Texte grec :
[263] (263a) (Φαῖδρος) ναί.
(Σωκράτης)
ἆρ᾽ οὖν οὐ παντὶ δῆλον τό γε τοιόνδε, ὡς περὶ μὲν ἔνια τῶν τοιούτων
ὁμονοητικῶς ἔχομεν, περὶ δ᾽ ἔνια στασιωτικῶς;
(Φαῖδρος) δοκῶ μὲν ὃ λέγεις μανθάνειν, ἔτι δ᾽ εἰπὲ σαφέστερον.
(Σωκράτης)
ὅταν τις ὄνομα εἴπῃ σιδήρου ἢ ἀργύρου, ἆρ᾽ οὐ τὸ αὐτὸ πάντες διενοήθημεν;
(Φαῖδρος) καὶ μάλα.
(Σωκράτης)
τί δ᾽ ὅταν δικαίου ἢ ἀγαθοῦ; οὐκ ἄλλος ἄλλῃ φέρεται, καὶ ἀμφισβητοῦμεν
ἀλλήλοις τε καὶ ἡμῖν αὐτοῖς;
(Φαῖδρος) πάνυ μὲν οὖν.
(263b) (Σωκράτης)
ἐν μὲν ἄρα τοῖς συμφωνοῦμεν, ἐν δὲ τοῖς οὔ.
(Φαῖδρος) οὕτω.
(Σωκράτης)
ποτέρωθι οὖν εὐαπατητότεροί ἐσμεν, καὶ ἡ ῥητορικὴ ἐν ποτέροις μεῖζον δύναται;
(Φαῖδρος) δῆλον ὅτι ἐν οἷς πλανώμεθα.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν τὸν μέλλοντα τέχνην ῥητορικὴν μετιέναι πρῶτον μὲν δεῖ ταῦτα ὁδῷ
διῃρῆσθαι, καὶ εἰληφέναι τινὰ χαρακτῆρα ἑκατέρου τοῦ εἴδους, ἐν ᾧ τε ἀνάγκη τὸ
πλῆθος πλανᾶσθαι καὶ ἐν ᾧ μή.
(263c) (Φαῖδρος)
καλὸν γοῦν ἄν, ὦ Σώκρατες, εἶδος εἴη κατανενοηκὼς ὁ τοῦτο λαβών.
(Σωκράτης)
ἔπειτά γε οἶμαι πρὸς ἑκάστῳ γιγνόμενον μὴ λανθάνειν ἀλλ᾽ ὀξέως αἰσθάνεσθαι
περὶ οὗ ἂν μέλλῃ ἐρεῖν ποτέρου ὂν τυγχάνει τοῦ γένους.
(Φαῖδρος) τί μήν;
(Σωκράτης)
τί οὖν; τὸν ἔρωτα πότερον φῶμεν εἶναι τῶν ἀμφισβητησίμων ἢ τῶν μή;
(Φαῖδρος)
τῶν ἀμφισβητησίμων δήπου· ἢ οἴει ἄν σοι ἐγχωρῆσαι εἰπεῖν ἃ νυνδὴ εἶπες περὶ
αὐτοῦ, ὡς βλάβη τέ ἐστι τῷ ἐρωμένῳ καὶ ἐρῶντι, καὶ αὖθις ὡς μέγιστον <ὂν> τῶν
ἀγαθῶν τυγχάνει;
(263d) (Σωκράτης)
ἄριστα λέγεις· ἀλλ᾽ εἰπὲ καὶ τόδε — ἐγὼ γάρ τοι διὰ τὸ ἐνθουσιαστικὸν οὐ πάνυ
μέμνημαι — εἰ ὡρισάμην ἔρωτα ἀρχόμενος τοῦ λόγου.
(Φαῖδρος) νὴ Δία ἀμηχάνως γε ὡς σφόδρα.
(Σωκράτης)
φεῦ, ὅσῳ λέγεις τεχνικωτέρας Νύμφας τὰς Ἀχελῴου καὶ Πᾶνα τὸν Ἑρμοῦ
Λυσίου τοῦ Κεφάλου πρὸς λόγους εἶναι. ἢ οὐδὲν λέγω, ἀλλὰ καὶ ὁ Λυσίας
ἀρχόμενος τοῦ ἐρωτικοῦ ἠνάγκασεν ἡμᾶς ὑπολαβεῖν τὸν ἔρωτα ἕν τι τῶν ὄντων
ὃ (263e) αὐτὸς ἐβουλήθη, καὶ πρὸς τοῦτο ἤδη συνταξάμενος πάντα τὸν ὕστερον
λόγον διεπεράνατο; βούλει πάλιν ἀναγνῶμεν τὴν ἀρχὴν αὐτοῦ;
(Φαῖδρος) εἰ σοί γε δοκεῖ· ὃ μέντοι ζητεῖς οὐκ ἔστ᾽ αὐτόθι.
