Texte grec :
[216] τὸ γὰρ ὅμοιον τοῦ ὁμοίου (216a) οὐδὲν ἂν ἀπολαῦσαι.
καὶ μέντοι, ὦ ἑταῖρε, καὶ κομψὸς ἐδόκει εἶναι ταῦτα λέγων: εὖ γὰρ ἔλεγεν.
ὑμῖν δέ, ἦν δ' ἐγώ, πῶς δοκεῖ λέγειν;
219. εὖ γε, ἔφη ὁ Μενέξενος, ὥς γε οὑτωσὶ ἀκοῦσαι.
220. φῶμεν ἄρα τὸ ἐναντίον τῷ ἐναντίῳ μάλιστα φίλον εἶναι;
221. πάνυ γε.
222. εἶεν, ἦν δ' ἐγώ: οὐκ ἀλλόκοτον, ὦ Μενέξενε; καὶ ἡμῖν
εὐθὺς ἅσμενοι ἐπιπηδήσονται οὗτοι οἱ πάσσοφοι ἄνδρες, οἱ
ἀντιλογικοί, καὶ ἐρήσονται εἰ (216b) οὐκ ἐναντιώτατον ἔχθρα
φιλίᾳ; οἷς τί ἀποκρινούμεθα; ἢ οὐκ ἀνάγκη ὁμολογεῖν ὅτι ἀληθῆ
λέγουσιν;
223. ἀνάγκη.
224. ἆρ' οὖν, φήσουσιν, τὸ ἐχθρὸν τῷ φίλῳ φίλον ἢ τὸ φίλον τῷ
ἐχθρῷ;
225. οὐδέτερα, ἔφη.
226. ἀλλὰ τὸ δίκαιον τῷ ἀδίκῳ, ἢ τὸ σῶφρον τῷ ἀκολάστῳ, ἢ τὸ
ἀγαθὸν τῷ κακῷ;
227. οὐκ ἄν μοι δοκεῖ οὕτως ἔχειν.
228. ἀλλὰ μέντοι, ἦν δ' ἐγώ, εἴπερ γε κατὰ τὴν ἐναντιότητά τί
τῳ (φίλῳ) φίλον ἐστίν, ἀνάγκη καὶ ταῦτα φίλα εἶναι.
229. ἀνάγκη.
230. οὔτε ἄρα τὸ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ οὔτε τὸ ἐναντίον τῷ ἐναντίῳ φίλον.
231. οὐκ ἔοικεν.
CHAPITRE XIII.
232. (216c) ἔτι δὲ καὶ τόδε σκεψώμεθα, μὴ ἔτι μᾶλλον ἡμᾶς
λανθάνει τὸ φίλον ὡς ἀληθῶς οὐδὲν τούτων ὄν, ἀλλὰ τὸ μήτε
ἀγαθὸν μήτε κακὸν φίλον οὕτω ποτὲ γιγνόμενον τοῦ ἀγαθοῦ.
233. πῶς, ἦ δ' ὅς, λέγεις;
234. ἀλλὰ μὰ Δία, ἦν δ' ἐγώ, οὐκ οἶδα, ἀλλὰ τῷ ὄντι αὐτὸς
εἰλιγγιῶ ὑπὸ τῆς τοῦ λόγου ἀπορίας, καὶ κινδυνεύει κατὰ τὴν
ἀρχαίαν παροιμίαν τὸ καλὸν φίλον εἶναι. ἔοικε γοῦν μαλακῷ
τινι καὶ λείῳ καὶ λιπαρῷ: (216d) διὸ καὶ ἴσως ῥᾳδίως
διολισθαίνει καὶ διαδύεται ἡμᾶς, ἅτε τοιοῦτον ὄν. λέγω γὰρ
τἀγαθὸν καλὸν εἶναι: σὺ δ' οὐκ οἴει;
235. ἔγωγε.
236. λέγω τοίνυν ἀπομαντευόμενος, τοῦ καλοῦ τε καὶ ἀγαθοῦ
φίλον εἶναι τὸ μήτε ἀγαθὸν μήτε κακόν: πρὸς ἃ δὲ λέγων
μαντεύομαι, ἄκουσον. δοκεῖ μοι ὡσπερεὶ τρία ἄττα εἶναι γένη,
τὸ μὲν ἀγαθόν, τὸ δὲ κακόν, τὸ δ' οὔτ' ἀγαθὸν οὔτε κακόν: τί δὲ σοί;
237. καὶ ἐμοί, ἔφη.
