| Texte grec :
 
 
  
  
   | [256] καὶ ἀξιοῖ ἀντὶ πολλῶν πόνων (256a) σμικρὰ ἀπολαῦσαι· ὁ δὲ τῶν παιδικῶν ἔχει μὲν οὐδὲν εἰπεῖν, σπαργῶν δὲ καὶ ἀπορῶν περιβάλλει τὸν
 ἐραστὴν καὶ φιλεῖ, ὡς σφόδρ᾽ εὔνουν ἀσπαζόμενος, ὅταν τε συγκατακέωνται,
 οἷός ἐστι μὴ ἂν ἀπαρνηθῆναι τὸ αὑτοῦ μέρος χαρίσασθαι τῷ ἐρῶντι, εἰ δεηθείη
 τυχεῖν· ὁ δὲ ὁμόζυξ αὖ μετὰ τοῦ ἡνιόχου πρὸς ταῦτα μετ᾽ αἰδοῦς καὶ λόγου
 ἀντιτείνει. ἐὰν μὲν δὴ οὖν εἰς τεταγμένην τε δίαιταν καὶ φιλοσοφίαν νικήσῃ τὰ
 βελτίω τῆς διανοίας ἀγαγόντα, μακάριον μὲν (256b) καὶ ὁμονοητικὸν τὸν ἐνθάδε
 βίον διάγουσιν, ἐγκρατεῖς αὑτῶν καὶ κόσμιοι ὄντες, δουλωσάμενοι μὲν ᾧ κακία
 ψυχῆς ἐνεγίγνετο, ἐλευθερώσαντες δὲ ᾧ ἀρετή· τελευτήσαντες δὲ δὴ ὑπόπτεροι
 καὶ ἐλαφροὶ γεγονότες τῶν τριῶν παλαισμάτων τῶν ὡς ἀληθῶς Ὀλυμπιακῶν ἓν
 νενικήκασιν, οὗ μεῖζον ἀγαθὸν οὔτε σωφροσύνη ἀνθρωπίνη οὔτε θεία μανία
 δυνατὴ πορίσαι ἀνθρώπῳ. ἐὰν δὲ δὴ διαίτῃ φορτικωτέρᾳ τε καὶ (256c)
 ἀφιλοσόφῳ, φιλοτίμῳ δὲ χρήσωνται, τάχ᾽ ἄν που ἐν μέθαις ἤ τινι ἄλλῃ ἀμελείᾳ
 τὼ ἀκολάστω αὐτοῖν ὑποζυγίω λαβόντε τὰς ψυχὰς ἀφρούρους, συναγαγόντε εἰς
 ταὐτόν, τὴν ὑπὸ τῶν πολλῶν μακαριστὴν αἵρεσιν εἱλέσθην τε καὶ διεπραξάσθην·
 καὶ διαπραξαμένω τὸ λοιπὸν ἤδη χρῶνται μὲν αὐτῇ, σπανίᾳ δέ, ἅτε οὐ πάσῃ
 δεδογμένα τῇ διανοίᾳ πράττοντες. φίλω μὲν οὖν καὶ τούτω, ἧττον δὲ ἐκείνων,
 ἀλλήλοιν (256d) διά τε τοῦ ἔρωτος καὶ ἔξω γενομένω διάγουσι, πίστεις τὰς
 μεγίστας ἡγουμένω ἀλλήλοιν δεδωκέναι τε καὶ δεδέχθαι, ἃς οὐ θεμιτὸν εἶναι
 λύσαντας εἰς ἔχθραν ποτὲ ἐλθεῖν. ἐν δὲ τῇ τελευτῇ ἄπτεροι μέν, ὡρμηκότες δὲ
 πτεροῦσθαι ἐκβαίνουσι τοῦ σώματος, ὥστε οὐ σμικρὸν ἆθλον τῆς ἐρωτικῆς
 μανίας φέρονται· εἰς γὰρ σκότον καὶ τὴν ὑπὸ γῆς πορείαν οὐ νόμος ἐστὶν ἔτι
 ἐλθεῖν τοῖς κατηργμένοις ἤδη τῆς ὑπουρανίου πορείας, ἀλλὰ φανὸν βίον
 διάγοντας εὐδαιμονεῖν (256e) μετ᾽ ἀλλήλων πορευομένους, καὶ ὁμοπτέρους
 ἔρωτος χάριν, ὅταν γένωνται, γενέσθαι.
