HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les Lois, livre I

γ



Texte grec :

[1,6] VI. (Κλεινίας) ὦ ξένε, τὸν νομοθέτην ἡμῶν ἀποβάλλομεν εἰς τοὺς πόρρω νομοθέτας. (Ἀθηναῖος) οὐχ ἡμεῖς γε, ὦ ἄριστε, ἀλλ' ἡμᾶς αὐτούς, ὅταν οἰώμεθα πάντα τά τ' ἐν Λακεδαίμονι καὶ τὰ τῇδε πρὸς τὸν πόλεμον μάλιστα βλέποντας Λυκοῦργόν τε καὶ Μίνω τίθεσθαι τὰ νόμιμα. (Κλεινίας) τὸ δὲ πῶς χρῆν ἡμᾶς λέγειν; (Ἀθηναῖος) ὥσπερ τό τε ἀληθὲς οἶμαι καὶ τὸ δίκαιον ὑπέρ γε (630e) θείας διαλεγομένους λέγειν, οὐχ ὡς πρὸς ἀρετῆς τι μόριον, καὶ ταῦτα τὸ φαυλότατον, ἐτίθει βλέπων, ἀλλὰ πρὸς πᾶσαν ἀρετήν, καὶ κατ' εἴδη ζητεῖν αὐτῶν τοὺς νόμους οὐδ' ἅπερ οἱ τῶν νῦν εἴδη προτιθέμενοι ζητοῦσιν. οὗ γὰρ ἂν ἕκαστος ἐν χρείᾳ γγνηται, τοῦτο ζητεῖ νῦν παραθέμενος, ὁ μὲν τὰ περὶ τῶν κλήρων καὶ ἐπικλήρων, ὁ δὲ τῆς αἰκίας πέρι, ἄλλοι δὲ ἄλλ' ἄττα μυρία τοιαῦτα· ἡμεῖς δέ φαμεν εἶναι τὸ περὶ (631a) νόμους ζήτημα τῶν εὖ ζητούντων ὥσπερ νῦν ἡμεῖς ἠρξάμεθα. καὶ σοῦ τὴν μὲν ἐπιχείρησιν τῆς ἐξηγήσεως περὶ τοὺς νόμους παντάπασιν ἄγαμαι· τὸ γὰρ ἀπ' ἀρετῆς ἄρχεσθαι, λέγοντα ὡς ἐτίθει ταύτης ἕνεκα τοὺς νόμους, ὀρθόν· ὅτι δὲ πάντα εἰς μόριον ἀρετῆς, καὶ ταῦτα τὸ σμικρότατον, ἐπαναφέροντα ἔφησθ' αὐτὸν νομοθετεῖν, οὔτε ὀρθῶς ἔτι μοι κατεφάνης λέγων τόν τε ὕστερον νῦν λόγον τοῦτον πάντα εἴρηκα διὰ ταῦτα. πῇ δὴ οὖν σε ἔτ' ἂν ἐβουλόμην διελόμενον (631b) λέγειν αὐτός τε ἀκούειν; βούλει σοι φράζω; (Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) “ὦ ξένε,” ἐχρῆν εἰπεῖν, “οἱ Κρητῶν νόμοι οὐκ εἰσὶν μάτην διαφερόντως ἐν πᾶσιν εὐδόκιμοι τοῖς Ἕλλησιν· ἔχουσιν γὰρ ὀρθῶς, τοὺς αὐτοῖς χρωμένους εὐδαίμονας ἀποτελοῦντες. πάντα γὰρ τἀγαθὰ πορίζουσιν. διπλᾶ δὲ ἀγαθά ἐστιν, τὰ μὲν ἀνθρώπινα, τὰ δὲ θεῖα· ἤρτηται δ' ἐκ τῶν θείων θάτερα, καὶ ἐὰν μὲν δέχηταί τις τὰ μείζονα πόλις, (631c) κτᾶται καὶ τὰ ἐλάττονα, εἰ δὲ μή, στέρεται ἀμφοῖν. ἔστι δὲ τὰ μὲν ἐλάττονα ὧν ἡγεῖται μὲν ὑγίεια, κάλλος δὲ δεύτερον, τὸ δὲ τρίτον ἰσχὺς εἴς τε δρόμον καὶ εἰς τὰς ἄλλας πάσας κινήσεις τῷ σώματι, τέταρτον δὲ δὴ πλοῦτος οὐ τυφλὸς ἀλλ' ὀξὺ βλέπων, ἄνπερ ἅμ' ἕπηται φρονήσει· ὃ δὴ πρῶτον αὖ τῶν θείων ἡγεμονοῦν ἐστιν ἀγαθῶν, ἡ φρόνησις, δεύτερον δὲ μετὰ νοῦ σώφρων ψυχῆς ἕξις, ἐκ δὲ τούτων μετ' ἀνδρείας κραθέντων τρίτον ἂν εἴη δικαιοσύνη, τέταρτον δὲ (631d) ἀνδρεία. ταῦτα δὲ πάντα ἐκείνων ἔμπροσθεν τέτακται φύσει, καὶ δὴ καὶ τῷ νομοθέτῃ τακτέον οὕτως. μετὰ δὲ ταῦτα τὰς ἄλλας προστάξεις τοῖς πολίταις εἰς ταῦτα βλεπούσας αὐτοῖς εἶναι διακελευστέον, τούτων δὲ τὰ μὲν ἀνθρώπινα εἰς τὰ θεῖα, τὰ δὲ θεῖα εἰς τὸν ἡγεμόνα νοῦν σύμπαντα βλέπειν· περί τε γάμους