Texte grec :
[239] (239a) οὔτε δὴ κρείττω οὔτε ἰσούμενον ἑκὼν ἐραστὴς παιδικὰ ἀνέξεται, ἥττω δὲ
καὶ ὑποδεέστερον ἀεὶ ἀπεργάζεται· ἥττων δὲ ἀμαθὴς σοφοῦ, δειλὸς ἀνδρείου,
ἀδύνατος εἰπεῖν ῥητορικοῦ, βραδὺς ἀγχίνου. τοσούτων κακῶν καὶ ἔτι πλειόνων
κατὰ τὴν διάνοιαν ἐραστὴν ἐρωμένῳ ἀνάγκη γιγνομένων τε καὶ φύσει ἐνόντων
(τῶν) μὲν ἥδεσθαι, τὰ δὲ παρασκευάζειν, ἢ στέρεσθαι τοῦ παραυτίκα ἡδέος.
φθονερὸν δὴ ἀνάγκη (239b) εἶναι, καὶ πολλῶν μὲν ἄλλων συνουσιῶν ἀπείργοντα
καὶ ὠφελίμων ὅθεν ἂν μάλιστ᾽ ἀνὴρ γίγνοιτο, μεγάλης αἴτιον εἶναι βλάβης,
μεγίστης δὲ τῆς ὅθεν ἂν φρονιμώτατος εἴη. τοῦτο δὲ ἡ θεία φιλοσοφία τυγχάνει
ὄν, ἧς ἐραστὴν παιδικὰ ἀνάγκη πόρρωθεν εἴργειν, περίφοβον ὄντα τοῦ
καταφρονηθῆναι· τά τε ἄλλα μηχανᾶσθαι ὅπως ἂν ᾖ πάντα ἀγνοῶν καὶ πάντα
ἀποβλέπων εἰς τὸν ἐραστήν, οἷος ὢν τῷ μὲν ἥδιστος, ἑαυτῷ δὲ βλαβερώτατος ἂν
εἴη. τὰ μὲν οὖν κατὰ (239c) διάνοιαν ἐπίτροπός τε καὶ κοινωνὸς οὐδαμῇ
λυσιτελὴς ἀνὴρ ἔχων ἔρωτα.
τὴν δὲ τοῦ σώματος ἕξιν τε καὶ θεραπείαν οἵαν τε καὶ ὡς θεραπεύσει οὗ ἂν
γένηται κύριος, ὃς ἡδὺ πρὸ ἀγαθοῦ ἠνάγκασται διώκειν, δεῖ μετὰ ταῦτα ἰδεῖν.
ὀφθήσεται δὴ μαλθακόν τινα καὶ οὐ στερεὸν διώκων, οὐδ᾽ ἐν ἡλίῳ καθαρῷ
τεθραμμένον ἀλλὰ ὑπὸ συμμιγεῖ σκιᾷ, πόνων μὲν ἀνδρείων καὶ ἱδρώτων ξηρῶν
ἄπειρον, ἔμπειρον δὲ ἁπαλῆς καὶ ἀνάνδρου (239d) διαίτης, ἀλλοτρίοις χρώμασι
καὶ κόσμοις χήτει οἰκείων κοσμούμενον, ὅσα τε ἄλλα τούτοις ἕπεται πάντα
ἐπιτηδεύοντα, ἃ δῆλα καὶ οὐκ ἄξιον περαιτέρω προβαίνειν, ἀλλὰ ἓν κεφάλαιον
ὁρισαμένους ἐπ᾽ ἄλλο ἰέναι· τὸ γὰρ τοιοῦτον σῶμα ἐν πολέμῳ τε καὶ ἄλλαις
χρείαις ὅσαι μεγάλαι οἱ μὲν ἐχθροὶ θαρροῦσιν, οἱ δὲ φίλοι καὶ αὐτοὶ οἱ ἐρασταὶ
φοβοῦνται.
τοῦτο μὲν οὖν ὡς δῆλον ἐατέον, τὸ δ᾽ ἐφεξῆς ῥητέον, (239e) τίνα ἡμῖν ὠφελίαν ἢ
τίνα βλάβην περὶ τὴν κτῆσιν ἡ τοῦ ἐρῶντος ὁμιλία τε καὶ ἐπιτροπεία παρέξεται.
