Texte grec :
[218] οὐ γὰρ ἔτι ἐστὶν (218a) οὔτε κακὸν οὔτε ἀγαθόν, ἀλλὰ
κακόν: φίλον δὲ ἀγαθῷ κακὸν οὐκ ἦν.
277. οὐ γὰρ οὖν.
278. διὰ ταῦτα δὴ φαῖμεν ἂν καὶ τοὺς ἤδη σοφοὺς μηκέτι
φιλοσοφεῖν, εἴτε θεοὶ εἴτε ἄνθρωποί εἰσιν οὗτοι: οὐδ' αὖ
ἐκείνους φιλοσοφεῖν τοὺς οὕτως ἄγνοιαν ἔχοντας ὥστε κακοὺς
εἶναι: κακὸν γὰρ καὶ ἀμαθῆ οὐδένα φιλοσοφεῖν. λείπονται δὴ οἱ
ἔχοντες μὲν τὸ κακὸν τοῦτο, τὴν ἄγνοιαν, μήπω δὲ ὑπ' αὐτοῦ
ὄντες ἀγνώμονες μηδὲ (218b) ἀμαθεῖς, ἀλλ' ἔτι ἡγούμενοι μὴ
εἰδέναι ἃ μὴ ἴσασιν. διὸ δὴ καὶ φιλοσοφοῦσιν οἱ οὔτε ἀγαθοὶ
οὔτε κακοί πω ὄντες, ὅσοι δὲ κακοὶ οὐ φιλοσοφοῦσιν, οὐδὲ οἱ
ἀγαθοί: οὔτε γὰρ τὸ ἐναντίον τοῦ ἐναντίου οὔτε τὸ ὅμοιον τοῦ
ὁμοίου φίλον ἡμῖν ἐφάνη ἐν τοῖς ἔμπροσθεν λόγοις. ἢ οὐ μέμνησθε;
279. πάνυ γε, ἐφάτην.
280. νῦν ἄρα, ἦν δ' ἐγώ, ὦ Λύσι τε καὶ Μενέξενε, παντὸς
μᾶλλον ἐξηυρήκαμεν ὃ ἔστιν τὸ φίλον καὶ οὔ. φαμὲν γὰρ αὐτό,
καὶ κατὰ τὴν ψυχὴν καὶ κατὰ τὸ (218c) σῶμα καὶ πανταχοῦ, τὸ
μήτε κακὸν μήτε ἀγαθὸν διὰ κακοῦ παρουσίαν τοῦ ἀγαθοῦ
φίλον εἶναι.
281. παντάπασιν ἐφάτην τε καὶ συνεχωρείτην οὕτω τοῦτ' ἔχειν.
CHAPITRE XV.
282. καὶ δὴ καὶ αὐτὸς ἐγὼ πάνυ ἔχαιρον, ὥσπερ θηρευτής τις,
ἔχων ἀγαπητῶς ὃ ἐθηρευόμην. κἄπειτ' οὐκ οἶδ' ὁπόθεν μοι
ἀτοπωτάτη τις ὑποψία εἰσῆλθεν ὡς οὐκ ἀληθῆ εἴη τὰ
ὡμολογημένα ἡμῖν, καὶ εὐθὺς ἀχθεσθεὶς εἶπον: βαβαῖ, ὦ Λύσι
τε καὶ Μενέξενε, κινδυνεύομεν ὄναρ πεπλουτηκέναι.
283. (218d) τί μάλιστα; ἔφη ὁ Μενέξενος.
284. φοβοῦμαι, ἦν δ' ἐγώ, μὴ ὥσπερ ἀνθρώποις ἀλαζόσιν
λόγοις τισὶν τοιούτοις (ψευδέσιν) ἐντετυχήκαμεν περὶ τοῦ φίλου.
285. πῶς δή; ἔφη.
286. ὧδε, ἦν δ' ἐγώ, σκοπῶμεν: φίλος ὃς ἂν εἴη, πότερόν ἐστίν
τῳ φίλος ἢ οὔ;
287. ἀνάγκη, ἔφη.
288. πότερον οὖν οὐδενὸς ἕνεκα καὶ δι' οὐδέν, ἢ ἕνεκά του καὶ διά τι;
289. ἕνεκά του καὶ διά τι.
