| Texte grec :
 
 
  
  
   | [480] (480a) (Σωκράτης) εἶεν·  εἰ οὖν δὴ ταῦτα ἀληθῆ, ὦ Πῶλε, τίς ἡ μεγάλη χρεία ἐστὶν τῆς ῥητορικῆς; δεῖ
 μὲν γὰρ δὴ ἐκ τῶν νῦν ὡμολογημένων αὐτὸν ἑαυτὸν μάλιστα φυλάττειν ὅπως
 μὴ ἀδικήσει, ὡς ἱκανὸν κακὸν ἕξοντα. οὐ γάρ;
 (Πῶλος) πάνυ γε.
 (Σωκράτης)
 ἐὰν δέ γε ἀδικήσῃ ἢ αὐτὸς ἢ ἄλλος τις ὧν ἂν κήδηται, αὐτὸν ἑκόντα ἰέναι ἐκεῖσε
 ὅπου ὡς τάχιστα δώσει δίκην, παρὰ τὸν δικαστὴν ὥσπερ παρὰ τὸν ἰατρόν, (480b)
 σπεύδοντα ὅπως μὴ ἐγχρονισθὲν τὸ νόσημα τῆς ἀδικίας ὕπουλον τὴν ψυχὴν
 ποιήσει καὶ ἀνίατον·  ἢ πῶς λέγομεν, ὦ Πῶλε, εἴπερ τὰ πρότερον μένει ἡμῖν
 ὁμολογήματα; οὐκ ἀνάγκη ταῦτα ἐκείνοις οὕτω μὲν συμφωνεῖν, ἄλλως δὲ μή;
 (Πῶλος) τί γὰρ δὴ φῶμεν, ὦ Σώκρατες;
 (Σωκράτης)
 ἐπὶ μὲν ἄρα τὸ ἀπολογεῖσθαι ὑπὲρ τῆς ἀδικίας τῆς αὑτοῦ ἢ γονέων ἢ ἑταίρων ἢ
 παίδων ἢ πατρίδος ἀδικούσης οὐ χρήσιμος οὐδὲν ἡ ῥητορικὴ ἡμῖν, ὦ Πῶλε, εἰ μὴ
 εἴ τις (480c) ὑπολάβοι ἐπὶ τοὐναντίον — κατηγορεῖν δεῖν μάλιστα μὲν ἑαυτοῦ,
 ἔπειτα δὲ καὶ τῶν οἰκείων καὶ τῶν ἄλλων ὃς ἂν ἀεὶ τῶν φίλων τυγχάνῃ ἀδικῶν,
 καὶ μὴ ἀποκρύπτεσθαι ἀλλ' εἰς τὸ φανερὸν ἄγειν τὸ ἀδίκημα, ἵνα δῷ δίκην καὶ
 ὑγιὴς γένηται, ἀναγκάζειν τε αὑτὸν καὶ τοὺς ἄλλους μὴ ἀποδειλιᾶν ἀλλὰ
 παρέχειν μύσαντα εὖ καὶ ἀνδρείως ὥσπερ τέμνειν καὶ κάειν ἰατρῷ, τὸ ἀγαθὸν
 καὶ καλὸν διώκοντα, μὴ ὑπολογιζόμενον τὸ ἀλγεινόν, ἐὰν μέν γε πληγῶν ἄξια
 ἠδικηκὼς (480d) ᾖ, τύπτειν παρέχοντα, ἐὰν δὲ δεσμοῦ, δεῖν, ἐὰν δὲ ζημίας,
 ἀποτίνοντα, ἐὰν δὲ φυγῆς, φεύγοντα, ἐὰν δὲ θανάτου, ἀποθνῄσκοντα, αὐτὸν
 πρῶτον ὄντα κατήγορον καὶ αὑτοῦ καὶ τῶν ἄλλων οἰκείων καὶ ἐπὶ τοῦτο
 χρώμενον τῇ ῥητορικῇ, ὅπως ἂν καταδήλων τῶν ἀδικημάτων γιγνομένων
 ἀπαλλάττωνται τοῦ μεγίστου κακοῦ, ἀδικίας. φῶμεν οὕτως ἢ μὴ φῶμεν, ὦ Πῶλε;
 (480e) (Πῶλος)
 ἄτοπα μέν, ὦ Σώκρατες, ἔμοιγε δοκεῖ, τοῖς μέντοι ἔμπροσθεν ἴσως σοι
 ὁμολογεῖται.
