Texte grec :
[503] εἰ δέ γε βελτίους ἔσονται ἢ χείρους (503a) διὰ ταῦτα, οὐδὲν φροντίζουσιν;
(Καλλίκλης)
οὐχ ἁπλοῦν ἔτι τοῦτο ἐρωτᾷς· εἰσὶ μὲν γὰρ οἳ κηδόμενοι τῶν πολιτῶν λέγουσιν ἃ
λέγουσιν, εἰσὶν δὲ καὶ οἵους σὺ λέγεις.
(Σωκράτης)
ἐξαρκεῖ. εἰ γὰρ καὶ τοῦτό ἐστι διπλοῦν, τὸ μὲν ἕτερόν που τούτου κολακεία ἂν εἴη
καὶ αἰσχρὰ δημηγορία, τὸ δ' ἕτερον καλόν, τὸ παρασκευάζειν ὅπως ὡς βέλτισται
ἔσονται τῶν πολιτῶν αἱ ψυχαί, καὶ διαμάχεσθαι λέγοντα τὰ βέλτιστα, εἴτε ἡδίω
εἴτε ἀηδέστερα ἔσται τοῖς ἀκούουσιν. (503b) ἀλλ' οὐ πώποτε σὺ ταύτην εἶδες τὴν
ῥητορικήν· ἢ εἴ τινα ἔχεις τῶν ῥητόρων τοιοῦτον εἰπεῖν, τί οὐχὶ καὶ ἐμοὶ αὐτὸν
ἔφρασας τίς ἐστιν;
(Καλλίκλης)
ἀλλὰ μὰ Δία οὐκ ἔχω ἔγωγέ σοι εἰπεῖν τῶν γε νῦν ῥητόρων οὐδένα.
(Σωκράτης)
τί δέ; τῶν παλαιῶν ἔχεις τινὰ εἰπεῖν δι' ὅντινα αἰτίαν ἔχουσιν Ἀθηναῖοι βελτίους
γεγονέναι, ἐπειδὴ ἐκεῖνος ἤρξατο δημηγορεῖν, ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ χείρους
ὄντες; ἐγὼ μὲν γὰρ οὐκ οἶδα τίς ἐστιν οὗτος.
(503c) (Καλλίκλης)
τί δέ; Θεμιστοκλέα οὐκ ἀκούεις ἄνδρα ἀγαθὸν γεγονότα καὶ Κίμωνα καὶ
Μιλτιάδην καὶ Περικλέα τουτονὶ τὸν νεωστὶ τετελευτηκότα, οὗ καὶ σὺ ἀκήκοας;
(Σωκράτης)
εἰ ἔστιν γε, ὦ Καλλίκλεις, ἣν πρότερον σὺ ἔλεγες ἀρετήν, ἀληθής, τὸ τὰς
ἐπιθυμίας ἀποπιμπλάναι καὶ τὰς αὑτοῦ καὶ τὰς τῶν ἄλλων· εἰ δὲ μὴ τοῦτο, ἀλλ'
ὅπερ ἐν τῷ ὑστέρῳ λόγῳ ἠναγκάσθημεν ἡμεῖς ὁμολογεῖν — ὅτι αἳ μὲν τῶν
ἐπιθυμιῶν πληρούμεναι βελτίω ποιοῦσι τὸν ἄνθρωπον, (503d) ταύτας μὲν
ἀποτελεῖν, αἳ δὲ χείρω, μή, τοῦτο δὲ τέχνη τις εἴη — τοιοῦτον ἄνδρα τούτων τινὰ
(γεγονέναι) οὐκ ἔχω ἔγωγε πῶς εἴπω.
(Καλλίκλης) ἀλλ' ἐὰν ζητῇς καλῶς, εὑρήσεις.
