Texte grec :
[243] τὸ μηδὲν ὑγιὲς λέγοντε (243a) μηδὲ ἀληθὲς σεμνύνεσθαι ὡς τὶ ὄντε,
εἰ ἄρα ἀνθρωπίσκους τινὰς ἐξαπατήσαντε εὐδοκιμήσετον ἐν αὐτοῖς. ἐμοὶ
μὲν οὖν, ὦ φίλε, καθήρασθαι ἀνάγκη· ἔστιν δὲ τοῖς ἁμαρτάνουσι περὶ
μυθολογίαν καθαρμὸς ἀρχαῖος, ὃν Ὅμηρος μὲν οὐκ ᾔσθετο, Στησίχορος δέ. τῶν
γὰρ ὀμμάτων στερηθεὶς διὰ τὴν Ἑλένης κακηγορίαν οὐκ ἠγνόησεν ὥσπερ
Ὅμηρος, ἀλλ᾽ ἅτε μουσικὸς ὢν ἔγνω τὴν αἰτίαν, καὶ ποιεῖ εὐθὺς —
οὐκ ἔστ᾽ ἔτυμος λόγος οὗτος,
οὐδ᾽ ἔβας ἐν νηυσὶν εὐσέλμοις,
(243b) οὐδ᾽ ἵκεο Πέργαμα Τροίας·
καὶ ποιήσας δὴ πᾶσαν τὴν καλουμένην Παλινῳδίαν παραχρῆμα ἀνέβλεψεν. ἐγὼ
οὖν σοφώτερος ἐκείνων γενήσομαι κατ᾽ αὐτό γε τοῦτο· πρὶν γάρ τι παθεῖν διὰ
τὴν τοῦ Ἔρωτος κακηγορίαν πειράσομαι αὐτῷ ἀποδοῦναι τὴν παλινῳδίαν,
γυμνῇ τῇ κεφαλῇ καὶ οὐχ ὥσπερ τότε ὑπ᾽ αἰσχύνης ἐγκεκαλυμμένος.
(Φαῖδρος) τουτωνί, ὦ Σώκρατες, οὐκ ἔστιν ἅττ᾽ ἂν ἐμοὶ εἶπες ἡδίω.
(243c) (Σωκράτης)
καὶ γάρ, ὠγαθὲ Φαῖδρε, ἐννοεῖς ὡς ἀναιδῶς εἴρησθον τὼ λόγω, οὗτός τε καὶ ὁ ἐκ
τοῦ βιβλίου ῥηθείς. εἰ γὰρ ἀκούων τις τύχοι ἡμῶν γεννάδας καὶ πρᾷος τὸ ἦθος,
ἑτέρου δὲ τοιούτου ἐρῶν ἢ καὶ πρότερόν ποτε ἐρασθείς, λεγόντων ὡς διὰ σμικρὰ
μεγάλας ἔχθρας οἱ ἐρασταὶ ἀναιροῦνται καὶ ἔχουσι πρὸς τὰ παιδικὰ φθονερῶς τε
καὶ βλαβερῶς, πῶς οὐκ ἂν οἴει αὐτὸν ἡγεῖσθαι ἀκούειν ἐν ναύταις που
τεθραμμένων καὶ οὐδένα ἐλεύθερον ἔρωτα ἑωρακότων, πολλοῦ δ᾽ ἂν δεῖν (243d)
ἡμῖν ὁμολογεῖν ἃ ψέγομεν τὸν ἔρωτα;
(Φαῖδρος) ἴσως νὴ Δί᾽, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
τοῦτόν γε τοίνυν ἔγωγε αἰσχυνόμενος, καὶ αὐτὸν τὸν ἔρωτα δεδιώς, ἐπιθυμῶ
ποτίμῳ λόγῳ οἷον ἁλμυρὰν ἀκοὴν ἀποκλύσασθαι· συμβουλεύω δὲ καὶ Λυσίᾳ ὅτι
τάχιστα γράψαι ὡς χρὴ ἐραστῇ μᾶλλον ἢ μὴ ἐρῶντι ἐκ τῶν ὁμοίων χαρίζεσθαι.
(Φαῖδρος)
ἀλλ᾽ εὖ ἴσθι ὅτι ἕξει τοῦθ᾽ οὕτω· σοῦ γὰρ εἰπόντος τὸν τοῦ ἐραστοῦ ἔπαινον,
πᾶσα ἀνάγκη Λυσίαν ὑπ᾽ ἐμοῦ
(243e) ἀναγκασθῆναι γράψαι αὖ περὶ τοῦ αὐτοῦ λόγον.
(Σωκράτης) τοῦτο μὲν πιστεύω, ἕωσπερ ἂν ᾖς ὃς εἶ.
