Texte grec :
[526] ἐκ τῶν (526a) δυναμένων εἰσὶ καὶ οἱ σφόδρα πονηροὶ γιγνόμενοι ἄνθρωποι· οὐδὲν
μὴν κωλύει καὶ ἐν τούτοις ἀγαθοὺς ἄνδρας ἐγγίγνεσθαι, καὶ σφόδρα γε ἄξιον
ἄγασθαι τῶν γιγνομένων· χαλεπὸν γάρ, ὦ Καλλίκλεις, καὶ πολλοῦ ἐπαίνου
ἄξιον ἐν μεγάλῃ ἐξουσίᾳ τοῦ ἀδικεῖν γενόμενον δικαίως διαβιῶναι. ὀλίγοι δὲ
γίγνονται οἱ τοιοῦτοι· ἐπεὶ καὶ ἐνθάδε καὶ ἄλλοθι γεγόνασιν, οἶμαι δὲ καὶ ἔσονται
καλοὶ κἀγαθοὶ ταύτην τὴν ἀρετὴν τὴν τοῦ δικαίως (526b) διαχειρίζειν ἃ ἄν τις
ἐπιτρέπῃ· εἷς δὲ καὶ πάνυ ἐλλόγιμος γέγονεν καὶ εἰς τοὺς ἄλλους Ἕλληνας,
Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου· οἱ δὲ πολλοί, ὦ ἄριστε, κακοὶ γίγνονται τῶν δυναστῶν.
ὅπερ οὖν ἔλεγον, ἐπειδὰν ὁ Ῥαδάμανθυς ἐκεῖνος τοιοῦτόν τινα λάβῃ, ἄλλο μὲν
περὶ αὐτοῦ οὐκ οἶδεν οὐδέν, οὔθ' ὅστις οὔθ' ὧντινων, ὅτι δὲ πονηρός τις· καὶ τοῦτο
κατιδὼν ἀπέπεμψεν εἰς Τάρταρον, ἐπισημηνάμενος, ἐάντε ἰάσιμος ἐάντε ἀνίατος
δοκῇ εἶναι· ὁ δὲ ἐκεῖσε ἀφικόμενος (526c) τὰ προσήκοντα πάσχει. ἐνίοτε δ' ἄλλην
εἰσιδὼν ὁσίως βεβιωκυῖαν καὶ μετ' ἀληθείας, ἀνδρὸς ἰδιώτου ἢ ἄλλου τινός,
μάλιστα μέν, ἔγωγέ φημι, ὦ Καλλίκλεις, φιλοσόφου τὰ αὑτοῦ πράξαντος καὶ οὐ
πολυπραγμονήσαντος ἐν τῷ βίῳ, ἠγάσθη τε καὶ ἐς μακάρων νήσους ἀπέπεμψε.
ταὐτὰ δὲ ταῦτα καὶ ὁ Αἰακός — ἑκάτερος τούτων ῥάβδον ἔχων δικάζει — ὁ δὲ Μίνως
ἐπισκοπῶν κάθηται, μόνος ἔχων χρυσοῦν (526d) σκῆπτρον, ὥς φησιν Ὀδυσσεὺς ὁ
Ὁμήρου ἰδεῖν αὐτὸν —
χρύσεον σκῆπτρον ἔχοντα, θεμιστεύοντα νέκυσσιν.
