[183] (183a) ὅτι ἂν μαθόντες καὶ ἐπιτηδεύσαντες πλεονεκτοῖεν τῶν ἄλλων περὶ τὸν πόλεμον. Εἰ δ' ἐκείνους λέληθεν, ἀλλ' οὐ τούτους γε τοὺς διδασκάλους αὐτοῦ λέληθεν αὐτὸ τοῦτο, ὅτι ἐκεῖνοι μάλιστα τῶν Ἑλλήνων σπουδάζουσιν ἐπὶ τοῖς τοιούτοις καὶ ὅτι παρ' ἐκείνοις ἄν τις τιμηθεὶς εἰς ταῦτα καὶ παρὰ τῶν ἄλλων πλεῖστ' ἂν ἐργάζοιτο χρήματα, ὥσπερ γε καὶ τραγῳδίας ποιητὴς παρ' ἡμῖν τιμηθείς. Τοιγάρτοι ὃς ἂν οἴηται τραγῳδίαν καλῶς ποιεῖν, οὐκ ἔξωθεν κύκλῳ περὶ τὴν Ἀττικὴν (183b) κατὰ τὰς ἄλλας πόλεις ἐπιδεικνύμενος περιέρχεται, ἀλλ' εὐθὺς δεῦρο φέρεται καὶ τοῖσδ' ἐπιδείκνυσιν εἰκότως· τοὺς δὲ ἐν ὅπλοις μαχομένους ἐγὼ τούτους ὁρῶ τὴν μὲν Λακεδαίμονα ἡγουμένους εἶναι ἄβατον ἱερὸν καὶ οὐδὲ ἄκρῳ ποδὶ ἐπιβαίνοντας, κύκλῳ δὲ περιιόντας αὐτὴν καὶ πᾶσι μᾶλλον ἐπιδεικνυμένους, καὶ μάλιστα τούτοις οἳ κἂν αὐτοὶ ὁμολογήσειαν πολλοὺς σφῶν προτέρους εἶναι πρὸς τὰ τοῦ πολέμου. (183c) Ἔπειτα, ὦ Λυσίμαχε, οὐ πάνυ ὀλίγοις ἐγὼ τούτων παραγέγονα ἐν αὐτῷ τῷ ἔργῳ, καὶ ὁρῶ οἷοί εἰσιν. Ἔξεστι δὲ καὶ αὐτόθεν ἡμῖν σκέψασθαι. Ὥσπερ γὰρ ἐπίτηδες οὐδεὶς πώποτ' εὐδόκιμος γέγονεν ἐν τῷ πολέμῳ ἀνὴρ τῶν τὰ ὁπλιτικὰ ἐπιτηδευσάντων. Καίτοι εἴς γε τἆλλα πάντα ἐκ τούτων οἱ ὀνομαστοὶ γίγνονται, ἐκ τῶν ἐπιτηδευσάντων ἕκαστα· οὗτοι δ', ὡς ἔοικε, παρὰ τοὺς ἄλλους οὕτω σφόδρα εἰς τοῦτο δεδυστυχήκασιν. Ἐπεὶ καὶ τοῦτον τὸν Στησίλεων, ὃν ὑμεῖς (183d) μετ' ἐμοῦ ἐν τοσούτῳ ὄχλῳ ἐθεάσασθε ἐπιδεικνύμενον καὶ τὰ μεγάλα περὶ αὑτοῦ λέγοντα ἃ ἔλεγεν, ἑτέρωθι ἐγὼ κάλλιον ἐθεασάμην ἐν τῇ ἀληθείᾳ ὡς ἀληθῶς ἐπιδεικνύμενον οὐχ ἑκόντα. Προσβαλούσης γὰρ τῆς νεὼς ἐφ' ᾗ ἐπεβάτευεν πρὸς ὁλκάδα τινά, ἐμάχετο ἔχων δορυδρέπανον, διαφέρον δὴ ὅπλον ἅτε καὶ αὐτὸς τῶν ἄλλων διαφέρων. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα οὐκ ἄξια λέγειν περὶ τἀνδρός, τὸ δὲ σόφισμα τὸ τοῦ δρεπάνου (183e) τοῦ πρὸς τῇ λόγχῃ οἷον ἀπέβη. Μαχομένου γὰρ αὐτοῦ ἐνέσχετό που ἐν τοῖς τῆς νεὼς σκεύεσιν καὶ ἀντελάβετο· εἷλκεν οὖν ὁ Στησίλεως βουλόμενος ἀπολῦσαι, καὶ οὐχ οἷός τ' ἦν, ἡ δὲ ναῦς τὴν ναῦν παρῄει. Τέως μὲν οὖν παρέθει ἐν τῇ νηὶ ἀντεχόμενος τοῦ δόρατος· ἐπεὶ δὲ δὴ παρημείβετο ἡ ναῦς τὴν ναῦν καὶ ἐπέσπα αὐτὸν τοῦ δόρατος ἐχόμενον,
