[214] σκοποῦντα (τὰ) κατὰ (214a) τοὺς ποιητάς: οὗτοι
γὰρ ἡμῖν ὥσπερ πατέρες τῆς σοφίας εἰσὶν καὶ ἡγεμόνες.
λέγουσι δὲ δήπου οὐ φαύλως ἀποφαινόμενοι περὶ τῶν φίλων, οἳ
τυγχάνουσιν ὄντες: ἀλλὰ τὸν θεὸν αὐτόν φασιν ποιεῖν φίλους
αὐτούς, ἄγοντα παρ' ἀλλήλους. λέγουσι δέ πως ταῦτα, ὡς
ἐγᾦμαι, ὡδί - αἰεί τοι τὸν ὁμοῖον ἄγει θεὸς ὡς τὸν ὁμοῖον
(214b) καὶ ποιεῖ γνώριμον" : ἢ οὐκ ἐντετύχηκας τούτοις τοῖς ἔπεσιν;
183. ἔγωγ', ἔφη.
184. οὐκοῦν καὶ τοῖς τῶν σοφωτάτων συγγράμμασιν
ἐντετύχηκας ταῦτα αὐτὰ λέγουσιν, ὅτι τὸ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ
ἀνάγκη ἀεὶ φίλον εἶναι; εἰσὶν δέ που οὗτοι οἱ περὶ φύσεώς τε καὶ
τοῦ ὅλου διαλεγόμενοι καὶ γράφοντες.
185. ἀληθῆ, ἔφη, λέγεις.
186. ἆρ' οὖν, ἦν δ' ἐγώ, εὖ λέγουσιν;
187. ἴσως, ἔφη.
188. ἴσως, ἦν δ' ἐγώ, τὸ ἥμισυ αὐτοῦ, ἴσως δὲ καὶ πᾶν, ἀλλ'
ἡμεῖς οὐ συνίεμεν. δοκεῖ γὰρ ἡμῖν ὅ γε πονηρὸς (214c) τῷ
πονηρῷ, ὅσῳ ἂν ἐγγυτέρω προσίῃ καὶ μᾶλλον ὁμιλῇ, τοσούτῳ
ἐχθίων γίγνεσθαι. ἀδικεῖ γάρ: ἀδικοῦντας δὲ καὶ ἀδικουμένους
ἀδύνατόν που φίλους εἶναι. οὐχ οὕτως;
189. ναί, ἦ δ' ὅς.
190. ταύτῃ μὲν ἂν τοίνυν τοῦ λεγομένου τὸ ἥμισυ οὐκ ἀληθὲς
εἴη, εἴπερ οἱ πονηροὶ ἀλλήλοις ὅμοιοι.
191. ἀληθῆ λέγεις.
192. ἀλλά μοι δοκοῦσιν λέγειν τοὺς ἀγαθοὺς ὁμοίους εἶναι
ἀλλήλοις καὶ φίλους, τοὺς δὲ κακούς, ὅπερ καὶ λέγεται περὶ
αὐτῶν, μηδέποτε ὁμοίους μηδ' αὐτοὺς αὑτοῖς εἶναι, ἀλλ' (214d)
ἐμπλήκτους τε καὶ ἀσταθμήτους: ὃ δὲ αὐτὸ αὑτῷ ἀνόμοιον εἴη
καὶ διάφορον, σχολῇ γέ τῳ ἄλλῳ ὅμοιον ἢ φίλον γένοιτ' ἄν. ἢ οὐ
καὶ σοὶ δοκεῖ οὕτως;
193. ἔμοιγ', ἔφη.
194. τοῦτο τοίνυν αἰνίττονται, ὡς ἐμοὶ δοκοῦσιν, ὦ ἑταῖρε, οἱ τὸ
ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ φίλον λέγοντες, ὡς ὁ ἀγαθὸς τῷ ἀγαθῷ μόνος
μόνῳ φίλος, ὁ δὲ κακὸς οὔτε ἀγαθῷ οὔτε κακῷ οὐδέποτε εἰς
ἀληθῆ φιλίαν ἔρχεται. συνδοκεῖ σοι;
195. κατένευσεν.
