Texte grec :
[403] Τάχα δὲ οὐκ ἂν τοῦτο λέγοι, ἀλλ᾽ ἀντὶ τοῦ σῖγμα (403a) δύο λάβδα τὸ πρῶτον ἐλέγετο, ὡς πολλὰ εἰδότος τοῦ θεοῦ. Ἴσως δὲ ἀπὸ τοῦ σείειν «ὁ σείων» ὠνόμασται· πρόσκειται δὲ τὸ πεῖ καὶ τὸ δέλτα. Τὸ δὲ Πλούτωνος, τοῦτο μὲν κατὰ τὴν τοῦ πλούτου δόσιν, ὅτι ἐκ τῆς γῆς κάτωθεν ἀνίεται ὁ πλοῦτος, ἐπωνομάσθη· ὁ δὲ «Ἅιδης,» οἱ πολλοὶ μέν μοι δοκοῦσιν ὑπολαμβάνειν τὸ ἀιδὲς προσειρῆσθαι τῷ ὀνόματι τούτῳ, καὶ φοβούμενοι τὸ ὄνομα «Πλούτωνα» καλοῦσιν αὐτόν.
(403b) (Ἑρμογένης)
Σοὶ δὲ πῶς φαίνεται, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
Πολλαχῇ ἔμοιγε δοκοῦσιν ἅνθρωποι διημαρτηκέναι περὶ τούτου τοῦ θεοῦ τῆς δυνάμεως καὶ φοβεῖσθαι αὐτὸν οὐκ ἄξιον <ὄν>. Ὅτι τε γάρ, ἐπειδὰν ἅπαξ τις ἡμῶν ἀποθάνῃ, ἀεὶ ἐκεῖ ἐστιν, φοβοῦνται, καὶ ὅτι ἡ ψυχὴ γυμνὴ τοῦ σώματος παρ᾽ ἐκεῖνον ἀπέρχεται, καὶ τοῦτο πεφόβηνται· τὰ δ᾽ ἐμοὶ δοκεῖ πάντα ἐς ταὐτόν τι συντείνειν, καὶ ἡ ἀρχὴ τοῦ θεοῦ καὶ τὸ ὄνομα.
(Ἑρμογένης)
Πῶς δή;
(403c) (Σωκράτης)
Ἐγώ σοι ἐρῶ ἅ γέ μοι φαίνεται. εἰπὲ γάρ μοι, δεσμὸς ζῴῳ ὁτῳοῦν ὥστε μένειν ὁπουοῦν, πότερος ἰσχυρότερός ἐστιν, ἀνάγκη ἢ ἐπιθυμία;
(Ἑρμογένης)
Πολὺ διαφέρει, ὦ Σώκρατες, ἡ ἐπιθυμία.
(Σωκράτης)
Οἴει οὖν τὸν Ἅιδην οὐκ ἂν πολλοὺς ἐκφεύγειν, εἰ μὴ τῷ ἰσχυροτάτῳ δεσμῷ ἔδει τοὺς ἐκεῖσε ἰόντας;
(Ἑρμογένης)
Δῆλα δή.
(Σωκράτης)
Ἐπιθυμίᾳ ἄρα τινὶ αὐτούς, ὡς ἔοικε, δεῖ, εἴπερ τῷ μεγίστῳ δεσμῷ δεῖ, καὶ οὐκ ἀνάγκῃ.
(Ἑρμογένης)
Φαίνεται.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ἐπιθυμίαι αὖ πολλαί εἰσιν;
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(403d) (Σωκράτης)
Τῇ μεγίστῃ ἄρα ἐπιθυμίᾳ τῶν ἐπιθυμιῶν δεῖ αὐτούς, εἴπερ μέλλει τῷ μεγίστῳ δεσμῷ κατέχειν.