 ταῦτα τοσαῦτα, ὦ παῖ, καὶ θεῖα οὕτω σοι δωρήσεται ἡ παρ᾽ ἐραστοῦ φιλία· ἡ δὲ
 ἀπὸ τοῦ μὴ ἐρῶντος οἰκειότης, σωφροσύνῃ θνητῇ κεκραμένη, θνητά τε καὶ
 φειδωλὰ οἰκονομοῦσα, ἀνελευθερίαν ὑπὸ πλήθους ἐπαινουμένην
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [256] et il fait valoir son droit à de petites compensations 
pour toutes ses souffrances. (256a) Quant à celui du bien-aimé, 
il ne sait absolument quoi dire ; mais, tout gonflé d'un 
désir auquel il ne trouve pas d'objet, il entoure l'amant de ses 
bras, il lui témoigne par des baisers son affection, comme à 
l'égard de quelqu'un de très bien disposé à son égard; quand 
il leur arrive d'être étendus côte à côte, il est capable, pour sa 
part, de ne pas refuser éventuellement de céder aux voeux de 
celui qui l'aime, s'il en est prié par celui-ci. De son côté 
pourtant, le compagnon d'attelage s'unit au cocher pour opposer 
à cette tentation l'effort d'une réserve réfléchie.
« Supposons donc, si tu veux, une victoire  des meilleurs éléments de 
l'esprit, qui mènent alors à un régime bien ordonné de
la vie et à l'amour de la sagesse : (b) alors nos gens coulent ici-bas 
dans la concorde des jours bienheureux, étant maîtres d'eux-mêmes et 
pleins de modération ; ayant réduit à l'esclavage ce par quoi était 
produite la méchanceté de l'âme, libéré au contraire ce qui y 
produisait la vertu; et, leur vie terminée, soutenus par leurs 
ailes, allégés de ce qui les appesantissait, ils ont été vainqueurs 
dans une des trois manches de ces joutes véritablement 
olympiques, celle en comparaison de laquelle il n'est pas 
rie plus grand bien que puisse attendre un homme, aussi bien 
d'une humaine sagesse, que d'un délire divin! Supposons 
maintenant que le régime de vie qu'ils ont pratiqué (c) ait été 
passablement grossier, désireux des honneurs plutôt que de 
la sagesse, sans doute pourra-t-il se faire que, dans l'ivresse 
ou dans toute autre occasion de s'oublier, les deux bêtes indisciplinées 
de leurs deux attelages, trouvant les âmes mal 
gardées, s'unissant pour les conduire au même but, aient cboisi 
le parti où la foule voit la béatitude et qu'elles en soient venues 
à leurs fins. Ajoutons que, une fois qu'elles en sont venues à 
leurs fins, le parti qui a été pris, on le prendra sans doute 
encore par la suite, mais rarement, vu que ce n'est pas une 
pratique approuvée de l'esprit tout entier! Dans ces conditions, 
c'est en amis sans doute, eux deux aussi, moins pourtant que 
les précédents, qu'ils passent leur vie l'un avec l'autre, (d) 
et pendant que dure leur amour et après qu'ils en sont sortis, 
estimant s'être mutuellement donné, avoir mutuellement reçu, 
tous deux, les plus fortes garanties, celles dont, sans impiété, 
on ne se délierait pas pour aboutir jamais à se détester; mais, 
leur dernier jour venu, c'est sans ailes, non pourtant sans avoir 
ardemment aspiré à être ailés, qu'ils sortent de leur corps !
Aussi n'est-elle pas petite, la récompense qu'ils reçoivent 
pour prix de leur amoureux délire : ce n'est plus en effet vers 
les ténèbres du souterrain voyage que s'en vont, d'après la Loi, 
ceux qui déjà ont commencé le voyage subcéleste; mais elle 
veut que, vivant des jours radieux, ils goûtent du bonheur (e) en 
ce voyage qu'ils font l'un avec l'autre, et que, grâce rendue à 
leur amour, ensemble ils prennent leurs ailes, quand pour eux 
sera venu le temps de les prendre! Voilà, mon bel enfant, 
quelle est la grandeur, quelle est la divinité des biens dont te 
gratifiera l'amitié qui te viendra d'un amoureux.
« Quant à la familiarité qui provient de l'homme qui n'aime pas, 
alliage de sagesse mortelle, réglant sa dépense avec 
une parcimonie mortelle, génératrice dans l'âme amie d'une 
bassesse de sentiments que le vulgaire loue |  |