Texte grec :
[266] ὥσπερ (266a) δὲ σώματος ἐξ ἑνὸς διπλᾶ καὶ ὁμώνυμα πέφυκε, σκαιά, τὰ δὲ δεξιὰ
κληθέντα, οὕτω καὶ τὸ τῆς παρανοίας ὡς <ἓν> ἐν ἡμῖν πεφυκὸς εἶδος ἡγησαμένω τὼ
λόγω, ὁ μὲν τὸ ἐπ᾽ ἀριστερὰ τεμνόμενος μέρος, πάλιν τοῦτο τέμνων οὐκ ἐπανῆκεν πρὶν
ἐν αὐτοῖς ἐφευρὼν ὀνομαζόμενον σκαιόν τινα ἔρωτα ἐλοιδόρησεν μάλ᾽ ἐν δίκῃ, ὁ δ᾽
εἰς τὰ ἐν δεξιᾷ τῆς μανίας ἀγαγὼν ἡμᾶς, ὁμώνυμον μὲν ἐκείνῳ, θεῖον δ᾽ αὖ τινα
ἔρωτα ἐφευρὼν καὶ (266b) προτεινάμενος ἐπῄνεσεν ὡς μεγίστων αἴτιον ἡμῖν
ἀγαθῶν.
(Φαῖδρος) ἀληθέστατα λέγεις.
(Σωκράτης)
τούτων δὴ ἔγωγε αὐτός τε ἐραστής, ὦ Φαῖδρε, τῶν διαιρέσεων καὶ συναγωγῶν,
ἵνα οἷός τε ὦ λέγειν τε καὶ φρονεῖν· ἐάν τέ τιν᾽ ἄλλον ἡγήσωμαι δυνατὸν εἰς ἓν
καὶ ἐπὶ πολλὰ πεφυκόθ᾽ ὁρᾶν, τοῦτον διώκω "κατόπισθε μετ᾽ ἴχνιον ὥστε θεοῖο."
καὶ μέντοι καὶ τοὺς δυναμένους αὐτὸ δρᾶν εἰ μὲν ὀρθῶς ἢ μὴ προσαγορεύω, θεὸς
οἶδε, καλῶ δὲ (266c) οὖν μέχρι τοῦδε διαλεκτικούς. τὰ δὲ νῦν παρὰ σοῦ τε καὶ
Λυσίου μαθόντας εἰπὲ τί χρὴ καλεῖν· ἢ τοῦτο ἐκεῖνό ἐστιν ἡ λόγων τέχνη, ᾗ
Θρασύμαχός τε καὶ οἱ ἄλλοι χρώμενοι σοφοὶ μὲν αὐτοὶ λέγειν γεγόνασιν, ἄλλους
τε ποιοῦσιν, οἳ ἂν δωροφορεῖν αὐτοῖς ὡς βασιλεῦσιν ἐθέλωσιν;
(Φαῖδρος)
βασιλικοὶ μὲν ἇνδρες, οὐ μὲν δὴ ἐπιστήμονές γε ὧν ἐρωτᾷς. ἀλλὰ τοῦτο μὲν τὸ
εἶδος ὀρθῶς ἔμοιγε δοκεῖς καλεῖν, διαλεκτικὸν καλῶν· τὸ δὲ ῥητορικὸν δοκεῖ μοι
διαφεύγειν ἔθ᾽ ἡμᾶς.
(266d) (Σωκράτης)
πῶς φῄς; καλόν πού τι ἂν εἴη, ὃ τούτων ἀπολειφθὲν ὅμως τέχνῃ λαμβάνεται;
πάντως δ᾽ οὐκ ἀτιμαστέον αὐτὸ σοί τε καὶ ἐμοί, λεκτέον δὲ τί μέντοι καὶ ἔστι τὸ
λειπόμενον τῆς ῥητορικῆς.
(Φαῖδρος)
καὶ μάλα που συχνά, ὦ Σώκρατες, τά γ᾽ ἐν τοῖς βιβλίοις τοῖς περὶ λόγων τέχνης
γεγραμμένοις.
(Σωκράτης)
(καὶ) καλῶς γε ὑπέμνησας. προοίμιον μὲν οἶμαι πρῶτον ὡς δεῖ τοῦ λόγου
λέγεσθαι ἐν ἀρχῇ· ταῦτα λέγεις — ἦ γάρ; — τὰ κομψὰ τῆς τέχνης;
(266e) (Φαῖδρος) ναί.
