Texte grec :
[515] (515a) (Σωκράτης)
νῦν δέ, ὦ βέλτιστε ἀνδρῶν, ἐπειδὴ σὺ μὲν αὐτὸς ἄρτι ἄρχῃ πράττειν τὰ τῆς
πόλεως πράγματα, ἐμὲ δὲ παρακαλεῖς καὶ ὀνειδίζεις ὅτι οὐ πράττω, οὐκ
ἐπισκεψόμεθα ἀλλήλους, φέρε, Καλλικλῆς ἤδη τινὰ βελτίω πεποίηκεν τῶν
πολιτῶν; ἔστιν ὅστις πρότερον πονηρὸς ὤν, ἄδικός τε καὶ ἀκόλαστος καὶ ἄφρων,
διὰ Καλλικλέα καλός τε κἀγαθὸς γέγονεν, ἢ ξένος ἢ ἀστός, ἢ δοῦλος ἢ
ἐλεύθερος; λέγε μοι, (515b) ἐάν τίς σε ταῦτα ἐξετάζῃ, ὦ Καλλίκλεις, τί ἐρεῖς; τίνα
φήσεις βελτίω πεποιηκέναι ἄνθρωπον τῇ συνουσίᾳ τῇ σῇ; ὀκνεῖς ἀποκρίνασθαι,
εἴπερ ἔστιν τι ἔργον σὸν ἔτι ἰδιωτεύοντος, πρὶν δημοσιεύειν ἐπιχειρεῖν;
(Καλλίκλης) φιλόνικος εἶ, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
ἀλλ' οὐ φιλονικίᾳ γε ἐρωτῶ, ἀλλ' ὡς ἀληθῶς βουλόμενος εἰδέναι ὅντινά ποτε
τρόπον οἴει δεῖν πολιτεύεσθαι ἐν ἡμῖν. ἢ ἄλλου του ἄρα ἐπιμελήσῃ ἡμῖν ἐλθὼν
ἐπὶ τὰ (515c) τῆς πόλεως πράγματα ἢ ὅπως ὅτι βέλτιστοι οἱ πολῖται ὦμεν; ἢ οὐ
πολλάκις ἤδη ὡμολογήκαμεν τοῦτο δεῖν πράττειν τὸν πολιτικὸν ἄνδρα;
ὡμολογήκαμεν ἢ οὔ; ἀποκρίνου. ὡμολογήκαμεν· ἐγὼ ὑπὲρ σοῦ ἀποκρινοῦμαι. εἰ
τοίνυν τοῦτο δεῖ τὸν ἀγαθὸν ἄνδρα παρασκευάζειν τῇ ἑαυτοῦ πόλει, νῦν μοι
ἀναμνησθεὶς εἰπὲ περὶ ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν ὧν ὀλίγῳ πρότερον ἔλεγες, εἰ ἔτι σοι
δοκοῦσιν ἀγαθοὶ πολῖται γεγονέναι, (515d) Περικλῆς καὶ Κίμων καὶ Μιλτιάδης
καὶ Θεμιστοκλῆς.
(Καλλίκλης) ἔμοιγε.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν εἴπερ ἀγαθοί, δῆλον ὅτι ἕκαστος αὐτῶν βελτίους ἐποίει τοὺς πολίτας ἀντὶ
χειρόνων. ἐποίει ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ὅτε Περικλῆς ἤρχετο λέγειν ἐν τῷ δήμῳ, χείρους ἦσαν οἱ Ἀθηναῖοι ἢ ὅτε
τὰ τελευταῖα ἔλεγεν;
(Καλλίκλης) ἴσως.
(Σωκράτης)
οὐκ ἴσως δή, ὦ βέλτιστε, ἀλλ' ἀνάγκη ἐκ τῶν ὡμολογημένων, εἴπερ ἀγαθός γ' ἦν
ἐκεῖνος πολίτης.
(515e) (Καλλίκλης) τί οὖν δή;
(Σωκράτης)
οὐδέν· ἀλλὰ τόδε μοι εἰπὲ ἐπὶ τούτῳ, εἰ λέγονται Ἀθηναῖοι διὰ Περικλέα βελτίους
γεγονέναι, ἢ πᾶν τοὐναντίον διαφθαρῆναι ὑπ' ἐκείνου. ταυτὶ γὰρ ἔγωγε ἀκούω,
Περικλέα πεποιηκέναι Ἀθηναίους ἀργοὺς καὶ δειλοὺς καὶ λάλους καὶ
φιλαργύρους, εἰς μισθοφορίαν πρῶτον καταστήσαντα.
