Texte grec :
[215] ἢ τί ἂν παθεῖν, ὃ μὴ καὶ ὑφ' (215a) αὑτοῦ πάθοι; τὰ δὴ
τοιαῦτα πῶς ἂν ὑπ' ἀλλήλων ἀγαπηθείη, μηδεμίαν ἐπικουρίαν
ἀλλήλοις ἔχοντα; ἔστιν ὅπως;
199. οὐκ ἔστιν.
200. ὃ δὲ μὴ ἀγαπῷτο, πῶς φίλον;
201. οὐδαμῶς.
202. ἀλλὰ δὴ ὁ μὲν ὅμοιος τῷ ὁμοίῳ οὐ φίλος: ὁ δὲ ἀγαθὸς τῷ
ἀγαθῷ καθ' ὅσον ἀγαθός, οὐ καθ' ὅσον ὅμοιος, φίλος ἂν εἴη;
203. ἴσως.
204. τί δέ; οὐχ ὁ ἀγαθός, καθ' ὅσον ἀγαθός, κατὰ τοσοῦτον
ἱκανὸς ἂν εἴη αὑτῷ;
205. ναί.
206. ὁ δέ γε ἱκανὸς οὐδενὸς δεόμενος κατὰ τὴν ἱκανότητα.
207. πῶς γὰρ οὔ;
208. ὁ δὲ μή του (215b) δεόμενος οὐδέ τι ἀγαπῴη ἄν.
209. οὐ γὰρ οὖν.
210. ὃ δὲ μὴ ἀγαπῴη, οὐδ' ἂν φιλοῖ.
211. οὐ δῆτα.
212. ὁ δὲ μὴ φιλῶν γε οὐ φίλος. οὐ φαίνεται. πῶς οὖν οἱ ἀγαθοὶ
τοῖς ἀγαθοῖς ἡμῖν φίλοι ἔσονται τὴν ἀρχήν, οἳ μήτε ἀπόντες
ποθεινοὶ ἀλλήλοις - ἱκανοὶ γὰρ ἑαυτοῖς καὶ χωρὶς ὄντες - μήτε
παρόντες χρείαν αὑτῶν ἔχουσιν; τοὺς δὴ τοιούτους τίς μηχανὴ
περὶ πολλοῦ ποιεῖσθαι ἀλλήλους;
213. οὐδεμία, ἔφη.
214. φίλοι (215c) δέ γε οὐκ ἂν εἶεν μὴ περὶ πολλοῦ ποιούμενοι
ἑαυτούς.
215. ἀληθῆ.
CHAPITRE XII.
216. ἄθρει δή, ὦ Λύσι, πῇ παρακρουόμεθα. ἆρά γε ὅλῳ τινὶ
ἐξαπατώμεθα;
217. πῶς δή; ἔφη.
218. ἤδη ποτέ του ἤκουσα λέγοντος, καὶ ἄρτι ἀναμιμνῄσκομαι,
ὅτι τὸ μὲν ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ καὶ οἱ ἀγαθοὶ τοῖς ἀγαθοῖς
πολεμιώτατοι εἶεν: καὶ δὴ καὶ τὸν Ἡσίοδον ἐπήγετο μάρτυρα,
λέγων ὡς ἄρα "καὶ κεραμεὺς κεραμεῖ κοτέει καὶ ἀοιδὸς ἀοιδῷ
(215d) καὶ πτωχὸς πτωχῷ", καὶ τἆλλα δὴ πάντα
οὕτως ἔφη ἀναγκαῖον εἶναι μάλιστα τὰ ὁμοιότατα ἄλληλα
φθόνου τε καὶ φιλονικίας καὶ ἔχθρας ἐμπίμπλασθαι, τὰ δ'
ἀνομοιότατα φιλίας: τὸν γὰρ πένητα τῷ πλουσίῳ
ἀναγκάζεσθαι φίλον εἶναι καὶ τὸν ἀσθενῆ τῷ ἰσχυρῷ τῆς
ἐπικουρίας ἕνεκα, καὶ τὸν κάμνοντα τῷ ἰατρῷ, καὶ πάντα δὴ τὸν
μὴ εἰδότα ἀγαπᾶν τὸν εἰδότα καὶ φιλεῖν. (215e) καὶ δὴ καὶ ἔτι
ἐπεξῄει τῷ λόγῳ μεγαλοπρεπέστερον, λέγων ὡς ἄρα παντὸς
δέοι τὸ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ φίλον εἶναι, ἀλλ' αὐτὸ τὸ ἐναντίον εἴη
τούτου: τὸ γὰρ ἐναντιώτατον τῷ ἐναντιωτάτῳ εἶναι μάλιστα
φίλον. ἐπιθυμεῖν γὰρ τοῦ τοιούτου ἕκαστον, ἀλλ' οὐ τοῦ ὁμοίου:
τὸ μὲν γὰρ ξηρὸν ὑγροῦ, τὸ δὲ ψυχρὸν θερμοῦ, τὸ δὲ πικρὸν
γλυκέος, τὸ δὲ ὀξὺ ἀμβλέος, τὸ δὲ κενὸν πληρώσεως, καὶ τὸ
πλῆρες δὲ κενώσεως, καὶ τἆλλα οὕτω κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον.