ἀλλήλοις ἐπικοινουμένους, μετά τε ταῦτα ἐν ταῖς τῶν παίδων γεννήσεσιν καὶ τροφαῖς ὅσοι (631e) τε ἄρρενες καὶ ὅσαι θήλειαι, νέων τε ὄντων καὶ ἐπὶ τὸ πρεσβύτερον ἰόντων μέχρι γήρως, τιμῶντα ὀρθῶς ἐπιμελεῖσθαι δεῖ καὶ ἀτιμάζοντα, ἐν πάσαις ταῖς τούτων ὁμιλίαις τάς τε λύπας αὐτῶν καὶ τὰς ἡδονὰς καὶ τὰς ἐπιθυμίας συμπάντων (632a) τε ἐρώτων τὰς σπουδὰς ἐπεσκεμμένον καὶ παραπεφυλαχότα, ψέγειν τε ὀρθῶς καὶ ἐπαινεῖν δι' αὐτῶν τῶν νόμων· ἐν ὀργαῖς τε αὖ καὶ ἐν φόβοις, ὅσαι τε διὰ δυστυχίαν ταραχαὶ ταῖς ψυχαῖς γγνονται καὶ ὅσαι ἐν εὐτυχίαις τῶν τοιούτων ἀποφυγαί, ὅσα τε κατὰ νόσους ἢ κατὰ πολέμους ἢ πενίας ἢ τὰ τούτοις ἐναντία γιγνόμενα προσπίπτει τοῖς ἀνθρώποις παθήματα, ἐν πᾶσιν τοῖς τοιούτοις τῆς ἑκάστων διαθέσεως διδακτέον (632b) καὶ ὁριστέον τό τε καλὸν καὶ μή. μετὰ δὲ ταῦτα ἀνάγκη τὸν νομοθέτην τὰς κτήσεις τῶν πολιτῶν καὶ τὰ ἀναλώματα φυλάττειν ὅντιν' ἂν γγνηται τρόπον, καὶ τὰς πρὸς ἀλλήλους πᾶσιν τούτοις κοινωνίας καὶ διαλύσεις ἑκοῦσίν τε καὶ ἄκουσιν καθ' ὁποῖον ἂν ἕκαστον πράττωσιν τῶν τοιούτων πρὸς ἀλλήλους ἐπισκοπεῖν, τό τε δίκαιον καὶ μὴ ἐν οἷς ἔστιν τε καὶ ἐν οἷς ἐλλείπει, καὶ τοῖς μὲν εὐπειθέσιν τῶν νόμων τιμὰς ἀπονέμειν, τοῖς δὲ δυσπειθέσι δίκας τακτὰς (632c) ἐπιτιθέναι, μέχριπερ ἂν πρὸς τέλος ἁπάσης πολιτείας ἐπεξελθών, ἴδῃ τῶν τελευτησάντων τίνα δεῖ τρόπον ἑκάστοις γγνεσθαι τὰς ταφὰς καὶ τιμὰς ἅστινας αὐτοῖς ἀπονέμειν δεῖ· κατιδὼν δὲ ὁ θεὶς τοὺς νόμους ἅπασιν τούτοις φύλακας ἐπιστήσει, τοὺς μὲν διὰ φρονήσεως, τοὺς δὲ δι' ἀληθοῦς δόξης ἰόντας, ὅπως πάντα ταῦτα συνδήσας ὁ νοῦς ἑπόμενα σωφροσύνῃ καὶ δικαιοσύνῃ ἀποφήνῃ, ἀλλὰ μὴ πλούτῳ μηδὲ (632d) φιλοτιμίᾳ.” οὕτως, ὦ ξένοι, ἔγωγε ἤθελον ἂν ὑμᾶς καὶ ἔτι νῦν βούλομαι διεξελθεῖν πῶς ἐν τοῖς τοῦ Διὸς λεγομένοις νόμοις τοῖς τε τοῦ Πυθίου Ἀπόλλωνος, οὓς Μίνως τε καὶ Λυκοῦργος ἐθέτην, ἔνεστίν τε πάντα ταῦτα, καὶ ὅπῃ τάξιν τινὰ εἰληφότα διάδηλά ἐστιν τῷ περὶ νόμων ἐμπείρῳ τέχνῃ εἴτε καί τισιν ἔθεσιν, τοῖς δὲ ἄλλοις ἡμῖν οὐδαμῶς ἐστι καταφανῆ.

Traduction française :

[1,6] VI. (CLINIAS) Ainsi donc, étranger, nous rejetons notre législateur parmi les législateurs du dernier ordre ? (L'ATHÉNIEN) Non pas, mon excellent ami, c'est nous-mêmes que nous rejetons ainsi, quand nous croyons que Lycurgue et Minos ont eu principalement la guerre pour objet dans toute la législation de Lacédémone et, dans celle de ce pays. (CLINIAS) Mais alors que devions-nous dire ? (L'ATHÉNIEN) Ce que je crois conforme a la vérité et ce qu'il est juste de dire quand on parle d'une législation divine, c'est-à-dire que ce n'est pas en vue d'une partie