(Καλλίκλης)
τῶν τὰ ὦτα κατεαγότων ἀκούεις ταῦτα, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
ἀλλὰ τάδε οὐκέτι ἀκούω, ἀλλ' οἶδα σαφῶς καὶ ἐγὼ καὶ σύ, ὅτι τὸ μὲν πρῶτον
ηὐδοκίμει Περικλῆς καὶ οὐδεμίαν αἰσχρὰν δίκην κατεψηφίσαντο αὐτοῦ Ἀθηναῖοι,
ἡνίκα χείρους ἦσαν·
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Traduction française :
[515] - SOCRATE. Maintenant donc, ô le meilleur des hommes!
que tu commences depuis peu à te mêler des affaires publiques,
que tu m'engages à t'imiter, et que tu me reproches de
n'y prendre aucune part, ne nous examinerons-nous
point l'un l'autre? Voyons un peu: Calliclés a-t-il par
le passé rendu quelque citoyen meilleur? Est-il quelqu'un
qui étant auparavant méchant, injuste, libertin, insensé,
soit devi nu honnête homme par les soins de Calliclés,
étranger ou citoyen, esclave ou libre? Dis-moi, Calliclés,
si on te questionnait là-dessus, que répondrais-tu?
Diras-tu que ton commerce a rendu quelqu'un meilleur?
As-tu honte de me déclarer si, n'étant que simple particulier,
avant de t'immiscer dans le gouvernement de
l'État, tu as fait quelque chose de semblable?
- CALLICLÈS. Tu es un disputeur, Socrate.
LXXI. - SOCRATE. Non, ce n'est point par esprit
de dispute que je t'interroge, mais dans le désir sincère
d'apprendre comment tu crois qu'on doit se conduire
chez nous dans l'administration publique; et si, en te
mêlant des affaires de l'État, tu te proposeras un autre
objet que de faire de nous des citoyens accomplis. Ne
sommes-nous pas convenus déjà plusieurs fois que tel
doit être le but de l'homme politique? En sommes-nous
convenus, ou non? Réponds : Oui, nous en sommes convenus,
puisqu'il faut que je réponde pour toi. Si donc
tel est l'avantage que l'homme de bien doit tâcher de
procurer à sa patrie, réfléchis un peu, et dis-moi s'il
te semble encore que ces personnages dont tu parlais
tout à l'heure, Périclès, et Cimon, et Miltiade, et Thémistocle,
ont été de bons citoyens? - CALLICLÈS. Sans
doute. - SOCRATE. S'ils ont été bons citoyens, il est
évident qu'ils ont rendu leurs compatriotes meilleurs,
de plus mauvais qu'ils étaient auparavant. L'ont-ils fait
ou non? - CALLICLÈS. Ils l'ont fait. - SOCRATE. Lorsque
Périclès commença à parler en public, les Athéniens
étaient donc plus mauvais que quand il les harangua
pour la dernière fois? - CALLICLÈS. Peut-être. -
SOCRATE. Il ne faut pas dire peut-être, mon cher ; cela
est nécessaire, après ce dont nous sommes convenus,
s'il est vrai que Périclès fut un bon citoyen. - CALLICLÈS.
Eh bien, qu'en veux tu conclure? - SOCRATE.
Rien. Mais dis-moi de plus : est-ce l'opinion commune
que les Athéniens sont devenus meilleurs par les soins
de Périclès, ou tout au contraire qu'il les a corrompus?
J'entends dire en effet que Périclès a rendu les Athéniens
paresseux, làches, bavards et intéressés parce
qu'il a le premier imaginé de les payer. - CALLICLÈS.
Tu entends ceux qui ont les oreilles meurtries tenir ce
langage, Socrate. - SOCRATE. Du moins ce qui suit n'est
pas un ouï-dire, Je sais certainement, et tu sais toi-même
que Périclès s'acquit au commencement une
grande réputation, et que les Athéniens, dans le temps
qu'ils étaient plus méchants, ne rendirent contre lui
aucune sentence infamante;
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