(Σωκράτης)
ἴδωμεν δὴ οὑτωσὶ ἀτρέμα σκοπούμενοι εἴ τις τούτων τοιοῦτος γέγονεν· φέρε γάρ,
ὁ ἀγαθὸς ἀνὴρ καὶ ἐπὶ τὸ βέλτιστον λέγων, ἃ ἂν λέγῃ ἄλλο τι οὐκ εἰκῇ ἐρεῖ, ἀλλ'
(503e) ἀποβλέπων πρός τι; ὥσπερ καὶ οἱ ἄλλοι πάντες δημιουργοὶ (βλέποντες)
πρὸς τὸ αὑτῶν ἔργον ἕκαστος οὐκ εἰκῇ ἐκλεγόμενος προσφέρει (πρὸς τὸ ἔργον τὸ
αὑτῶν,) ἀλλ' ὅπως ἂν εἶδός τι αὐτῷ σχῇ τοῦτο ὃ ἐργάζεται. οἷον εἰ βούλει ἰδεῖν
τοὺς ζωγράφους, τοὺς οἰκοδόμους, τοὺς ναυπηγούς, τοὺς ἄλλους πάντας
δημιουργούς, ὅντινα βούλει αὐτῶν, ὡς εἰς τάξιν τινὰ ἕκαστος ἕκαστον τίθησιν ὃ
ἂν τιθῇ, καὶ προσαναγκάζει τὸ ἕτερον τῷ ἑτέρῳ πρέπον τε εἶναι καὶ ἁρμόττειν,
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Traduction française :
[503] sans s'inquiéter s'ils deviendront par là meilleurs ou pires ?
-CALLICLÈS. La question n'est plus aussi simple; il faut distinguer.
Il y a des orateurs qui parlent en vue de l'intérêt public ;
il y en a aussi qui sont tels que tu dis. - SOCRATE.
Cela me suffit : car s'il y a deux manières de haranguer,
l'une des deux est une flatterie et une déclamation honteuse,
et l'autre est honnête; j'entends celle qui travaille
à rendre meilleures les âmes des citoyens, et
s'applique en toute rencontre à dire ce qui est le plus
avantageux, soit que cela doive être agréable ou désagréable
aux auditeurs. Mais tu n'as jamais vu de rhétorique
semblable, ou si tu peux me nommer quelque
orateur de ce caractère, pourquoi ne me dis-tu pas à
moi aussi quel est son nom? - CALLICLÈS. Par Zeus!
je n'en connais aucun parmi tous les orateurs d'aujourd'hui.
- SOCRATE. Eh bien, en connais-tu quelqu'un
parmi les anciens, auxquels les Athéniens aient l'obligation
d'être devenus meilleurs depuis qu'il a commencé
à les haranguer, de moins bons qu'ils étaient auparavant?
Car pour moi, je ne vois pas qui ce pourrait être.
- CALLICLÈS. Quoi donc? N'entends-tu pas dire que Thémistocle
fut un homme de bien, ainsi que Cimon et
Miltiade et ce Périclès mort depuis peu, et dont tu as
toi-même écouté les discours ? - SOCRATE. Si la véritable
vertu consiste, comme tu l'as dit, Calliclés, à contenter
ses passions et celles des autres, tu as raison; mais si
ce n'est pas cela, si, comme nous avons été forcés d'en
convenir dans la suite de cette discussion, la vertu consiste
à satisfaire ceux de nos désirs dont l'accomplissement
rend l'homme meilleur, et à ne rien accorder à
ceux qui le rendent pire; et si d'ailleurs il y a un art
pour cela, peux-tu me dire qu'aucun de ceux que tu
viens de nommer ait été vertueux?
- CALLICLÈS. Je ne sais quelle réponse te faire.
LIX . - SOCRATE. Si tu la cherches bien, tu la trouveras.
Examinons donc ainsi paisiblement si quelqu'un
d'entre eux a été tel. N'est-il pas vrai que l'homme vertueux,
qui dans tous ses discours a le plus grand bien
en vue, ne parlera point à l'aventure, et se proposera un
but? Il fera comme tous les artistes qui, visant chacun à
la perfection de leur ouvrage, ne prennent point au
hasard ce qu'ils emploient pour l'exécuter, mais choisissent
ce qui est propre à lui donner la forme qu'il
doit avoir. Par exemple, si tu veux jeter les yeux sur les
peintres, les architectes, les constructeurs de vaisseaux,
en un mot sur tel ouvrier qu'il te plaira, tu verras que
chacun d'eux place dans un certain ordre tout ce qu'il place, et qu'il
force chaque partie à s'adapter et s'arranger avec les autres,
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