Texte grec :
[271] (271a) (Σωκράτης)
οὐκοῦν ἡ ἅμιλλα αὐτῷ τέταται πρὸς τοῦτο πᾶσα· πειθὼ γὰρ ἐν τούτῳ ποιεῖν
ἐπιχειρεῖ. ἦ γάρ;
(Φαῖδρος) ναί.
(Σωκράτης)
δῆλον ἄρα ὅτι ὁ Θρασύμαχός τε καὶ ὃς ἂν ἄλλος σπουδῇ τέχνην ῥητορικὴν διδῷ,
πρῶτον πάσῃ ἀκριβείᾳ γράψει τε καὶ ποιήσει ψυχὴν ἰδεῖν, πότερον ἓν καὶ ὅμοιον
πέφυκεν ἢ κατὰ σώματος μορφὴν πολυειδές· τοῦτο γάρ φαμεν φύσιν εἶναι
δεικνύναι.
(Φαῖδρος) παντάπασι μὲν οὖν.
(Σωκράτης) δεύτερον δέ γε, ὅτῳ τί ποιεῖν ἢ παθεῖν ὑπὸ τοῦ πέφυκεν.
(Φαῖδρος) τί μήν;
(271b) (Σωκράτης)
τρίτον δὲ δὴ διαταξάμενος τὰ λόγων τε καὶ ψυχῆς γένη καὶ τὰ τούτων παθήματα
δίεισι πάσας αἰτίας, προσαρμόττων ἕκαστον ἑκάστῳ καὶ διδάσκων οἵα οὖσα ὑφ᾽
οἵων λόγων δι᾽ ἣν αἰτίαν ἐξ ἀνάγκης ἡ μὲν πείθεται, ἡ δὲ ἀπειθεῖ.
(Φαῖδρος) κάλλιστα γοῦν ἄν, ὡς ἔοικ᾽, ἔχοι οὕτως.
(Σωκράτης)
οὔτοι μὲν οὖν, ὦ φίλε, ἄλλως ἐνδεικνύμενον ἢ λεγόμενον τέχνῃ ποτὲ λεχθήσεται
ἢ γραφήσεται οὔτε τι (271c) ἄλλο οὔτε τοῦτο. ἀλλ᾽ οἱ νῦν γράφοντες, ὧν σὺ
ἀκήκοας, τέχνας λόγων πανοῦργοί εἰσιν καὶ ἀποκρύπτονται, εἰδότες ψυχῆς πέρι
παγκάλως· πρὶν ἂν οὖν τὸν τρόπον τοῦτον λέγωσί τε καὶ γράφωσι, μὴ
πειθώμεθα αὐτοῖς τέχνῃ γράφειν.
(Φαῖδρος) τίνα τοῦτον;
(Σωκράτης)
αὐτὰ μὲν τὰ ῥήματα εἰπεῖν οὐκ εὐπετές· ὡς δὲ δεῖ γράφειν, εἰ μέλλει τεχνικῶς
ἔχειν καθ᾽ ὅσον ἐνδέχεται, λέγειν ἐθέλω.
(Φαῖδρος) λέγε δή.
(Σωκράτης)
ἐπειδὴ λόγου δύναμις τυγχάνει ψυχαγωγία οὖσα, (271d) τὸν μέλλοντα ῥητορικὸν
ἔσεσθαι ἀνάγκη εἰδέναι ψυχὴ ὅσα εἴδη ἔχει. ἔστιν οὖν τόσα καὶ τόσα, καὶ τοῖα καὶ
τοῖα, ὅθεν οἱ μὲν τοιοίδε, οἱ δὲ τοιοίδε γίγνονται· τούτων δὲ δὴ οὕτω διῃρημένων,
λόγων αὖ τόσα καὶ τόσα ἔστιν εἴδη, τοιόνδε ἕκαστον. οἱ μὲν οὖν τοιοίδε ὑπὸ τῶν
τοιῶνδε λόγων διὰ τήνδε τὴν αἰτίαν ἐς τὰ τοιάδε εὐπειθεῖς, οἱ δὲ τοιοίδε διὰ τάδε
δυσπειθεῖς· δεῖ δὴ ταῦτα ἱκανῶς νοήσαντα, μετὰ ταῦτα θεώμενον αὐτὰ ἐν ταῖς
πράξεσιν ὄντα τε καὶ πραττόμενα, (271e) ὀξέως τῇ αἰσθήσει δύνασθαι
ἐπακολουθεῖν, ἢ μηδὲν εἶναί πω πλέον αὐτῷ ὧν τότε ἤκουεν λόγων συνών. ὅταν
δὲ εἰπεῖν τε ἱκανῶς ἔχῃ οἷος ὑφ᾽ οἵων πείθεται, παραγιγνόμενόν τε δυνατὸς ᾖ
διαισθανόμενος ἑαυτῷ ἐνδείκνυσθαι
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Traduction française :
[271] (a) -(SOCRATE) : Aussi bien est-ce vers cet objet qu'est,
tout entier, tendu son effort, car la persuasion, c'est en lui
qu'il s'efforce de la produire, n'est-ce pas? - (PHÈDRE):
Oui. - (SOCRATE) : Par conséquent, il est clair que Thrasymaque,
aussi bien que tout autre qui voudra sérieusement
doter autrui de l'art de parler, devra premièrement,
peindre l'âme avec une entière exactitude, devra faire
voir si c'est sa nature d'être une chose une et sans
diversité, ou bien si, comme on le voit pour le corps,
elle comporte une pluralité de formes. Car voilà ce que
nous appelons mettre en évidence une nature. - (PHÈDRE) :
Hé! oui, parfaitement! - (SOCRATE) : Deuxièmement, il
devra faire voir alors par laquelle de ces formes elle
est faite pour produire un effet, et lequel? ou bien de