238. καὶ οὔτε τἀγαθὸν τἀγαθῷ οὔτε τὸ κακὸν τῷ κακῷ οὔτε
τἀγαθὸν τῷ (216e) κακῷ φίλον εἶναι, ὥσπερ οὐδ' ὁ ἔμπροσθεν
λόγος ἐᾷ: λείπεται δή, εἴπερ τῴ τί ἐστιν φίλον, τὸ μήτε ἀγαθὸν
μήτε κακὸν φίλον εἶναι ἢ τοῦ ἀγαθοῦ ἢ τοῦ τοιούτου οἷον αὐτό
ἐστιν. οὐ γὰρ ἄν που τῷ κακῷ φίλον ἄν τι γένοιτο.
239. ἀληθῆ.
240. οὐδὲ μὴν τὸ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ ἔφαμεν ἄρτι: ἦ γάρ;
241. ναί.
242. οὐκ ἄρα ἔσται τῷ μήτε ἀγαθῷ μήτε κακῷ τὸ τοιοῦτον
φίλον οἷον αὐτό.
243. οὐ φαίνεται.
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Traduction française :
[216] et que le semblable ne saurait rien tirer du semblable. Et je puis tassurer, mon
ami, quil avait lair dun habile homme en disant cela, car il parlait à merveille.
Mais vous, dis-je, quen pensez-vous ?
Quil a raison, dit Ménexène, au moins à première vue.
Devons-nous admettre que le contraire est le plus grand ami du contraire ?
Oui.
Soit, dis-je ; mais nest-ce pas étrange, Ménexène, et nallons-nous pas être
assaillis sur-le-champ par ces sages par excellence, ces amateurs de
controverse, heureux de laubaine, qui vont nous demander si la haine nest pas
ce quil y a de plus contraire à lamitié ? Que leur répondre ? Nest-on pas
forcé de convenir quils disent la vérité ?
Nécessairement.
Est-ce que, disent-ils, ce qui aime est ami de ce qui hait, et ce qui hait de
ce qui aime ?
Ni lun ni lautre, dit-il.
Et le juste de linjuste, le tempérant de lintempérant, le bon du mauvais ?
Il ne semble pas quil en puisse être ainsi.
Et pourtant, repris-je, si cest la dissemblance qui crée lamitié entre deux
êtres, il faut aussi que ces contraires soient amis.
Il le faut.
Ainsi donc ni le semblable nest ami du semblable, ni le contraire du contraire.
Il ne semble pas.
CHAPITRE XIII. Cherchons autre chose. Ne faut-il pas plutôt dire que si lamitié
nest véritablement aucune des choses dont nous venons de parler, cest ce qui nest
ni bon ni mauvais qui peut à ce titre devenir lami du bon.
Que veux-tu dire ? me dit-il.
Par Zeus, dis-je, je ne sais trop ; en vérité jai moi-même le vertige devant
une question si embarrassante. Il se pourrait, selon le vieil adage, que lami
soit le beau. Cest en tout cas un je ne sais quoi de mou, de lisse et de poli,
et cest pour cela sans doute quil nous glisse si facilement entre les doigts
et nous échappe ; cest leffet de sa nature. Je dis donc que le bon est beau.
Quen penses-tu, toi ?
Je le crois aussi.
Dès lors, cédant à une sorte de divination, javance que ce qui nest ni bon
ni mauvais est lami du beau et du bon. Écoute sur quoi jappuie ma conjecture.
Il me semble quil existe trois genres : le bon, le mauvais, et ce qui nest ni
bon ni mauvais. Que ten semble à toi ?
Je suis de ton avis, dit-il.
Or ni le bon nest ami du bon, ni le mauvais du mauvais, ni le bon du mauvais
: les raisons que nous venons den donner sy opposent ; reste donc, si lamitié
existe entre deux êtres, que ce qui nest ni bon ni mauvais soit lami du bon ou
de ce qui est de même nature que le bon lui-même ; car on ne saurait, nest-ce
pas, devenir lami du mauvais ?
Cest juste.
Le semblable non plus ne peut devenir lami du semblable, nous lavons dit
tout à lheure. Nest-ce pas vrai ?
Si.
Lêtre qui nest ni bon ni mauvais ne saurait donc avoir pour ami un être tel
que lui.
Il ne semble pas.
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