de la vertu et la moindre qu'il légiférait, mais en vue de la vertu entière, et qu'il a cherché ses lois dans chacune des espèces qui la composent, sans se borner à celles que les législateurs de nos jours envisagent et recherchent ; car chacun d'eux ne cherche à présent et ne se propose que l'espèce dont il a besoin, l'un celle qui regarde les héritages et les épicières, l'autre les voies de fait, et d'autres une foule de choses de cette nature. Mais nous affirmons, nous, qu'une recherche bien conduite en matière de lois doit commencer comme nous l'avons fait, car j'approuve entièrement la manière dont tu t'y es pris pour exposer les lois de ton pays. Il est juste en effet de commencer par la vertu et de dire que c'est en vue de la vertu que Minos posait ses lois. Mais quand tu as dit qu'en légiférant, il rapportait tout à une partie de la vertu, et encore à la moins considérable, ton assertion ne m'a plus semblé juste, et c'est pour cela que j'ai introduit ensuite toute cette discussion. Maintenant veux-tu que je t'explique comment j'aurais voulu que tu divises le sujet, et ce que j'aurais désiré t'entendre dire ? (CLINIAS) Certainement. (L'ATHÉNIEN) Ce que tu aurais dû dire, étranger, le voici : "Ce n'est pas sans raison que les lois des Crétois sont singulièrement estimées dans toute la Grèce. C'est qu'elles sont bonnes, puisqu'elles rendent heureux ceux qui les pratiquent, en leur procurant tous les biens. Or il y a deux espèces de biens ; les uns sont humains, les autres divins. Les premiers sont attachés aux seconds, et, si un État reçoit les plus grands, il acquiert en même temps les moindres, et, s'il ne les reçoit pas, il est privé des deux. Les moindres sont la santé, qui tient la tète, en second lieu vient la beauté, en troisième lieu la vigueur, soit à la course, soit dans tous les autres mouvements du corps, et en quatrième lieu la richesse, non pas Plutus aveugle, mais Plutus clairvoyant, et marchant à la suite de la prudence. Dans l'ordre des biens divins, celui qui est en tête est la prudence ; au second rang, derrière elle, la tempérance réglée avec intelligence ; au troisième, la justice, mélange de ces vertus avec le courage ; et au quatrième, le courage. Ces derniers biens se rangent tous par leur nature avant les premiers, et c'est ainsi que le législateur doit aussi les ranger. Il faut ensuite que toutes les autres prescriptions enjointes aux citoyens aient en vue les divins, et les divins la prudence en son entier, qui tient le premier