Texte grec :
[17] Καὶ ὁ Κριτίας ἀκούσας ταῦτα καὶ ἰδών με ἀποροῦντα, ὥσπερ οἱ τοὺς χασμωμένους καταντικρὺ ὁρῶντες ταὐτὸν τοῦτο συμπάσχουσιν, κἀκεῖνος ἔδοξέ μοι ὑπ' ἐμοῦ ἀποροῦντος ἀναγκασθῆναι καὶ αὐτὸς ἁλῶναι ὑπὸ ἀπορίας. Ἅτε οὖν εὐδοκιμῶν ἑκάστοτε, ᾐσχύνετο τοὺς παρόντας, καὶ οὔτε συγχωρῆσαί μοι ἤθελεν ἀδύνατος εἶναι διελέσθαι ἃ προυκαλούμην (169d) αὐτόν, ἔλεγέν τε οὐδὲν σαφές, ἐπικαλύπτων τὴν ἀπορίαν. Κἀγὼ ἡμῖν ἵνα ὁ λόγος προί̈οι, εἶπον· ἀλλ' εἰ δοκεῖ, ὦ Κριτία, νῦν μὲν τοῦτο συγχωρήσωμεν, δυνατὸν εἶναι γενέσθαι ἐπιστήμην ἐπιστήμης· αὖθις δὲ ἐπισκεψόμεθα εἴτε οὕτως ἔχει εἴτε μή. Ἰθι δὴ οὖν, εἰ ὅτι μάλιστα δυνατὸν τοῦτο, τί μᾶλλον οἷόν τέ ἐστιν εἰδέναι ἅ τέ τις οἶδε καὶ ἃ μή; Τοῦτο γὰρ δήπου ἔφαμεν εἶναι τὸ γιγνώσκειν αὑτὸν καὶ σωφρονεῖν· ἦ γάρ;
- Πάνυ γε, ἦ δ' ὅς, καὶ συμβαίνει γέ που, ὦ Σώκρατες. Εἰ (169e) γάρ τις ἔχει ἐπιστήμην ἣ αὐτὴ αὑτὴν γιγνώσκει, τοιοῦτος ἂν αὐτὸς εἴη οἷόνπερ ἐστὶν ὃ ἔχει· ὥσπερ ὅταν τάχος τις ἔχῃ, ταχύς, καὶ ὅταν κάλλος, καλός, καὶ ὅταν γνῶσιν, γιγνώσκων, ὅταν δὲ δὴ γνῶσιν αὐτὴν αὑτῆς τις ἔχῃ, γιγνώσκων που αὐτὸς ἑαυτὸν τότε ἔσται.
- Οὐ τοῦτο, ἦν δ' ἐγώ, ἀμφισβητῶ, ὡς οὐχ ὅταν τὸ αὑτὸ γιγνῶσκόν τις ἔχῃ, αὐτὸς αὑτὸν γνώσεται, ἀλλ' ἔχοντι τοῦτο τίς ἀνάγκη εἰδέναι ἅ τε οἶδεν καὶ ἃ μὴ οἶδεν;
(170a) - Ὅτι, ὦ Σώκρατες, ταὐτόν ἐστιν τοῦτο ἐκείνῳ.
- Ἴσως, ἔφην, ἀλλ' ἐγὼ κινδυνεύω ἀεὶ ὅμοιος εἶναι· οὐ γὰρ αὖ μανθάνω ὡς ἔστιν τὸ αὐτό, ἃ οἶδεν εἰδέναι καὶ ἅ τις μὴ οἶδεν εἰδέναι.
- Πῶς λέγεις, ἔφη;
- Ὧδε, ἦν δ' ἐγώ. Ἐπιστήμη που ἐπιστήμης οὖσα ἆρα πλέον τι οἵα τ' ἔσται διαιρεῖν, ἢ ὅτι τούτων τόδε μὲν ἐπιστήμη, τόδε δ' οὐκ ἐπιστήμη;
- Οὔκ, ἀλλὰ τοσοῦτον.
- Ταὐτὸν οὖν ἐστιν ἐπιστήμῃ τε καὶ ἀνεπιστημοσύνῃ ὑγιεινοῦ, (170b) καὶ ἐπιστήμῃ τε καὶ ἀνεπιστημοσύνῃ δικαίου;
- Οὐδαμῶς.
- Ἀλλὰ τὸ μὲν οἶμαι ἰατρική, τὸ δὲ πολιτική, τὸ δὲ οὐδὲν ἄλλο ἢ ἐπιστήμη.
- Πῶς γὰρ οὔ;
- Οὐκοῦν ἐὰν μὴ προσεπίστηταί τις τὸ ὑγιεινὸν καὶ τὸ δίκαιον, ἀλλ' ἐπιστήμην μόνον γιγνώσκῃ ἅτε τούτου μόνον ἔχων ἐπιστήμην, ὅτι μέν τι ἐπίσταται καὶ ὅτι ἐπιστήμην τινὰ ἔχει, εἰκότως ἂν γιγνώσκοι καὶ περὶ αὑτοῦ καὶ περὶ τῶν ἄλλων· ἦ γάρ;
- Ναί.