(Φαῖδρος) λέγε τοίνυν θαρρῶν.
(Σωκράτης)
ποῦ δή μοι ὁ παῖς πρὸς ὃν ἔλεγον; ἵνα καὶ τοῦτο ἀκούσῃ, καὶ μὴ ἀνήκοος ὢν
φθάσῃ χαρισάμενος τῷ μὴ ἐρῶντι.
(Φαῖδρος) οὗτος παρά σοι μάλα πλησίον ἀεὶ πάρεστιν, ὅταν σὺ βούλῃ.
(Σωκράτης)
οὑτωσὶ τοίνυν, ὦ παῖ καλέ, ἐννόησον,
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Traduction française :
[243] ne disant l'un et l'autre rien de bon aloi, rien non plus qui
soit vrai, ils se flattent d'être quelque chose, (a) au cas où,
par hasard, ayant fait illusion à quelques petits bonshommes,
ils se seraient fait près d'eux de la réputation!
Ainsi donc, mon cher, il faut, moi, que je me purifie.
Or il existe, pour ceux qui ont commis une faute en matière
de mythologie, une antique purification, dont Homère, à vrai dire,
ne s'est point douté, mais bien Stésichore. Privé en effet de
la vue en raison de sa médisance envers Hélène, il n'en
a pas, comme Homère, méconnu la cause; mais, l'ayant,
en sa qualité de musicien, reconnue, il s'est empressé
de composer ces vers : Non, ce langage n'est point vrai!
Non, tu n'es pas montée sur le beau pont des navires ! (b) Non,
tu n'es point allée à l'Acropole de Troie! Et, après avoir
composé le poème qu'on appelle la Palinodie, sur-le-champ
il recouvra la vue. Mais moi, sous ce rapport au
moins, je serai plus malin que ces hommes illustres!
Avant d'avoir eu quelque chose à endurer en raison
de ma médisance envers Amour, je vais en effet tenter
de lui payer ma « palinodie » : tête découverte, et non
pas en me la voilant, de honte, comme tout à l'heure!
- (PHÈDRE) : Ces paroles, Socrate, il ne t'est pas possible
d'en dire qui me fassent plus grand plaisir! (c) - (SOCRATE) :
Je le vois, mon bon Phèdre, tu conçois combien ont
été impudents les deux discours qui ont été prononcés,
aussi bien le dernier que celui que tu as prononcé en
lisant ton cahier. Suppose en effet qu'il se soit trouvé
pour nous entendre quelqu'un qui, de son naturel, soit
généreux et aimable, qui en aime un autre pareil à lui
ou même qui en ait été aimé dans une époque antérieure :
à nous entendre ainsi parler d'amants qui se laissent
emporter à une forte inimitié par de faibles motifs, qui
se comportent à l'égard de leurs aimés de façon jalouse
et dommageable", comment ne croirais-tu pas qu'à son
jugement ce sont propos tenus par des gens élevés dans
la société des matelots et qui jamais n'ont été témoins
d'un amour d'homme libre? (d) Ne s'en faudrait-il pas
de beaucoup que, dans les reproches que nous adressons
à Amour, il s'accordât avec nous? - (PHÈDRE) : Par Zeus!
Socrate, probablement! - (SOCRATE) : Moi, alors, saisi de
honte en face de cet homme et plein de crainte à l'égard
d'Amour lui-même, je souhaite que, de cette sorte de
salure âcre, mes oreilles soient lavées par l'eau douce
d'un nouveau discours, et je conseille aussi à Lysias
d'écrire au plus vite un discours sur la nécessité, toutes
choses égales d'ailleurs, de céder aux voeux d'un amant,
plutôt que d'un homme qui n'aime pas. - (PHÈDRE) : Mais,
n'en doute pas, c'est bien ce qui aura lieu; car, du
moment que tu auras prononcé l'éloge de l'amant, il est
absolument forcé que moi, je force Lysias (e) à écrire
de son côté un discours sur le même sujet. - (SOCRATE) :
Là-dessus, je me fie à toi, aussi longtemps justement
que tu continues d'être Phèdre! - (PHÈDRE) : Eh bien!
parle en confiance! - (SOCRATE) : Où vais-je retrouver le
jeune garçon auquel je parlais? Cela en effet, je veux qu'il
l'entende aussi et je crains que, faute de l'avoir entendu,
il n'ait cédé auparavant aux voeux de celui qui n'aime
pas! - (PHÈDRE) : Il est là contre toi, tout à fait près et
toujours présent à tes ordres!
- (SOCRATE) : « Eh bien! bel enfant, mets-toi en tête
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