Texte grec :
[332] — Οὐ πάνυ, (332a) ἔφη, οὕτως, οὐ μέντοι οὐδὲ αὖ ὡς σύ μοι δοκεῖς
οἴεσθαι. — Ἀλλὰ μήν, ἔφην ἐγώ, ἐπειδὴ δυσχερῶς δοκεῖς μοι ἔχειν
πρὸς τοῦτο, τοῦτο μὲν ἐάσωμεν, τόδε δὲ ἄλλο ὧν ἔλεγες
ἐπισκεψώμεθα. ἀφροσύνην τι καλεῖς; — Ἔφη. — Τούτῳ τῷ
πράγματι οὐ πᾶν τοὐναντίον ἐστὶν ἡ σοφία; — Ἔμοιγε δοκεῖ,
ἔφη. — Πότερον δὲ ὅταν πράττωσιν ἅνθρωποι ὀρθῶς τε καὶ
ὠφελίμως, τότε σωφρονεῖν σοι δοκοῦσιν οὕτω πράττοντες,
ἢ {εἰ} τοὐναντίον {ἔπραττον}; — Σωφρονεῖν, ἔφη. — Οὐκοῦν
(332b) σωφροσύνῃ σωφρονοῦσιν; — Ἀνάγκη. — Οὐκοῦν οἱ μὴ ὀρθῶς
πράττοντες ἀφρόνως πράττουσιν καὶ οὐ σωφρονοῦσιν οὕτω
πράττοντες; — Συνδοκεῖ μοι, ἔφη. — Τοὐναντίον ἄρα ἐστὶν
τὸ ἀφρόνως πράττειν τῷ σωφρόνως; — Ἔφη. — Οὐκοῦν τὰ μὲν
ἀφρόνως πραττόμενα ἀφροσύνῃ πράττεται, τὰ δὲ σωφρόνως
σωφροσύνῃ; — Ὡμολόγει. — Οὐκοῦν εἴ τι ἰσχύϊ πράττεται,
ἰσχυρῶς πράττεται, καὶ εἴ τι ἀσθενείᾳ, ἀσθενῶς; — Ἐδόκει.
— Καὶ εἴ τι μετὰ τάχους, ταχέως, καὶ εἴ τι μετὰ βραδυτῆτος,
(332c) βραδέως; — Ἔφη. — Καὶ εἴ τι δὴ ὡσαύτως πράττεται, ὑπὸ
τοῦ αὐτοῦ πράττεται, καὶ εἴ τι ἐναντίως, ὑπὸ τοῦ ἐναντίου; —
Συνέφη. — Φέρε δή, ἦν δ´ ἐγώ, ἔστιν τι καλόν; — Συνεχώρει.
— Τούτῳ ἔστιν τι ἐναντίον πλὴν τὸ αἰσχρόν; — Οὐκ ἔστιν.
— Τί δέ; ἔστιν τι ἀγαθόν; — Ἔστιν. — Τούτῳ ἔστιν τι ἐναντίον
πλὴν τὸ κακόν; — Οὐκ ἔστιν. — Τί δέ; ἔστιν τι ὀξὺ ἐν
φωνῇ; — Ἔφη. — Τούτῳ μὴ ἔστιν τι ἐναντίον ἄλλο πλὴν τὸ
βαρύ; — Οὐκ ἔφη. — Οὐκοῦν, ἦν δ´ ἐγώ, ἑνὶ ἑκάστῳ τῶν ἐναντίων
ἓν μόνον ἐστὶν ἐναντίον καὶ οὐ πολλά; — Συνωμολόγει.