- Ὅτι δὲ γιγνώσκει, ταύτῃ τῇ ἐπιστήμῃ πῶς εἴσεται; (170c) γιγνώσκει γὰρ δὴ τὸ μὲν ὑγιεινὸν τῇ ἰατρικῇ ἀλλ' οὐ σωφροσύνῃ, τὸ δ' ἁρμονικὸν μουσικῇ ἀλλ' οὐ σωφροσύνῃ, τὸ δ' οἰκοδομικὸν οἰκοδομικῇ ἀλλ' οὐ σωφροσύνῃ, καὶ οὕτω πάντα· ἢ οὔ;
- Φαίνεται.
- Σωφροσύνῃ δέ, εἴπερ μόνον ἐστὶν ἐπιστημῶν ἐπιστήμη, πῶς εἴσεται ὅτι τὸ ὑγιεινὸν γιγνώσκει ἢ ὅτι τὸ οἰκοδομικόν;
- Οὐδαμῶς.
- Οὐκ ἄρα εἴσεται ὃ οἶδεν ὁ τοῦτο ἀγνοῶν, ἀλλ' ὅτι οἶδεν μόνον.
- Ἔοικεν.
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Traduction française :
[17] XVII. - Critias, ayant entendu ces paroles et me voyant embarrassé, fit comme
ceux qui, voyant bâiller des gens en face deux, se mettent à bâiller aussi : il
me parut en proie au même embarras que moi. Mais, en homme toujours applaudi, il
craignait de se déconsidérer devant lassistance et ne voulait pas avouer quil
était incapable de trancher les questions que je lui proposais. Aussi il parla,
pour dissimuler son embarras, mais sans rien dire de clair. Alors, pour faire
avancer la discussion, je lui dis :
« Eh bien, Critias, admettons pour le moment, si tu veux, quil puisse y avoir
une science de la science ; nous examinerons une autre fois sil en est ainsi ou
non. Supposé donc que cela soit parfaitement possible, dis-moi en quoi il
devient plus facile de savoir ce quon sait et ce quon ne sait pas. Car cest
bien en cela que nous avons fait consister la connaissance de soi-même et la
sagesse, nest-ce pas ?
- Sans doute, dit-il, et cest une conséquence naturelle, Socrate. Car si un
homme possède la science qui se connaît elle-même, il sera lui-même tel que ce
quil possède. A-t-il par exemple de la vitesse, il est rapide ; de la beauté,
il est beau ; de la science, il est savant. Et sil a la science qui se connaît
elle-même, alors il doit se connaître lui-même.
- Je ne conteste pas, répliquai-je, que celui qui possède ce qui se connaît
soi-même ne se connaisse aussi lui-même, mais si, quand on possède cette
science, on connaît nécessairement ce quon sait et ce quon ne sait pas.
- Oui, Socrate, parce que les deux sciences nen font quune.
- Cest possible, dis-je ; mais moi, jai bien peur dêtre toujours le même ;
car je ne comprends pas non plus comment se connaître soi-même est la même chose
que savoir ce quon sait et savoir ce quon ne sait pas.
- Que veux-tu dire ? demanda-t-il.
- Voici, répondis-je : sil y a une science de la science, est-elle capable
daller plus loin que cette distinction de ces deux choses, celle-ci est
science, celle-là ignorance ?
- Non, elle ne peut aller au-delà.
- Maintenant, la science et lignorance de la santé, et la science et
lignorance du juste, est-ce la même chose ?
- Nullement.
- La première est, je pense, la médecine ; la seconde la politique ; lautre est
tout simplement la science.
- Sans doute.
- Donc, si un homme ne connaît que la science et quil ny joigne pas la
connaissance de ce qui est sain et de ce qui est juste, parce quil na la
science que dune chose, à savoir quil sait quelque chose et quil possède une
science particulière, il est naturel quil ait cette connaissance sur soi et sur
les autres, nest-ce pas ?
- Oui.
- Mais ce quil sait, comment cette science le lui apprendrait-elle ? Il connaît
en effet ce qui est sain par la médecine, et non par la sagesse, lharmonie par
la musique, et non par la sagesse, lart de bâtir par larchitecture, et non par
la sagesse, et tout le reste de même ; nest-ce pas vrai ?
- Evidemment si.
- Mais par la sagesse, si elle nest que la science des sciences, comment
saura-t-il quil connaît ce qui est sain et ce qui concerne la bâtisse ?
- Il ne le saura pas du tout.
- Celui qui ignore ces sciences ne connaît donc pas ce quil sait, mais
seulement quil sait ?
- Il y a apparence.
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