| Texte grec :
 
 
  
  
   | [261] (261a) (Φαῖδρος) τούτων δεῖ τῶν λόγων, ὦ Σώκρατες· ἀλλὰ δεῦρο αὐτοὺς παράγων ἐξέταζε τί καὶ
 πῶς λέγουσιν.
 (Σωκράτης)
 πάριτε δή, θρέμματα γενναῖα, καλλίπαιδά τε Φαῖδρον πείθετε ὡς ἐὰν μὴ ἱκανῶς
 φιλοσοφήσῃ, οὐδὲ ἱκανός ποτε λέγειν ἔσται περὶ οὐδενός. ἀποκρινέσθω δὴ ὁ
 Φαῖδρος.
 (Φαῖδρος) ἐρωτᾶτε.
 (Σωκράτης)
 ἆρ᾽ οὖν οὐ τὸ μὲν ὅλον ἡ ῥητορικὴ ἂν εἴη τέχνη ψυχαγωγία τις διὰ λόγων, οὐ
 μόνον ἐν δικαστηρίοις καὶ ὅσοι ἄλλοι δημόσιοι σύλλογοι, ἀλλὰ καὶ ἐν ἰδίοις, ἡ
 αὐτὴ σμικρῶν (261b) τε καὶ μεγάλων πέρι, καὶ οὐδὲν ἐντιμότερον τό γε ὀρθὸν
 περὶ σπουδαῖα ἢ περὶ φαῦλα γιγνόμενον; ἢ πῶς σὺ ταῦτ᾽ ἀκήκοας;
 (Φαῖδρος)
 οὐ μὰ τὸν Δί᾽ οὐ παντάπασιν οὕτως, ἀλλὰ μάλιστα μέν πως περὶ τὰς δίκας
 λέγεταί τε καὶ γράφεται τέχνῃ, λέγεται δὲ καὶ περὶ δημηγορίας· ἐπὶ πλέον δὲ οὐκ
 ἀκήκοα.
 (Σωκράτης)
 ἀλλ᾽ ἦ τὰς Νέστορος καὶ Ὀδυσσέως τέχνας μόνον περὶ λόγων ἀκήκοας, ἃς ἐν
 Ἰλίῳ σχολάζοντες συνεγραψάτην, τῶν δὲ Παλαμήδους ἀνήκοος γέγονας;
 (261c) (Φαῖδρος)
 καὶ ναὶ μὰ Δί᾽ ἔγωγε τῶν Νέστορος, εἰ μὴ Γοργίαν Νέστορά τινα κατασκευάζεις,
 ἤ τινα Θρασύμαχόν τε καὶ Θεόδωρον Ὀδυσσέα.
 (Σωκράτης)
 ἴσως. ἀλλὰ γὰρ τούτους ἐῶμεν· σὺ δ᾽ εἰπέ, ἐν δικαστηρίοις οἱ ἀντίδικοι τί δρῶσιν;
 οὐκ ἀντιλέγουσιν μέντοι; ἢ τί φήσομεν;
 (Φαῖδρος) τοῦτ᾽ αὐτό.
 (Σωκράτης) περὶ τοῦ δικαίου τε καὶ ἀδίκου;
 (Φαῖδρος) ναί.
 (Σωκράτης)
 οὐκοῦν ὁ τέχνῃ τοῦτο δρῶν ποιήσει φανῆναι τὸ (261d) αὐτὸ τοῖς αὐτοῖς τοτὲ μὲν
 δίκαιον, ὅταν δὲ βούληται, ἄδικον;
 (Φαῖδρος) τί μήν;
 (Σωκράτης)
 καὶ ἐν δημηγορίᾳ δὴ τῇ πόλει δοκεῖν τὰ αὐτὰ τοτὲ μὲν ἀγαθά, τοτὲ δ᾽ αὖ τἀναντία;
 (Φαῖδρος) οὕτως.
 (Σωκράτης)
 τὸν οὖν Ἐλεατικὸν Παλαμήδην λέγοντα οὐκ ἴσμεν τέχνῃ, ὥστε φαίνεσθαι τοῖς
 ἀκούουσι τὰ αὐτὰ ὅμοια καὶ ἀνόμοια, καὶ ἓν καὶ πολλά, μένοντά τε αὖ καὶ φερόμενα;
 (Φαῖδρος) μάλα γε.
 (Σωκράτης)
 οὐκ ἄρα μόνον περὶ δικαστήριά τέ ἐστιν ἡ ἀντιλογικὴ (261e) καὶ περὶ δημηγορίαν,
 ἀλλ᾽, ὡς ἔοικε, περὶ πάντα τὰ λεγόμενα μία τις τέχνη, εἴπερ ἔστιν, αὕτη ἂν εἴη, ᾗ
 τις οἷός τ᾽ ἔσται πᾶν παντὶ ὁμοιοῦν τῶν δυνατῶν καὶ οἷς δυνατόν, καὶ ἄλλου
 ὁμοιοῦντος καὶ ἀποκρυπτομένου εἰς φῶς ἄγειν.
