HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les Lois, livre I

γε



Texte grec :

[1,11] XI. (Κλεινίας) παντάπασιν τοῦτό γε ἀληθὲς εἴρηκας, ὦ ξένε· τοὐπὶ τῷδε δ' ἡμῖν λέγε, τί ποτε, ἂν γίγνηται τοῦτο ὀρθὸν τὸ περὶ τὰς πόσεις νόμιμον, ἀγαθὸν ἂν δράσειεν ἡμᾶς; οἷον, ὃ νυνδὴ ἐλέγομεν, εἰ στράτευμα ὀρθῆς ἡγεμονίας τυγχάνοι, νίκη πολέμου τοῖς ἑπομένοις ἂν γίγνοιτο, οὐ σμικρὸν ἀγαθόν, καὶ (641b) τἆλλ' οὕτω· συμποσίου δὲ ὀρθῶς παιδαγωγηθέντος τί μέγα ἰδιώταις ἢ τῇ πόλει γίγνοιτ' ἄν; (Ἀθηναῖος) τί δέ; παιδὸς ἑνὸς ἢ καὶ χοροῦ παιδαγωγηθέντος κατὰ τρόπον ἑνός, τί μέγα τῇ πόλει φαῖμεν ἂν γίγνεσθαι; ἢ τοῦτο οὕτως ἐρωτηθέντες εἴποιμεν ἂν ὡς ἑνὸς μὲν βραχύ τι τῇ πόλει γίγνοιτ' ἂν ὄφελος+, εἰ δ' ὅλως ἐρωτᾷς παιδείαν τῶν παιδευθέντων τί μέγα τὴν πόλιν ὀνίνησιν, οὐ χαλεπὸν εἰπεῖν ὅτι παιδευθέντες μὲν εὖ γίγνοιντ' ἂν ἄνδρες ἀγαθοί, γενόμενοι (641c) δὲ τοιοῦτοι τά τε ἄλλα πράττοιεν καλῶς, ἔτι δὲ κἂν νικῷεν τοὺς πολεμίους μαχόμενοι. παιδεία μὲν οὖν φέρει καὶ νίκην, νίκη δ' ἐνίοτε ἀπαιδευσίαν· πολλοὶ γὰρ ὑβριστότεροι διὰ πολέμων νίκας γενόμενοι μυρίων ἄλλων κακῶν δι' ὕβριν ἐνεπλήσθησαν, καὶ παιδεία μὲν οὐδεπώποτε γέγονεν Καδμεία, νῖκαι δὲ ἀνθρώποις πολλαὶ δὴ τοιαῦται γεγόνασίν τε καὶ ἔσονται. (Κλεινίας) δοκεῖς ἡμῖν, ὦ φίλε, τὴν ἐν τοῖς οἴνοις κοινὴν (641d) διατριβὴν ὡς εἰς παιδείας μεγάλην μοῖραν τείνουσαν λέγειν, ἂν ὀρθῶς γίγνηται. (Ἀθηναῖος) τί μήν; (Κλεινίας) ἔχοις ἂν οὖν τὸ μετὰ τοῦτ' εἰπεῖν ὡς ἔστιν τὸ νῦν εἰρημένον ἀληθές; (Ἀθηναῖος) τὸ μὲν ἀληθές, ὦ ξένε, διισχυρίζεσθαι ταῦτα οὕτως ἔχειν, πολλῶν ἀμφισβητούντων, θεοῦ· εἰ δ' ὅπῃ ἐμοὶ φαίνεται δεῖ λέγειν, οὐδεὶς φθόνος, ἐπείπερ ὡρμήκαμέν γε τοὺς λόγους περὶ νόμων καὶ πολιτείας ποιεῖσθαι τὰ νῦν. (Κλεινίας) τοῦτ' αὐτὸ δὴ πειρώμεθα, τὸ σοὶ δοκοῦν περὶ τῶν (641e) νῦν ἀμφισβητουμένων καταμαθεῖν. (Ἀθηναῖος) ἀλλὰ χρὴ ποιεῖν οὕτως, ὑμᾶς τε ἐπὶ τὸ μαθεῖν καὶ ἐμὲ ἐπὶ τὸ δηλῶσαι πειρώμενον ἁμῶς γέ πως, συντεῖναι, τὸν λόγον. πρῶτον δέ μου ἀκούσατε τὸ τοιόνδε. τὴν πόλιν ἅπαντες ἡμῶν Ἕλληνες ὑπολαμβάνουσιν ὡς φιλόλογός τέ ἐστι καὶ πολύλογος, Λακεδαίμονα δὲ καὶ Κρήτην, τὴν μὲν βραχύλογον, τὴν δὲ πολύνοιαν μᾶλλον ἢ πολυλογίαν ἀσκοῦσαν· (642a) σκοπῶ δὴ μὴ δόξαν ὑμῖν παράσχωμαι περὶ σμικροῦ πολλὰ λέγειν, μέθης πέρι, σμικροῦ πράγματος, παμμήκη λόγον ἀνακαθαιρόμενος. τὸ δὲ ἡ κατὰ φύσιν αὐτοῦ διόρθωσις οὐκ ἂν δύναιτο ἄνευ μουσικῆς ὀρθότητός ποτε σαφὲς οὐδὲ ἱκανὸν ἐν τοῖς λόγοις ἀπολαβεῖν, μουσικὴ δὲ ἄνευ παιδείας τῆς πάσης οὐκ ἂν αὖ ποτε δύναιτο· ταῦτα δὲ παμπόλλων ἐστὶν λόγων. ὁρᾶτε οὖν τί ποιῶμεν εἰ ταῦτα μὲν ἐάσαιμεν ἐν τῷ (642b) παρόντι, μετεκβαῖμεν δ' εἰς ἕτερόν τινα νόμων πέρι λόγον. (Μέγιλλος) ὦ ξένε Ἀθηναῖε, οὐκ οἶσθ' ἴσως ὅτι τυγχάνει ἡμῶν ἡ ἑστία τῆς πόλεως