Texte grec :
[209] ἀλλὰ πάντες (209a) αὐτῶν μᾶλλον ἄρχουσιν ἢ σύ,
οὔτε τοῦ σώματος οὕτω γενναίου ὄντος, ἀλλὰ
καὶ τοῦτο ἄλλος ποιμαίνει καὶ θεραπεύει: σὺ δὲ ἄρχεις οὐδενός,
ὦ Λύσι, οὐδὲ ποιεῖς οὐδὲν ὧν ἐπιθυμεῖς.
94. οὐ γάρ πω, ἔφη, ἡλικίαν ἔχω, ὦ Σώκρατες.
95. μὴ οὐ τοῦτό σε, ὦ παῖ Δημοκράτους, κωλύῃ, ἐπεὶ τό γε τοσόνδε,
ὡς ἐγᾦμαι, καὶ ὁ πατὴρ καὶ ἡ μήτηρ σοι ἐπιτρέπουσιν καὶ οὐκ
ἀναμένουσιν ἕως ἂν ἡλικίαν ἔχῃς. ὅταν γὰρ βούλωνται αὑτοῖς
τινα ἀναγνωσθῆναι ἢ γραφῆναι, σέ, ὡς ἐγᾦμαι, (209b) πρῶτον
τῶν ἐν τῇ οἰκίᾳ ἐπὶ τοῦτο τάττουσιν. ἦ γάρ;
96. πάνυ γ', ἔφη.
97. οὐκοῦν ἔξεστί σοι ἐνταῦθ' ὅτι ἂν βούλῃ πρῶτον τῶν γραμμάτων
γράφειν καὶ ὅτι ἂν δεύτερον: καὶ ἀναγιγνώσκειν ὡσαύτως
ἔξεστιν. καὶ ἐπειδάν, ὡς ἐγᾦμαι, τὴν λύραν λάβῃς, οὐ
διακωλύουσί σε οὔτε ὁ πατὴρ οὔτε ἡ μήτηρ ἐπιτεῖναί τε καὶ
ἀνεῖναι ἣν ἂν βούλῃ τῶν χορδῶν, καὶ ψῆλαι καὶ κρούειν τῷ
πλήκτρῳ. ἢ διακωλύουσιν;
98. οὐ δῆτα.
99. τί ποτ' ἂν οὖν εἴη, ὦ Λύσι, τὸ αἴτιον ὅτι ἐνταῦθα (209c) μὲν οὐ
διακωλύουσιν, ἐν οἷς δὲ ἄρτι ἐλέγομεν κωλύουσι;
100. ὅτι οἶμαι, ἔφη, ταῦτα μὲν ἐπίσταμαι, ἐκεῖνα δ' οὔ.
101. εἶεν, ἦν δ' ἐγώ, ὦ ἄριστε: οὐκ ἄρα τὴν ἡλικίαν σου
περιμένει ὁ πατὴρ ἐπιτρέπειν πάντα, ἀλλ' ᾗ ἂν ἡμέρᾳ ἡγήσηταί
σε βέλτιον αὑτοῦ φρονεῖν, ταύτῃ ἐπιτρέψει σοι καὶ αὑτὸν καὶ τὰ
αὑτοῦ.
102. οἶμαι ἔγωγε, ἔφη.
103. εἶεν, ἦν δ' ἐγώ: τί δέ; τῷ γείτονι ἆρ' οὐχ ὁ αὐτὸς ὅρος ὅσπερ
τῷ πατρὶ περὶ σοῦ; (209d) πότερον οἴει αὐτὸν ἐπιτρέψειν σοι τὴν
αὑτοῦ οἰκίαν οἰκονομεῖν, ὅταν σε ἡγήσηται βέλτιον περὶ
οἰκονομίας ἑαυτοῦ φρονεῖν, ἢ αὐτὸν ἐπιστατήσειν;
104. ἐμοὶ ἐπιτρέψειν οἶμαι.
105. τί δ'; Ἀθηναίους οἴει σοι οὐκ ἐπιτρέψειν τὰ αὑτῶν, ὅταν
αἰσθάνωνται ὅτι ἱκανῶς φρονεῖς;
106. ἔγωγε.
