν ἑνὸς ἥδιον ἀκούσαιμι ἢ σοῦ τε
καὶ Πρωταγόρου διαλεγομένων. ἀλλὰ χάρισαι ἡμῖν πᾶσιν.
Καὶ ἐγὼ εἶπον—ἤδη δὲ ἀνειστήκη ὡς ἐξιών—Ὦ παῖ
Ἱππονίκου, ἀεὶ μὲν ἔγωγέ σου τὴν φιλοσοφίαν ἄγαμαι, ἀτὰρ
(335e) καὶ νῦν ἐπαινῶ καὶ φιλῶ, ὥστε βουλοίμην ἂν χαρίζεσθαί
σοι, εἴ μου δυνατὰ δέοιο· νῦν δ´ ἐστὶν ὥσπερ ἂν εἰ δέοιό
μου Κρίσωνι τῷ Ἱμεραίῳ δρομεῖ ἀκμάζοντι ἕπεσθαι, ἢ τῶν
δολιχοδρόμων τῳ ἢ τῶν ἡμεροδρόμων διαθεῖν τε καὶ ἕπεσθαι,
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Traduction française :
[335] ou avec une brièveté telle que personne ne peut
s'exprimer en moins de mots. Si donc tu veux discuter avec moi,
adopte la seconde manière, la manière concise.
- J'ai dans ma vie, Socrate, me dit-il, engagé des luttes de paroles
avec bien des gens ; si j'avais fait ce que tu me demandes, si j'avais
réglé ma façon de discuter sur les exigences de mes contradicteurs, je
n'aurais jamais éclipsé personne, et le nom de Protagoras ne serait
pas connu parmi les Grecs.
Je compris qu'il n'était pas content des réponses qu'il m'avait faites
jusqu'alors, et qu'il ne consentirait pas volontiers à continuer la
discussion de cette manière. Dès lors, pensant que je n'avais plus que
faire de prendre part à ces entretiens, je lui dis : Moi non plus,
Protagoras, je ne veux pas insister pour discuter avec toi suivant un
procédé qui ne te plaît pas ; mais quand tu voudras discuter en te
mettant à ma portée, je suis ton homme ; on dit en effet, et tu avoues
toi-même que tu t'entends aussi bien à resserrer qu'à amplifier une
discussion, car tu es un habile homme ; moi au contraire je n'entends
rien à ces longs développements, et je ne puis que regretter mon
incapacité. C'était à toi, qui es passé maître dans l'une comme dans
l'autre manière, de condescendre à ma faiblesse, pour que l'entretien
continuât ; mais puisque tu ne veux pas, comme j'ai certaine affaire
qui ne me permettrait pas de rester pour entendre tes longues
amplifications - il faut en effet que je me rende quelque part - je
m'en vais, malgré le plaisir que j'aurais à t'entendre sur le sujet qui
nous occupe.
En disant cela, je me levai pour partir. Mais comme je me levais,
Callias me prend la main de sa main droite, et de la gauche saisit mon
manteau, en me disant : Nous ne te laisserons pas partir, Socrate ;
car, si tu pars, l'entretien n'ira plus de même. Je te prie donc de rester
avec nous ; car pour moi, rien au monde ne peut m'être aussi
agréable qu'une discussion entre toi et Protagoras ; fais-nous donc ce
plaisir à tous. Je lui répondis, déjà debout pour sortir : O fils
d'Hipponicos, j'ai toujours admiré ton amour de la sagesse, et encore
à présent je le loue et le prise ; aussi je voudrais bien te faire plaisir, si
tu me demandais des choses en mon pouvoir ; mais c'est comme si tu
me demandais de suivre le jeune coureur Crison d'Himère, ou de
lutter de vitesse avec un champion du long stade ou un hémérodrome.
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