 (Φαῖδρος) πῶς δὴ τὸ τοιοῦτον λέγεις;
 (Σωκράτης)
 τῇδε δοκῶ ζητοῦσιν φανεῖσθαι. ἀπάτη πότερον ἐν πολὺ διαφέρουσι γίγνεται
 μᾶλλον ἢ ὀλίγον;
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [261] (261a) - (PHÈDRE) : Il nous les faut, Socrate, 
ces discours! A toi de les amener à la barre! Soumets à 
ton interrogatoire ce qu'ils disent et la façon dont ils 
le disent! - (SOCRATE)  : Comparaissez donc, nobles créatures! 
Persuadez à Phèdre, père de beaux enfants, 
que, s'il ne philosophe pas comme il convient, il ne 
parlera non plus comme il convient sur aucun sujet! 
A Phèdre maintenant de répondre. - (PHÈDRE) : Posez vos 
questions! - (SOCRATE) : Eh bien! est-ce que l'art de 
parler, dans son ensemble, ne serait pas une psychologie
par le moyen de discours, qui ne se tiennent pas 
seulement dans les tribunaux et autres lieux publics 
de réunion, mais aussi dans des réunions privées? 
(b) indifféremment la même, pour les petits et pour les 
grands sujets? dont la pratique, la pratique correcte 
du moins, n'a rien de plus estimable quand elle est 
appliquée à des questions sérieuses, ou à des questions 
insignifiantes? Est-ce en ces termes que tu as entendu 
parler de cela? - (PHÈDRE) : Non, par Zeus! pas du tout 
en ces termes; mais c'est principalement à propos des 
procès, si l'on peut dire, que l'on parle ou qu'on écrit 
selon l'art, cependant aussi dans les délibérations de 
l'Assemblée du Peuple. Quant à une plus grande extension 
du genre, je n'en ai point entendu parler! - 
(SOCRATE) : Les arts oratoires de Nestor et d'Ulysse, (c) qu'ils 
ont, à Troie, composés dans leurs heures de loisir, 
sont-ils toutefois les seuls dont tu aies entendu parler? 
Personne ne t'a-t-il jamais parlé de ceux de Palamède? 
- (PHÈDRE) : Parbleu oui! on ne m'a même pas parlé de 
ceux de Nestor, à moins que tu ne fasses de Gorgias une 
sorte de Nestor? ou bien de Thrasymaque et de Théodore 
des espèces d'Ulysses? - (SOCRATE)  : Peut-être bien! 
Mais laissons ces gens-là! Dis-moi : dans les tribunaux,
que font les parties? Ne se livrent-elles pas incontestablement 
à une controverse? Quel autre nom donner à 
cela? - (PHÈDRE) : Celui-là même! - (SOCRATE) : Dont le sujet 
est le juste aussi bien que l'injuste? - (PHÈDRE)  : Oui. - 
(SOCRATE)  : Mais celui qui pratique cela avec art ne fera-t-il 
pas (d) que, aux yeux des mêmes personnes, la même 
chose apparaisse juste, ou injuste, à son gré? - (PHÈDRE)  : 
Sans conteste! - (SOCRATE)  Et encore, dans les délibérations 
de l'Assemblée du Peuple, que les mêmes choses, 
la Cité les juge tantôt bonnes, et tantôt, inversement, 
le contraire? - (PHÈDRE) : C'est cela même! - (SOCRATE) : Or, le 
Palamède d'Élée ne savons-nous pas qu'il parlait avec 
un art capable de faire apparaître les mêmes choses, à 
ceux qui l'écoutaient, semblables et dissemblables, unes 
et multiples, ou encore aussi bien en repos qu'en mouvement? 
- (PHÈDRE)  : Ah! je crois bien! - (SOCRATE) : Concluons 
donc que ce n'est pas uniquement par rapport aux 
débats judiciaires, ni par rapport à ceux de l'Assemblée 
du Peuple, (e) qu'il y a place pour l'art de la controverse; 
mais que, par rapport à tout usage de la parole, 
ce serait grâce à un art unique, à supposer qu'il existât, 
que l'on sera à même de rendre n'importe quoi semblable 
à n'importe quoi, tout ce qui permet cette assimilation 
à l'égard de tout ce qui la comporte; à même aussi, 
quand un autre fait ces assimilations et se cache de les 
faire, d'amener celles-ci au grand jour. -
(PHÈDRE)  : A quoi, dis-moi, rime un tel langage? - (SOCRATE)  : 
En cherchant dans le sens que voici, nous le verrons, je 
crois... L'illusion se produit-elle dans les choses qui 
diffèrent beaucoup, plutôt que dans celles qui diffèrent peu? |  |