ἐγὼ μὲν οὖν, ὦ Καλλίκλεις, ὑπό τε τούτων τῶν λόγων πέπεισμαι,
καὶ σκοπῶ ὅπως ἀποφανοῦμαι τῷ κριτῇ ὡς ὑγιεστάτην τὴν ψυχήν· χαίρειν οὖν
ἐάσας τὰς τιμὰς τὰς τῶν πολλῶν ἀνθρώπων, τὴν ἀλήθειαν ἀσκῶν πειράσομαι
τῷ ὄντι ὡς ἂν δύνωμαι βέλτιστος ὢν καὶ ζῆν καὶ ἐπειδὰν ἀποθνῄσκω (526e)
ἀποθνῄσκειν. παρακαλῶ δὲ καὶ τοὺς ἄλλους πάντας ἀνθρώπους, καθ' ὅσον
δύναμαι, καὶ δὴ καὶ σὲ ἀντιπαρακαλῶ ἐπὶ τοῦτον τὸν βίον καὶ τὸν ἀγῶνα τοῦτον,
ὃν ἐγώ φημι ἀντὶ πάντων τῶν ἐνθάδε ἀγώνων εἶναι, καὶ ὀνειδίζω σοι ὅτι οὐχ οἷός
τ' ἔσῃ σαυτῷ βοηθῆσαι, ὅταν ἡ δίκη σοι ᾖ καὶ ἡ κρίσις ἣν νυνδὴ ἐγὼ ἔλεγον,
ἀλλὰ ἐλθὼν παρὰ τὸν δικαστήν,
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Traduction française :
[526] En effet, Calliclés, les plus grands scélérats se composent de ceux
qui ont en main toute autorité. Rien n'empêche pourtant qu'il
ne se rencontre parmi eux des hommes vertueux, et on
ne saurait assez admirer ceux qui le sont. Car c'est une
chose bien difficile, Calliclés, et bien digne d'éloges,
que de passer toute sa vie dans la justice, lorsqu'on a
eu pleine liberté d'être injuste. Il se trouve peu de caractères
qui aient cette énergie. Il y a eu néanmoins, et
dans cette ville et ailleurs, et il y aura sans doute encore
des personnages excellents en ce genre de vertu, qui
consiste à administrer, suivant les règles de la justice,
les intérêts qui leur sont confiés. Il en est un qui s'est
rendu célèbre dans toute la Grèce : c'est Aristide, fils
de Lysimaque. Mais, en général, mon cher ami, les
hommes deviennent méchants en devenant puissants.
LXXXII. Pour revenir donc à ce que je disais, lorsqu'un
homme de cette espèce tombe entre les mains de
Rhadamanthe, ce juge ne connaît nulle autre chose de
lui, ni qui il est, ni quels sont ses parents, sinon qu'il
est méchant et l'ayant connu pour tel, il l'envoie au
Tartare, après lui avoir mis un certain signe, selon
qu'il le juge curable ou incurable. Arrivé au Tartare, le
coupable subit les châtiments qu'il a mérités. D'autres
fois, en voyant une âme qui a vécu saintement et dans
la vérité, soit l'âme d'un particulier ou de quelque autre,
mais surtout comme je le pense, Calliclès, celle d'un
philosophe uniquement occupé de ses devoirs, et qui
pendant sa vie s'est tenu en dehors de toute intrigue,
Rhadamanthe est ravi à sa vue et l'envoie aux îles Fortunées.
Éaque en fait autant de son côté. L'un et l'autre
rendent leurs jugements, tenant une baguette en main.
Minos seul, assis à part et les surveillant, a dans la main
un sceptre d'or, comme l'Ulysse d'Homère rapporte qu'il
l'a vu : un sceptre d'or à la main, rendant la justice aux morts.
Pour moi donc, Calliclès, j'ajoute une foi entière à
ces discours, et je cherche les moyens de paraître un
jour devant le juge avec l'âme la plus saine. Ainsi, méprisant
ce que la plupart des hommes estiment, et ne
considérant que la vérité, je ferai tous mes efforts pour
vivre et pour mourir, lorsque le temps en sera venu,
aussi vertueux que je pourrai. J'invite tous les autres
hommes, et jé t'invite toi-même à te consacrer à ce
genre de vie, et à soutenir vaillamment ce combat, le
plus grand, à mon avis, de tous ceux d'ici-bas. Je te
reproche en même temps que tu ne seras point en état
de te secourir toi même, lorsqu'il te faudra comparaître
et subir le jugement dont je viens de parler; mais
arrivé en présence de ton juge,
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