οὖσα ὑμῶν πρόξενος. ἴσως μὲν οὖν καὶ πᾶσιν τοῖς παισίν, ἐπειδὰν ἀκούσωσιν ὅτι τινός εἰσιν πόλεως πρόξενοι, ταύτῃ τις εὔνοια ἐκ νέων εὐθὺς ἐνδύεται ἕκαστον ἡμῶν τῶν προξένων τῇ πόλει, ὡς δευτέρᾳ οὔσῃ πατρίδι μετὰ τὴν αὑτοῦ πόλιν· καὶ δὴ καὶ ἐμοὶ νῦν ταὐτὸν τοῦτο ἐγγέγονεν. ἀκούων γὰρ τῶν παίδων εὐθύς, (642c) εἴ τι μέμφοιντο ἢ καὶ ἐπαινοῖεν Λακεδαιμόνιοι Ἀθηναίους, ὡς “ἡ πόλις ὑμῶν, ὦ Μέγιλλε,” ἔφασαν, “ἡμᾶς οὐ καλῶς ἢ καλῶς ἔρρεξε” --ταῦτα δὴ ἀκούων, καὶ μαχόμενος πρὸς αὐτὰ ὑπὲρ ὑμῶν ἀεὶ πρὸς τοὺς τὴν πόλιν εἰς ψόγον ἄγοντας, πᾶσαν εὔνοιαν ἔσχον, καί μοι νῦν ἥ τε φωνὴ προσφιλὴς ὑμῶν, τό τε ὑπὸ πολλῶν λεγόμενον, ὡς ὅσοι Ἀθηναίων εἰσὶν ἀγαθοὶ διαφερόντως εἰσὶν τοιοῦτοι, δοκεῖ ἀληθέστατα λέγεσθαι· μόνοι γὰρ ἄνευ ἀνάγκης αὐτοφυῶς, θείᾳ μοίρᾳ (642d) ἀληθῶς καὶ οὔτι πλαστῶς εἰσιν ἀγαθοί. θαρρῶν δὴ ἐμοῦ γε ἕνεκα λέγοις ἂν τοσαῦτα ὁπόσα σοι φίλον. (Κλεινίας) καὶ μήν, ὦ ξένε, καὶ τὸν παρ' ἐμοῦ λόγον ἀκούσας τε καὶ ἀποδεξάμενος, θαρρῶν ὁπόσα βούλει λέγε. τῇδε γὰρ ἴσως ἀκήκοας ὡς Ἐπιμενίδης γέγονεν ἀνὴρ θεῖος, ὃς ἦν ἡμῖν οἰκεῖος, ἐλθὼν δὲ πρὸ τῶν Περσικῶν δέκα ἔτεσιν πρότερον παρ' ὑμᾶς κατὰ τὴν τοῦ θεοῦ μαντείαν, θυσίας τε ἐθύσατό (642e) τινας ἃς ὁ θεὸς ἀνεῖλεν, καὶ δὴ καὶ φοβουμένων τὸν Περσικὸν Ἀθηναίων στόλον, εἶπεν ὅτι δέκα μὲν ἐτῶν οὐχ ἥξουσιν, ὅταν δὲ ἔλθωσιν, ἀπαλλαγήσονται πράξαντες οὐδὲν ὧν ἤλπιζον, παθόντες τε ἢ δράσαντες πλείω κακά. τότ' οὖν ἐξενώθησαν ὑμῖν οἱ πρόγονοι ἡμῶν, καὶ εὔνοιαν ἐκ τόσου ἔγωγε ὑμῖν καὶ (643a) οἱ ἡμέτεροι ἔχουσιν γονῆς. (Ἀθηναῖος) τὰ μὲν τοίνυν ὑμέτερα ἀκούειν, ὡς ἔοικεν, ἕτοιμ' ἂν εἴη· τὰ δ' ἐμὰ βούλεσθαι μὲν ἕτοιμα, δύνασθαι δὲ οὐ πάνυ ῥᾴδια, ὅμως δὲ πειρατέον. πρῶτον δὴ οὖν πρὸς τὸν λόγον ὁρισώμεθα παιδείαν τί ποτ' ἐστὶν καὶ τίνα δύναμιν ἔχει· διὰ γὰρ ταύτης φαμὲν ἰτέον εἶναι τὸν προκεχειρισμένον ἐν τῷ νῦν λόγον ὑφ' ἡμῶν, μέχριπερ ἂν πρὸς τὸν θεὸν ἀφίκηται. (Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν δρῶμεν ταῦτα, εἴπερ σοί γε ἡδύ. (643b) (Ἀθηναῖος) λέγοντος τοίνυν ἐμοῦ τί ποτε χρὴ φάναι παιδείαν εἶναι, σκέψασθε ἂν ἀρέσκῃ τὸ λεχθέν. (Κλεινίας) λέγοις ἄν.

Traduction française :

[1,11] XI. (CLINIAS) Ce que tu viens de dire, étranger, est parfaitement vrai. Mais dis-moi encore une chose : si cet usage des banquets était pratiqué comme il convient, quel bien pourraient-ils nous faire à nous ? Pour reprendre l'exemple cité tout à l'heure, si l'on donne un bon général à une armée, il assurera la victoire à ceux qui le suivront, ce qui n'est pas un mince avantage, et ainsi du reste. Mais supposons un banquet dirigé comme il faut, quel avantage en résultera-t-il pour les particuliers ou pour l'État ? (L'ATHÉNIEN) Quel grand bien pourrait-on dire que