Texte grec :
[437] (437a) (Κρατύλος)
Πάνυ σφόδρα, καὶ ὀρθῶς γε σημαίνει.
(Σωκράτης)
Σκοπῶμεν δὴ ἐξ αὐτῶν ἀναλαβόντες πρῶτον μὲν τοῦτο τὸ ὄνομα, τὴν «ἐπιστήμην,» ὡς ἀμφίβολόν (ἐστι), καὶ μᾶλλον ἔοικε σημαίνοντι ὅτι ἵστησιν ἡμῶν ἐπὶ τοῖς πράγμασι τὴν ψυχὴν ἢ ὅτι συμπεριφέρεται, καὶ ὀρθότερόν ἐστιν ὥσπερ νῦν αὐτοῦ τὴν ἀρχὴν λέγειν μᾶλλον ἢ ἐμβάλλοντας τὸ εἶ «ἑπεϊστήμην,» ἀλλὰ τὴν ἐμβολὴν ποιήσασθαι ἀντὶ τῆς ἐν τῷ εἶ ἐν τῷ ἰῶτα. Ἔπειτα τὸ «βέβαιον,» ὅτι βάσεώς τινός ἐστιν καὶ στάσεως μίμημα ἀλλ᾽ οὐ φορᾶς. (437b) Ἔπειτα ἡ «ἱστορία» αὐτό που σημαίνει ὅτι ἵστησι τὸν ῥοῦν. Καὶ τὸ «πιστὸν» ἱστὰν παντάπασι σημαίνει. Ἔπειτα δὲ ἡ «μνήμη» παντί που μηνύει ὅτι μονή ἐστιν ἐν τῇ ψυχῇ ἀλλ᾽ οὐ φορά. Εἰ δὲ βούλει, ἡ «ἁμαρτία» καὶ ἡ «συμφορά,» εἰ κατὰ τὸ ὄνομά τις ἀκολουθήσει, φανεῖται ταὐτὸν τῇ «συνέσει» ταύτῃ καὶ «ἐπιστήμῃ» καὶ τοῖς ἄλλοις πᾶσι τοῖς περὶ τὰ σπουδαῖα ὀνόμασιν. Ἔτι τοίνυν ἡ «ἀμαθία» καὶ ἡ «ἀκολασία» παραπλησία τούτοις φαίνεται· ἡ μὲν (437c) γὰρ τοῦ ἅμα θεῷ ἰόντος πορεία φαίνεται, ἡ «ἀμαθία,» ἡ δ᾽ «ἀκολασία» παντάπασιν ἀκολουθία τοῖς πράγμασι φαίνεται. Καὶ οὕτως, ἃ νομίζομεν ἐπὶ τοῖς κακίστοις ὀνόματα εἶναι, ὁμοιότατ᾽ ἂν φαίνοιτο τοῖς ἐπὶ τοῖς καλλίστοις. Οἶμαι δὲ καὶ ἄλλα πόλλ᾽ ἄν τις εὕροι εἰ πραγματεύοιτο, ἐξ ὧν οἰηθείη ἂν αὖ πάλιν τὸν τὰ ὀνόματα τιθέμενον οὐχὶ ἰόντα οὐδὲ φερόμενα ἀλλὰ μένοντα τὰ πράγματα σημαίνειν.
(437d) (Κρατύλος)
Ἀλλ᾽, ὦ Σώκρατες, ὁρᾷς ὅτι τὰ πολλὰ ἐκείνως ἐσήμαινεν.
(Σωκράτης)
Τί οὖν τοῦτο, ὦ Κρατύλε; ὥσπερ ψήφους διαριθμησόμεθα τὰ ὀνόματα, καὶ ἐν τούτῳ ἔσται ἡ ὀρθότης; ὁπότερα ἂν πλείω φαίνηται τὰ ὀνόματα σημαίνοντα, ταῦτα δὴ ἔσται τἀληθῆ;
(Κρατύλος)
Οὔκουν εἰκός γε.
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Traduction française :
[437] (437a) CRATYLE.
Assurément, et ce sens est tout à lait juste.
SOCRATE.
Reprenons d'abord le mot g-epistehmeh, science; c'est un mot ambigu,
maïs qui paraît exprimer plutôt l'arrêt de l'âme sur les choses, g-istehsin g-epi
que son mouvement de concert avec elles, en sorte qu'il vaudrait mieux
prononcer le commencement, comme on le fait aujourd'hui, et au lieu de
retrancher l' g-e, ajouter un g-i : g-epeistehmeh. Le mot g-bebaion, stable,
semble offrir l'image d'une base, g-basis, d'un état stationnaire et non pas
du mouvement, (437b) g-historia, histoire, paraît signifier ce qui arrête le
mouvement, g-istehsi g-to g-roun. g-Piston croyable, renferme évidemment
g-istan, arrêter. g-Mnehmeh, mémoire, indique clairement la permanence, g-moneh,
dans l'âme, et non pas un mouvement. Qu'on examine en outre les mots
g-hamartia, erreur, et g-xymphora, accident, et on y trouvera un sens analogue
à celui que nous avions donné à g-xynesis, compréhension, à g-epistehmeh,
science, et à beaucoup d'autres qui désignent des choses dignes de
louange. (437c) A côté de ces exemples viennent se placer les mots
g-amathia, ignorance, et g-akolasia, intempérance, le premier désignerait le
mouvement d'un être allant ensemble avec Dieu, g-hama g-toh g-theoh g-ion; et dans
le second je retrouve clairement l'action de suivre les choses, g-akolouthia.
De là il résulterait que les noms que nous donnons aux choses les plus
mauvaises seraient entièrement semblables aux noms des choses les
meilleures. Je ne doute pas qu'en s'y appliquant on ne trouvât un grand
nombre d'exemples de ce genre, d'où on pourrait conclure que l'auteur
des noms a voulu exprimer, non pas que les choses sont en mouvement,
mais au contraire qu'elles sont immobiles.
(437d) CRATYLE.
Cependant, Socrate, tu vois que le premier sens est celui que
l'auteur des noms a donné au plus grand nombre de mots.
SOCRATE.
Qu'importe, Cratyle ! Allons-nous, pour nous assurer de la propriété
des noms, les compter comme des cailloux de scrutin, et tenir pour vrai le
sens indiqué par le plus grand nombre ?
CRATYLE.
Cela ne serait pas fort raisonnable.
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