(332d) Ἴθι δή, ἦν δ´ ἐγώ, ἀναλογισώμεθα τὰ ὡμολογημένα
ἡμῖν. ὡμολογήκαμεν ἓν ἑνὶ μόνον ἐναντίον εἶναι, πλείω
δὲ μή; — Ὡμολογήκαμεν. — Τὸ δὲ ἐναντίως πραττόμενον
ὑπὸ ἐναντίων πράττεσθαι; — Ἔφη. — Ὡμολογήκαμεν δὲ
ἐναντίως πράττεσθαι ὃ ἂν ἀφρόνως πράττηται τῷ σωφρόνως
πραττομένῳ; — Ἔφη. — Τὸ δὲ σωφρόνως πραττόμενον
ὑπὸ σωφροσύνης πράττεσθαι, τὸ δὲ ἀφρόνως ὑπὸ ἀφροσύνης;
(332e) — Συνεχώρει. — Οὐκοῦν εἴπερ ἐναντίως πράττεται, ὑπὸ
ἐναντίου πράττοιτ´ ἄν; — Ναί. — Πράττεται δὲ τὸ μὲν ὑπὸ
σωφροσύνης, τὸ δὲ ὑπὸ ἀφροσύνης; — Ναί. — Ἐναντίως; —
Πάνυ γε. — Οὐκοῦν ὑπὸ ἐναντίων ὄντων; — Ναί. — Ἐναντίον
ἄρ´ ἐστὶν ἀφροσύνη σωφροσύνης; — Φαίνεται. — Μέμνησαι
οὖν ὅτι ἐν τοῖς ἔμπροσθεν ὡμολόγηται ἡμῖν ἀφροσύνη σοφίᾳ
ἐναντίον εἶναι; — Συνωμολόγει.
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Traduction française :
[332] - Ce n'est pas tout à fait cela, dit-il, mais ce n'est pas non plus ce que
tu parais penser.
- Eh bien ! dis-je, puisque ce débat ne semble pas de ton goût,
laissons-le ; examinons dans ton discours un autre point, celui-ci par exemple.
XX. - La folie est quelque chose à tes yeux ?
- Oui.
- Cette chose n'a-t-elle pas exactement pour contraire la sagesse ?
- C'est mon avis, répondit-il.
- Quand des hommes règlent leurs actes sur le bien et l'utile, crois-tu
qu'ils sont tempérants, en se conduisant ainsi, ou tout le contraire ?
- Ils sont tempérants, dit-il.
- N'est-ce point par la tempérance qu'ils sont tempérants ?
- Si, forcément.
- N'est-il pas vrai que ceux qui n'agissent pas bien agissent
follement, et ne sont pas tempérants en tant qu'ils agissent ainsi ?
- C'est aussi mon avis, dit-il.
- Agir follement est donc le contraire d'agir avec tempérance ?
- Oui.
- Ce qui est fait follement n'est-il pas fait par folie, et ce qui est fait
avec tempérance, par tempérance ?
Il en convint.
- Ce qui est fait avec vigueur, n'est-il pas fait vigoureusement, et ce
qui est fait avec faiblesse, faiblement ?
Il le reconnut.
- Et si quelque chose est fait avec vitesse, n'est-il pas fait vivement,
avec lenteur, lentement ?
- Si.
- Et si quelque chose est fait de la même manière, n'est-il pas fait par
le même principe, et d'une façon contraire, par un principe
contraire ?
Il en demeura d'accord.
- Mais voyons, dis-je ; existe-t-il quelque chose de beau ?
Il l'admit.
- Ce beau a-t-il un autre contraire que le laid ?
- Non.
- Poursuivons ; existe-t-il quelque chose de bon ?
- Oui.
- Ce bon a-t-il un autre contraire que le mauvais ?
- Non.
- De même, y a-t-il quelque chose d'aigu dans le son ?
- Oui.
- Cet aigu a-t-il un autre contraire que le grave ?
- Non.
- Chaque contraire n'a donc qu'un seul contraire, dis-je, et non
plusieurs ?
Il en convint.
- Allons, maintenant, dis-je ; récapitulons les choses dont nous
sommes convenus. Nous sommes convenus que chaque contraire n'a
qu'un seul contraire, et non plusieurs, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Que ce qui est fait d'une manière contraire est fait par des
principes contraires ?
- Oui.
- Nous sommes convenus que ce qui est fait follement est fait d'une
manière contraire à ce qui est fait avec tempérance ?
- En effet.
- Que ce qui est fait avec tempérance est fait par tempérance, et ce
qui est fait follement, par folie ?
Il en tomba d'accord.
- Donc si ces choses sont faites d'une manière contraire, elles sont
faites par un principe contraire ?
- Oui.
- Or l'une est faite par tempérance, l'autre par la folie ?
- Oui.
- D'une manière contraire ?
- Sans doute.
- Donc par des principes contraires ?
- Oui.
- Dès lors la folie est contraire à la tempérance ?
- Il paraît.
- Eh bien ; te rappelles-tu que tout à l'heure nous avons reconnu que
la folie est le contraire de la sagesse ?
Il le reconnut.
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