Texte grec :
[516] ἐπειδὴ δὲ καλοὶ κἀγαθοὶ ἐγεγόνεσαν (516a) ὑπ' αὐτοῦ, ἐπὶ
τελευτῇ τοῦ βίου τοῦ Περικλέους, κλοπὴν αὐτοῦ κατεψηφίσαντο, ὀλίγου δὲ καὶ
θανάτου ἐτίμησαν, δῆλον ὅτι ὡς πονηροῦ ὄντος.
(Καλλίκλης) τί οὖν; τούτου ἕνεκα κακὸς ἦν Περικλῆς;
(Σωκράτης)
ὄνων γοῦν ἂν ἐπιμελητὴς καὶ ἵππων καὶ βοῶν τοιοῦτος ὢν κακὸς ἂν ἐδόκει εἶναι,
εἰ παραλαβὼν μὴ λακτίζοντας ἑαυτὸν μηδὲ κυρίττοντας μηδὲ δάκνοντας
ἀπέδειξε ταῦτα ἅπαντα ποιοῦντας δι' ἀγριότητα. ἢ οὐ δοκεῖ σοι (516b) κακὸς
εἶναι ἐπιμελητὴς ὁστισοῦν ὁτουοῦν ζῴου, ὃς ἂν παραλαβὼν ἡμερώτερα
ἀποδείξῃ ἀγριώτερα ἢ παρέλαβε; δοκεῖ ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) πάνυ γε, ἵνα σοι χαρίσωμαι.
(Σωκράτης)
καὶ τόδε τοίνυν μοι χάρισαι ἀποκρινάμενος· πότερον καὶ ὁ ἄνθρωπος ἓν τῶν
ζῴων ἐστὶν ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης) οὐκοῦν ἀνθρώπων Περικλῆς ἐπεμέλετο;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
τί οὖν; οὐκ ἔδει αὐτούς, ὡς ἄρτι ὡμολογοῦμεν, δικαιοτέρους γεγονέναι ἀντὶ
ἀδικωτέρων ὑπ' ἐκείνου, εἴπερ (516c) ἐκεῖνος ἐπεμελεῖτο αὐτῶν ἀγαθὸς ὢν τὰ
πολιτικά;
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν οἵ γε δίκαιοι ἥμεροι, ὡς ἔφη Ὅμηρος· σὺ δὲ τί φῄς; οὐχ οὕτως;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
ἀλλὰ μὴν ἀγριωτέρους γε αὐτοὺς ἀπέφηνεν ἢ οἵους παρέλαβεν, καὶ ταῦτ' εἰς
αὑτόν, ὃν ἥκιστ' ἂν ἐβούλετο.
(Καλλίκλης) βούλει σοι ὁμολογήσω;
(Σωκράτης) εἰ δοκῶ γε σοι ἀληθῆ λέγειν.
(Καλλίκλης) ἔστω δὴ ταῦτα.
(Σωκράτης) οὐκοῦν εἴπερ ἀγριωτέρους, ἀδικωτέρους τε καὶ χείρους;
(516d) (Καλλίκλης) ἔστω.
(Σωκράτης)
οὐκ ἄρ' ἀγαθὸς τὰ πολιτικὰ Περικλῆς ἦν ἐκ τούτου τοῦ λόγου.
(Καλλίκλης) οὐ σύ γε φῄς.
(Σωκράτης)
μὰ Δί' οὐδέ γε σὺ ἐξ ὧν ὡμολόγεις. πάλιν δὲ λέγε μοι περὶ Κίμωνος· οὐκ
ἐξωστράκισαν αὐτὸν οὗτοι οὓς ἐθεράπευεν, ἵνα αὐτοῦ δέκα ἐτῶν μὴ ἀκούσειαν
τῆς φωνῆς; καὶ Θεμιστοκλέα ταὐτὰ ταῦτα ἐποίησαν καὶ φυγῇ προσεζημίωσαν;
Μιλτιάδην δὲ τὸν Μαραθῶνι εἰς τὸ βάραθρον (516e) ἐμβαλεῖν ἐψηφίσαντο, καὶ εἰ
μὴ διὰ τὸν πρύτανιν, ἐνέπεσεν ἄν; καίτοι οὗτοι, εἰ ἦσαν ἄνδρες ἀγαθοί, ὡς σὺ
φῄς, οὐκ ἄν ποτε ταῦτα ἔπασχον. οὔκουν οἵ γε ἀγαθοὶ ἡνίοχοι κατ' ἀρχὰς μὲν
οὐκ ἐκπίπτουσιν ἐκ τῶν ζευγῶν, ἐπειδὰν δὲ θεραπεύσωσιν τοὺς ἵππους καὶ αὐτοὶ
ἀμείνους γένωνται ἡνίοχοι, τότ' ἐκπίπτουσιν· οὐκ ἔστι ταῦτ' οὔτ' ἐν ἡνιοχείᾳ οὔτ'
ἐν ἄλλῳ ἔργῳ οὐδενί· ἢ δοκεῖ σοι;
(Καλλίκλης) οὐκ ἔμοιγε.
