Texte grec :
[239] ἡμεῖς δὲ καὶ οἱ ἡμέτεροι, (239a) μιᾶς μητρὸς πάντες ἀδελφοὶ φύντες,
οὐκ ἀξιοῦμεν δοῦλοι οὐδὲ δεσπόται ἀλλήλων εἶναι,
ἀλλ' ἡ ἰσογονία ἡμᾶς ἡ κατὰ φύσιν ἰσονομίαν ἀναγκάζει ζητεῖν κατὰ
νόμον, καὶ μηδενὶ ἄλλῳ ὑπείκειν ἀλλήλοις ἢ ἀρετῆς δόξῃ καὶ φρονήσεως.
Ὅθεν δὴ ἐν πάσῃ ἐλευθερίᾳ τεθραμμένοι οἱ τῶνδέ γε πατέρες καὶ οἱ ἡμέτεροι
καὶ αὐτοὶ οὗτοι, καὶ καλῶς φύντες, πολλὰ δὴ καὶ καλὰ ἔργα ἀπεφήναντο εἰς
πάντας ἀνθρώπους (239b) καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, οἰόμενοι δεῖν ὑπὲρ τῆς
ἐλευθερίας καὶ Ἕλλησιν ὑπὲρ Ἑλλήνων μάχεσθαι καὶ βαρβάροις ὑπὲρ ἁπάντων
τῶν Ἑλλήνων. Εὐμόλπου μὲν οὖν καὶ Ἀμαζόνων ἐπιστρατευσάντων ἐπὶ τὴν χώραν
καὶ τῶν ἔτι προτέρων ὡς ἠμύναντο, καὶ ὡς ἤμυναν Ἀργείοις πρὸς Καδμείους
καὶ Ἡρακλείδαις πρὸς Ἀργείους, ὅ τε χρόνος βραχὺς ἀξίως διηγήσασθαι,
ποιηταί τε αὐτῶν ἤδη καλῶς τὴν ἀρετὴν ἐν μουσικῇ ὑμνήσαντες εἰς πάντας
μεμηνύκασιν· ἐὰν οὖν ἡμεῖς (239c) ἐπιχειρῶμεν τὰ αὐτὰ λόγῳ ψιλῷ κοσμεῖν,
τάχ' ἂν δεύτεροι φαινοίμεθα. Ταῦτα μὲν οὖν διὰ ταῦτα δοκεῖ μοι ἐᾶν, ἐπειδὴ
καὶ ἔχει τὴν ἀξίαν· ὧν δὲ οὔτε ποιητής πω δόξαν ἀξίαν ἐπ' ἀξίοις λαβὼν
ἔχει ἔτι τέ ἐστιν ἐν ἀμνηστίᾳ, τούτων πέρι μοι δοκεῖ χρῆναι ἐπιμνησθῆναι
ἐπαινοῦντά τε καὶ προμνώμενον ἄλλοις ἐς ᾠδάς τε καὶ τὴν ἄλλην ποίησιν αὐτὰ
θεῖναι πρεπόντως τῶν πραξάντων. Ἔστιν δὲ τούτων ὧν λέγω (239d) πρῶτα·
Πέρσας ἡγουμένους τῆς Ἀσίας καὶ δουλουμένους τὴν Εὐρώπην ἔσχον οἱ τῆσδε
τῆς χώρας ἔκγονοι, γονῆς δὲ ἡμέτεροι, ὧν καὶ δίκαιον καὶ χρὴ πρῶτον
μεμνημένους ἐπαινέσαι αὐτῶν τὴν ἀρετήν. Δεῖ δὴ αὐτὴν ἰδεῖν, εἰ μέλλει τις
καλῶς ἐπαινεῖν, ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ γενόμενον λόγῳ, ὅτε πᾶσα μὲν ἡ Ἀσία
ἐδούλευε τρίτῳ ἤδη βασιλεῖ, ὧν ὁ μὲν πρῶτος Κῦρος ἐλευθερώσας Πέρσας τοὺς
αὑτοῦ πολίτας τῷ αὑτοῦ φρονήματι (239e) ἅμα καὶ τοὺς δεσπότας Μήδους
ἐδουλώσατο καὶ τῆς ἄλλης Ἀσίας μέχρι Αἰγύπτου ἦρξεν, ὁ δὲ ὑὸς Αἰγύπτου τε
καὶ Λιβύης ὅσον οἷόν τ' ἦν ἐπιβαίνειν, τρίτος δὲ Δαρεῖος πεζῇ μὲν μέχρι
Σκυθῶν τὴν ἀρχὴν ὡρίσατο,
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Traduction française :
[239] Pour nous et les nôtres, (239a) qui sommes frères, et nés d'une mère
commune, nous ne croyons pas être ou les esclaves ou les maîtres les uns des autres.
L'égalité d'origine entraîne naturellement celle de la loi, et nous porte à ne
reconnaître entre nous d'autre supériorité que celle de la vertu et des lumières.
Voilà pourquoi les ancêtres de ces guerriers et les nôtres, et ces
guerriers eux-mêmes, nés si heureusement, et élevés au sein de la liberté,
ont fait tant de belles actions publiques et particulières, dans le seul
but (239b) de servir l'humanité. Ils croyaient devoir combattre contre les
Grecs eux-mêmes pour la liberté d'une partie de la Grèce, et contre les
barbares pour celle de la Grèce entière. Le temps me manque pour raconter
dignement comment ils repoussèrent Eumolpe et les Amazones, débordés sur
nos terres, et les invasions plus anciennes ; comment ils secoururent
les Argiens contre les sujets de Cadmus, et les Héraclides contre les
Argiens. Les chants des poètes ont répandu sur toute la terre la gloire de
ces exploits ; et si nous (239c) entreprenions de les célébrer dans le
langage ordinaire, nous ne ferions vraisemblablement que mettre en
évidence notre infériorité. Ainsi je ne m'arrêterai point à ces actions,
qui ont leur récompense ; mais il en est d'autres qui n'ont rapporté à
aucun poète une gloire égale à celle du sujet, et qui sont encore dans
l'oubli; ce sont celles-là que je crois devoir rappeler : je viens les
célébrer moi-même, et j'invite les poètes à les chanter, dans leurs odes
et leurs autres compositions, d'une manière digne de ceux qui les ont
accomplies. Voici le premier (239d) de ces exploits.
Quand les Perses, maîtres de l'Asie, marchaient à l'asservissement de
l'Europe, nos pères, les enfants de cette terre, les repoussèrent. Il est
juste, il est de notre devoir de les rappeler les premiers, et de louer
d'abord la valeur de ces héros. Mais, pour bien apprécier cette valeur,
transportons-nous par la pensée à l'époque où toute l'Asie obéissait déjà
à son troisième monarque. Le premier, Cyrus, après avoir affranchi par son
génie (239e) les Perses, ses compatriotes, subjugua encore leurs maîtres,
les Mèdes, et régna sur le reste de l'Asie jusqu'à l'Égypte. Son fils
soumit l'Égypte et toutes les parties de l'Afrique dans lesquelles il put
pénétrer. Darius, le troisième, étendit les limites de son empire jusqu'à
la Scythie, par les conquêtes de son armée de terre,
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