107. πρὸς Διός, ἦν δ' ἐγώ, τί ἄρα ὁ μέγας βασιλεύς; πότερον τῷ
πρεσβυτάτῳ ὑεῖ, οὗ ἡ τῆς Ἀσίας ἀρχὴ γίγνεται, μᾶλλον ἂν
ἐπιτρέψειεν ἑψομένων κρεῶν (ἐμβάλλειν) ὅτι ἂν βούληται
ἐμβαλεῖν (209e) εἰς τὸν ζωμόν, ἢ ἡμῖν, εἰ ἀφικόμενοι παρ'
ἐκεῖνον ἐνδειξαίμεθα αὐτῷ ὅτι ἡμεῖς κάλλιον φρονοῦμεν ἢ ὁ
ὑὸς αὐτοῦ περὶ ὄψου σκευασίας;
108. ἡμῖν δῆλον ὅτι, ἔφη.
109. καὶ τὸν μέν γε οὐδ' ἂν σμικρὸν ἐάσειεν ἐμβαλεῖν: ἡμᾶς δέ,
κἂν εἰ βουλοίμεθα δραξάμενοι τῶν ἁλῶν, ἐῴη ἂν ἐμβαλεῖν.
110. πῶς γὰρ οὔ;
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Traduction française :
[209] et que tout le monde a la haute main dessus plutôt que toi, et que tu as beau
être noble de ta personne, tu nen es pas moins soumis à la direction et aux soins
dun autre, tandis que toi, Lysis, tu ne commandes à personne et tu ne fais rien
de ce que tu désires.
Cest que, répondit-il, je nai pas encore lâge, Socrate.
Peut-être nest-ce pas cela qui ten empêche, fils de Démocrate, puisquil y
a, je crois, certaines choses que ton père et ta mère te laissent faire, sans
attendre que tu aies lâge. Ainsi, quand ils veulent se faire lire ou écrire
quelque chose, cest toi, je pense, plutôt que toute autre personne de la
maison, quils chargent de ce soin, nest-ce pas vrai ?
Si fait, répondit-il.
Ici tu peux, à ton gré, rédiger telle lettre la première, telle autre la
seconde, et tu as la même liberté pour les lire. Et quand tu prends ta lyre, ni
ton père ni ta mère, je pense, ne tempêchent de tendre ou de relâcher telle
corde que tu veux, ni de la pincer avec les doigts ou de la frapper avec le
plectre, nest-ce pas vrai ?
Si, assurément.
Quel peut bien être, Lysis, le motif pour lequel ils ne sopposent pas à ces
sortes de choses, et sopposent à celles dont je parlais tout à lheure ?
Cest, je crois, parce que je sais les unes, répondit-il, et que je ne sais
pas les autres.
A merveille, dis-je, excellent jeune homme. Ce nest donc pas lâge que ton
père attend pour te confier toutes ses affaires ? mais le jour où il te jugera
plus habile que lui, ce jour-là il te confiera et sa personne et sa fortune.
Je le crois, répondit-il.
Bien, dis-je. Mais dis-moi, ton voisin ne suivra-t-il pas à ton égard la même
règle que ton père ? Penses-tu quil te confiera sa maison à gouverner, quand il
te jugera plus habile que lui dans léconomie domestique, ou quil la dirigera
lui-même ?
Je pense quil me la confiera.
Et les Athéniens, penses-tu quils ne te confieront pas leurs affaires, quand
ils tauront reconnu la capacité convenable ?
Oui, je le pense.
Prenons, par Zeus, poursuivis-je, le cas du grand Roi. Est-ce à son fils aîné,
le futur maître de lAsie, quil confierait le soin dajouter ce quil voudrait
à la sauce des viandes que lon cuit pour sa table, ou à nous, si, nous rendant
à sa cour, nous lui faisions voir que nous sommes plus habiles que son fils dans
la préparation des ragoûts ?
A nous, évidemment, répondit-il.
Pour son fils, il ne lui laisserait pas mettre le moindre assaisonnement dans
les ragoûts ; mais nous, si nous voulions prendre le sel à poignées, il nous
laisserait le jeter dedans.
Sans doute.
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