| Texte grec :
 
 
  
  
   | [458] (458a) ἐγὼ οὖν, εἰ μὲν καὶ σὺ εἶ τῶν ἀνθρώπων ὧνπερ καὶ ἐγώ, ἡδέως ἄν σε διερωτῴην·  εἰ δὲ μή, ἐῴην ἄν.
 ἐγὼ δὲ τίνων εἰμί; τῶν ἡδέως μὲν ἂν ἐλεγχθέντων εἴ τι μὴ ἀληθὲς λέγω, ἡδέως δ' ἂν
 ἐλεγξάντων εἴ τίς τι μὴ ἀληθὲς λέγοι, οὐκ ἀηδέστερον μεντἂν ἐλεγχθέντων ἢ
 ἐλεγξάντων·  μεῖζον γὰρ αὐτὸ ἀγαθὸν ἡγοῦμαι, ὅσῳπερ μεῖζον ἀγαθόν ἐστιν
 αὐτὸν ἀπαλλαγῆναι κακοῦ τοῦ μεγίστου ἢ ἄλλον ἀπαλλάξαι. οὐδὲν γὰρ οἶμαι
 τοσοῦτον κακὸν εἶναι ἀνθρώπῳ, ὅσον δόξα (458b) ψευδὴς περὶ ὧν τυγχάνει νῦν
 ἡμῖν ὁ λόγος ὤν. εἰ μὲν οὖν καὶ σὺ φῂς τοιοῦτος εἶναι, διαλεγώμεθα·  εἰ δὲ καὶ
 δοκεῖ χρῆναι ἐᾶν, ἐῶμεν ἤδη χαίρειν καὶ διαλύωμεν τὸν λόγον.
 (Γοργίας)
 ἀλλὰ φημὶ μὲν ἔγωγε, ὦ Σώκρατες, καὶ αὐτὸς τοιοῦτος εἶναι οἷον σὺ ὑφηγῇ·  ἴσως
 μέντοι χρῆν ἐννοεῖν καὶ τὸ τῶν παρόντων. πάλαι γάρ τοι, πρὶν καὶ ὑμᾶς ἐλθεῖν,
 ἐγὼ τοῖς παροῦσι πολλὰ ἐπεδειξάμην, καὶ νῦν ἴσως πόρρω ἀποτενοῦμεν, (458c)
 ἢν διαλεγώμεθα. σκοπεῖν οὖν χρὴ καὶ τὸ τούτων, μή τινας αὐτῶν κατέχομεν
 βουλομένους τι καὶ ἄλλο πράττειν.
 (Χαιρεφῶν)
 τοῦ μὲν θορύβου, ὦ Γοργία τε καὶ Σώκρατες, αὐτοὶ ἀκούετε τούτων τῶν ἀνδρῶν
 βουλομένων ἀκούειν ἐάν τι λέγητε·  ἐμοὶ δ' οὖν καὶ αὐτῷ μὴ γένοιτο τοσαύτη
 ἀσχολία, ὥστε τοιούτων λόγων καὶ οὕτω λεγομένων ἀφεμένῳ προὐργιαίτερόν τι
 γενέσθαι ἄλλο πράττειν.
 (458d) (Καλλίκλης)
 νὴ τοὺς θεούς, ὦ (Χαιρεφῶν), καὶ μὲν δὴ καὶ αὐτὸς πολλοῖς ἤδη λόγοις
 παραγενόμενος οὐκ οἶδ' εἰ πώποτε ἥσθην οὕτως ὥσπερ νυνί·  ὥστ' ἔμοιγε, κἂν
 τὴν ἡμέραν ὅλην ἐθέλητε διαλέγεσθαι, χαριεῖσθε.
 (Σωκράτης)
 ἀλλὰ μήν, ὦ Καλλίκλεις, τό γ' ἐμὸν οὐδὲν κωλύει, εἴπερ ἐθέλει (Γοργίας).
