HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedre

προσκειμένης



Texte grec :

[245] λύσιν τῷ ὀρθῶς μανέντι τε καὶ κατασχομένῳ (245a) τῶν παρόντων κακῶν
εὑρομένη. τρίτη δὲ ἀπὸ Μουσῶν κατοκωχή τε καὶ μανία, λαβοῦσα ἁπαλὴν καὶ ἄβατον
ψυχήν, ἐγείρουσα καὶ ἐκβακχεύουσα κατά τε ᾠδὰς καὶ κατὰ τὴν ἄλλην ποίησιν,
μυρία τῶν παλαιῶν ἔργα κοσμοῦσα τοὺς ἐπιγιγνομένους παιδεύει· ὃς δ᾽ ἂν ἄνευ
μανίας Μουσῶν ἐπὶ ποιητικὰς θύρας ἀφίκηται, πεισθεὶς ὡς ἄρα ἐκ τέχνης ἱκανὸς
ποιητὴς ἐσόμενος, ἀτελὴς αὐτός τε καὶ ἡ ποίησις ὑπὸ τῆς τῶν μαινομένων ἡ τοῦ
σωφρονοῦντος ἠφανίσθη.
(245b) τοσαῦτα μέν σοι καὶ ἔτι πλείω ἔχω μανίας γιγνομένης ἀπὸ θεῶν λέγειν
καλὰ ἔργα. ὥστε τοῦτό γε αὐτὸ μὴ φοβώμεθα, μηδέ τις ἡμᾶς λόγος θορυβείτω
δεδιττόμενος ὡς πρὸ τοῦ κεκινημένου τὸν σώφρονα δεῖ προαιρεῖσθαι φίλον·
ἀλλὰ τόδε πρὸς ἐκείνῳ δείξας φερέσθω τὰ νικητήρια, ὡς οὐκ ἐπ᾽ ὠφελίᾳ ὁ ἔρως
τῷ ἐρῶντι καὶ τῷ ἐρωμένῳ ἐκ θεῶν ἐπιπέμπεται. ἡμῖν δὲ ἀποδεικτέον αὖ
τοὐναντίον, ὡς ἐπ᾽ εὐτυχίᾳ τῇ μεγίστῃ (245c) παρὰ θεῶν ἡ τοιαύτη μανία δίδοται·
ἡ δὲ δὴ ἀπόδειξις ἔσται δεινοῖς μὲν ἄπιστος, σοφοῖς δὲ πιστή. δεῖ οὖν πρῶτον
ψυχῆς φύσεως πέρι θείας τε καὶ ἀνθρωπίνης ἰδόντα πάθη τε καὶ ἔργα τἀληθὲς
νοῆσαι· ἀρχὴ δὲ ἀποδείξεως ἥδε.
ψυχὴ πᾶσα ἀθάνατος. τὸ γὰρ ἀεικίνητον ἀθάνατον· τὸ δ᾽ ἄλλο κινοῦν καὶ ὑπ᾽
ἄλλου κινούμενον, παῦλαν ἔχον κινήσεως, παῦλαν ἔχει ζωῆς. μόνον δὴ τὸ αὑτὸ
κινοῦν, ἅτε οὐκ ἀπολεῖπον ἑαυτό, οὔποτε λήγει κινούμενον, ἀλλὰ καὶ τοῖς
ἄλλοις ὅσα κινεῖται τοῦτο πηγὴ καὶ ἀρχὴ κινήσεως.
(245d) ἀρχὴ δὲ ἀγένητον. ἐξ ἀρχῆς γὰρ ἀνάγκη πᾶν τὸ γιγνόμενον γίγνεσθαι,
αὐτὴν δὲ μηδ᾽ ἐξ ἑνός· εἰ γὰρ ἔκ του ἀρχὴ γίγνοιτο, οὐκ ἂν ἔτι ἀρχὴ γίγνοιτο.
ἐπειδὴ δὲ ἀγένητόν ἐστιν, καὶ ἀδιάφθορον αὐτὸ ἀνάγκη εἶναι. ἀρχῆς γὰρ δὴ
ἀπολομένης οὔτε αὐτή ποτε ἔκ του οὔτε ἄλλο ἐξ ἐκείνης γενήσεται, εἴπερ ἐξ
ἀρχῆς δεῖ τὰ πάντα γίγνεσθαι. οὕτω δὴ κινήσεως μὲν ἀρχὴ τὸ αὐτὸ αὑτὸ κινοῦν.
τοῦτο δὲ οὔτ᾽ ἀπόλλυσθαι οὔτε γίγνεσθαι δυνατόν, ἢ πάντα τε οὐρανὸν (245e)
πᾶσάν τε γῆν εἰς ἓν συμπεσοῦσαν στῆναι καὶ μήποτε αὖθις ἔχειν ὅθεν
κινηθέντα γενήσεται. ἀθανάτου δὲ πεφασμένου τοῦ ὑφ᾽ ἑαυτοῦ κινουμένου,
ψυχῆς οὐσίαν τε καὶ λόγον τοῦτον αὐτόν τις λέγων οὐκ αἰσχυνεῖται. πᾶν γὰρ
σῶμα, ᾧ μὲν ἔξωθεν τὸ κινεῖσθαι, ἄψυχον, ᾧ δὲ ἔνδοθεν αὐτῷ ἐξ αὑτοῦ,
ἔμψυχον, ὡς ταύτης οὔσης φύσεως ψυχῆς· εἰ δ᾽ ἔστιν τοῦτο οὕτως ἔχον,

