HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon

βέλτιον



Texte grec :

[3] III. (Φαίδων)
Ἐγώ σοι ἐξ ἀρχῆς πάντα πειράσομαι διηγήσασθαι. (59d) Ἀεὶ γὰρ δὴ καὶ
τὰς πρόσθεν ἡμέρας εἰώθεμεν φοιτᾶν καὶ ἐγὼ καὶ οἱ ἄλλοι παρὰ τὸν
Σωκράτη, συλλεγόμενοι ἕωθεν εἰς τὸ δικαστήριον ἐν ᾧ καὶ ἡ δίκη ἐγένετο·
πλησίον γὰρ ἦν τοῦ δεσμωτηρίου. περιεμένομεν οὖν ἑκάστοτε ἕως ἀνοιχθείη
τὸ δεσμωτήριον, διατρίβοντες μετ᾽ ἀλλήλων, ἀνεῴγετο γὰρ οὐ πρῴ· ἐπειδὴ
δὲ ἀνοιχθείη, εἰσῇμεν παρὰ τὸν Σωκράτη καὶ τὰ πολλὰ διημερεύομεν μετ᾽
αὐτοῦ. καὶ δὴ καὶ τότε πρῳαίτερον συνελέγημεν· τῇ γὰρ προτεραίᾳ (ἡμέρᾳ)
(59e) ἐπειδὴ ἐξήλθομεν ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου ἑσπέρας, ἐπυθόμεθα ὅτι τὸ
πλοῖον ἐκ Δήλου ἀφιγμένον εἴη. Παρηγγείλαμεν οὖν ἀλλήλοις ἥκειν ὡς
πρῳαίτατα εἰς τὸ εἰωθός. Καὶ ἥκομεν καὶ ἡμῖν ἐξελθὼν ὁ θυρωρός, ὅσπερ
εἰώθει ὑπακούειν, εἶπεν περιμένειν καὶ μὴ πρότερον παριέναι ἕως ἂν αὐτὸς
κελεύσῃ· « Λύουσι γάρ », ἔφη, « οἱ ἕνδεκα Σωκράτη καὶ παραγγέλλουσιν
ὅπως ἂν τῇδε τῇ ἡμέρᾳ τελευτᾷ ». Οὐ πολὺν δ᾽ οὖν χρόνον ἐπισχὼν ἧκεν καὶ
ἐκέλευεν ἡμᾶς εἰσιέναι. εἰσιόντες οὖν (60a) κατελαμβάνομεν τὸν μὲν
Σωκράτη ἄρτι λελυμένον, τὴν δὲ Ξανθίππην - γιγνώσκεις γάρ - ἔχουσάν τε
τὸ παιδίον αὐτοῦ καὶ παρακαθημένην. Ὡς οὖν εἶδεν ἡμᾶς ἡ Ξανθίππη,
ἀνηυφήμησέ τε καὶ τοιαῦτ᾽ ἄττα εἶπεν, οἷα δὴ εἰώθασιν αἱ γυναῖκες, ὅτι « Ὦ
Σώκρατες, ὕστατον δή σε προσεροῦσι νῦν οἱ ἐπιτήδειοι καὶ σὺ τούτους ». Καὶ
ὁ Σωκράτης βλέψας εἰς τὸν Κρίτωνα, « Ὦ Κρίτων », ἔφη, « ἀπαγέτω τις αὐτὴν
οἴκαδε ».
Καὶ ἐκείνην μὲν ἀπῆγόν τινες τῶν τοῦ Κρίτωνος βοῶσάν (60b) τε καὶ
κοπτομένην· ὁ δὲ Σωκράτης ἀνακαθιζόμενος εἰς τὴν κλίνην συνέκαμψέ τε
τὸ σκέλος καὶ ἐξέτριψε τῇ χειρί, καὶ τρίβων ἅμα, « Ὡς ἄτοπον, ἔφη, ὦ ἄνδρες,
ἔοικέ τι εἶναι τοῦτο ὃ καλοῦσιν οἱ ἄνθρωποι ἡδύ· ὡς θαυμασίως πέφυκε πρὸς
τὸ δοκοῦν ἐναντίον εἶναι, τὸ λυπηρόν, τὸ ἅμα μὲν αὐτὼ μὴ ᾽θέλειν
παραγίγνεσθαι τῷ ἀνθρώπῳ, ἐὰν δέ τις διώκῃ τὸ ἕτερον καὶ λαμβάνῃ,
σχεδόν τι ἀναγκάζεσθαι ἀεὶ λαμβάνειν καὶ τὸ ἕτερον, ὥσπερ ἐκ μιᾶς
κορυφῆς ἡμμένω (60c) δύ᾽ ὄντε. Καί μοι δοκεῖ, ἔφη, εἰ ἐνενόησεν αὐτὰ
Αἴσωπος, μῦθον ἂν συνθεῖναι ὡς ὁ θεὸς βουλόμενος αὐτὰ διαλλάξαι
πολεμοῦντα, ἐπειδὴ οὐκ ἐδύνατο, συνῆψεν εἰς ταὐτὸν αὐτοῖς τὰς κορυφάς,
καὶ διὰ ταῦτα ᾧ ἂν τὸ ἕτερον παραγένηται ἐπακολουθεῖ ὕστερον καὶ τὸ
ἕτερον. Ὥσπερ οὖν καὶ αὐτῷ μοι ἔοικεν· ἐπειδὴ ὑπὸ τοῦ δεσμοῦ ἦν ἐν τῷ
σκέλει τὸ ἀλγεινόν, ἥκειν δὴ φαίνεται ἐπακολουθοῦν τὸ ἡδύ. »