pâtir, et sous l'action de quoi? - (PHÈDRE) : Incontestablement!
(b) - (SOCRATE) : Troisièmement, enfin, après avoir
fait une classification des espèces de discours aussi bien
que des espèces d'âmes et de leurs caractéristiques respectives,
il fera une revue des actions causales, adaptant
chaque espèce de discours à chaque espèce d'âme et
enseignant en vertu de quelle cause une âme qui est
de telle sorte est forcément persuadée par des discours
qui sont de telle sorte, tandis qu'une autre ne se laisse
pas persuader. - (PHÈDRE) : En tout cas, s'il en était ainsi,
le résultat serait, semble-t-il bien, tout ce qu'il y a de
plus beau! - (SOCRATE) : Dis plutôt, mon cher, que sans
cela, jamais, bien certainement, on ne prononcera ou
n'écrira techniquement un exposé ou un discours, ni
dans un autre domaine, ni dans celui-ci. (c) Mais les
gens qui écrivent de nos jours des traités de l'art oratoire,
et que tu as entendu parler, sont des malins qui, possédant
sur l'âme humaine des connaissances magnifiques,
les tiennent secrètes! Aussi, jusqu'à ce qu'ils parlent,
jusqu'à ce qu'ils écrivent de la façon que je vais dire, ne
nous laissons pas persuader que les traités écrits par
eux aient une valeur technique. -
(PHÈDRE) : Quelle est cette façon de procéder.
- (SOCRATE) : Dire les phrases mêmes n'est pas bien aisé!
Mais s'il s'agit de dire comment on doit écrire pour que ce soit,
dans la plus large mesure possible, de façon technique, cela,
j'accepte de l'expliquer. - (PHÈDRE) : Allons! explique.
- (SOCRATE) : Puisque la parole a précisément pour fonction
de mener les âmes, d'être une psychagogie, (d) celui qui veut être
un jour habile à parler doit nécessairement savoir combien
d'espèces comporte l'âme : il y en a tant et tant, dira-t-il
donc, et de telle et telle sorte, ce qui rend ceux-ci de
telle sorte, ceux-là d'une autre sorte. Puis, une fois ces
distinctions ainsi faites, il passera aux discours : il y
en a, dira-t-il, tant et tant d'espèces, et chacune est de
telle sorte. Cela étant, les hommes qui sont de telle
sorte, sous l'action de discours qui sont de telle sorte,
se laissent, pour la raison que voici, facilement persuader
de se conduire de telle façon; tandis que ceux
qui sont de telle sorte, pour les raisons que voici, se
laissent difficilement persuader. Après quoi, et quand
on a suffisamment réfléchi là-dessus, alors, ayant considéré
tout cela dans les actions (e) qui en sont la réalisation
par l'activité, il faut être capable de l'atteindre par
une vive intuition. Autrement, on n'aura, en savoir, fait
encore aucun progrès sur ce qu'on apprenait, en écoutant
parler les maîtres, du temps qu'on fréquentait chez
eux. Mais, lorsqu'on est en état d'expliquer comme
il faut de quelle sorte est un homme pour qu'il soit
convaincu par un langage de telle sorte; lorsqu'on est
capable, lui présent, en l'observant bien distinctement, de
se démontrer ceci à soi-même :
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