l'éducation bien conduite d'un seul enfant ou d'un seul choeur d'enfants apporte à l'État ? Si l'on me posait une pareille question, je répondrais que d'un seul enfant la ville ne tirerait qu'un mince profit ; mais si tu me demandes quel grand avantage l'État recueille de l'éducation générale donnée aux enfants, il me sera facile de répondre que des jeunes gens bien élevés deviendront de bons citoyens et que devenus tels, ils se comporteront noblement en toutes rencontres, et qu'en particulier ils remporteront à la guerre la victoire sur les ennemis. L'éducation amène donc ainsi la victoire avec elle, mais la victoire à son tour pervertit parfois l'éducation. Que de gens, en effet, sont devenus plus insolents à la suite d'une victoire sur l'ennemi et à qui cette insolence a causé des maux sans nombre ! Jamais encore l'éducation n'est devenue une victoire à la thébaine, tandis que beaucoup de victoires ont été et seront funestes aux vainqueurs. (CLINIAS) Tu me parais, cher ami, persuadé que le fait de se réunir pour passer le temps à boire contribue pour une grande part à l'éducation, pourvu que l'on y observe la règle. (L'ATHÉNIEN) Je n'en doute point. (CLINIAS) Pourrais-tu affirmer que ce que tu viens de dire est vrai ? (L'ATHÉNIEN) Soutenir avec assurance, étranger, que c'est la vérité, alors que beaucoup de gens le contestent, cela n'appartient qu'à un dieu. Mais s'il faut dire ce que j'en pense, je ne refuse pas, puisque nous nous sommes engagés dans une discussion sur des lois et sur la politique. (CLINIAS) Essayons de saisir justement ta pensée sur un sujet où les avis sont à présent si partagés. (L'ATHÉNIEN) C'est ce qu'il faut faire : donnons toutes nos forces à la discussion, vous pour me suivre, moi pour essayer d'une manière ou d'une autre de vous éclaircir ma pensée. Mais écoutez d'abord une chose que j'ai à vous dire. Les Athéniens passent dans toute la Grèce pour aimer à parler et à parler beaucoup, tandis qu'à Lacédémone on aime la brièveté et qu'en Crète on préfère s'appliquer à penser plutôt qu'à parler. Aussi je me demande si vous ne trouverez pas que je parle beaucoup sur un bien mince sujet, et que je fais un discours interminable pour vous éclaircir ma pensée sur un objet aussi peu important que l'ivresse. Or pour redresser cet usage en conformité avec la nature, on ne peut rien dire de clair ni de suffisant sans parler de la vraie nature de la musique, et l'on ne peut non plus parler de la musique sans embrasser l'éducation tout entière, ce qui exige de très longs développements. Voyez donc ce que nous pouvons faire, si nous devons laisser ce sujet pour le moment et passer