Texte grec :
[249] (249a) — οὐ γὰρ πτεροῦται πρὸ τοσούτου χρόνου —
πλὴν ἡ τοῦ φιλοσοφήσαντος ἀδόλως ἢ παιδεραστήσαντος μετὰ φιλοσοφίας,
αὗται δὲ τρίτῃ περιόδῳ τῇ χιλιετεῖ, ἐὰν ἕλωνται τρὶς ἐφεξῆς τὸν βίον
τοῦτον, οὕτω πτερωθεῖσαι τρισχιλιοστῷ ἔτει ἀπέρχονται. αἱ δὲ ἄλλαι, ὅταν τὸν
πρῶτον βίον τελευτήσωσιν, κρίσεως ἔτυχον, κριθεῖσαι δὲ αἱ μὲν εἰς τὰ ὑπὸ γῆς
δικαιωτήρια ἐλθοῦσαι δίκην ἐκτίνουσιν, αἱ δ᾽ εἰς τοὐρανοῦ τινα τόπον ὑπὸ τῆς
Δίκης κουφισθεῖσαι διάγουσιν ἀξίως οὗ ἐν (249b) ἀνθρώπου εἴδει ἐβίωσαν βίου.
τῷ δὲ χιλιοστῷ ἀμφότεραι ἀφικνούμεναι ἐπὶ κλήρωσίν τε καὶ αἵρεσιν τοῦ
δευτέρου βίου αἱροῦνται ὃν ἂν θέλῃ ἑκάστη· ἔνθα καὶ εἰς θηρίου βίον ἀνθρωπίνη
ψυχὴ ἀφικνεῖται, καὶ ἐκ θηρίου ὅς ποτε ἄνθρωπος ἦν πάλιν εἰς ἄνθρωπον. οὐ
γὰρ ἥ γε μήποτε ἰδοῦσα τὴν ἀλήθειαν εἰς τόδε ἥξει τὸ σχῆμα. δεῖ γὰρ ἄνθρωπον
συνιέναι κατ᾽ εἶδος λεγόμενον, ἐκ πολλῶν ἰὸν αἰσθήσεων (249c) εἰς ἓν λογισμῷ
συναιρούμενον· τοῦτο δ᾽ ἐστὶν ἀνάμνησις ἐκείνων ἅ ποτ᾽ εἶδεν ἡμῶν ἡ ψυχὴ
συμπορευθεῖσα θεῷ καὶ ὑπεριδοῦσα ἃ νῦν εἶναί φαμεν, καὶ ἀνακύψασα εἰς τὸ ὂν
ὄντως. διὸ δὴ δικαίως μόνη πτεροῦται ἡ τοῦ φιλοσόφου διάνοια· πρὸς γὰρ
ἐκείνοις ἀεί ἐστιν μνήμῃ κατὰ δύναμιν, πρὸς οἷσπερ θεὸς ὢν θεῖός ἐστιν. τοῖς δὲ
δὴ τοιούτοις ἀνὴρ ὑπομνήμασιν ὀρθῶς χρώμενος, τελέους ἀεὶ τελετὰς
τελούμενος, τέλεος ὄντως μόνος γίγνεται· ἐξιστάμενος δὲ τῶν (249d)
ἀνθρωπίνων σπουδασμάτων καὶ πρὸς τῷ θείῳ γιγνόμενος, νουθετεῖται μὲν ὑπὸ
τῶν πολλῶν ὡς παρακινῶν, ἐνθουσιάζων δὲ λέληθεν τοὺς πολλούς.