(Σωκράτης)
δεύτερον δὲ δὴ διήγησίν τινα μαρτυρίας τ᾽ ἐπ᾽ αὐτῇ, τρίτον τεκμήρια, τέταρτον
εἰκότα· καὶ πίστωσιν οἶμαι καὶ ἐπιπίστωσιν λέγειν τόν γε βέλτιστον
λογοδαίδαλον Βυζάντιον ἄνδρα.
(Φαῖδρος) τὸν χρηστὸν λέγεις Θεόδωρον;
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Traduction française :
[266] (266a) de même qu'un unique corps est la souche naturelle
d'où partent des membres doubles et de nom identique, mais
qu'on appelle gauches et droits; de même aussi, après
que les deux discours eurent considéré l'égarement de
l'esprit comme étant dans notre nature une essence
unique, l'un des deux, coupant du côté gauche une
portion, puis coupant de nouveau celle-ci, ne s'est pas
relâché avant d'avoir à la fin découvert de ce côté une
sorte d'amour, que, sous le nom de gauche, il a flétri
et tout à fait à bon droit; l'autre, de son côté, nous ayant
menés vers le côté droit du délire et ayant découvert
un amour dont le nom est identique à celui du premier,
mais dont la nature est divine, (b) il nous l'a présenté
et il en a fait l'éloge comme de ce qui est pour nous la
cause des biens les plus grands. - (PHÈDRE) : C'est tout ce
qu'il y a de plus vrai! - (SOCRATE) : De ces divisions et de
ces rassemblements, Phèdre, je suis, pour mon propre
compte, grand amoureux, dans l'intention de me rendre
ainsi capable de parler aussi bien que de penser! Et si,
chez quelqu'un d'autre, je crois trouver la capacité de
porter son regard vers une unité, et qui soit l'unité
naturelle dominant une multiplicité, cet homme-là, je
me mets à sa poursuite, marchant derrie're lui, sur ses
traces, comme sur celles d'un Dieu! Non moins
certainement, les hommes qui sont capables d'agir ainsi
(est-ce ou non à bon droit que je leur donne ce titre, Dieu le sait!),
(c) jusqu'à présent au moins, je les nomme « dialecticiens ».
Pour l'instant, dis-moi comment il faut appeler ceux dont l'instruction
s'est faite près de Lysias et de toi. Cette éminente instruction
est-elle constituée par cet art oratoire, dont la
pratique a permis à Thrasymaque, aussi bien qu'aux
autres, de se rendre eux-mêmes habiles à parler, comme
de rendre pareillement habiles ceux qui voudront bien,
ainsi qu'à des rois, leur apporter des présents? - (PHÈDRE) :
Des personnages royaux? Non pas au moins, bien sûr,
des personnages informés de ce sur quoi portent tes
questions! Au surplus, je suis, quant à moi, d'avis qu'en
nommant « dialectique » le genre d'étude dont tu as
parlé, tu lui as donné son vrai nom. Mais le genre
« rhétorique », je crois qu'il nous échappe encore.
(d) - (SOCRATE) : Que dis-tu là? Y aurait-il donc, par
hasard, quelque belle connaissance qui, sans contact
avec l'autre, s'acquiert néanmoins d'une façon méthodique?
Il est absolument indispensable que nous ne
la dédaignions pas, mais que nous disions au contraire
en quoi aussi consiste cette « rhétorique », dont il nous
reste à parler. - (PHÈDRE) : En une masse énorme de choses,
je pense; à n'envisager même que celles dont parlent les
livres écrits sur l'art oratoire! -
(SOCRATE) : Comme tu as bien fait de me les rappeler! Il
y a d'abord, si je ne me trompe, le "préambule", ce
qui doit en effet se prononcer au début du discours.
Voilà bien, n'est-il pas vrai, ce que tu dis être les finesses
de l'art? - (PHÈDRE) : Oui. (e) - (SOCRATE) : Et puis, en second
lieu, vient une « exposition », avec des « témoignages à
l'appui »; en troisième lieu, les « preuves »; en quatrième
lieu, les « présomptions ». Il y a aussi, je crois, la
« confirmation » et la « confirmation de la confirmation »,
au dire du moins de cet homme de Byzance qui est un
prestigieux artiste de la parole. - (PHÈDRE) : C'est de
l'admirable Théodore que tu veux parler?
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