(Ἑρμογένης)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἔστιν οὖν τις μείζων ἐπιθυμία ἢ ὅταν τίς τῳ συνὼν οἴηται δι᾽ ἐκεῖνον ἔσεσθαι ἀμείνων ἀνήρ;
(Ἑρμογένης)
Μὰ Δί᾽ οὐδ᾽ ὁπωστιοῦν, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Διὰ ταῦτα ἄρα φῶμεν, ὦ Ἑρμόγενες, οὐδένα δεῦρο ἐθελῆσαι ἀπελθεῖν τῶν ἐκεῖθεν, οὐδὲ αὐτὰς τὰς Σειρῆνας, (403e) ἀλλὰ κατακεκηλῆσθαι ἐκείνας τε καὶ τοὺς ἄλλους πάντας· οὕτω καλούς τινας, ὡς ἔοικεν, ἐπίσταται λόγους λέγειν ὁ Ἅιδης, καὶ ἔστιν, ὥς γ᾽ ἐκ τοῦ λόγου τούτου, ὁ θεὸς (οὗτος) τέλεος σοφιστής τε καὶ μέγας εὐεργέτης τῶν παρ᾽ αὐτῷ, ὅς γε καὶ τοῖς ἐνθάδε τοσαῦτα ἀγαθὰ ἀνίησιν· οὕτω πολλὰ αὐτῷ τὰ περιόντα ἐκεῖ ἐστιν, καὶ τὸν «Πλούτωνα» ἀπὸ τούτου ἔσχε τὸ ὄνομα. Καὶ τὸ αὖ μὴ ἐθέλειν συνεῖναι τοῖς ἀνθρώποις ἔχουσι τὰ σώματα,
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Traduction française :
[403] Peut-être, du reste, n'est-ce pas cela, et y avait-il autrefois au lieu d'un g-s
(403a) deux g-ll, ce qui faisait : le dieu qui sait beaucoup de choses, g-polla g-eidohs.
Peut-être encore de l'action d'ébranler la terre, l'aura-t-on
appelé celui qui ébranle, g-ho g-seiohn ; et l'on aura ajouté ensuite le g-p et le g-d.
Le nom de Pluton signifie qui donne la richesse, g-ploutos, parce que la
richesse provient des entrailles de la terre. Quant au nom d'Haidès, je
crois que la plupart des hommes l'entendent dans le sens d'invisible, g-to
g-aeides, et que c'est pour éviter cette dénomination sinistre qu'ils préfèrent
celle de Pluton.
(403b) HERMOGÈNE.
Mais toi-même, Socrate, qu'en penses-tu ?
SOCRATE.
Il me semble que les hommes se trompent de plusieurs façons sur le
véritable pouvoir de ce dieu, et qu'ils en ont toujours témoigné une terreur
bien mal fondée. Le motif de cet effroi, c'est qu'une fois parti pour le
pays des morts, nul n'en revient; c'est aussi que l'âme se rend dépouillée
du corps auprès de ce dieu. Quant à moi, je trouve une conformité
parfaite entre son pouvoir et son nom.
HERMOGÈNE.
Que veux-tu dire ?
(403c) SOCRATE.
Je vais t'expliquer ma pensée. Dis-moi quel est le plus fort lien pour
retenir quelque part un animal quelconque, la force ou le désir ?
HERMOGÈNE.
Sans comparaison, c'est le désir.
SOCRATE.
Ne crois-tu pas qu'il échapperait beaucoup de monde à Haidès, s'il
ne retenait par les plus forts liens ceux qui se rendent là-bas ?
HERMOGÈNE
Certainement.
SOCRATE.
Il faut donc que ce soit par la chaîne la plus puissante qu'il les
attache, par le désir, et non pas par la contrainte.
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Et n'y a-t-il pas bien des sortes de désirs?
HERMOGÈNE.
Sans doute.
(403d) SOCRATE.
C'est donc par le plus puissant de tous les désirs qu'il les faut
engager, si on veut les retenir par le lien le plus solide.
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Et en est-il de plus fort que celui d'un homme qui fréquenterait un
autre homme, dans l'espoir de devenir meilleur par cette société ?
HERMOGÈNE.
Non assurément, Socrate, il n'en est pas de plus fort.
SOCRATE.
D'après tout cela, disons, Hermogène, que nul d'entre les morts n'a
la volonté de revenir de l'empire de Pluton, non pas même les Sirènes,
(403e) mais qu'elles sont sous le charme comme tous les autres; tant est
grande la beauté des discours que Haidès sait leur tenir; en sorte que ce
dieu doit être un sophiste accompli, et en même temps un grand
bienfaiteur pour ceux qui demeurent auprès de lui, puisqu'il envoie encore
à ceux de ce monde de si riches trésors. Il faut bien qu'il possède là-bas
des richesses immenses, et c'est ce qui l'a fait nommer Pluton. En
outre, refuser la compagnie des hommes tant qu'ils ont leurs enveloppes
matérielles,
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