ἔστι δὴ οὖν δεῦρο ὁ πᾶς ἥκων λόγος περὶ τῆς τετάρτης μανίας — ἣν ὅταν τὸ τῇδέ
τις ὁρῶν κάλλος, τοῦ ἀληθοῦς ἀναμιμνῃσκόμενος, πτερῶταί τε καὶ
ἀναπτερούμενος προθυμούμενος ἀναπτέσθαι, ἀδυνατῶν δέ, ὄρνιθος δίκην
βλέπων ἄνω, τῶν κάτω δὲ ἀμελῶν, αἰτίαν ἔχει ὡς μανικῶς διακείμενος — ὡς (249e)
ἄρα αὕτη πασῶν τῶν ἐνθουσιάσεων ἀρίστη τε καὶ ἐξ ἀρίστων τῷ τε ἔχοντι καὶ τῷ
κοινωνοῦντι αὐτῆς γίγνεται, καὶ ὅτι ταύτης μετέχων τῆς μανίας ὁ ἐρῶν τῶν
καλῶν ἐραστὴς καλεῖται. καθάπερ γὰρ εἴρηται, πᾶσα μὲν ἀνθρώπου ψυχὴ φύσει
τεθέαται τὰ ὄντα,
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Traduction française :
[249] car ce n'est pas avant ce laps de temps que ses ailes se remplument,
(a) à moins que ce ne soit l'âme d'un homme qui a pratiqué loyalement
la philosophie, ou bien qui a uni la philosophie à l'amour
des jeunes garçons. Or, ces âmes-là, à la troisième révolution,
d'une durée, chaque fois, de mille ans, et à condition d'avoir,
trois fois de suite, choisi ce genre de vie, après que de cette
manière elles ont retrouvé les plumes de leurs ailes, à la trois-millième
année, s'éloignent de la terre. Quant aux autres, à
l'achèvement de leur première existence, elles ont été soumises
à un jugement, et, une fois qu'elles ont été jugées, les unes,
se rendant aux maisons de justice, y paient la peine à laquelle
elles ont été condamnées ; les autres, se rendant à un certain
lieu du ciel dès que l'effet du jugement a été de les rendre
légères, (b) elles y mènent l'existence qu'elles ont méritée
par la vie qu'elles ont vécue sous la forme humaine. Mais, à
la millième année, les unes et les autres, venues pour tirer au
sort et choisir leur deuxième existence, la choisissent chacune
à son gré : à ce moment une âme d'homme en vient à vivre une
existence de bête ; et aussi, d'une existence de bête, revient à
une existence d'homme celui qui jadis était un homme, car
jamais du moins ne parviendra à cette forme, qui est la nôtre,
une âme qui n'a jamais vu la vérité!
Il faut en effet, chez l'homme, que l'acte d'intelligence ait lieu
selon ce qui s'appelle Idée, en allant d'une pluralité de sensations
à une unité où les rassemble la réflexion. (c) Or c'est là
une remémoration de ces réalités supérieures que notre âme
a vues jadis, quand elle cheminait en compagnie d'un Dieu,
quand elle regardait de haut ces choses dont à présent nous
disons qu'elles existent, quand elle dressait la tête vers ce
qui a une existence réelle! Voilà donc pourquoi, à juste titre,
est seule ailée la pensée du philosophe; car ces réalités supérieures
auxquelles par le souvenir elle est constamment appliquée
dans la mesure de ses forces, c'est à ces réalités mêmes
que ce qui est Dieu doit sa divinité. Or c'est en usant
droitement de tels moyens de se ressouvenir qu'un homme qui
est toujours parfaitement initié à de parfaites initiations,
devient, seul, réellement parfait. Mais, (d) comme il s'écarte
de ce qui est l'objet des préoccupations des hommes et qu'il
s'applique à ce qui est divin, la foule lui remontre qu'il a
l'esprit dérangé; mais il est possédé d'un Dieu, et la foule
ne s'en doute pas!
Eh bien donc! c'est à en venir là que tend tout ce qu'on vient de dire
a propos de la quatrième sorte du délire; c'est elle, quand, à la vue
de la beauté d'ici-bas, on prend des ailes au souvenir ainsi éveillé de la
beauté véritable ; quand, ayant recouvré ses ailes et impatient de
s'envoler, mais incapable d'y réussir, tournant, à la façon de l'oiseau, son
regard vers le haut, (e) mais insouciant des choses d'en bas,
oui, elle qui fait qu'on est accusé, dans ces cas, de se comporter
comme un fou; c'est elle qui, de toutes les sortes de possession
divine, se révèle être, nous le voyons bien maintenant, la plus
parfaite, celle dont les éléments sont le plus parfaits, aussi
bien pour celui qu'elle tient que pour celui à qui elle se communique;
sans compter que de celui qui, participant à ce délire,
aime les beaux garçons, on l'appelle amoureux fou! Ainsi en
effet que je l'ai dit, toute âme d'homme a, en vertu de sa
nature, contemplé les réalités absolues :
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