Texte grec :
[463] εἰ μὲν τοῦτό ἐστιν ἡ ῥητορικὴ ἣν Γοργίας (463a) ἐπιτηδεύει, οὐκ οἶδα
— καὶ γὰρ ἄρτι ἐκ τοῦ λόγου οὐδὲν ἡμῖν καταφανὲς ἐγένετο τί ποτε οὗτος ἡγεῖται —
ὃ δ' ἐγὼ καλῶ τὴν ῥητορικήν, πράγματός τινός ἐστι μόριον οὐδενὸς τῶν καλῶν.
(Γοργίας)
τίνος, ὦ Σώκρατες; εἰπέ· μηδὲν ἐμὲ αἰσχυνθῇς.
(Σωκράτης)
δοκεῖ τοίνυν μοι, ὦ Γοργία, εἶναί τι ἐπιτήδευμα τεχνικὸν μὲν οὔ, ψυχῆς δὲ
στοχαστικῆς καὶ ἀνδρείας καὶ φύσει δεινῆς προσομιλεῖν τοῖς ἀνθρώποις· καλῶ δὲ
αὐτοῦ (463b) ἐγὼ τὸ κεφάλαιον κολακείαν. ταύτης μοι δοκεῖ τῆς ἐπιτηδεύσεως
πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα μόρια εἶναι, ἓν δὲ καὶ ἡ ὀψοποιική· ὃ δοκεῖ μὲν εἶναι τέχνη,
ὡς δὲ ὁ ἐμὸς λόγος, οὐκ ἔστιν τέχνη ἀλλ' ἐμπειρία καὶ τριβή. ταύτης μόριον καὶ
τὴν ῥητορικὴν ἐγὼ καλῶ καὶ τήν γε κομμωτικὴν καὶ τὴν σοφιστικήν, τέτταρα
ταῦτα μόρια ἐπὶ τέτταρσιν πράγμασιν. εἰ οὖν βούλεται πῶλος πυνθάνεσθαι,
πυνθανέσθω· οὐ γάρ (463c) πω πέπυσται ὁποῖόν φημι ἐγὼ τῆς κολακείας μόριον
εἶναι τὴν ῥητορικήν, ἀλλ' αὐτὸν λέληθα οὔπω ἀποκεκριμένος, ὁ δὲ ἐπανερωτᾷ εἰ
οὐ καλὸν ἡγοῦμαι εἶναι. ἐγὼ δὲ αὐτῷ οὐκ ἀποκρινοῦμαι πρότερον εἴτε καλὸν εἴτε
αἰσχρὸν ἡγοῦμαι εἶναι τὴν ῥητορικὴν πρὶν ἂν πρῶτον ἀποκρίνωμαι ὅτι ἐστίν. οὐ
γὰρ δίκαιον, ὦ Πῶλε· ἀλλ' εἴπερ βούλει πυθέσθαι, ἐρώτα ὁποῖον μόριον τῆς
κολακείας φημὶ εἶναι τὴν ῥητορικήν.
(Πῶλος)
ἐρωτῶ δή, καὶ ἀπόκριναι ὁποῖον μόριον.
(463d) (Σωκράτης)
ἆρ' οὖν ἂν μάθοις ἀποκριναμένου; ἔστιν γὰρ ἡ ῥητορικὴ κατὰ τὸν ἐμὸν λόγον
πολιτικῆς μορίου εἴδωλον.
(Πῶλος)
τί οὖν; καλὸν ἢ αἰσχρὸν λέγεις αὐτὴν εἶναι;
(Σωκράτης)
αἰσχρὸν ἔγωγε — τὰ γὰρ κακὰ αἰσχρὰ καλῶ — ἐπειδὴ δεῖ σοι ἀποκρίνασθαι ὡς ἤδη
εἰδότι ἃ ἐγὼ λέγω.
(Γοργίας)
μὰ τὸν Δία, ὦ Σώκρατες, ἀλλ' ἐγὼ οὐδὲ αὐτὸς συνίημι ὅτι λέγεις.
(463e) (Σωκράτης)
εἰκότως γε, ὦ Γοργία· οὐδὲν γάρ πω σαφὲς λέγω, πῶλος δὲ ὅδε νέος ἐστὶ καὶ ὀξύς.
(Γοργίας)
ἀλλὰ τοῦτον μὲν ἔα, ἐμοὶ δ' εἰπὲ πῶς λέγεις πολιτικῆς μορίου εἴδωλον εἶναι τὴν
ῥητορικήν.
(Σωκράτης)
ἀλλ' ἐγὼ πειράσομαι φράσαι ὅ γέ μοι φαίνεται εἶναι ἡ ῥητορική·
τυγχάνει ὂν τοῦτο,
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Traduction française :
[463] J'ignore si la rhétorique que Gorgias professe est celle
que j'ai en vue : d'autant plus que la discussion précédente
ne nous a pas découvert clairement ce qu'il en
pense. Quant à ce que j'appelle rhétorique, c'est une
partie d'une certaine chose qui n'est point du tout
belle. - GORGIAS. De quelle chose, Socrate? Dis, et ne
crains pas de m'offenser.
XVIII. - SOCRATE. Il me paraît donc, Gorgias, que
c'est une certaine profession, où l'art n'entre à la vérité
pour rien, mais qui suppose une âme pénétrante, hardie
et douée de grandes dispositions pour converser avec
les hommes. J'appelle flatterie le genre auquel cette
profession se rapporte. Ce genre me parait se diviser en
je ne sais combien de parties, du nombre desquelles
est la cuisine. On croit communément que 'est un art,
mais à mon avis, ce n'en est pas un : c'est seulement
une pratique, une routine. Je compte aussi parmi les
parties de la flaterie la rhétorique, ainsi que la toilette
et la sophistique, et jattribue à ces quatre parties
quatre objets différents. Maintenant, si Polus veut
m'interroger, qu'il interroge ; car je ne lui ai pas
encore expliqué quelle partie de la flatterie est la
rhétorique, selon moi. Il ne s'aperçoit pas que; je n'ai
point encore achevé ma réponse; et cependant, il me
demande si je ne tiens point la rhétorique pour une
belle chose. Pour moi, je ne le dirai pas si je la tiens
pour belle ou pour laide, qu'auparavant je ne lui aie
répondu ce qu'elle est. Cela ne serait pas dans l'ordre,
Polus. Mais si tu veux savoir mon sentiment, demande-moi
à quelle partie de la flatterie je rapporte la rhétorique.
- POLUS. Eh bien, je te le demande; dis-moi
quelle partie de la flatterie est la rhétorique. - SOCRATE.
Comprendras-tu ma réponse? La rhétorique est,
selon moi, le simulacre d'une partie de la politique. -
POLUS. Mais encore, est-elle belle ou laide? - SOCRATE.
Je dis qu'elle est laide; car j'appelle laid tout ce qui
est mauvais, puisqu'il faut te répondre comme si tu
comprenais déjà ma pensée. - GORGIAS. Par Zeus,
Socrate, je ne conçois pas moi-même ce que tu veux
dire. - SOCRATE. Je n'en suis pas surpris, Gorgias ; je
n'ai encore rien développé. Mais Polus est jeune et
ardent. - GORGIAS. Laisse-le là, et explique-moi en quel
sens tu dis que la rhétorique est le simulacre d'une
partie de la politique. - SOCRATE. Je vais donc essayer
de te dire ce que c'est, selon moi, que la rhétorique;
et, s'il se trouve qu'elle n'est pas ce que je pense,
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