 (Γοργίας)
 αἰσχρὸν δὴ τὸ λοιπόν, ὦ Σώκρατες, γίγνεται ἐμέ γε μὴ ἐθέλειν, αὐτὸν
 ἐπαγγειλάμενον ἐρωτᾶν ὅτι τις βούλεται. (458e) ἀλλ' εἰ δοκεῖ τουτοισί, διαλέγου
 τε καὶ ἐρώτα ὅτι βούλει.
 (Σωκράτης)
 ἄκουε δή, ὦ Γοργία, ἃ θαυμάζω ἐν τοῖς λεγομένοις ὑπὸ σοῦ·  ἴσως γάρ τοι σοῦ
 ὀρθῶς λέγοντος ἐγὼ οὐκ ὀρθῶς ὑπολαμβάνω. ῥητορικὸν φῂς ποιεῖν οἷός τ' εἶναι,
 ἐάν τις βούληται παρὰ σοῦ μανθάνειν;
 (Γοργίας) ναί.
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [458] Si donc tu es du même caractère que moi, je t'interrogerai avec 
plaisir ; sinon, j'en resterai là. Mais quel est mon caractère? 
Je suis de ces hommes qui aiment qu'on les
réfute, lorsqu'ils ne disent pas la vérité, qui aiment 
aussi à réfuter les autres quand ceux-ci s'écartent du 
vrai, et qui du reste ne prennent pas moins de plaisir 
à se voir réfutés qu'à réfuter. Je tiens, en effet, pour 
un bien d'autant plus grand d'être réfuté, qu'il est 
véritablement plus avantageux d'être délivré du plus grand 
des maux que d'en délivrer un autre. Or, je ne connais 
pour l'homme aucun mal comparable à celui d'avoir des 
idées fausses sur la matière que nous traitons. Si donc 
tu m'assures que tu es dans les mêmes dispositions que 
moi, continuons la conversation; si au contraire tu 
crois devoir l'abandonner, j'y consens, terminons ici 
l'entretien. - GORGIAS. Je me flatte, Socrate, d'être du 
nombre de ceux dont tu as fait le portrait: il nous faut 
pourtant avoir égard aussi à ceux qui nous écoutent. 
Longtemps avant que tu vinsses, je leur ai déjà expliqué 
bien des choses; et si nous reprenons la conversation, 
peut-être nous mènera-t-elle bien loin. Il convient donc 
de penser aussi aux assistants, pour n'en retenir aucun 
qui aurait quelque autre chose à faire.
XIII. - CHÉRÉPHON. Vous entendez, Gorgias et Socrate, 
le bruit que font tous ceux qui sont présents, 
pour témoigner le désir qu'ils ont de vous entendre, si 
vous continuez à parler. Pour moi, aux dieux ne plaise 
que j'aie jamais des affaires si pressées et si importantes, 
qu'elles m'obligent à quitter une dispute aussi intéressante 
et aussi bien conduite, pour aller vaquer à quelque 
chose de plus nécessaire! - CALLICLÈS. Par tous les 
dieux, Chéréphon, tu as raison. J'ai déjà assisté à bien 
des entretiens; mais je ne sais si aucun m'a jamais 
causé autant de plaisir que celui-ci, et vous me feriez 
le plus grand plaisir si vous vouliez converser ainsi 
tout la journée. - SOCRATE. Si Gorgias y consent, tu
ne trouveras, Calliclès, aucun obstacle de ma part. - 
GORGIAS. Il serait désormais honteux pour moi de n'y 
pas consentir, surtout après que je me suis engagé à 
répondre à quiconque voudra m'interroger. Reprends 
donc l'entretien, si cela plaît à la compagnie, et propose-moi 
ce que tu jugeras à propos,
- SOCRATE. Écoute, Gorgias, ce qui me surprend dans 
ton discours. Peut-être n'as-tu rien dit que de vrai, et 
t'ai-je mal compris. Tu es, dis-tu, en état de former 
un homme à l'art oratoire, s'il veut se faire ton élève? 
- GORGIAS. Oui. |  |