Texte grec :
[220] ἀλλ' ἐπ' ἐκείνῳ οὗ ἕνεκα πάντα τὰ (220a) τοιαῦτα
παρασκευάζεται. οὐχ ὅτι πολλάκις λέγομεν ὡς περὶ πολλοῦ
ποιούμεθα χρυσίον καὶ ἀργύριον: ἀλλὰ μὴ οὐδέν τι μᾶλλον
οὕτω τό γε ἀληθὲς ἔχῃ, ἀλλ' ἐκεῖνό ἐστιν ὃ περὶ παντὸς
ποιούμεθα, ὃ ἂν φανῇ ὄν, ὅτου ἕνεκα καὶ χρυσίον καὶ πάντα τὰ
παρασκευαζόμενα παρασκευάζεται. ἆρ' οὕτως φήσομεν;
327. πάνυ γε.
328. οὐκοῦν καὶ περὶ τοῦ φίλου ὁ αὐτὸς λόγος; ὅσα γάρ φαμεν
φίλα εἶναι ἡμῖν ἕνεκα φίλου (220b) τινὸς ἑτέρου, ῥήματι
φαινόμεθα λέγοντες αὐτό: φίλον δὲ τῷ ὄντι κινδυνεύει ἐκεῖνο
αὐτὸ εἶναι, εἰς ὃ πᾶσαι αὗται αἱ λεγόμεναι φιλίαι τελευτῶσιν.
329. κινδυνεύει οὕτως, ἔφη, ἔχειν.
330. οὐκοῦν τό γε τῷ ὄντι φίλον οὐ φίλου τινὸς ἕνεκα φίλον ἐστίν;
331. ἀληθῆ.
CHAPITRE XVII.
332. τοῦτο μὲν δὴ ἀπήλλακται, μὴ φίλου τινὸς ἕνεκα τὸ φίλον
φίλον εἶναι: ἀλλ' ἆρα τὸ ἀγαθόν ἐστιν φίλον;
333. ἔμοιγε δοκεῖ.
334. ἆρ' οὖν διὰ τὸ κακὸν τὸ ἀγαθὸν φιλεῖται, (220c) καὶ ἔχει
ὧδε: εἰ τριῶν ὄντων ὧν νυνδὴ ἐλέγομεν, ἀγαθοῦ καὶ κακοῦ καὶ
μήτε ἀγαθοῦ μήτε κακοῦ, τὰ δύο λειφθείη, τὸ δὲ κακὸν ἐκποδὼν
ἀπέλθοι καὶ μηδενὸς ἐφάπτοιτο μήτε σώματος μήτε ψυχῆς μήτε
τῶν ἄλλων, ἃ δή φαμεν αὐτὰ καθ' αὑτὰ οὔτε κακὰ εἶναι οὔτε
ἀγαθά, ἆρα τότε οὐδὲν ἂν ἡμῖν χρήσιμον εἴη τὸ ἀγαθόν, ἀλλ'
ἄχρηστον ἂν γεγονὸς εἴη; εἰ γὰρ μηδὲν ἡμᾶς ἔτι βλάπτοι, οὐδὲν
ἂν οὐδεμιᾶς (220d) ὠφελίας δεοίμεθα, καὶ οὕτω δὴ ἂν τότε
γένοιτο κατάδηλον ὅτι διὰ τὸ κακὸν τἀγαθὸν ἠγαπῶμεν καὶ
ἐφιλοῦμεν, ὡς φάρμακον ὂν τοῦ κακοῦ τὸ ἀγαθόν, τὸ δὲ κακὸν
νόσημα: νοσήματος δὲ μὴ ὄντος οὐδὲν δεῖ φαρμάκου. ἆρ' οὕτω
πέφυκέ τε καὶ φιλεῖται τἀγαθὸν διὰ τὸ κακὸν ὑφ' ἡμῶν, τῶν
μεταξὺ ὄντων τοῦ κακοῦ τε καὶ τἀγαθοῦ, αὐτὸ δ' ἑαυτοῦ ἕνεκα
οὐδεμίαν χρείαν ἔχει;
335. ἔοικεν, ἦ δ' ὅς, οὕτως ἔχειν.