τροφὴν γὰρ εἶναι τὸ ἐναντίον τῷ ἐναντίῳ:
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Traduction française :
[215] et peut-il attendre quelque chose quil ne puisse attendre de
lui-même ? Dans ces conditions, comment sentiraient-ils de lattrait lun pour
lautre, sils ne sont lun pour lautre daucun secours ? Est-ce possible ?
Non.
Or ce qui nattire pas peut-il être ami ?
Nullement.
Alors le semblable nest point lami du semblable. Mais le bon ne pourrait-il
pas être ami du bon, en tant que bon, non en tant que semblable ?
Peut-être.
Mais quoi ? le bon, en tant que bon, ne saurait-il se suffire à lui-même ?
Si.
Or celui qui se suffit à lui-même na, par là même, besoin de personne ?
Sans doute.
Mais celui qui na pas besoin dun autre ne sent pas dattrait pour lui ?
Non, effectivement.
Et sil na pas dattrait pour lui, il ne laime pas ?
Non, assurément.
Et sil ne laime pas, il nest pas ami.
Il ne me paraît pas.
Comment donc admettre que les bons puissent aucunement être amis des bons, si,
séparés, ils ne se désirent pas les uns les autres, puisquils se suffisent à
eux-mêmes même dans lisolement, et si, réunis, ils nont aucun besoin les uns
des autres ? et le moyen que de telles gens sestiment les uns les autres ?
Impossible, dit-il.
Mais ils ne sauraient être amis, sils ne sestiment pas les uns les autres ?
Cest vrai.
CHAPITRE XII. Vois, Lysis, comme nous nous sommes fourvoyés ; ne penses-tu
pas que nous nous sommes trompés du tout au tout ?
Comment cela ? dit-il.
Jai entendu quelquun dire un jour cest un souvenir qui me revient que
le semblable est le plus grand ennemi du semblable et les gens de bien des gens
de bien ; il en appelait au témoignage dHésiode, dont il citait ce passage :
« Le potier envie le potier, le chanteur le chanteur, le mendiant le mendiant. »
Il affirmait quil en était nécessairement ainsi en toutes choses et que les
êtres les plus semblables sont les plus remplis denvie, dhostilité et de haine
les uns à légard des autres, et les êtres les plus dissemblables les plus
remplis damitié réciproque, quainsi le pauvre est forcément lami du riche et
le faible du fort, à cause du secours quils en attendent, comme le malade lest
du médecin, comme aussi lignorant recherche et aime le savant ; puis, haussant
le ton, il poursuivait en disant quil sen faut du tout que le semblable soit
ami du semblable, et que cest précisément le contraire qui est vrai et que
cest les êtres les plus opposés qui sont les plus amis ; car chacun désire son
contraire, et non pas son semblable ; cest ainsi que le sec désire lhumide, le
froid le chaud, lamer le doux, laigu lobtus, le vide le plein, le plein le
vide, et ainsi du reste, parce que le contraire sert daliment au contraire
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