HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Clitophon (dialogue complet)

Page 407

  Page 407

[407] (407a) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλ' αἰσχρὸν μὴν σοῦ γε ὠφελεῖν με προθυμουμένου μὴ ὑπομένειν· δῆλον γὰρ ὡς γνοὺς ὅπῃ χείρων εἰμὶ καὶ βελτίων, τὰ μὲν ἀσκήσω καὶ διώξομαι, τὰ δὲ φεύξομαι κατὰ κράτος. (ΚΛΕΙΤΟΦΩΝ) Ἀκούοις ἄν. Ἐγὼ γάρ, Σώκρατες, σοὶ συγγιγνόμενος πολλάκις ἐξεπληττόμην ἀκούων, καί μοι ἐδόκεις παρὰ τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους κάλλιστα λέγειν, ὁπότε ἐπιτιμῶν τοῖς ἀνθρώποις, ὥσπερ ἐπὶ μηχανῆς τραγικῆς θεός, ὕμνεις (407b) λέγων· « ποῖ φέρεσθε, ὤνθρωποι; Καὶ ἀγνοεῖτε οὐδὲν τῶν δεόντων πράττοντες, οἵτινες χρημάτων μὲν πέρι τὴν πᾶσαν σπουδὴν ἔχετε ὅπως ὑμῖν ἔσται, τῶν δ' ὑέων οἷς ταῦτα παραδώσετε ὅπως ἐπιστήσονται χρῆσθαι δικαίως τούτοις, οὔτε διδασκάλους αὐτοῖς εὑρίσκετε τῆς δικαιοσύνης, εἴπερ μαθητόν - εἰ δὲ μελετητόν τε καὶ ἀσκητόν, οἵτινες ἐξασκήσουσιν καὶ ἐκμελετήσουσιν ἱκανῶς - οὐδέ γ' ἔτι πρότερον ὑμᾶς αὐτοὺς οὕτως ἐθεραπεύσατε. Ἀλλ' ὁρῶντες γράμματα (407c) καὶ μουσικὴν καὶ γυμναστικὴν ὑμᾶς τε αὐτοὺς καὶ τοὺς παῖδας ὑμῶν ἱκανῶς μεμαθηκότας - δὴ παιδείαν ἀρετῆς εἶναι τελέαν ἡγεῖσθε--κἄπειτα οὐδὲν ἧττον κακοὺς γιγνομένους περὶ τὰ χρήματα, πῶς οὐ καταφρονεῖτε τῆς νῦν παιδεύσεως οὐδὲ ζητεῖτε οἵτινες ὑμᾶς παύσουσι ταύτης τῆς ἀμουσίας; Καίτοι διά γε ταύτην τὴν πλημμέλειαν καὶ ῥᾳθυμίαν, ἀλλ' οὐ διὰ τὴν ἐν τῷ ποδὶ πρὸς τὴν λύραν ἀμετρίαν, καὶ ἀδελφὸς ἀδελφῷ καὶ πόλεις πόλεσιν ἀμέτρως καὶ (407d) ἀναρμόστως προσφερόμεναι στασιάζουσι καὶ πολεμοῦντες τὰ ἔσχατα δρῶσιν καὶ πάσχουσιν. Ὑμεῖς δέ φατε οὐ δι' ἀπαιδευσίαν οὐδὲ δι' ἄγνοιαν ἀλλ' ἑκόντας τοὺς ἀδίκους ἀδίκους εἶναι, πάλιν δ' αὖ τολμᾶτε λέγειν ὡς αἰσχρὸν καὶ θεομισὲς ἀδικία· πῶς οὖν δή τις τό γε τοιοῦτον κακὸν ἑκὼν αἱροῖτ' ἄν; Ἥττων ὃς ἂν , φατέ, τῶν ἡδονῶν. Οὐκοῦν καὶ τοῦτο ἀκούσιον, εἴπερ τὸ νικᾶν ἑκούσιον; Ὥστε ἐκ παντὸς τρόπου τό γε ἀδικεῖν ἀκούσιον λόγος αἱρεῖ, καὶ δεῖν ἐπιμέλειαν τῆς (407e) νῦν πλείω ποιεῖσθαι πάντ' ἄνδρα ἰδίᾳ θ' ἅμα καὶ δημοσίᾳ συμπάσας τὰς πόλεις. » Ταῦτ' οὖν, Σώκρατες, ἐγὼ ὅταν ἀκούω σοῦ θαμὰ λέγοντος, καὶ μάλα ἄγαμαι καὶ θαυμαστῶς ὡς ἐπαινῶ. Καὶ ὁπόταν αὖ φῇς τὸ ἐφεξῆς τούτῳ, τοὺς ἀσκοῦντας μὲν τὰ σώματα, τῆς δὲ ψυχῆς ἠμεληκότας ἕτερόν τι πράττειν τοιοῦτον, τοῦ μὲν ἄρξοντος ἀμελεῖν, περὶ δὲ τὸ ἀρξόμενον ἐσπουδακέναι. Καὶ ὅταν λέγῃς ὡς ὅτῳ τις μὴ ἐπίσταται χρῆσθαι, κρεῖττον ἐᾶν τὴν τούτου χρῆσιν· εἰ δή τις μὴ ἐπίσταται ὀφθαλμοῖς χρῆσθαι μηδὲ ὠσὶν μηδὲ σύμπαντι τῷ σώματι, τούτῳ μήτε ἀκούειν μήθ' ὁρᾶν μήτ' ἄλλην χρείαν μηδεμίαν χρῆσθαι τῷ σώματι κρεῖττον ὁπῃοῦν χρῆσθαι. [407] (407a) (SOCRATE) J'aurais tort de m'opposer au désir que tu montres de me rendre service. Dès que tu m'auras découvert ce qu'il y a de bien et ce qu'il y a de mal en moi, je poursuivrai l'un, et j'éviterai l'autre de toutes mes forces. (CLITOPHON) Prête-moi