Texte grec :
[247] (247a) κατὰ ἕνδεκα μέρη κεκοσμημένη. μένει γὰρ Ἑστία ἐν θεῶν οἴκῳ μόνη·
τῶν δὲ ἄλλων ὅσοι ἐν τῷ τῶν δώδεκα ἀριθμῷ τεταγμένοι θεοὶ ἄρχοντες ἡγοῦνται
κατὰ τάξιν ἣν ἕκαστος ἐτάχθη.
πολλαὶ μὲν οὖν καὶ μακάριαι θέαι τε καὶ διέξοδοι ἐντὸς οὐρανοῦ, ἃς
θεῶν γένος εὐδαιμόνων ἐπιστρέφεται πράττων ἕκαστος αὐτῶν τὸ αὑτοῦ, ἕπεται
δὲ ὁ ἀεὶ ἐθέλων τε καὶ δυνάμενος· φθόνος γὰρ ἔξω θείου χοροῦ ἵσταται. ὅταν δὲ
δὴ πρὸς δαῖτα καὶ ἐπὶ θοίνην ἴωσιν, ἄκραν ἐπὶ τὴν (247b) ὑπουράνιον ἁψῖδα
πορεύονται πρὸς ἄναντες, ᾗ δὴ τὰ μὲν θεῶν ὀχήματα ἰσορρόπως εὐήνια ὄντα
ῥᾳδίως πορεύεται, τὰ δὲ ἄλλα μόγις· βρίθει γὰρ ὁ τῆς κάκης ἵππος μετέχων, ἐπὶ
τὴν γῆν ῥέπων τε καὶ βαρύνων ᾧ μὴ καλῶς ἦν τεθραμμένος τῶν ἡνιόχων. ἔνθα
δὴ πόνος τε καὶ ἀγὼν ἔσχατος ψυχῇ πρόκειται. αἱ μὲν γὰρ ἀθάνατοι καλούμεναι,
ἡνίκ᾽ ἂν πρὸς ἄκρῳ γένωνται, ἔξω πορευθεῖσαι ἔστησαν ἐπὶ τῷ τοῦ οὐρανοῦ
(247c) νώτῳ, στάσας δὲ αὐτὰς περιάγει ἡ περιφορά, αἱ δὲ θεωροῦσι τὰ ἔξω τοῦ οὐρανοῦ.
τὸν δὲ ὑπερουράνιον τόπον οὔτε τις ὕμνησέ πω τῶν τῇδε ποιητὴς οὔτε ποτὲ
ὑμνήσει κατ᾽ ἀξίαν. ἔχει δὲ ὧδε — τολμητέον γὰρ οὖν τό γε ἀληθὲς εἰπεῖν, ἄλλως
τε καὶ περὶ ἀληθείας λέγοντα — ἡ γὰρ ἀχρώματός τε καὶ ἀσχημάτιστος καὶ
ἀναφὴς οὐσία ὄντως οὖσα, ψυχῆς κυβερνήτῃ μόνῳ θεατὴ νῷ, περὶ ἣν τὸ τῆς
ἀληθοῦς ἐπιστήμης γένος, τοῦτον ἔχει (247d) τὸν τόπον. ἅτ᾽ οὖν θεοῦ διάνοια νῷ
τε καὶ ἐπιστήμῃ ἀκηράτῳ τρεφομένη, καὶ ἁπάσης ψυχῆς ὅσῃ ἂν μέλῃ τὸ
προσῆκον δέξασθαι, ἰδοῦσα διὰ χρόνου τὸ ὂν ἀγαπᾷ τε καὶ θεωροῦσα τἀληθῆ
τρέφεται καὶ εὐπαθεῖ, ἕως ἂν κύκλῳ ἡ περιφορὰ εἰς ταὐτὸν περιενέγκῃ. ἐν δὲ τῇ
περιόδῳ καθορᾷ μὲν αὐτὴν δικαιοσύνην, καθορᾷ δὲ σωφροσύνην, καθορᾷ δὲ
ἐπιστήμην, οὐχ ᾗ γένεσις πρόσεστιν, οὐδ᾽ ἥ ἐστίν που ἑτέρα (247e) ἐν ἑτέρῳ οὖσα
ὧν ἡμεῖς νῦν ὄντων καλοῦμεν, ἀλλὰ τὴν ἐν τῷ ὅ ἐστιν ὂν ὄντως ἐπιστήμην
οὖσαν· καὶ τἆλλα ὡσαύτως τὰ ὄντα ὄντως θεασαμένη καὶ ἑστιαθεῖσα, δῦσα
πάλιν εἰς τὸ εἴσω τοῦ οὐρανοῦ, οἴκαδε ἦλθεν. ἐλθούσης δὲ αὐτῆς ὁ ἡνίοχος πρὸς
τὴν φάτνην τοὺς ἵππους στήσας παρέβαλεν ἀμβροσίαν τε καὶ ἐπ᾽ αὐτῇ νέκταρ
ἐπότισεν.