196. ἔχομεν ἄρα ἤδη τίνες εἰσὶν οἱ φίλοι: ὁ γὰρ λόγος ἡμῖν
(214e) σημαίνει ὅτι οἳ ἂν ὦσιν ἀγαθοί.
197. πάνυ γε, ἔφη, δοκεῖ.
CHAPITRE XI.
198. καὶ ἐμοί, ἦν δ' ἐγώ. καίτοι δυσχεραίνω τί γε ἐν αὐτῷ: φέρε
οὖν, ὦ πρὸς Διός, ἴδωμεν τί καὶ ὑποπτεύω. ὁ ὅμοιος τῷ ὁμοίῳ
καθ' ὅσον ὅμοιος φίλος, καὶ ἔστιν χρήσιμος ὁ τοιοῦτος τῷ
τοιούτῳ; μᾶλλον δὲ ὧδε: ὁτιοῦν ὅμοιον ὁτῳοῦν ὁμοίῳ τίνα ὠφελίαν
ἔχειν ἢ τίνα βλάβην ἂν ποιῆσαι δύναιτο, ὃ μὴ καὶ αὐτὸ αὑτῷ;
| [214] est celui où nous nous sommes engagés en examinant ce que disent les poètes ;
car les poètes sont, si je puis dire, les pères et les guides de la sagesse. Or ils
expriment sans doute une pensée profonde, quand, pour montrer quelles gens
peuvent être amis, ils affirment que c’est Dieu même qui les rend amis, en les
poussant l’un vers l’autre. Voici, je crois, comme ils ont exprimé cette pensée :
"Un Dieu conduit toujours le semblable vers son semblable »
et le lui fait connaître. N’as-tu pas lu ce vers quelque part ?
— Si, répondit-il.
— As-tu lu aussi les écrits de ces grands savants qui disent exactement la même
chose, à savoir que le semblable est nécessairement toujours ami du semblable ?
Ces savants sont ceux qui traitent de la nature et de l’univers dans leurs
entretiens et dans leurs écrits.
— Tu dis vrai, répondit-il.
— Eh bien ! dis-je, ont-ils raison ?
— Peut-être, dit-il.
— Peut-être, repris-je, n’ont-ils raison qu’à moitié, peut-être ont-ils raison
entièrement ; en ce cas nous ne les comprendrions pas ; car il nous semble à
nous que le méchant est l’ennemi du méchant, et cela d’autant plus qu’il
l’approche de plus près et le fréquente davantage ; car le méchant fait du mal,
et il est impossible que ceux qui font du mal et ceux qui en pâtissent soient
amis. N’est-ce pas exact ?
— Si, dit-il.
— Ainsi donc la moitié de leur assertion est fausse, s’il est vrai que les
méchants soient semblables entre eux.
— Tu as raison.
— Mais peut-être veulent-ils dire que les bons sont semblables aux bons et amis
entre eux, mais que les méchants, comme on le dit aussi d’eux, ne sont pas même
semblables à eux-mêmes, mais sont changeants et inconsistants ; or ce qui est
dissemblable et différent de soi-même ne saurait guère être semblable à un autre
ou l’ami d’un autre. N’est-ce pas aussi ton avis ?
— C’est mon avis, dit-il.
— Ainsi donc, mon cher, quand on dit que le semblable est ami du semblable, on
donne à entendre, si je ne me trompe, que l’homme de bien seul devient ami du
seul homme de bien, et que le méchant n’entre jamais dans une amitié véritable
ni avec le bon ni avec le méchant. Est-ce aussi ton avis ?
Il fit signe que oui.
— Nous savons donc maintenant quelles gens sont amis ; car notre raisonnement
nous a fait voir que ce sont les gens de bien.
— C’est tout à fait ce que je pense, dit-il.
CHAPITRE XI. — Et moi aussi, repris-je. Pourtant il y a là quelque chose qui me
contrarie. Eh bien donc, par Zeus, examinons ce qui me paraît suspect. Le
semblable est-il ami du semblable en tant que semblable, et, comme tel, lui
est-il utile ? Mais posons plutôt la question de cette manière le semblable
peut-il faire à son semblable quelque bien ou quelque tort qu’il ne puisse se
faire à lui-même ?
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