σαφὲς δὴ τοῦτό γε παντὶ μέν, μάλιστα δὲ τῷ ἐραστῇ, ὅτι τῶν φιλτάτων τε καὶ
εὐνουστάτων καὶ θειοτάτων κτημάτων ὀρφανὸν πρὸ παντὸς εὔξαιτ᾽ ἂν εἶναι τὸν
ἐρώμενον· πατρὸς γὰρ καὶ μητρὸς καὶ συγγενῶν καὶ φίλων στέρεσθαι ἂν αὐτὸν
δέξαιτο,
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Traduction française :
[239] (239a) Donc, un amoureux ne tolérera de bon gré, chez ses
amours, ni supériorité, ni égalité, mais toujours il travaille à le
rendre inférieur et plus dénué. Or un ignorant est inférieur à un
savant, un pusillanime à un vaillant, un homme incapable de
parler à celui qui cultive l'art oratoire, un esprit lent à un esprit vif ;
si l'intelligence de l'aimé a de si grands défauts, même de plus grands
encore, qu'ils soient adventices ou bien inhérents à la nature
de celui-ci, forcément l'amoureux s'enchante de ces derniers
ou travaille à développer les autres : sans quoi, il est inévitablement
privé de la certitude immédiate de son plaisir! (b) Donc,
il est forcément jaloux, et, en écartant de l'aimé une foule de
fréquentations, de fréquentations utiles grâce auxquelles celui-ci
deviendrait un homme accompli, forcément il lui cause un
dommage, grand sans doute, mais qui sera extrême si c'est
la fréquentation grâce à laquelle il deviendrait très sage. Or,
c'est précisément l'offre de la divine philosophie, bien loin
de laquelle forcément un amoureux écarte ses amours, ayant
grand'peur d'en être dédaigné ; forcément, il met tout en oeuvre
pour que l'aimé soit ignorant de tout et qu'il regarde tout
avec les yeux braqués sur l'amoureux. Si, en un tel état, il
est pour celui-ci aussi plaisant que possible, pour lui-même,
en revanche, il ne saurait être plus dommageable. (c) Ainsi
donc, en ce qui concerne l'intelligence, ni pour te diriger, ni
pour partager ta vie, tu n'as aucun profit à espérer d'un homme
qui a de l'amour.
« Considère après cela, en ce qui concerne la complexion et
le soin du corps, quelle est la complexion désirée, quels sont
les soins réservés, par celui que l'amour aura forcé de faire
passer la poursuite de l'agréable avant celle du bien, pour le
corps dont il sera devenu le seigneur et maître. Or, cet homme,
on le verra poursuivant, non pas un garçon solide, mais un
tendron ; pas davantage quelqu'un qui aura grandi dans la
pureté d'un air ensoleillé, mais quelqu'un d'élevé dans l'ombre
d'un demi jour; sans habitude des viriles fatigues et des
sueurs sèches, mais habitué à un régime délicat et qui n'a
rien de viril ; (d) paré de couleurs et de parures étrangères,
faute d'en avoir qui lui soient propres ; s'employant à tout
ce qui vient encore à la suite de ces pratiques : caractéristiques
manifestes et qui ne méritent pas qu'on en pousse plus avant
l'analyse, mais plutôt que, après avoir déterminé un unique
trait essentiel, on passe à un autre point, savoir, qu'à l'égard
d'un pareil corps, dans la guerre aussi bien que dans toute
nécessité d'importance, les ennemis prennent confiance, tandis
que tremblent les amis et notamment les amoureux! Mais
voilà un point sur lequel, en raison de son évidence, il n'y a
pas lieu de s'arrêter.
Ce dont il faut parler ensuite, (e) c'est de l'utilité ou du
dommage que nous vaudront, par rapport à ce que nous
possédons, le commerce aussi bien que la direction de celui qui
aime. Voici en vérité de quoi justement tout le monde est certain,
mais principalement l'amoureux : c'est que, tout ce que l'aimé
possède de plus cher, de plus bienveillant à son égard, de plus
divin, il souhaiterait par-dessus tout que cet aimé eût à en
pleurer la disparition : père, mère, parents, amis, il accepterait en
effet de l'en savoir privé;
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