rang. Il faut d'abord s'occuper des mariages qui unissent les citoyens entre eux, puis de la naissance et de l'éducation des enfants, mâles et femelles, les suivre de la jeunesse jusqu'à l'âge mûr et à la vieillesse, pour les honorer comme on le doit ou les frapper de peines infamantes ; il faut observer et surveiller dans toutes leurs relations leurs chagrins, leurs plaisirs, leur goûts pour tous les objets d'amour, et les blâmer ou les louer justement au moyen même des lois. Il faut faire de même pour leurs colères, leurs craintes, les troubles que l'adversité excite dans les âmes et le calme que la prospérité y ramène, tous les accidents qui surprennent les hommes dans les maladies, à la guerre, dans la pauvreté et dans les situations contraires. En tous ces cas, il faut enseigner et définir ce qu'il y a de beau et de laid dans les dispositions de chacun. Après cela, il est nécessaire que le législateur porte son attention sur les acquisitions et les dépenses des citoyens et la manière dont elles se font, sur la formation et la dissolution des sociétés volontaires et involontaires qu'on fait en vue de tout cela et la manière dont on se comporte à l'égard les uns des autres en chacun de ces cas. Il doit examiner dans quels actes la justice est observée, dans quels actes elle fait défaut, distribuer des récompenses à ceux qui observent docilement les lois et infliger des peines fixées d'avance à ceux qui leur désobéissent. Quand enfin il sera parvenu au terme de sa constitution complète, il faudra qu'il s'occupe des morts et qu'il voie de quelle manière on donnera la sépulture à chacun d'eux et quels honneurs il convient de leur rendre. Quand il aura observé tout cela, il préposera au maintien de ses lois des magistrats qui jugeront, les uns d'après la raison, les autres d'après l'opinion vraie, en sorte que ce corps d'institutions assorti dans ses parties par l'intelligence paraisse marcher à la suite de la tempérance et de la justice, et non de la richesse et de l'ambition. C'est ainsi, étrangers, que j'aurais désiré et que je désire encore à présent que vous exposiez comment tout cela se trouve dans les lois attribuées à Zeus et à Apollon pythien, que Minos et Lycurgue ont édictées, et comment elles ont été rangées dans un ordre parfaitement clair pour un homme que l'étude et la pratique ont rendu habile dans la législation, mais qui n'est pas visible pour nous autres.





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Dernière mise à jour : 12/05/2005