| Texte grec :
 
 
  
  
   | [232] εἰκός ἐστι (232a) τοὺς μὲν ἐρῶντας, οὕτως ἂν οἰομένους καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων ζηλοῦσθαι ὥσπερ αὐτοὺς ὑφ᾽ αὑτῶν, ἐπαρθῆναι τῷ λέγειν καὶ
 φιλοτιμουμένους ἐπιδείκνυσθαι πρὸς ἅπαντας ὅτι οὐκ ἄλλως αὐτοῖς πεπόνηται·
 τοὺς δὲ μὴ ἐρῶντας, κρείττους αὑτῶν ὄντας, τὸ βέλτιστον ἀντὶ τῆς δόξης τῆς
 παρὰ τῶν ἀνθρώπων αἱρεῖσθαι. ἔτι δὲ τοὺς μὲν ἐρῶντας πολλοὺς ἀνάγκη
 πυθέσθαι καὶ ἰδεῖν ἀκολουθοῦντας τοῖς ἐρωμένοις καὶ ἔργον τοῦτο ποιουμένους,
 ὥστε ὅταν ὀφθῶσι διαλεγόμενοι (232b) ἀλλήλοις, τότε αὐτοὺς οἴονται ἢ
 γεγενημένης ἢ μελλούσης ἔσεσθαι τῆς ἐπιθυμίας συνεῖναι· τοὺς δὲ μὴ ἐρῶντας
 οὐδ᾽ αἰτιᾶσθαι διὰ τὴν συνουσίαν ἐπιχειροῦσιν, εἰδότες ὅτι ἀναγκαῖόν ἐστιν ἢ διὰ
 φιλίαν τῳ διαλέγεσθαι ἢ δι᾽ ἄλλην τινὰ ἡδονήν. καὶ μὲν δὴ εἴ σοι δέος
 παρέστηκεν ἡγουμένῳ χαλεπὸν εἶναι φιλίαν συμμένειν, καὶ ἄλλῳ μὲν τρόπῳ
 διαφορᾶς γενομένης κοινὴν <ἂν> ἀμφοτέροις καταστῆναι τὴν (232c) συμφοράν,
 προεμένου δέ σου ἃ περὶ πλείστου ποιῇ μεγάλην ἄν σοι βλάβην ἂν γενέσθαι,
 εἰκότως ἂν τοὺς ἐρῶντας μᾶλλον ἂν φοβοῖο· πολλὰ γὰρ αὐτούς ἐστι τὰ
 λυποῦντα, καὶ πάντ᾽ ἐπὶ τῇ αὑτῶν βλάβῃ νομίζουσι γίγνεσθαι. διόπερ καὶ τὰς
 πρὸς τοὺς ἄλλους τῶν ἐρωμένων συνουσίας ἀποτρέπουσιν, φοβούμενοι τοὺς μὲν
 οὐσίαν κεκτημένους μὴ χρήμασιν αὐτοὺς ὑπερβάλωνται, τοὺς δὲ
 πεπαιδευμένους μὴ συνέσει κρείττους γένωνται· τῶν δὲ ἄλλο τι κεκτημένων
 (232d) ἀγαθὸν τὴν δύναμιν ἑκάστου φυλάττονται. πείσαντες μὲν οὖν
 ἀπεχθέσθαι σε τούτοις εἰς ἐρημίαν φίλων καθιστᾶσιν, ἐὰν δὲ τὸ σεαυτοῦ σκοπῶν
 ἄμεινον ἐκείνων φρονῇς, ἥξεις αὐτοῖς εἰς διαφοράν· ὅσοι δὲ μὴ ἐρῶντες ἔτυχον,
 ἀλλὰ δι᾽ ἀρετὴν ἔπραξαν ὧν ἐδέοντο, οὐκ ἂν τοῖς συνοῦσι φθονοῖεν, ἀλλὰ τοὺς
 μὴ ἐθέλοντας μισοῖεν, ἡγούμενοι ὑπ᾽ ἐκείνων μὲν ὑπερορᾶσθαι, ὑπὸ τῶν
 συνόντων δὲ ὠφελεῖσθαι, ὥστε πολὺ (232e) πλείων ἐλπὶς φιλίαν αὐτοῖς ἐκ τοῦ
 πράγματος ἢ ἔχθραν γενέσθαι.
