Texte grec :
[15] - Λέγω τοίνυν, ἦ δ' ὅς, ὅτι μόνη τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν αὐτή τε αὑτῆς ἐστιν καὶ τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν ἐπιστήμη.
- Οὐκοῦν, ἦν δ' ἐγώ, καὶ ἀνεπιστημοσύνης ἐπιστήμη ἂν εἴη, εἴπερ καὶ ἐπιστήμης;
- Πάνυ γε, ἔφη.
(167a) - Ὁ ἄρα σώφρων μόνος αὐτός τε ἑαυτὸν γνώσεται καὶ οἷός τε ἔσται ἐξετάσαι τί τε τυγχάνει εἰδὼς καὶ τί μή, καὶ τοὺς ἄλλους ὡσαύτως δυνατὸς ἔσται ἐπισκοπεῖν τί τις οἶδεν καὶ οἴεται, εἴπερ οἶδεν, καὶ τί αὖ οἴεται μὲν εἰδέναι, οἶδεν δ' οὔ, τῶν δὲ ἄλλων οὐδείς· καὶ ἔστιν δὴ τοῦτο τὸ σωφρονεῖν τε καὶ σωφροσύνη καὶ τὸ ἑαυτὸν αὐτὸν γιγνώσκειν, τὸ εἰδέναι ἅ τε οἶδεν καὶ ἃ μὴ οἶδεν. Ἆρα ταῦτά ἐστιν ἃ λέγεις;
- Ἔγωγ', ἔφη.
- Πάλιν τοίνυν, ἦν δ' ἐγώ, τὸ τρίτον τῷ σωτῆρι, ὥσπερ ἐξ (167b) ἀρχῆς ἐπισκεψώμεθα πρῶτον μὲν εἰ δυνατόν ἐστιν τοῦτ' εἶναι ἢ οὔ - τὸ ἃ οἶδεν καὶ ἃ μὴ οἶδεν εἰδέναι ὅτι οὐκ οἶδεν - ἔπειτα εἰ ὅτι μάλιστα δυνατόν, τίς ἂν εἴη ἡμῖν ὠφελία εἰδόσιν αὐτό.
- Ἀλλὰ χρή, ἔφη, σκοπεῖν.
- Ἴθι δή, ἔφην ἐγώ, ὦ Κριτία, σκέψαι, ἐάν τι περὶ αὐτῶν εὐπορώτερος φανῇς ἐμοῦ· ἐγὼ μὲν γὰρ ἀπορῶ. ᾛ δὲ ἀπορῶ, φράσω σοι;
- Πάνυ γ', ἔφη.
- Ἄλλο τι οὖν, ἦν δ' ἐγώ, πάντα ταῦτ' ἂν εἴη, εἰ ἔστιν ὅπερ σὺ νυνδὴ ἔλεγες, μία τις ἐπιστήμη, ἣ οὐκ ἄλλου τινός (167c) ἐστιν ἢ ἑαυτῆς τε καὶ τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν ἐπιστήμη, καὶ δὴ καὶ ἀνεπιστημοσύνης ἡ αὐτὴ αὕτη;
- Πάνυ γε.
- Ἰδὲ δὴ ὡς ἄτοπον ἐπιχειροῦμεν, ὦ ἑταῖρε, λέγειν· ἐν ἄλλοις γάρ που τὸ αὐτὸ τοῦτο ἐὰν σκοπῇς, δόξει σοι, ὡς ἐγᾦμαι, ἀδύνατον εἶναι.
- Πῶς δὴ καὶ ποῦ;
- Ἐν τοῖσδε. Ἐννόει γὰρ εἴ σοι δοκεῖ ὄψις τις εἶναι, ἣ ὧν μὲν αἱ ἄλλαι ὄψεις εἰσίν, οὐκ ἔστιν τούτων ὄψις, ἑαυτῆς δὲ καὶ τῶν ἄλλων ὄψεων ὄψις ἐστὶν καὶ μὴ ὄψεων ὡσαύτως, (167d) καὶ χρῶμα μὲν ὁρᾷ οὐδὲν ὄψις οὖσα, αὑτὴν δὲ καὶ τὰς ἄλλας ὄψεις· δοκεῖ τίς σοι εἶναι τοιαύτη;
- Μὰ Δί' οὐκ ἔμοιγε.
- Τί δὲ ἀκοήν, ἣ φωνῆς μὲν οὐδεμιᾶς ἀκούει, αὑτῆς δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἀκοῶν ἀκούει καὶ τῶν μὴ ἀκοῶν;
- Οὐδὲ τοῦτο.
- Συλλήβδην δὴ σκόπει περὶ πασῶν τῶν αἰσθήσεων εἴ τίς σοι δοκεῖ εἶναι αἰσθήσεων μὲν αἴσθησις καὶ ἑαυτῆς, ὧν δὲ δὴ αἱ ἄλλαι αἰσθήσεις αἰσθάνονται, μηδενὸς αἰσθανομένη;
- Οὐκ ἔμοιγε.
(167e) - Ἀλλ' ἐπιθυμία δοκεῖ τίς σοι εἶναι, ἥτις ἡδονῆς μὲν οὐδεμιᾶς ἐστὶν ἐπιθυμία, αὑτῆς δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἐπιθυμιῶν;
- Οὐ δῆτα.
- Οὐδὲ μὴν βούλησις, ὡς ἐγᾦμαι, ἣ ἀγαθὸν μὲν οὐδὲν βούλεται, αὑτὴν δὲ καὶ τὰς ἄλλας βουλήσεις βούλεται.
