Texte grec :
[43] XLIII - Τί δέ; ἦ δ᾽ ὅς· τῶν ἐν ἀνθρώπῳ πάντων ἔσθ᾽ ὅτι ἄλλο λέγεις ἄρχειν ἢ
ψυχὴν ἄλλως τε καὶ φρόνιμον;
- Οὐκ ἔγωγε.
- Πότερον συγχωροῦσαν τοῖς κατὰ τὸ σῶμα πάθεσιν ἢ καὶ ἐναντιουμένην;
Λέγω δὲ τὸ τοιόνδε, οἷον καύματος ἐνόντος καὶ δίψους ἐπὶ τοὐναντίον
ἕλκειν, τὸ μὴ πίνειν, καὶ πείνης ἐνούσης ἐπὶ τὸ μὴ ἐσθίειν, καὶ ἄλλα μυρία
που ὁρῶμεν (94c) ἐναντιουμένην τὴν ψυχὴν τοῖς κατὰ τὸ σῶμα· ἢ οὔ;
- Πάνυ μὲν οὖν.
- Οὐκοῦν αὖ ὡμολογήσαμεν ἐν τοῖς πρόσθεν μήποτ᾽ ἂν αὐτήν, ἁρμονίαν γε
οὖσαν, ἐναντία ᾄδειν οἷς ἐπιτείνοιτο καὶ χαλῷτο καὶ ψάλλοιτο καὶ ἄλλο
ὁτιοῦν πάθος πάσχοι ἐκεῖνα ἐξ ὧν τυγχάνοι οὖσα, ἀλλ᾽ ἕπεσθαι ἐκείνοις καὶ
οὔποτ᾽ ἂν ἡγεμονεύειν;
- Ὡμολογήσαμεν, ἔφη· πῶς γὰρ οὔ;
- Τί οὖν; Νῦν οὐ πᾶν τοὐναντίον ἡμῖν φαίνεται ἐργαζομένη, ἡγεμονεύουσά τε
ἐκείνων πάντων ἐξ ὧν φησί τις αὐτὴν (94d) εἶναι, καὶ ἐναντιουμένη ὀλίγου
πάντα διὰ παντὸς τοῦ βίου καὶ δεσπόζουσα πάντας τρόπους, τὰ μὲν
χαλεπώτερον κολάζουσα καὶ μετ᾽ ἀλγηδόνων, τά τε κατὰ τὴν γυμναστικὴν
καὶ τὴν ἰατρικήν, τὰ δὲ πρᾳότερον, καὶ τὰ μὲν ἀπειλοῦσα, τὰ δὲ νουθετοῦσα,
ταῖς ἐπιθυμίαις καὶ ὀργαῖς καὶ φόβοις ὡς ἄλλη οὖσα ἄλλῳ πράγματι
διαλεγομένη; Οἷόν που καὶ Ὅμηρος ἐν Ὀδυσσείᾳ πεποίηκεν, οὗ λέγει τὸν Ὀδυσσέα·
στῆθος δὲ πλήξας κραδίην ἠνίπαπε μύθῳ·
(94e)
τέτλαθι δή, κραδίη· καὶ κύντερον ἄλλο ποτ᾽ ἔτλης.
ἆρ᾽ οἴει αὐτὸν ταῦτα ποιῆσαι διανοούμενον ὡς ἁρμονίας αὐτῆς οὔσης καὶ
οἵας ἄγεσθαι ὑπὸ τῶν τοῦ σώματος παθημάτων, ἀλλ᾽ οὐχ οἵας ἄγειν τε
ταῦτα καὶ δεσπόζειν, καὶ οὔσης αὐτῆς πολὺ θειοτέρου τινὸς πράγματος ἢ
καθ᾽ ἁρμονίαν;
- Νὴ Δία, ὦ Σώκρατες, ἔμοιγε δοκεῖ.
- Οὐκ ἄρα, ὦ ἄριστε, ἡμῖν οὐδαμῇ καλῶς ἔχει ψυχὴν (95a) ἁρμονίαν τινὰ
φάναι εἶναι· οὔτε γὰρ ἄν, ὡς ἔοικεν, Ὁμήρῳ θείῳ ποιητῇ ὁμολογοῖμεν οὔτε
αὐτοὶ ἡμῖν αὐτοῖς.
- Ἔχει οὕτως, ἔφη.
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Traduction française :
[43] XLIII. - Autre chose, reprit Socrate. De toutes les parties de l'homme, en connais-tu
quelque autre qui commande, en dehors de l'âme, surtout quand elle est sage ?
- Moi, non.
- Crois-tu qu'elle cède aux affections du corps ou qu'elle leur résiste ? Voici ce que je
veux dire : si, par exemple, le corps a chaud et soif, elle le tire en arrière, pour qu'il ne
boive pas ; s'il a faim, pour qu'il ne mange pas, et dans mille autres circonstances nous
voyons l'âme s'opposer aux passions du corps. N'est-ce pas vrai ?
- Tout à fait vrai.
- D'un autre côté, ne sommes-nous pas tombés d'accord précédemment que l'âme, si
elle' était une harmonie, ne saurait être en dissonance avec les tensions, les
relâchements, les vibrations et autres états des éléments qui la composent, mais qu'elle
les suivrait et ne saurait jamais les commander ?
- Nous en sommes tombés d'accord, dit-il ; comment faire autrement ?
- Eh bien, ne voyons-nous pas à présent qu'elle fait tout le contraire, qu'elle dirige tous
ces éléments dont on prétend qu'elle est formée, qu'elle les contrarie presque en tout
pendant toute la vie et qu'elle les maîtrise de toutes façons, infligeant aux uns des
châtiments plus pénibles et plus douloureux, ceux de la gymnastique et de la médecine,
aux autres des traitements plus doux, menaçant ceux-ci, admonestant ceux-là, et parlant
aux passions, aux colères, aux craintes, comme si, différente d'elles, elle parlait à des
êtres différents ? C'est ainsi qu'Homère a représenté la chose dans l'Odyssée, où il dit
qu'Ulysse, Se frappant la poitrine, gourmanda son coeur en ces termes :
« Supporte-le, mon coeur ; tu as déjà supporté des choses plus révoltantes. »
Crois-tu qu'en composant ces vers, il pensât que l'âme était une harmonie, faite pour se
laisser conduire par les affections du corps ? Ne pensait-il pas plutôt qu'elle était faite
pour les conduire et les maîtriser, et qu'elle était elle-même une chose beaucoup trop
divine pour être une harmonie ?
- Par Zeus, Socrate, c'est bien mon avis.
- Ainsi donc, mon excellent ami, il ne nous sied en aucune manière de dire que l'âme
est une espèce d'harmonie ; car nous ne serions d'accord, tu le vois, ni avec Homère, ce
poète divin, ni avec nous-mêmes.
- C'est vrai, dit-il.
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