290. πότερον φίλου ὄντος ἐκείνου τοῦ πράγματος, οὗ ἕνεκα
φίλος ὁ φίλος τῷ φίλῳ, ἢ οὔτε φίλου οὔτε ἐχθροῦ; (218e)
291. οὐ πάνυ, ἔφη, ἕπομαι.
292. εἰκότως γε, ἦν δ' ἐγώ: ἀλλ' ὧδε ἴσως ἀκολουθήσεις, οἶμαι
δὲ καὶ ἐγὼ μᾶλλον εἴσομαι ὅτι λέγω. ὁ κάμνων, νυνδὴ ἔφαμεν,
τοῦ ἰατροῦ φίλος: οὐχ οὕτως;
293. ναί.
294. οὐκοῦν διὰ νόσον ἕνεκα ὑγιείας τοῦ ἰατροῦ φίλος;
295. ναί.
296. ἡ δέ γε νόσος κακόν;
297. πῶς δ' οὔ;
298. τί δὲ ὑγίεια; ἦν δ' ἐγώ: ἀγαθὸν ἢ κακὸν ἢ οὐδέτερα;
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Traduction française :
[218] car il nest plus ni bon ni mauvais, il est mauvais, et le bon, nous lavons vu,
nest pas lami du mauvais.
Non, assurément. Pour la même raison nous pourrions dire que ceux qui sont
déjà savants, dieux ou hommes, naiment plus la science, et que ceux-là non plus
ne laiment pas qui sont ignorants au point den être mauvais ; car, quand on
est mauvais et ignorant, on naime pas la science. Restent donc ceux qui sont
affligés de ce mal, lignorance, mais quil na pas encore rendus inintelligents
et ignorants, et qui reconnaissent encore quils ne savent pas ce quils ne
savent pas. Voilà pourquoi ceux qui aiment la science sont ceux qui ne sont
encore ni bons ni mauvais ; ceux au contraire qui sont mauvais ne laiment pas,
ni les bons non plus ; car le contraire nest pas lami du contraire, ni le semblable
du semblable, nous lavons reconnu précédemment, vous le rappelez-vous ?
Parfaitement, dirent-ils tous deux.
Eh bien, maintenant, Lysis et Ménexène, nous avons fort bien trouvé qui est
ami et qui ne lest pas. Nous disons en effet, quil sagisse de lâme, ou du
corps, ou de toute autre chose, que ce qui nest ni bon ni mauvais devient lami
du bon à cause de la présence du mal. »
Ils acquiescèrent tous deux et convinrent que cétait bien cela.
CHAPITRE XV. Moi-même jétais alors tout joyeux, comme un chasseur qui tient
enfin, et non sans peine, le gibier quil poursuivait ; puis il me vint je ne sais doù le
plus étrange soupçon sur lexactitude de nos conclusions. Je mécriai aussitôt,
tout contristé : "Oh ! Lysis et Ménexène, nous pourrions bien navoir fait
quun beau rêve".
Et la raison ? dit Ménexène.
Je crains, répondis-je, que dans notre recherche de lami nous nayons
rencontré des charlatans, je veux dire des raisonnements trompeurs.
Comment cela ? dit-il.
Voici, dis-je. Quand on est ami, lest-on de quelque chose ou non ?
De quelque chose nécessairement, dit-il.
Lest-on en vue de rien et à cause de rien, ou en vue de quelque chose et à
cause de quelque chose ?
En vue de quelque chose et à cause de quelque chose.
Et cet objet en vue duquel lami aime son ami, lui est-il ami, ou nest-il ni
ami ni ennemi ?
Je ne te suis pas bien, dit-il.
Ce nest pas étonnant, dis-je ; mais peut-être me suivras-tu de cette façon,
et moi je crois que je saurai mieux ce que je dis. Le malade, nous le disions
tout à lheure, est ami du médecin, nest-ce pas ?
Oui.
Mais sil est ami du médecin, nest-ce pas à cause de la maladie, en vue de la
santé ?
Si.
Or, la maladie est un mal ?
Cest indéniable.
Et la santé, dis-je, est-elle un bien ou un mal, ou nest-elle ni lun ni lautre ?
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