- Οὐ γὰρ οὖν.
- Ἔρωτα δὲ φαίης ἄν τινα εἶναι τοιοῦτον, ὃς τυγχάνει ὢν ἔρως καλοῦ μὲν οὐδενός, αὑτοῦ δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἐρώτων;
- Οὔκ, ἔφη, ἔγωγε.
- Φόβον δὲ ἤδη τινὰ κατανενόηκας, ὃς ἑαυτὸν μὲν καὶ τοὺς (168a) ἄλλους φόβους φοβεῖται, τῶν δεινῶν δ' οὐδὲ ἓν φοβεῖται;
- Οὐ κατανενόηκα, ἔφη.
- Δόξαν δὲ δοξῶν δόξαν καὶ αὑτῆς, ὧν δὲ αἱ ἄλλαι δοξάζουσιν μηδὲν δοξάζουσαν;
- Οὐδαμῶς.
- Ἀλλ' ἐπιστήμην, ὡς ἔοικεν, φαμέν τινα εἶναι τοιαύτην, ἥτις μαθήματος μὲν οὐδενός ἐστιν ἐπιστήμη, αὑτῆς δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν ἐπιστήμη;
- Φαμὲν γάρ.
- Οὐκοῦν ἄτοπον, εἰ ἄρα καὶ ἔστιν; μηδὲν γάρ πω διισχυριζώμεθα ὡς οὐκ ἔστιν, ἀλλ' εἰ ἔστιν ἔτι σκοπῶμεν.
(168b) Ὀρθῶς λέγεις.
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Traduction française :
[15] XV. - Eh bien, je pense, reprit-il, que seule de toutes les sciences, la sagesse
est la science delle-même et des autres sciences.
- Donc, repris-je, elle serait aussi la science de lignorance, si elle lest de
la science.
- Assurément, dit-il.
- En ce cas, le sage seul se connaîtra lui-même et sera seul capable de juger et
ce quil sait et ce quil ne sait pas, et il sera de même capable dexaminer les
autres et de voir ce quils savent et croient savoir, le sachant réellement, et
ce quils croient savoir, alors quils ne le savent pas, tandis quaucun autre
nen sera capable. En réalité, donc, être sage, la sagesse et la connaissance de
soi-même, cest savoir ce quon sait et ce quon ne sait pas. Est-ce bien là ta
pensée ?
- Oui, dit-il.
- Revenons maintenant en arrière, dis-je, et, faisant notre troisième libation à
Zeus Sauveur, examinons, comme si nous commencions, sil est possible, oui ou
non, de savoir quon a ou quon na pas la connaissance de ce quon sait et de
ce quon ne sait pas, et, ensuite, à supposer quà la rigueur cela soit
possible, à quoi il nous servirait de le savoir.
- Eh bien, examinons, dit-il.
- Allons, Critias, dis-je, vois si tu as en ces matières des clartés que je nai
pas. je suis en effet embarrassé. Veux-tu en savoir la cause ?
- Oui, dit-il.
- Si tout ce que tu viens de dire est exact, est-ce que cela ne revient pas à
dire quil existe une science qui na dautre objet quelle-même et les autres
sciences et qui est en même temps la science de lignorance ?
- Si, dit-il.
- Vois donc, camarade, quelle étrange théorie nous nous chargeons de soutenir.
Essaye de lappliquer à dautres objets et tu verras, je pense, quelle est insoutenable.
- Comment cela, et à quels objets ?
- Voici. Demande-toi si tu peux concevoir une vue qui ne soit pas la vue des
choses quaperçoivent les autres vues, mais qui serait la vue delle-même et des
autres vues et aussi de ce qui nest pas vue, qui ne verrait aucune couleur,
bien quelle soit une vue, mais qui se percevrait elle-même et les autres vues.
Crois-tu quune pareille vue puisse exister ?
- Non, par Zeus.
- Conçois-tu aussi une ouïe qui nentendrait aucune voix, mais sentendrait
elle-même et les autres ouïes et ce qui nest pas ouïe ?
- Pas davantage.
- En un mot, prends toutes les sensations et cherche si tu en trouves une qui
soit la sensation delle-même et des autres sensations et qui ne perçoive rien
de ce que les autres perçoivent.
- Je ne crois pas quil y en ait.
- Et parmi les désirs, en vois-tu un qui ne soit le désir daucun plaisir, mais
de lui-même et des autres désirs ?
- Non, certes.
- Pas plus, je crois, quune volonté qui ne voudrait aucun bien, mais se
voudrait elle-même et les autres volontés ?
- Non, en effet.
- Et pourrais-tu citer un amour qui ne serait lamour daucune beauté, mais de
lui-même et des autres amours ?
- Non, dit-il.
- As-tu déjà vu une crainte qui se craigne elle-même et les autres craintes,
mais ne craint aucun danger ?
- Non, je nen ai pas vu, dit-il.
- Ou une opinion qui soit lopinion des opinions et delle-même et qui nait
aucune opinion des objets dont opinent les autres ?
- Pas du tout.
- Mais à propos de science, nous affirmons, à ce quil paraît, quil en est une
qui nest la science daucune connaissance, mais la science delle-même et des
autres sciences.
- Nous laffirmons, en effet.
- Nest-ce pas une chose étrange, si réellement elle existe ? car il ne faut pas
encore affirmer quelle nexiste pas, mais rechercher si elle existe.
- Tu as raison.
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