Texte grec :
[16] - Φέρε δή· ἔστι μὲν αὕτη ἡ ἐπιστήμη τινὸς ἐπιστήμη, καὶ ἔχει τινὰ τοιαύτην δύναμιν ὥστε τινὸς εἶναι· ἦ γάρ;
- Πάνυ γε.
- Καὶ γὰρ τὸ μεῖζόν φαμεν τοιαύτην τινὰ ἔχειν δύναμιν, ὥστε τινὸς εἶναι μεῖζον;
- Ἔχει γάρ.
- Οὐκοῦν ἐλάττονός τινος, εἴπερ ἔσται μεῖζον.
- Ἀνάγκη.
- Εἰ οὖν τι εὕροιμεν μεῖζον, ὃ τῶν μὲν μειζόνων ἐστὶν μεῖζον καὶ ἑαυτοῦ, ὧν δὲ τἆλλα μείζω ἐστὶν μηδενὸς μεῖζον, (168c) πάντως ἄν που ἐκεῖνό γ' αὐτῷ ὑπάρχοι, εἴπερ ἑαυτοῦ μεῖζον εἴη, καὶ ἔλαττον ἑαυτοῦ εἶναι· ἢ οὔ;
- Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη, ὦ Σώκρατες.
- Οὐκοῦν καὶ εἴ τι διπλάσιόν ἐστιν τῶν τε ἄλλων διπλασίων καὶ ἑαυτοῦ, ἡμίσεος δήπου ὄντος ἑαυτοῦ τε καὶ τῶν ἄλλων διπλάσιον ἂν εἴη· οὐ γάρ ἐστίν που ἄλλου διπλάσιον ἢ ἡμίσεος.
- Ἀληθῆ.
- Πλέον δὲ αὑτοῦ ὂν οὐ καὶ ἔλαττον ἔσται, καὶ βαρύτερον ὂν κουφότερον, καὶ πρεσβύτερον ὂν νεώτερον, καὶ τἆλλα (168d) πάντα ὡσαύτως, ὅτιπερ ἂν τὴν ἑαυτοῦ δύναμιν πρὸς ἑαυτὸ ἔχῃ, οὐ καὶ ἐκείνην ἕξει τὴν οὐσίαν, πρὸς ἣν ἡ δύναμις αὐτοῦ ἦν; Λέγω δὲ τὸ τοιόνδε· οἷον ἡ ἀκοή, φαμέν, οὐκ ἄλλου τινὸς ἦν ἀκοὴ ἢ φωνῆς· ἦ γάρ;
- Ναί.
- Οὐκοῦν εἴπερ αὐτὴ αὑτῆς ἀκούσεται, φωνὴν ἐχούσης ἑαυτῆς ἀκούσεται· οὐ γὰρ ἂν ἄλλως ἀκούσειεν.
- Πολλὴ ἀνάγκη.
- Καὶ ἡ ὄψις γέ που, ὦ ἄριστε, εἴπερ ὄψεται αὐτὴ ἑαυτήν, χρῶμά τι αὐτὴν ἀνάγκη ἔχειν· ἄχρων γὰρ ὄψις οὐδὲν (ἂν) (168e) μή ποτε ἴδῃ.
- Οὐ γὰρ οὖν.
- Ὁρᾷς οὖν, ὦ Κριτία, ὅτι ὅσα διεληλύθαμεν, τὰ μὲν αὐτῶν ἀδύνατα παντάπασι φαίνεται ἡμῖν, τὰ δ' ἀπιστεῖται σφόδρα μή ποτ' ἂν τὴν ἑαυτῶν δύναμιν πρὸς ἑαυτὰ σχεῖν; Μεγέθη μὲν γὰρ καὶ πλήθη καὶ τὰ τοιαῦτα παντάπασιν ἀδύνατον· ἢ οὐχί;
- Πάνυ γε.