| [183] (183a) à tout ce qui peut à la guerre les rendre supérieurs aux autres peuples. Et quand même elle aurait échappé aux Lacédémoniens, sans doute les maîtres qui se chargent de montrer ces exercices n'auraient pas manqué de s'apercevoir que, de tous les Grecs, les Lacédémoniens sont ceux qui s'occupent le plus des travaux militaires, et qu'un homme qui serait renommé chez eux dans cet art serait certain de réussir partout, sur cette seule réputation, comme tous les poètes tragiques qui sont estimés à Athènes. Celui qui se croit un bon poète tragique, ne court pas de ville en ville autour de l'Attique (183b) pour faire jouer ses pièces, mais il vient droit ici nous les apporter, et cela est fort raisonnable; au lieu que je vois ces champions qui enseignent à faire des armes, regarder Lacédémone comme un sanctuaire inaccessible où ils n'osent mettre le pied, tandis qu'ils se montrent partout ailleurs, et surtout chez des peuples qui s'avouent eux-mêmes inférieurs à beaucoup d'autres en tout ce qui concerne la guerre. (183c) D'ailleurs, Lysimaque, j'ai déjà vu, à l'œuvre, bon nombre de ces maîtres, et je sais ce dont ils sont capables. Et ce qui doit nous décider, c'est que, par une espèce de fatalité qui semble leur être particulière, jamais aucun de ces gens-là n'a pu acquérir la moindre réputation à la guerre. On voit dans tous les autres arts ceux qui s'y appliquent spécialement, se faire un nom et devenir célèbres ; ceux-ci, au contraire, jouent de malheur, à ce qu'il paraît. Ce Stésilée lui-même, que vous (183d) avez vu tout-à-l'heure faire ses preuves devant une si nombreuse assemblée, et que vous avez entendu parler si magnifiquement de lui-même, je l'ai vu ailleurs donner malgré lui un spectacle plus vrai de son savoir-faire. Le navire sur lequel il était ayant attaqué un vaisseau de charge, Stésilée combattait avec une pique armée d'une faux, espèce d'arme aussi originale que celui qui la portait ; cet homme n'a jamais rien fait, du reste, que l'on puisse raconter ; mais le succès qu'eut ce stratagème guerrier, de mettre une faux (183e) au bout d'une pique, mérite d'être su. Comme il s'escrimait de cette arme, elle vint à s'embarrasser dans les cordages du vaisseau ennemi, et s'y arrêta ; Stésilée tirait à lui de toute sa force pour la dégager sans pouvoir y réussir. Les vaisseaux passaient tout auprès l'un de l'autre, et lui d'abord courut le long du vaisseau en suivant l'autre sans lâcher prise; mais quand l'ennemi commença à s'éloigner, et fut sur le point de l'entraîner attaché à la pique,
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