 (Σωκράτης) οὐκοῦν ἢ κἀκεῖνα λυτέον ἢ τάδε ἀνάγκη συμβαίνειν;
 (Πῶλος) ναί, τοῦτό γε οὕτως ἔχει.
 (Σωκράτης)
 τοὐναντίον δέ γε αὖ μεταβαλόντα, εἰ ἄρα δεῖ τινα κακῶς ποιεῖν, εἴτ' ἐχθρὸν εἴτε
 ὁντινοῦν, ἐὰν μόνον μὴ αὐτὸς ἀδικῆται ὑπὸ τοῦ ἐχθροῦ — τοῦτο μὲν γὰρ
 εὐλαβητέον — ἐὰν δὲ ἄλλον ἀδικῇ ὁ ἐχθρός, παντὶ τρόπῳ παρασκευαστέον,
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [480] XXXVI. - SOCRATE. A la bonne heure. Mais si cela 
est vrai, Polus, qu'elle est donc la grande utilité de la 
rhétorique? Car enfin, d'après les principes que nous 
venons d'admettre, il faut avant tout se garder de commettre 
une injustice, parce qu'on ne manquera pas par 
là de s'attirer un mal proportionné à la faute. - POLUS. 
Sans doute. - SOCRATE. Si donc un homme se rend lui-même 
coupable d'injustice, lui ou quelqu'un de ceux 
à qui il s'intéresse, il doit s'empresser d'aller de son 
propre mouvement là où il subira la punition la plus 
prompte de sa faute, et de se présenter au juge comme 
à un médecin, de peur que la maladie de l'injustice, devenue 
invétérée, ne produise dans son âme une plaie 
incurable. Qu'en dirons-nous, Polus, si la vérité des
propositions que nous avons admises subsiste ? Ne faut-il 
pas nécessairement que cette conséquence suive du 
principe, sans qu'il y ait moyen de faire autrement ? 
- POLUS. En effet, Socrate, qu'y a-t-il à dire à cela?  
- SOCRATE. La rhétorique, Polus, ne nous est donc d'aucune 
utilité, pour nous défendre nous-mêmes en cas d'injustice, 
non plus que nos parents, nos amis, nos enfants, 
notre patrie, quand ils l'ont commise : à moins peut-être 
qu'on ne croie devoir s'en servir pour s'accuser 
soi-même le premier, et ensuite les autres, parents et 
amis, dès qu'ils auront commis une injustice, et ne point 
tenir le crime secret, mais l'exposer au grand jour, afin 
que le coupable soit puni et recouvre la santé; à moins 
enfin qu'on ne fasse violence à soi-même ainsi qu'aux 
autres pour s'élever au-dessus de toute crainte, et s'offrir 
à la justice les yeux fermés et de grand coeur, comme 
on s'offre au médecin pour souffrir les incisions et les brûlures, 
s'attachant à la poursuite du bon et du beau, sans tenir 
aucun compte de la douleur ; en sorte que si la faute 
qu'on a faite mérite des coups de fouet, on se présente pour 
les recevoir; si les fers, on tende les mains aux chaînes; 
si une amende, on la paye; si le bannissement on s'y 
condamne; si la mort, on la subisse étant le premier 
à déposer contre soi-même et ses proches, et pour cela 
mettant la rhétorique en oeuvre, afin que par la révélation 
de ses crimes on parvienne à être délivré du plus 
grand de tous les maux, de l'injustice. Accorderons-nous 
cela, Polus, ou le nierons-nous? - POLUS. Cela me 
parait bien étrange, Socrate ; toutefois peut-être est-ce 
une conséquence de ce que nous avons dit précédemment. 
- SOCRATE. Ainsi, il faut ou renverser nos premières 
propositions, ou convenir que celles-ci en sont la 
conséquence nécessaire. - POLUS. Oui, il le faut bien.
SOCRATE. Et l'on prendra le contre-pied, lorsqu il
s'agira de faire du mal à quelqu'un, soit â son ennemi, 
soit à tout autre, pourvu néanmoins qu'on ne souffre 
point de mauvais traitements de la part de cet ennemi : 
car on doit tâcher de s'en garantir. Mais s'il commet une 
injustice envers quelque autre, il faut s'efforcer en toute manière, |  |