 καὶ μὲν δὴ τῶν μὲν ἐρώντων πολλοὶ πρότερον τοῦ σώματος ἐπεθύμησαν ἢ τὸν
 τρόπον ἔγνωσαν καὶ τῶν ἄλλων οἰκείων ἔμπειροι ἐγένοντο, ὥστε ἄδηλον αὐτοῖς
 εἰ ἔτι τότε βουλήσονται φίλοι εἶναι, ἐπειδὰν τῆς ἐπιθυμίας παύσωνται·
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [232] (a) voici à cet égard ce qui est vraisemblable : 
d'une part, ceux qui aiment, étant persuadés que, pour autrui, 
ils sont un objet d'envie autant qu'ils pensent l'être pour 
eux-mêmes, tiennent un langage exalté, et, désireux de se 
faire valoir, ils font à tout le monde la preuve que ce n'est 
pas pour rien qu'ils ont pris de la peine ; d'autre part, ceux 
lui n'aiment pas, étant maîtres d'eux-mêmes, préfèrent ce 
qui vaut le plus à la réputation qu'on se fait dans le monde. 
Ajoutons-le : ceux qui aiment, beaucoup de gens en sont 
forcément informés, les ayant vus faire la conduite à leurs aimés 
et traiter cela en obligation régulière ; (b) si bien que, quand 
on les voit en train de converser ensemble, on pense qu'ils 
sont alors réunis après avoir satisfait leur désir ou sur le 
point de le satisfaire; et que, au contraire, ceux qui n'aiment 
pas, on ne tente même pas de les incriminer parce qu'ils sont 
réunis, car on sait bien que l'amitié ou un autre agrément sont 
des motifs de converser avec quelqu'un.
« Bien plus, supposé qu'à ton esprit se présente une crainte, 
quand tu estimes qu'il est difficile à une amitié de durer; que, 
quelle que soit la manière dont, par ailleurs, se produit le 
dissentiment, celui-ci constitue pour les deux amis un malheur 
commun ; (c) que, au contraire, une fois consenti par toi le 
don de ce que tu mets au plus haut prix, c'est pour toi seul 
que le dommage existe, alors, vraisemblablement, c'est plutôt 
de ceux qui aiment que tu aurais peur! Nombreuses sont
en effet les choses qui les attristent, et de toutes, ils pensent 
qu'elles se produisent à leur détriment : voilà même pour 
quelle raison, toute réunion de leurs aimés avec les autres 
personnes est conjurée par eux, de peur que ceux qui possèdent 
de la fortune ne fassent, avec leur argent, surenchère à leurs 
dépens ; que ceux qui sont cultivés, grâce à leur intelligence ne 
prennent sur eux le dessus; (d) de quiconque possède quelque 
autre avantage, ils se méfient de la supériorité qu'il peut lui 
donner. Or, quand ils ont réussi à te convaincre que tu es 
détesté de ces gens, alors ils sont parvenus à faire que tu sois 
isolé et sans amis ; si, au contraire, considérant ce qui est ton 
intérêt à toi, tu as plus d'intelligence que les gens dont il s'agit, 
c'est avec eux que tu en viendras à te brouiller; tandis que 
quiconque, précisément, n'aime pas, mais doit à son mérite 
d'en être venu à ses fins, celui-là n'aura point de jalousie à 
l'égard de ceux qui te fréquentent ; ce sont plutôt ceux qui n'y 
consentent pas, pour qui il aura de la haine, se jugeant méprisé 
par ces derniers (e) et trouvant au contraire son intérêt dans 
tes fréquentations. Par conséquent, il y a pour lui des chances 
beaucoup plus nombreuses, que, de la réalisation de ses desseins, 
résulte de l'amitié, non de l'inimitié.
Bien plus, parmi ceux qui aiment il y en a beaucoup 
chez qui le désir physique a précédé la connaissance du caractère 
de l'aimé, aussi bien que l'information concernant ses attaches ; 
en sorte qu'il y a pour ces gens-là incertitude quant à savoir 
si cette amitié sera encore souhaitée par eux quand aura 
pris fin leur désir. |  |