Traduction française :

[245] son délire lui a permis de trouver, à l'égard des maux présents, un moyen de libération. (245a) «Une troisième sorte de possession et de délire est celle qui provient des Muses, et qui, quand elle s'est saisie d'une âme tendre et pure, quand elle l'éveille et lui inspire des transports, aussi bien dans l'ordre des chants que dans celui de toute autre espèce de composition, quand elle célèbre mille hauts faits des Anciens, fait l'éducation de la postérité! Au contraire, celui qui, sans le délire des Muses, sera parvenu aux portes de Poésie, avec la conviction que, décidément, une connaissance technique doit suffire à faire de lui un poète, celui-là est, personnellement, un poète imparfait, comme aussi, devant celle des hommes inspirés par un délire, s'efface la poésie de ceux qui ont toute leur tête. (b) «Voilà tous les beaux effets, et il y en a de plus nombreux encore, dont je puis te parler comme ayant leur principe dans un délire qui vient des Dieux; d'où il suit que ce n'est pas là, en vérité, une chose dont nous devions avoir peur, et ne nous laissons pas troubler non plus par une thèse qui nous a effrayés, en alléguant l'obligation de préférer comme ami l'homme qui a toute sa tête à celui que l'amour a mis en branle. Que, bien au contraire, on attribue à cette thèse le prix de la victoire, quand, sans se borner à alléguer cela, elle aura montré que ce n'est pas dans l'intérêt de l'amant et de l'aimé que, de la part des Dieux, leur est envoyé l'amour! Quant à nous, notre tâche est, pour son compte, de prouver inversement que c'est en vue d'une bonne fortune, la plus grande qui puisse venir de Dieux, que l'un et l'autre ont été dotés d'un pareil délire. (c) La preuve, il est vrai, ne trouvera pas créance auprès des habiles, mais créance auprès des sages. «Ceci dit, il faut commencer par se faire une conception vraie de la nature de l'âme, tant divine qu'humaine, en considérant ses états et ses actes. Mais le point de départ de la preuve, le voici : toute âme est immortelle. Tout ce qui se meut soi-même est immortel en effet, tandis que ce qui, mouvant autre chose, est lui-même mû par autre chose, cesse d'exister quand cesse son mouvement. Seul, par conséquent, ce qui se meut soi-même jamais ne cesse d'être mû, en tant que sa nature propre ne se fait jamais défaut à elle-même; mais c'est là au contraire (d) la source aussi et le principe du mouvement pour toutes les autres choses qui sont mues. Or un principe est quelque chose d'inengendré ; car c'est forcément à partir d'un principe que vient à l'existence tout ce qui y vient, tandis qu'un principe ne provient de rien : si en effet un principe venait à exister à partir de quelque chose, ce ne serait pas à partir d'un principe que viendrait à exister ce qui existe. Puisque, d'autre part, ce principe est quelque chose d'inengendré, il est forcément aussi quelque chose d'incorruptible ; car, une fois justement le principe anéanti, ni il ne pourra lui-même jamais venir à l'existence à partir de quelque chose, ni autre chose à partir de lui, si toutefois c'est à partir d'un principe que toutes choses doivent venir à l'existence. Ainsi donc, si ce qui se meut soi-même est principe de mouvement, il n'est pas possible, ni que cela s'anéantisse, ni que cela commence d'exister, (e) sinon, ce serait un affaissement du ciel tout entier, de la génération tout entière ; ce serait leur immobilité, sans qu'ils pussent jamais, d'autre part, avoir à nouveau un point de départ pour leur mise en mouvement et pour leur existence. Or, à présent qu'a été expliquée l'immortalité de ce qui se meut par soi, personne n'hésitera à dire que là est la réalité de l'âme, que cette notion même est la notion de l'âme. Tout corps, en effet, auquel il appartient d'être mû du dehors, est un corps inanimé, tandis que celui auquel il appartient d'être mû par lui-même et du dedans, est un corps animé. Mais, si c'est bien ainsi qu'il en est





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Dernière mise à jour : 8/10/2007