|
|
Traduction française :
[516] mais que sur la fin de la vie de Périclés, après qu'ils furent
devenus bons et vertueux par ses soins, ils le condamnèrent pour cause
de péculat, et peu s'en fallut qu'ils ne le jugeassent à mort,
sans doute comme un mauvais citoyen.
LXXII. - CALLICLÈS. Quoi donc! Périclès était-il
pour cela un mauvais citoyen? - SOCRATE. On tiendrait
pour mauvais gardien tout homme, qui aurait des ânes,
des chevaux, des boeufs à soigner, si ces animaux,
devenus féroces sous sa conduite, ruaient, frappaient
de la corne, mordaient, quoiqu'ils ne fissent rien de
semblable, quand ils ont été confiés à ses soins. Ne
penses-tu pas qu'on s'entend mal à gouverner quelque
animal que ce soit, quand on l'a reçu doux, et qu'on le
rend glus intraitable qu'on ne l'a reçu? Est-ce ton avis,
ou non? - CALLICLÈS. Je le veux bien pour te faire plaisir.
- SOCRATE. Fais-moi donc encore le plaisir de me
dire si l'homme est ou n'est pas classé parmi les animaux
- CALLICLÈS. Comment ne le serait-il pas? -
SOCRATE. N'est-ce pas des hommes que Périclès avait à
prendre soin? - CALLICLÈS. Oui. - SOCRATE. Eh bien,
s'il eût été réellement bon politique, ne fallait-il pas,
comme nous en sommes convenus, que d'injustes qu'ils
étaient, les Athéniens devinssent plus justes sous sa
conduite, puisqu'il en prenait soin? - CALLICLÈS. Certainement.
- SOCRATE. Mais les justes sont doux comme
dit Homère. Et toi, qu'en dis-tu? ne penses-tu pas de
même ? - CALLICLÈS. Oui. - SOCRATE. Or, Périclès les a
rendus plus féroces qu'ils n'étaient quand il s'en est
chargé, et cela contre lui-même, c'était la chose du monde
la plus contraire à ses intentions. - CALLICLÈS. Veux-tu
que je te l'accorde? - SOCRATE. Oui, Si tu trouves que je
dis vrai. - CALLICLÈS. Soit donc. - SOCRATE. En les rendant
plus féroces, ne les a-t-il pas rendus plus injustes
et plus méchants? - CALLICLÈS Soit. - SOCRATE. Ainsi,
à ce compte, Périclès n'était point un bon politique.
- CALLICLÈS. C'est toi-même qui le nies. - SOCRATE. Et
toi aussi assurément, si on en juge par tes aieux.
Dis-moi encore au sujet de Cimon : ceux dont il prenait
soin ne lui firent-ils pas subir la peine de l'ostracisme,
afin que pendant dix années entières ils n'entendissent
plus sa voix? Ne tinrent-ils pas la même
conduite à l'égard de Thémistocle , et de plus ne le
condamnèrent-ils pas au bannissement? Pour Miltiade,
le vainqueur de Marathon, ils réunirent leurs suffrages
pour le faire jeter dans la fosse, et sans le chef des
Prytanes, il y eût été précipité. Cependant s'ils avaient
été de bons citoyens, comme tu le prétends, il ne leur
serait jamais arrivé rien de semblable. Il n'est pas naturel
que les habiles conducteurs de chars ne tombent
point de leurs attelages dans les commencements, et
qu'ils en tombent quand ils ont rendu leurs chevaux
plus dociles et qu'ils sont devenus eux-mêmes meilleurs
cochers. C'est ce qui n'arrive ni dans la conduite
des chars, ni dans aucune autre chose. Le penses-tu?
CALLICLÈS. En effet, cela n'arrive pas.
|
|