- Ἀκοὴ δ' αὖ καὶ ὄψις καὶ ἔτι γε κίνησις αὐτὴ ἑαυτὴν κινεῖν, καὶ θερμότης κάειν, καὶ πάντα αὖ τὰ τοιαῦτα τοῖς (169a) μὲν ἀπιστίαν παράσχοι, ἴσως δέ τισιν οὔ. Μεγάλου δή τινος, ὦ φίλε, ἀνδρὸς δεῖ, ὅστις τοῦτο κατὰ πάντων ἱκανῶς διαιρήσεται, πότερον οὐδὲν τῶν ὄντων τὴν αὑτοῦ δύναμιν αὐτὸ πρὸς ἑαυτὸ πέφυκεν ἔχειν (πλὴν ἐπιστήμης), ἀλλὰ πρὸς ἄλλο, ἢ τὰ μέν, τὰ δ' οὔ· καὶ εἰ ἔστιν αὖ ἅτινα αὐτὰ πρὸς αὑτὰ ἔχει, ἆρ' ἐν τούτοις ἐστὶν ἐπιστήμη, ἣν δὴ ἡμεῖς σωφροσύνην φαμὲν εἶναι. Ἐγὼ μὲν οὐ πιστεύω ἐμαυτῷ ἱκανὸς εἶναι ταῦτα διελέσθαι· διὸ καὶ οὔτ' εἰ δυνατόν ἐστι τοῦτο γενέσθαι, (169b) ἐπιστήμης ἐπιστήμην εἶναι, ἔχω διισχυρίσασθαι, οὔτ' εἰ ὅτι μάλιστα ἔστι, σωφροσύνην ἀποδέχομαι αὐτὸ εἶναι, πρὶν ἂν ἐπισκέψωμαι εἴτε τι ἂν ἡμᾶς ὠφελοῖ τοιοῦτον ὂν εἴτε μή. Τὴν γὰρ οὖν δὴ σωφροσύνην ὠφέλιμόν τι καὶ ἀγαθὸν μαντεύομαι εἶναι· σὺ οὖν, ὦ παῖ Καλλαίσχρου - τίθεσαι γὰρ σωφροσύνην τοῦτ' εἶναι, ἐπιστήμην ἐπιστήμης καὶ δὴ καὶ ἀνεπιστημοσύνης - πρῶτον μὲν τοῦτο ἔνδειξαι, ὅτι δυνατὸν (ἀποδεῖξαί σε) ὃ νυνδὴ ἔλεγον, ἔπειτα πρὸς τῷ δυνατῷ ὅτι (169c) καὶ ὠφέλιμον· κἀμὲ τάχ' ἂν ἀποπληρώσαις ὡς ὀρθῶς λέγεις περὶ σωφροσύνης ὃ ἔστιν.
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Traduction française :
[16] XVI. - Voyons donc : cette science est science de quelque chose et elle a la
propriété de se rapporter à quelque chose, nest-ce pas ?
- Assurément.
- Et en effet, nous disons que ce qui est plus grand a la propriété dêtre plus
grand que quelque chose ?
- Il la, en effet.
- Que quelque chose de plus petit, sil est vrai quil soit plus grand ?
- Nécessairement.
Si donc nous trouvions une grandeur plus grande, qui fût plus grande que les
autres grandeurs et quelle-même, mais pas plus grande quaucune des grandeurs
en comparaison desquelles les autres sont plus grandes, elle aurait à coup sûr
cette particularité, étant plus grande quelle-même, dêtre en même temps plus
petite quelle-même, nest-ce pas ?
- De toute nécessité, Socrate.
- Et si une chose était le double des autres doubles et delle-même, elle
serait, nest-ce pas ? le double de la moitié qui la constitue et des autres
doubles ; car il ne saurait y avoir de double que dune moitié.
- Cest juste.
- Mais étant plus grande quelle-même, elle serait moindre en même temps, le
plus lourd que soi-même serait plus léger ; le plus vieux serait plus jeune et
de même pour le reste. Tout ce qui aurait la propriété de se rapporter à
soi-même naurait-il pas aussi lessence à laquelle sa propriété se rapporte ?
Je mexplique par un exemple : nous avons dit que louïe ne pouvait être louïe
dautre chose que de la voix, nest-ce pas ?
- Oui.
- Si donc elle doit sentendre elle-même, il faudra quelle ait une voix pour
cela ; autrement elle ne sentendra pas.
- Cest de toute nécessité.
- Et la vue, excellent Critias, si elle doit se voir elle-même, aura
nécessairement une couleur, car la vue ne saurait rien voir dincolore.
- Non, en effet.
- Tu vois donc, Critias, que, parmi les choses que nous avons énumérées, il nous
apparaît, pour les unes, quil est impossible, pour les autres, fort douteux
quelles exercent leur vertu propre sur elles-mêmes. En effet, pour les
grandeurs, les nombres et les choses du même genre, cest absolument impossible,
nest-ce pas ?
- Oui.
- Quant à la vue, à louïe et aussi au mouvement qui se mouvrait lui-même, à la
chaleur qui se brûlerait et à toutes les hypothèses de ce genre, elles semblent
généralement insoutenables ; mais peut-être y a-t-il des gens qui croient le
contraire. Il faudrait un homme de génie, mon ami, pour distinguer nettement,
dans tous les cas, si la nature a voulu quaucun être nexerçât sur lui-même sa
vertu propre, mais sur un autre, ou si les uns en sont capables et les autres
non, et, au cas où il y en aurait qui lexerçassent sur eux-mêmes, sil faut y
ranger la science que nous déclarons être la sagesse. Pour moi, je ne me crois
pas capable de faire ces distinctions. Aussi, je ne puis ni affirmer sil est
possible quil existe une science de la science, ni, en supposant quelle existe
bien réellement, admettre que ce soit la sagesse, avant davoir examiné si,
ainsi comprise, elle nous est, ou non, de quelque utilité. Car je présume que la
sagesse est une chose utile et bonne. Cest donc à toi, fils de Callaischros,
puisque tu admets que la sagesse est la science de la science et aussi de
lignorance, cest à toi de démontrer dabord que ce que tu disais tout à
lheure est possible, ensuite quà la possibilité se joint lutilité. Il se peut
alors que je me déclare satisfait et reconnaisse que tu définis exactement la
nature de la sagesse. »
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