(Σωκράτης) λέγε, ἵνα ἀκούσω αὐτοῦ ἐκείνου.
(Φαῖδρος)
" περὶ μὲν τῶν ἐμῶν πραγμάτων ἐπίστασαι, καὶ ὡς νομίζω συμφέρειν ἡμῖν
τούτων γενομένων, ἀκήκοας.
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Traduction française :
[263] - (PHÈDRE) Oui. - (SOCRATE) : Or, n'est-ce pas au moins une
vérité manifeste pour tout le monde que, sur quelques points
dans ce genre de questions, il y a accord entre nous,
tandis que, sur quelques autres, il y a discord? - (PHÈDRE)
Il me semble que je comprends ce que tu veux dire, mais
explique-toi plus clairement encore. - (SOCRATE) : Quand
on prononce les mots fer ou argent, n'avons-nous pas
tous la même idée? - (PHÈDRE) : Ah! je crois bien! - (SOCRATE)
Et dans le cas des mots juste ou injuste? Ne nous portons-nous
pas alors, l'un l'autre, dans des directions différentes?
ne donnent-ils pas lieu à contestation entre nous,
aussi bien que de nous-mêmes avec nous-mêmes? -
(PHÈDRE) : Eh! absolument! (b) - (SOCRATE) : Par conséquent,
il y a des cas où nos voix sont concertantes, et des cas
où elles ne le sont pas. - (PHÈDRE) : C'est cela même. -
(SOCRATE) : Et maintenant, duquel de ces deux côtés
avons-nous le plus de chances d'être dupes de l'illusion,
et dans lequel des deux cas l'art oratoire a-t-il le plus de
pouvoir? - (PHÈDRE) : Manifestement, dans les cas où la
pensée est hésitante. - (SOCRATE) : C'est donc que l'homme
qui veut se consacrer à l'art oratoire doit avoir commencé
par distinguer méthodiquement ces cas et par
saisir quelle est la caractéristique de chacune des deux
espèces, celle dans laquelle la pensée du plus grand
nombre est forcément hésitante et celle dans laquelle
elle ne l'est pas. (c) - (PHÈDRE) : Au moins serait-elle une
belle chose, Socrate, l'espèce à laquelle aurait pensé
celui qui aurait mis la main sur ce procédé! - (SOCRATE)
Et ensuite, il doit bien, je pense, quel que soit l'objet
auquel il s'applique, ne pas ignorer sans s'en apercevoir,
mais avoir de cela, au contraire, une conscience aiguë,
auquel des deux genres appartient la question sur
laquelle il pourra avoir à parler. - (PHÈDRE) : Sans conteste!
- (SOCRATE) : Mais quoi! l'amour, faut-il que nous le déclarions
être du nombre des choses sujettes à contestation,
ou du nombre de celles qui ne le sont pas? - (PHÈDRE) :
Du nombre de celles qui sont sujettes à contestation,
sans aucun doute! Sans cela, penses-tu qu'il eût été
possible pour toi d'en parler comme tu viens d'en
parler, à la fois comme dommageable à celui qui est
aimé comme à celui qui aime, et, inversement, comme
pouvant être le plus grand des biens? (d) -
(SOCRATE) : On ne peut mieux dire! Mais réponds-moi
encore sur ce point, car l'état de possession dans lequel
je me trouvais m'empêche de me le rappeler : ai-je
défini l'amour quand j'ai commencé mon discours? -
(PHÈDRE) : Oui, par Zeus! et même avec toute la précision
imaginable» ! - (SOCRATE) : Peste! voilà donc que, d'après
toi, les Nymphes, filles d'Achéloos, et Pan, fils d'Hermès,
l'emportent, dans l'art de parler, sur Lysias,
fils de Céphale! Ou bien je parle pour ne rien dire, ou
bien, au contraire, Lysias, en commençant son discours
sur l'amour, ne nous a-t-il pas imposé (e) sur l'individualité
de l'être qu'est Amour l'idée que, personnellement,
il s'en faisait? et est-ce après avoir tout arrangé
dorénavant par rapport à cette idée, qu'il a mené à
bonne fin la suite de ce discours? Veux-tu qu'une fois
de plus nous en lisions le commencement? - (PHÈDRE) :
Oui, si tu le juges bon... Ce n'est pas à cet endroit,
pourtant, que se trouve ce dont tu es en quête! - (SOCRATE) :
Parle, que j'entende les propres paroles de notre homme!
- (PHÈDRE) : « De mes desseins tu es informé, et ce que je tiens
pour être notre intérêt quand ils auront été réalisés, tu l'as entendu;
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