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Traduction française :
[247] ordonnée suivant onze sections; (247a) car Hestia reste dans
la maison des Dieux, toute seule. Parmi les autres, tous ceux qui,
dans ce nombre de douze, ont été placés au rang de Dieux commandant
une section, sont chefs selon le rang auquel a été rangé chacun
d'eux. Grand est sans doute le nombre, grande est la béatitude
des spectacles dont l'intérieur du ciel est le théâtre, ainsi que
des évolutions qu'y accomplit dans ses rondes la race bienheureuse
des Dieux, chacun d'eux exécutant la tâche qui est
proprement la sienne; et celui qui suit, c'est celui qui, à
chaque fois, le veut et le peut, car Envie est exclue du choeur
des Dieux. (b) Or, quand ceux-ci vont au repas, je veux
dire au festin, ils font route sur la montée qui mène au sommet
de la voûte qui couvre le ciel; les chars des Dieux, cela va de
soi, faciles à mener en raison de l'équilibre de l'attelage, font
la route aisément, tandis que les autres la font avec difficulté,
car celui des chevaux qui est rétif de nature, pesant de tout son
poids, penche du côté de la terre, il rend lourde la main de celui
d'entre les cochers qui n'a pas su le bien dresser. C'est à ce
moment précis que l'âme a devant elle l'épreuve suprême, la
suprême lutte!
"Les âmes, en effet, qu'on nomme immortelles, toutes les fois qu'elles
se sont trouvées contre le sommet de la voûte céleste, (c) s'étant
avancées au dehors, se sont dressées sur le dos de celle-ci; et sa
révolution circulaire les fait tourner, ainsi dressées, tandis qu'elles
contemplent les réalités qui sont extérieures au Ciel. Or, ce lieu
supra-céleste, nul poète encore, de ceux d'ici-bas, n'a chanté d'hymne
en son honneur, et nul n'en chantera jamais qui en soit digne. Mais voici
ce qui en est; car c'est un fait qu'il faut oser dire ce qui est vrai,
et particulièrement quand c'est sur la vérité que l'on parle.
La réalité, te dis je, qui, réellement, est sans couleur, sans
forme, intangible ; objet de contemplation pour le pilote seul de
l'âme, pour l'intellect; à laquelle se rapporte (d) la famille
du savoir authentique, c'est ce lieu qu'elle occupe. Aussi la
pensée d'un Dieu, en tant que nourrie d'intellection et de savoir
sans mélange, et, de même, la pensée de toute âme à qui il
importe de recevoir ce qui lui convient, lorsqu'avec le temps
elle a eu la vision du réel, cette pensée s'en réjouit; la contemplation
du vrai la nourrit et lui apporte le bien-être, jusqu'au
moment où la révolution circulaire l'aura ramenée au même
point. Or, au cours de cette révolution, elle porte ses regards
sur la Justice qui n'est que cela; elle les porte encore sur la
Sagesse; elle les porte sur un savoir (e) qui n'est pas celui
auquel s'attache le devenir, pas davantage, sans doute, celui
qui change quand en change l'objet; une de ces choses que nous,
à présent, nous appelons des êtres ; mais le Savoir qui a
pour objet ce qui est réellement une réalité. Une fois qu'elle a,
de la même manière, contemplé les autres êtres qui réellement
sont les réalités et qu'elle s'en est régalée, alors, s'étant de
nouveau enfoncée dans l'intérieur du ciel, la pensée dont je
parle est revenue à sa demeure. Ce retour de l'âme effectué,
son cocher, après avoir installé les chevaux devant la mangeoire,
leur a jeté leur ration d'ambroisie et, sur elle, il a versé le nectar.
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