à un autre touchant les lois. MEGILLOS Tu ne sais peut-être pas, étranger athénien, que ma famille est chargée à Lacédémone de l'hospitalité publique envers Athènes. Il arrive que les enfants eux-mêmes, quand ils apprennent qu'ils sont les proxènes d'une ville, se sentent dès le jeune âge de l'inclination pour elle et la regardent comme une deuxième patrie après la leur ; c'est précisément ce qui m'est arrivé à moi aussi. Lorsque les Lacédémoniens blâmaient ou louaient les Athéniens et que j'entendais les enfants me dire : "Athènes, Mégillos, s'est bien ou mal comportée à notre égard", je prenais tout de suite votre parti contre ceux qui lançaient le blâme sur votre ville et j'avais pour vous une entière sympathie ; et maintenant encore votre langue me charme et ce qu'on dit communément des Athéniens, que, lorsqu'ils sont bons, ils le sont supérieurement, me parait la vérité même ; car ce sont les seuls qui, sans y être forcés, par un penchant naturel, par un don divin, ont une bonté véritable et sans feinte. Aussi, en ce qui me concerne, tu peux parler hardiment d tant qu'il te plaira. (CLINIAS) Écoute aussi, étranger, et reçois favorablement ce que j'ai à te dire, et ne crains pas de dire tout ce que tu voudra. Tu as sans doute entendu dire ici qu'Épiménide fut un homme divin. Il était de ma famille. Dix ans avant les guerres médiques, sur l'ordre d'un oracle du dieu, il se rendit chez vous. Après y avoir fait les sacrifices que le dieu lui avait prescrits, voyant que les Athéniens redoutaient l'expédition des Perses, il leur prédit qu'ils ne viendraient pas de dix ans, et que, lorsqu'ils seraient venus, ils s'en retourneraient sans avoir rien fait de ce qu'ils espéraient, après avoir souffert plus de maux qu'ils n'en avaient fait. Alors vos ancêtres se lièrent d'hospitalité avec nous, et, depuis ce temps là, nos ancêtres et moi-même vous avons toujours été très attachés. (L'ATHÉNIEN) Pour ce qui est de vous, vous êtes, je le vois, disposés à m'écouter ; pour ce qui est de moi, je suis prêt à parler, mais le pourrai-je ? La tâche n'est pas facile. Il faut essayer pourtant. Commençons donc par définir en vue de la discussion ce que c'est que l'éducation et quelle est sa vertu ; car c'est par elle que doit passer la discussion que nous nous proposons à présent, jusqu'à ce qu'elle arrive au dieu du vin. (CLINIAS) Oui, procédons ainsi, si tu le trouves bon. (L'ATHÉNIEN) Tandis que j'explique ce qu'il faut entendre par éducation, examinez si ce que j'aurai dit vous plaît. (CLINIAS) Tu n'as qu'à parler.





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Dernière mise à jour : 12/05/2005