336. τὸ ἄρα φίλον ἡμῖν ἐκεῖνο, εἰς ὃ ἐτελεύτα πάντα τὰ ἄλλα
(220e) - ἕνεκα ἑτέρου φίλου φίλα ἔφαμεν εἶναι ἐκεῖνα - οὐδὲν
(δὲ) τούτοις ἔοικεν. ταῦτα μὲν γὰρ φίλου ἕνεκα φίλα κέκληται,
τὸ δὲ τῷ ὄντι φίλον πᾶν τοὐναντίον τούτου φαίνεται πεφυκός:
φίλον γὰρ ἡμῖν ἀνεφάνη ὂν ἐχθροῦ ἕνεκα, εἰ δὲ τὸ ἐχθρὸν
ἀπέλθοι, οὐκέτι, ὡς ἔοικ', ἔσθ' ἡμῖν φίλον.
337. οὔ μοι δοκεῖ, ἔφη, ὥς γε νῦν λέγεται.
338. πότερον, ἦν δ' ἐγώ, πρὸς Διός, ἐὰν τὸ κακὸν ἀπόληται,
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Traduction française :
[220] mais à celui en vue duquel on se procure tous les autres ?
Bien que nous disions souvent que nous faisons cas de lor et de
largent, nous nen disons pas moins une chose fausse ; en réalité, ce que nous
plaçons au-dessus de tout dans notre estime, cest ce qui nous apparaît comme la
fin en vue de laquelle nous recherchons lor et tous les biens que nous
poursuivons. Nest-ce pas ainsi quil faut parler ?
Si fait.
Le même raisonnement ne sapplique-t-il pas à lami ? Toutes les choses que
nous appelons amies et que nous aimons en vue dun autre objet damour, portent
un nom qui nest évidemment pas le leur ; ce qui est réellement ami semble bien
être ce principe même auquel se rapportent toutes ces amitiés prétendues.
Il pourrait bien en être ainsi, dit-il.
Donc ce qui est vraiment ami ne lest pas en vue dune chose aimée ?
Cest vrai.
CHAPITRE XVII. Cest donc une question réglée : ce nest pas en vue dune chose
aimée que lami est ami ? Cest le bien qui est aimé ?
Cest mon avis.
Nest-ce pas à cause du mal que le bien est aimé ? La question peut se poser
ainsi : si des trois genres dont nous parlions tout à lheure, le bon, le
mauvais et ce qui nest ni bon ni mauvais, il nen restait que deux, et que le
troisième, le mauvais, disparût et nattaquât plus ni le corps ni lâme, ni les
autres choses que nous disons nêtre en soi ni bonnes ni mauvaises, est-ce quen
ce cas le bien nous serait encore utile à quelque chose ? ne serait-il pas
devenu sans usage ? Si, en effet, rien ne pouvait plus nous nuire, nous
naurions plus besoin daucun secours. Nous verrions dès lors dans une entière
évidence que cest à cause du mal que nous recherchions et aimions le bien,
parce quil est le remède du mal et que le mal est une maladie ; mais si la
maladie nexiste plus, nous navons plus besoin de remède. Le bien est-il de
telle nature que nous laimions à cause du mal, nous qui tenons le milieu entre
le mal et le bien, et que par lui-même et relativement à lui-même il nest
daucune utilité ?
Il me semble, dit-il, quil en est ainsi.
Donc cet objet de notre amitié auquel nous rapportions tous les autres objets
que nous disions aimés en vue dautre chose, ne leur ressemble en rien. De
ceux-ci nous disons quils sont amis en vue dun ami ; mais lami véritable est
visiblement dune nature tout opposée ; car cest en vue dun ennemi, nous
lavons démontré, quil est ami ; mais, supposé que lennemi disparaisse, il
cessera de nous être ami, semble-t-il.
Je le crois, à tentendre parler ainsi.
Par Zeus, repris-je, à supposer que le mal soit détruit,
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