Traduction française :

[3] III. PHÉDON
- Je vais prendre les choses dès le début et tâcher de t'en faire un récit fidèle.
Même avant ce jour-là, nous ne manquions jamais, moi et les autres, d'aller voir
Socrate. Nous nous rassemblions le matin au tribunal où avait eu lieu le procès, car il
était près de la prison. Nous attendions chaque matin qu'on ouvrît la prison, en
conversant entre nous ; car on ne l'ouvrait pas de bonne heure. Quand elle s'ouvrait,
nous entrions chez Socrate et nous passions généralement tout le jour avec lui. Or, ce
jour-là, nous nous réunîmes de plus grand matin, car la veille, au soir, en sortant de la
prison, nous avions appris que le vaisseau était arrivé de Délos Aussi nous nous étions
donné le mot pour nous trouver d'aussi bon matin que possible à notre rendez-vous.
Nous étions là, lorsque le portier qui avait l'habitude de répondre à notre appel sortit
pour nous dire d'attendre et de ne pas entrer qu'il ne nous eût appelés lui-même ; « car
les Onze, dit-il, font ôter ses fers à Socrate et donnent des ordres pour qu'il meure
aujourd'hui. » Il ne resta d'ailleurs pas longtemps sans revenir et il nous dit d'entrer.
En entrant, nous trouvâmes Socrate qu'on venait de délier et Xanthippe, que tu connais,
assise à côté de lui, avec leur jeune enfant dans les bras. Dès qu'elle nous aperçut,
Xanthippe se mit à pousser des cris et à proférer des plaintes, comme les femmes ont
coutume d'en faire. « Ah ! Socrate, dit-elle, c'est aujourd'hui la dernière fois que tes
amis te parleront et que tu leur parleras. » Alors Socrate, tournant les yeux vers Criton :
« Criton, dit-il, qu'on l'emmène à la maison. » Et des gens de Criton l'emmenèrent
poussant des cris et se frappant la poitrine.
Quant à Socrate, il se mit sur son séant dans son lit, puis, repliant sa jambe, il se la frotta
avec sa main et, tout en frottant, nous dit : « Quelle chose étrange, mes amis, paraît être
ce qu'on appelle le plaisir ! et quel singulier rapport il a naturellement avec ce qui passe
pour être son contraire, la douleur ! Ils refusent de se rencontrer ensemble chez
l'homme ; mais qu'on poursuive l'un et qu'on l'attrape, on est presque toujours
contraint d'attraper l'autre aussi, comme si, en dépit de leur dualité, ils étaient attachés
à une seule tête. Je crois, poursuivit-il, que si Ésope avait remarqué cela, il en aurait
composé une fable, où il aurait dit que Dieu, voulant réconcilier ces deux ennemis et n'y
pouvant réussir, leur attacha la tête au même point, et que c'est la raison pour laquelle,
là où l'un se présente, l'autre y vient à sa suite. C'est, je crois, ce qui m'arrive à moi
aussi, puisqu'après la douleur que la chaîne me causait à la jambe, je sens venir le
plaisir qui la suit. »





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Dernière mise à jour : 9/06/2005