donc ton attention. Souvent, Socrate, quand je me suis trouvé avec toi, j'ai été saisi d'admiration en t'écoutant; et il m'a semblé que tu parlais mieux que tous les autres lorsque, gourmandant les hommes, comme un dieu du haut d'une machine de théâtre, (407b) tu t'écriais : où courez-vous, mortels? ne voyez-vous pas que vous ne faites rien de ce que vous devriez faire? Le but de tous vos soins est d'amasser des richesses et de les transmettre à vos enfants, sans vous inquiéter de l'usage qu'ils en feront. Vous ne songez pas à leur trouver des maîtres qui leur enseignent la justice, si elle peut s'enseigner, ou qui les y exercent et les y forment convenablement, si l'étude et l'exercice peuvent la donner. Vous ne vous gouvernez pas mieux vous-mêmes. Et quand après vous être instruits dans les lettres, (407c) la musique et la gymnastique, ce que vous croyez être la parfaite éducation pour devenir vertueux, vous voyez que ni vous ni vos enfants n'en êtes pas moins ignorants sur l'usage de vos richesses, comment n'êtes-vous pas scandalisés de cette éducation et ne cherchez-vous pas des maîtres qui fassent disparaître cette fâcheuse dissonance ? Car c'est à cause de ce désordre et de cette insouciance, et non parce qu'un pied tombe assez mal en mesure avec la lyre, qu'il y a défaut d'accord et d'harmonie entre les frères et les frères, les États et les États, (407d) et que, dans leurs divisions et leurs guerres, ils souffrent autant de maux qu'ils s'en font mutuellement. Vous prétendez que l'injustice est volontaire et qu'elle ne vient pas du manque de lumières et de l'ignorance, et cependant vous soutenez que l'injustice est honteuse et haïe des dieux. Quel est donc l'homme qui choisirait volontairement un tel mal? Celui qui se laisse vaincre par les plaisirs, me répondez-vous. Mais si la victoire dépend de la volonté, la défaite n'est-elle pas toujours involontaire? La raison nous force donc de convenir que de toutes manières l'injustice est involontaire, (407e) et que nous devons, chacun de nous en particulier, et toutes les républiques en général, nous montrer moins négligents que nous ne le sommes aujourd'hui. Quand je t'entends parler ainsi, Socrate, je l'admire, je t'aime et je te loue. J'éprouve le même sentiment quand tu ajoutes que ceux qui cultivent avec soin leur corps et négligent leur âme ne font pas autre chose que négliger ce qui commande et soigner ce qui doit obéir; quand tu dis que celui qui ne connaît pas l'usage d'une chose fait mieux de ne pas s'en servir; que celui qui ne connaît pas l'usage des yeux, des oreilles et des autres parties du corps, fait mieux de ne pas regarder, de ne pas écouter, et de ne tirer aucun service de ses membres que de s'en servir au hasard.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 11/03/2010