Texte grec :
[244] τόν τε πρὸς τοὺς Ἐλευσῖνι (244a) πόλεμον ὡς μετρίως ἔθεντο· καὶ τούτων
ἁπάντων οὐδὲν ἄλλ' αἴτιον ἢ ἡ τῷ ὄντι συγγένεια, φιλίαν βέβαιον καὶ
ὁμόφυλον οὐ λόγῳ ἀλλ' ἔργῳ παρεχομένη. Χρὴ δὲ καὶ τῶν ἐν τούτῳ τῷ πολέμῳ
τελευτησάντων ὑπ' ἀλλήλων μνείαν ἔχειν καὶ διαλλάττειν αὐτοὺς ᾧ δυνάμεθα,
εὐχαῖς καὶ θυσίαις, ἐν τοῖς τοιοῖσδε, τοῖς κρατοῦσιν αὐτῶν εὐχομένους,
ἐπειδὴ καὶ ἡμεῖς διηλλάγμεθα. Οὐ γὰρ κακίᾳ ἀλλήλων ἥψαντο οὐδ' ἔχθρᾳ
(244b) ἀλλὰ δυστυχίᾳ. Μάρτυρες δὲ ἡμεῖς αὐτοί ἐσμεν τούτων οἱ ζῶντες· οἱ
αὐτοὶ γὰρ ὄντες ἐκείνοις γένει συγγνώμην ἀλλήλοις ἔχομεν ὧν τ' ἐποιήσαμεν
ὧν τ' ἐπάθομεν. Μετὰ δὲ τοῦτο παντελῶς εἰρήνης ἡμῖν γενομένης, ἡσυχίαν
ἦγεν ἡ πόλις, τοῖς μὲν βαρβάροις συγγιγνώσκουσα, ὅτι παθόντες ὑπ' αὐτῆς
κακῶς (ἱκανῶς) οὐκ ἐνδεῶς ἠμύναντο, τοῖς δὲ Ἕλλησιν ἀγανακτοῦσα, μεμνημένη
ὡς εὖ παθόντες ὑπ' αὐτῆς οἵαν (244c) χάριν ἀπέδοσαν, κοινωσάμενοι τοῖς
βαρβάροις, τάς τε ναῦς περιελόμενοι αἵ ποτ' ἐκείνους ἔσωσαν, καὶ τείχη
καθελόντες ἀνθ' ὧν ἡμεῖς τἀκείνων ἐκωλύσαμεν πεσεῖν· διανοουμένη δὲ ἡ
πόλις μὴ ἂν ἔτι ἀμῦναι μήτε Ἕλλησι πρὸς ἀλλήλων δουλουμένοις μήτε ὑπὸ
βαρβάρων, οὕτως ᾤκει. Ἡμῶν οὖν ἐν τοιαύτῃ διανοίᾳ ὄντων ἡγησάμενοι
Λακεδαιμόνιοι τοὺς μὲν τῆς ἐλευθερίας ἐπικούρους πεπτωκέναι ἡμᾶς, σφέτερον
δὲ ἤδη (244d) ἔργον εἶναι καταδουλοῦσθαι τοὺς ἄλλους, ταῦτ' ἔπραττον. Καὶ
μηκύνειν μὲν τί δεῖ; Οὐ γὰρ πάλαι οὐδὲ παλαιῶν ἀνθρώπων γεγονότα λέγοιμ'
ἂν τὰ μετὰ ταῦτα· αὐτοὶ γὰρ ἴσμεν ὡς ἐκπεπληγμένοι ἀφίκοντο εἰς χρείαν τῆς
πόλεως τῶν τε Ἑλλήνων οἱ πρῶτοι, Ἀργεῖοι καὶ Βοιωτοὶ καὶ Κορίνθιοι, καὶ τό
γε θειότατον πάντων, τὸ καὶ βασιλέα εἰς τοῦτο ἀπορίας ἀφικέσθαι, ὥστε
περιστῆναι αὐτῷ μηδαμόθεν ἄλλοθεν τὴν σωτηρίαν γενέσθαι ἀλλ' ἢ ἐκ ταύτης
τῆς πόλεως, ἣν προθύμως (244e) ἀπώλλυ. Καὶ δὴ καὶ εἴ τις βούλοιτο τῆς
πόλεως κατηγορῆσαι δικαίως, τοῦτ' ἂν μόνον λέγων ὀρθῶς ἂν κατηγοροῖ, ὡς
ἀεὶ λίαν φιλοικτίρμων ἐστὶ καὶ τοῦ ἥττονος θεραπίς. Καὶ δὴ καὶ ἐν τῷ τότε
χρόνῳ οὐχ οἵα τε ἐγένετο καρτερῆσαι οὐδὲ διαφυλάξαι ἃ ἐδέδοκτο αὐτῇ,
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Traduction française :
[244] Et avec quelle modération on cessa les hostilités contre ceux d'Éleusis! (244a)
Ne cherchons point d'autre cause de tous ces évènements que la communauté
d'origine, qui produit une amitié durable et fraternelle, fondée sur des
faits et non sur des mots. Il est donc juste de rappeler aussi la mémoire
de ceux qui périrent dans cette guerre les uns par les autres, et, puisque
nous sommes réconciliés nous-mêmes, de les réconcilier aussi, autant qu'il
est en nous, dans ces solennités, par des prières et des sacrifices, en
adressant nos vux à ceux qui les gouvernent maintenant; car ce ne fut ni
la méchanceté, (244b) ni la haine, qui les mirent aux prises, ce fut une
fatalité malheureuse ; nous en sommes la preuve nous qui vivons encore.
Issus du même sang qu'eux, nous nous pardonnons réciproquement et ce que
nous avons fait et ce que nous avons souffert.
La paix étant rétablie de tous côtés, Athènes, parfaitement tranquille,
pardonna aux barbares, qui n'avaient fait que saisir avec empressement
l'occasion de se venger des maux qu'elle leur avait causés ; mais elle
était profondément indignée contre les Grecs. Elle se rappelait de quelle
ingratitude ils avaient payé (244c) ses bienfaits; qu'ils s'étaient unis
aux barbares, avaient détruit les vaisseaux qui naguère les avaient
sauvés, et renversé nos murs, quand nous avions empêché la chute des
leurs. Elle résolut donc de ne plus s'employer à défendre la liberté des
Grecs, ni contre d'antres Grecs, ni contre les barbares, et elle accomplit
sa résolution. Pendant que nous étions dans cette disposition, les
Lacédémoniens, regardant les Athéniens, ces défenseurs de la liberté,
comme abattus, (244d) crurent que rien ne les empêchait plus de donner des
fers au reste de la Grèce. Mais pourquoi raconter au long les événements
qui suivirent? ils ne sont pas si éloignés, et n'appartiennent pas à une
autre génération. Nous-mêmes nous avons vu les premières nations de la
Grèce, les Argiens, les Béotiens et les Corinthiens venir, tout
épouvantées, implorer le secours de la république; et, ce qui est le plus
merveilleux, nous avons vu le grand roi réduit à cet excès de détresse,
de ne pouvoir espérer son salut que de cette ville même, à la destruction
de laquelle (244e) il avait tant travaillé. Et certes, le seul reproche
mérité qu'on pourrait faire à cette ville serait d'avoir été toujours trop
compatissante et trop portée à secourir le plus faible. Alors encore elle
ne sut pas résister, et persévérer dans sa résolution
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